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En travaux !!! pour l'instant, juste une ébauche, à suivre
... |
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6)
- "au
Labyrinthe en Artois" le 78ème va y combattre du 2
août 1915 au 11 mars 1916.
Ici le
régiment va connaître des conditions difficiles dans la boue, sous la
pluie dans des tranchées noyées, etc... |
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 | - Repos, loin du
front, du 16 juin au 1er août. (
"le journal de marches et
opérations" du 78ème régiment d'infanterie.) |
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Le
16 juin, en exécution des ordres donnés, le régiment s'embarque à Toul
en trois éléments:
- élément 34: E.M., C.H.R, 2ème bataillon: 16 juin à 16h30.
- élément 38: 2ème bataillon et 1/2 C.M. : 16 juin à 9h30.
- élément 42: 1er bataillon et 1/2 C.M. : 16 juin à 12h30.
Les troupes arrivent
à la gare d'embarquement une heure avant l'heure fixée pour le
commencement de l'embarquement.
Les distributions de vivres de chemin de fer et de débarquement ont lieu
avant le départ.
Les embarquements sont effectués sans incidents.
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Le
17 juin,
les éléments 34 et 38 du régiment débarquent à la gare de Corbie
et sont dirigés sur Hérissart.
l'élément 42 débarque à Amiens (gare St-Roch) et se rend
également à Hérissart. |
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du
18 au 22 juin, même cantonnement.
Le 22, le régiment
reçoit les ordres de départ.
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Le
23 juin, le régiment part à minuit et va occuper les cantonnements
du 138ème.
E.M., C.H.R, C.M., 1er
et 3ème bataillons: Molliens-aux-Bois.
2ème bataillon: Rainneville.
du 24 juin au 17
juillet, même cantonnement.
Le 29 juin, par
décision du 8 mai 1915, sont promus au grade de sous-lieutenant à titre
temporaire et pour la durée de la guerre et maintenus à dater du 3 mai:
- Barret, adjudant au 78è (active)
- Picard, sergent au 78è (réserve)
Le 4 juillet, par
décision en date du 25 juin 1915, les promotions à titre temporaire et
pour la durée de la guerre ci-après sont ratifiés:
Réserve:
- au grade de capitaine, le lieutenant Faucher,
- au grade de lieutenant, le sous-lieutenant Goumy,
- au grade de sous-lieutenants, les aspirants Genet, Alhéritière, les
sergents Auclair et Besse.
Active:
- au grade de capitaine, les lieutenants Mermet, Dupêcher, Blanloeil,
- au grade de lieutenants, les sous-lieutenants Le Roy, Léoquet,
- au grade de sous-lieutenants, les adjudants-chefs Nuriaud, Lasserre.
Par décret du 2
juillet 1915, le lieutenant Pierre est promu au grade de capitaine et le
lieutenant à titre temporaire Le Roy est nommé sous-lieutenant à titre
définitif.
Par décision
ministérielle du 28 juin 1915, les promotions à titre temporaire
ci-après sont approuvées:
Réserve:
- au grade de sous-lieutenant: Voisin - adjudant au 78è, Bagnaud -
aspirant, Chamarty - aspirant, de Bourray - sergent.
le 18 juillet,
le régiment reçoit l'ordre préparatoire de mouvement pour la journée
du 19.
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Le
19 juillet, le corps d'armée fait mouvement dans les conditions
suivantes:
Les troupes à pied
par convoi automobiles,
Les troupes montées, T.C. et T.R. par voie de terre.
Le régiment est
rassemblé route de Molliens à Villers-Bocage, la tête au
carrefour de la route Rainneville - Pierregot et est enlevé à
4h30.
Itinéraire: Puchevillers,
Beauquesne, Orville, Halloy, Lucheux, Warluzel.
Cantonnements: E.M.,
C.M., 2ème et 3ème bataillons: Warluzel.
1er bataillon: Sus-Léger.
Du 20 au 25 Juillet,
même cantonnement.
Le 26 juillet, le
régiment part à 5 heures de Warluzel pour aller occuper les
cantonnements suivants:
- 1er bataillon: Beaufort,
- 3ème bataillon: Lattre-Saint-Quentin,
- E.M., C.H.R., 2ème bataillon: Avesnes-le-Comte.
A leur arrivée au
cantonnement, l'E.M., la C.H.R., la C.M., le 3ème bataillon en repartent
pour se rendre à Beaufort pour l'état-major, C.H.R, la C.M.,
Grand-Rullecourt pour les 2ème et 3ème bataillons.
Du 27 juillet au
1er août, mêmes cantonnements.
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 | La situation
dans le secteur à cette époque. |
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En
mai et juin 1915, une grande offensive en Artois (deuxième bataille
d'Artois), au nord d'Arras, est engagée.
Vimy, Notre-Dame-de-Lorette, l'éperon nord de Souchez ...
Cette offensive commence le 9 mai jusqu'au 23 juin.
Dans cette offensive,
une partie plus difficile à prendre, "le Labyrinthe".
Il y aura une autre
offensive en Artois (avec le 78ème) (la troisième bataille d'Artois), du
25 septembre au 14 octobre. Elle est "secondaire"; elle sert de
diversion à une offensive en Champagne qui débute le même jour.
La 23ème division
dont fait parti le 78ème vient renforcer la 10ème Armée (général d'Urbal).
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Le
"labyrinthe" était un système de tranchées et de
fortifications allemandes au nord d'Arras. Il y a des abris-caverne
bétonnés, des blockhaus pour mitrailleuses, des réseaux de fil de fer
dissimulés; c'est une véritable forteresse.
La distance entre les lignes françaises et allemandes est plus grande,
200 m, rendant l'approche meurtrière.
La reconquête de l'ouvrage commence le 30 mai 1915 par une entrée dans
l'ouvrage puis des combats "boyau par boyau" jusqu'au 16 juin.
"dans ce terrain bouleversé, où chaque coup de pioche déterre
un cadavre, on ne peut aménager que lentement les abris profonds qu'exige
la situation."
Le 78ème arrive juste
après la fin de cette reconquête.
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D'après:
http://www.greatwardifferent.com/Great_War/ND_Lorette/Labyrinthe_01.htm |
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(description
du "Labyrinthe" lorsqu'il était Allemand.)
-
Le système d'ouvrages et de tranchées que nos soldats ont baptisé le
Labyrinthe formait, entre Neuville-Saint-Vaast et Écurie, un saillant de
la ligne ennemie, et c'est sa position qui expliquait sa puissance. On
l'avait renforcé pendant des mois, d'où le dédale de blockhaus,
d'abris, de tranchées et de boyaux, dont nos avions nous avaient rapporté
l'impressionnante image.
Orienté d'Ouest en Est,
dans une sorte de cuvette, le « Labyrinthe » avait pour axes principaux
deux chemins creux profonds d'où rayonnaient sur deux kilomètres de côté
des ouvrages de toutes sortes garnis de mitrailleuses et de lance-bombes.-
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D'après
le commandant Campagne du 3ème bataillon du
107ème régiment d'infanterie. *1 |
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(description du
"Labyrinthe" redevenu français.)
Le Labyrinthe avait
reçu son nom de l'inextricable lacis des tranchées dans lesquelles on
s'était farouchement battu, pour les arracher par lambeaux à l'ennemi.
C'était une peu enviable villégiature !
Derrière nous, deux lignes d'uniformes bleus jalonnaient par les champs
des élans brisés. Le fond des tranchées, le parapet et les talus,
derrière le mur étroit des sacs à terre, craquaient à la vibration du
moindre obus, découvrant les cadavres des défenseurs.
En avant, la jonchée des uniformes gris accusait l'échec des
contre-attaques.
Le jour, d'innombrables essaims de belles mouches vertes voletaient autour
de ce charnier à peine saupoudré de terre grise. Le soir, de longues
théories de larves blanches dévalaient pour jouir de la fraîcheur de la
nuit.
C'était la canicule. Nulle herbe ne poussait plus sur cette riche terre
d'Artois !
Ici, on attaquait. Nous nous y attendions, et le plus tôt serait le
mieux. On cultivait donc peu le fil d fer. L'ennemi, au contraire, partout
où il était assez séparé de nous pour travailler, accumulait des
obstacles.
Les brigades alternaient tous les neuf jours. Il se passa plusieurs
neuvaines avant qu'on parlât sérieusement de "sortir". |
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 | - "au
Labyrinthe en Artois" vu au travers de "l'Historique du 78ème Régiment d'Infanterie" |
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"Rude et
souvent tragique est la vie dans ce secteur. Les récentes luttes en ont
fait un tableau de ruine et de mort. Le terrain est déchiqueté, troué,
bouleversé, sans l'ombre d'une végétation; devant, derrière, dans les
tranchées, partout on rencontre des cadavres.
Vient
l'offensive de septembre, avec ces succès divers, et le 78ème paye son
lourd tribu à l'honneur de nos armes.
C'est le
combat continuel dans les boyaux, où les grenadiers disputent jour à
jour, mètre par mètre, les barricades; luttes farouches où chacun donne
de toute son énergie, souvent de son sang. Le 16 octobre, c'est le
lieutenant-colonel Delouche, commandant le 78ème, qui est lui même
blessé en dirigeant le combat.
Enfin, c'est
l'hiver. La pluie a transformée tranchées et boyaux en ruisseaux de
boue. Tous les travaux s'effondrent et il faut lutter sans arrêt pour ne
pas être submergé. Sur certains points, les sentinelles ont dû jeter
dans les fossés fangeux des chevaux de frise, et, pour veiller, "ils
se plantent dessus comme l'oiseau sur la branche". Il faut organiser
de véritables sauvetages d'hommes enlisés jusqu'à la poitrine dans la
boue gluante.
A tout cela s'ajoute la guerre de mines, qui interdit tout repos par l'inquiétude
de ce travail souterrain: le 30 octobre, le 14 novembre, les 23 et 24
janvier 1916, le 21 février des tranchées entières sautent,
ensevelissant leurs défenseurs.
En mars, le
régiment, relevé par la 152ème brigade écossaise, quitte ce secteur.
23 officiers
et 916 hommes de troupes y ont été mis hors de combat."
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 | - "au
Labyrinthe en Artois" , du
2 août au 2 octobre,
dans
"le journal de marches et
opérations" du 78ème régiment d'infanterie. |
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Carte
de la partie Est du secteur (JMO du 78ème) |
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Carte
de la partie Ouest du secteur (JMO du 78ème) |
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Les
lieux de repos du 78ème pendant ce séjour. |
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Le
2 août, le régiment reçoit l'ordre de prendre le service aux
tranchées dans le secteur au nord d'Arras.
Le secteur du C.A.: du
cimetière de Neuville - Saint-Vaast inclus au débouché du
boyau Abd-el-Kader ( nord de Roclincourt).
En liaison à
droite avec le 17ème C.A.;
à gauche avec le 10ème C.A.
Le secteur de la
23ème division: du débouché du boyau Abd-el-Kader à droite, au
boyau Charpentier (24è D.I.) à gauche.
Le secteur de la
23ème D.I. est occupé par la 46ème brigade: 138è à droite, 107è à
gauche.
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Le
78ème relèvera le 107ème.
Secteur: du boyau
Fantôme (au 63ème) au boyau Charpentier (24è D.I.).
Le régiment est enlevé en autobus pour être transporté vers Agnez-les-Duisans-Duisans
où il fait un long repos. Les
bataillons sont mis en route successivement à partir de 20 heures pour se
rendre à l'origine des boyaux de Béthune et d'Anzin qu'ils
doivent emprunter pour se rendre dans les tranchées.
Le colonel marche avec le 1er bataillon qui entre dans le boyau d'Anzin
à 22 heures. Le
P.C. du colonel est situé à l'ouest du village d'Écurie. Le
3 août, la relève a été très pénible en raison du mauvais état
des boyaux causé par une pluie persistance. Le
1er bataillon occupe les tranchées F11, F12, A14, A12, C et les abris du
collecteur de l'escalier, du petit collecteur et du
pigeonnier; deux
compagnies en 1ère ligne, deux compagnies en soutien. Il est en liaison
à droite avec le 63ème. Le
2ème bataillon à gauche du 1er occupe la région du Labyrinthe en
liaison à gauche avec la 24ème D.I.; trois compagnies en 1ère ligne,
une en soutien. Le
3ème bataillon est en réserve aux abris de la cote 107 et du boyau de
Madagascar-Ecurie. Du
4 au 10 août, RAS. Pertes:
1 tué, 13 blessés. |
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Le
11 août, le 78ème est relevé par le 107ème d'infanterie. Il
se rend à Duisans d'où il est transporté en automobile dans les
cantonnements de:
Avesnes-le-Comte: E.M., C.H.R., 2ème bataillon.
Beaufort: C.M., 1er bataillon.
Grand Rullecourt: 3ème bataillon.
Les bataillons
arrivent au cantonnement le 12 vers 7 heures du matin.
Pertes: 1 tué, 1
blessé.
Du 12 au 19 août,
même cantonnement. Aucun incident.
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Le 20 août, le
régiment relève dans les tranchées le 107ème.
Deux bataillon (1er et
3ème) sont enlevés en auto, le 2ème bataillon s'y rend par voie de
terre.
Le 1er bataillon
occupe le sous-secteur d'Écurie.
Le 3ème bataillon occupe le sous-secteur du labyrinthe.
Le 2ème bataillon est en réserve, il occupe les abris de la cote 107.
Du 21 au 24 août,
RAS.
Pertes: 10 tués, 15
blessés.
Le 25 août, le
2ème bataillon relève le 3ème bataillon en 1ère ligne et laisse une
compagnie dans les abris de la cote 107. La 1ère ligne n'est plus
occupée que par 5 compagnies:
1er bataillon, 2 compagnies
2ème bataillon, 3 compagnies.
Pendant la période
qui a précédée, le régiment a fait des pertes assez sérieuses. La
plupart sont produites par les bombes ou des obus. Les ouvrages du
sous-secteur du Labyrinthe souffrent beaucoup du tir de l'artillerie
allemande et des bombes.
Les compagnies
fournissent un travail considérable, non seulement pour relever les
parapets bouleversés mais encore pour créer des abris sur la 1ère ligne
et de nouveaux boyaux.
Pertes: 2 tués.
Du 26 au 28 août,
RAS.
pertes: 2 tués, 1
blessé. |
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Le
29 août, le 78ème est relevé par le 107ème.
Au carrefour de Laresset
(route Arras-Frévent) il est enlevé en autobus et transporté
dans ses cantonnements:
E.M., C.H.R., 2ème bataillon: Avesnes-le-Comte.
C.M., 1er bataillon: Beaufort.
3ème bataillon: Blavincourt.
Du 30 août au 6
septembre, RAS.
le 31 août, par
décret du 15 juillet, sont promus:
Réserve:
au grade de capitaine: M Gay, capitaine à titre temporaire.
au grade de sous-lieutenants: Mrs Cardoche et Lefebre, sous-lieutenants à
titre temporaire.
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Le 7 septembre,
le 78è relève le 107è dans les tranchées.
Les 3 bataillons s'y
rendent par voie de terre et sont mis en route à partir de 13 heures.
le 1er bataillon
occupe le secteur de l'Ecurie.
le 2ème bataillon occupe le secteur du Labyrinthe.
le 3ème bataillon est en réserve, il occupe les abris de la cote 107.
Du 8 au 11
septembre, RAS.
Pertes: 3 tués, 10
blessés.
Le
12 septembre, le 3ème bataillon relève dans les tranchées le 2ème
bataillon et laisse une compagnie dans les abris de la cote 107.
Pertes: 5 blessés.
Du 13 au 15
septembre, aucun incident.
Pertes: 5 tués, 9
blessés.
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Le 16 septembre,
le 78è est relevé par le 107 et regagne à pied ses cantonnements:
E.M., C.H.R., 2ème bataillon: Avesnes-le-Comte.
C.M., 1er bataillon: Beaufort.
3ème bataillon: Blavincourt.
Pertes: 2 tués, 4
blessés.
Du 17 au 22
septembre, RAS.
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Le 23 septembre,
toutes les prescriptions du général de brigade au sujet d'une attaque
prochaine ont été exécutées.
Les cartouches sont
distribuées, le matériel prévu ( fusils de chasse, pistolets etc...) a
été touché et remis aux compagnies.
Les vivres de réserve sont au complet, les hommes porteront avec eux 3
jours de vivre.
En exécution de
l'ordre donné, le régiment au repos à Avesnes va cantonner à Duisans.
Départ d'Avesnes
à 23h30.
Ordre des bataillons: 2 - 1 - 3 -C.M. - T.C. et T.R..
P.I., sortie Est d'Avesnes (champ de foire)
Les T.C. et T.R. vont cantonner à Montenescourt.
Le 24 septembre,
la marche est exécutée dans de bonnes conditions malgré la pluie
torrentielle.
A 4 heures du matin, le régiment est installé au bivouac à l'ouest de Duisans.
Les 1er et 2ème bataillons et la C.M. sur la rive gauche du Gy, le 3ème
bataillon sur la rive droite.
Dans la matinée, le régiment peut s'installer en cantonnement d'alerte
dans la partie ouest de Duisans.
A 12h30, les corvées
sont envoyées à Anzin pour toucher le matériel nécessaire à
l'attaque (grenades, sacs à terre, etc ...)
A Duisans, on
distribue des pétards, des pelles et des pioches.
Les bataillons sont
mis en route dans les conditions suivantes:
1er bataillon 21h,
2ème bataillon 21h30,
3ème bataillon 22h.
les différentes fractions de la C.M. partent avec les unités auxquelles
elles sont affectées.
Les chefs de bataillon
ont fait rechercher à Anzin des points de rassemblement où l'on
puisse facilement distribuer le matériel touché par les corvées. |
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Le
25 septembre, le 78è est placé dans le secteur de droite de la
23ème D.I. conformément à l'ordre d'attaque:
1er et 2ème bataillons en 1ère ligne prêts à appuyer l'attaque du
63ème.
3ème bataillon en réserve à la sablière.
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Toutes les
dispositions sont prises pour que les quatre vagues successives puissent
se déclencher dès que le mouvement en avant du 63ème aura permis
d'arriver à la tranchée de départ.
A 13h30, les
compagnies du régiment font de vains efforts pour se porter en avant,
elles se heurtent partout à des boyaux encombrés dans lesquels toute
progression est rendue impossible.
Cependant à gauche, les quatre vagues du 63ème, s'étant portées à
l'attaque, la 1ère vague du 78 sort à son tour, mais elle est décimée
par les mitrailleuses ennemies qui viennent de se dévoiler à notre
gauche: un des commandants de compagnie est tué, l'autre grièvement
blessés. A ce moment le 63è, qui ne peut plus tenir avec un feu terrible
de mousqueterie et de mitrailleuses, est obligé d refluer, et le 78è se
trouve dans l'impossibilité de déboucher. |
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Les
commandants des bataillons de gauche du 78è (Berenguier - 2ème
bataillon) et du centre (Boussavit - 1er bataillon) sont blessés.
Le tir de l'artillerie ennemie qui avait été ininterrompu et assez
violent pendant la préparation de l'attaque est devenu formidable au
moment même de l'attaque et a causé en même temps que des pertes
sérieuses dans nos unités, des dégâts considérables dans les
tranchées et boyaux.
A 17h, le 78 reçoit
l'ordre de relever le 63 dans les tranchées de départ et avancée et de
se préparer à reprendre l'attaque.
L'artillerie ennemie continue à faire preuve de la plus grande activité.
A 18h, les
dispositions pour une nouvelle attaque sont prises. Elle aura lieu en 4
vagues:
3ème bataillon à droite (3 compagnies)
1er bataillon au centre
2ème bataillon à gauche en liaison avec le 138.
A 18h30, ordre de
remettre l'attaque au lendemain. La relève du 63è par le 78 a été gênée
par les gaz lacrymogènes et l'encombrement des boyaux en partie
démolis et dans les quels règne une grande confusion.
Le
capitaine Causse est tué, sont blessés les commandant Bérenguier, capitaine
Boussavit, ss
lieut Setez
Pertes: Tués: 1 officier, 24
troupe.
Blessés: 3 officiers, 73 troupe,
disparus: 29 troupes.
Le 26 septembre,
pendant toute la nuit les occupants des tranchées ont tiré pour
empêcher l'ennemi de réparer les brèches faites dans les réseaux.
On se prépare dès le
matin à renouveler l'attaque faite le veille.
A 12h10, reçu un
message téléphoné faisant connaître que l'ordre d'attaque a été
donné pour 13h5. L'attaque doit avoir lieu. L'attaque doit avoir lieu à
13h10.
Le bataillon de droite
fait sortir sa première vague qui est accueillie par une fusillade
intense. La 10è compagnies arrive cependant à proximité des fils de
fer, mais ne peut progresser plus loin. Son capitaine et 3 chefs de
section sont blessés.
Le bataillon du centre
a ses premières vagues également arrêtées par le tir de barrage de
l'artillerie ennemie encore plus terrible que la veille.
Le bataillon de gauche
pris d'enfilade par des mitrailleuses et le barrage d'artillerie est
arrêté net dès sa sortie.
Les deux premières
tranchées allemandes sont garnies par des défenseurs sur un et par
endroit sur deux rangs.
A 13h30, le colonel du
78è qui s'était porté en avant pour diriger les attaques et
particulièrement celle du bataillon du centre (1er bataillon) est blessé
par un obus dans la sape 17. |
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A
15h30, le général de brigade donne l'ordre de renouveler l'attaque dès
que la préparation de l'artillerie paraîtra suffisante.
A 16h35, devant le
bataillon de gauche, le résultat du bombardement de notre artillerie sur
la première ligne ennemie n'a produit aucun effet appréciable.
Devant le bataillon du centre, notre 75 paraît battre l'intervalle entre
la tranchée avancée et la tranchée de doublement ennemies.
Devant le bataillon de droite, aucune préparation d'artillerie. Deux
coups de notre artillerie lourde sont tombés sur la tranchée ennemi de
1ère ligne devant le bataillon de droite. Aucun autre effet appréciable.
La tranchée des Punaises est toujours occupée en force.
L'ordre d'attaque est
donné pour 18h15.
A 18h15, l'attaque se
produit, mais est arrêtée dès sa sortie par le feu intense des
mitrailleuses auxquelles se joint presque immédiatement celui des tireurs
ennemies qui garnissent une fois de plus leurs tranchées. Notre
infanterie dirige sur l'ennemi une fusillade intense à laquelle les
allemands ripostent par une très violente canonnade, surtout d'artillerie
lourde.
A 18h40, au moment où
notre attaque venait d'être cloué au sol par les mitrailleuses et le feu
de l'infanterie ennemie, une contre-attaque allemande d'un effectif de 300
à 400 hommes s'est produite entre 26 et 28. Violemment battue par le feu
de notre infanterie et de nos mitrailleuses, elle s'est rejetée dans la
tranchée des Punaises en laissant devant cette tranchée de nombreux
cadavres.
Pertes: blessé le
colonel Delouche.
Tués 23 troupe,
blessés 67 troupe,
disparus 8 troupe.
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Le 27 septembre,
à 6h, le 78 a été relevé dans la nuit par le 63è dans son secteur
d'attaque et a pris ces dispositions:
1er bataillon: en 1ère ligne, du boyau fantôme exclu au boyau
d'Écurie.
2ème bataillon: à la cote 107, à la disposition du général de
division.
3ème bataillon: à la sablière, à la disposition du général
commandant la 45ème brigade.
A 15h23, le commandant
du 1er bataillon reçoit l'ordre d'appuyer avec deux compagnies une
attaque que doit prononcer le 2ème bataillon du 138è sur les
Entonnoirs.
Le commandant du 1er bataillon (Boussavit) prend le commandement des six
compagnies.
A 17h30, l'attaque se
produit, la 1ère vague pénètre dans la tranchée où elle est anéantie
par les mitrailleuses et les grenades ennemies.
Une deuxième vague en essaim est arrêtée avant de pouvoir atteindre la
tranchée avancée, en subissant de fortes pertes.
Un violent tir de barrage ennemi empêche toute nouvelle tentative.
Les troupes sont très
fatiguées au point de vue physique et moral par les efforts fournis, la
privation de sommeil, les fatigues supportées et la tension nerveuse
causée par l'attente constante d'une nouvelle attaque.
La vue des tranchées
ennemies garnies de deux rangs de tireurs, le déclenchement du feu de
plusieurs mitrailleuses ennemies et le bombardement formidable par
l'artillerie ennemie de tous calibres au moment de l'attaque ont
fâcheusement impressionné les hommes dont le moral avait été
surexcité en vue de cette attaque.
Pertes: 10 blessés.
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Le 28 septembre,
en exécution d'un ordre reçu à 5h10, le 78 doit occuper le sous-secteur
de droite du boyau Abd-el-Kader au boyau d'Aragon.
Ordre donné: le
sous-secteur de droite sera tenu par le 78ème avec 2bataillons en 1ère
ligne, 1 bataillon Aux abris de la Sablière et abris voisins, le
P.C du colonel commandant le 78è à la Sablière.
Le mouvement s'est
exécuté dans d'excellentes conditions par petites fractions. Il est
terminé vers midi.
Le 1er bataillon
reçoit l'ordre d'étendre son secteur à gauche, jusqu'au boyau d'Ecurie.
Pertes: 6 tués, 13
blessé.
le 29 septembre,
le 78è n'exécute aucun mouvement.
On poursuit la
réfection des tranchées et boyaux bouleversés par l'artillerie ennemie
ou éboulés sous l'influence du mauvais temps.
Le matériel
considérable qui traîne dans les tranchées ( armes, munitions hors
d'usage, équipements ) est rassemblé au P.C. du colonel, puis évacué
sur Roclincourt.
Les cadavres sont portés à Roclincourt.
Les compagnies en
1ère ligne montrent une attitude agressive; ses patrouilles avec des
hommes munis de fusils de chasse et de grenades sont envoyées pendant la
nuit pour inquiéter les postes d'écoute ennemis, reconnaître l'état
des défenses accessoires, s'assurer que les tranchées sont toujours
fortement occupés, etc...
Emplacement des
troupes sans changement.
Perte: 1 tué.
Les grenades, en Artois, par le commandant Campagne du 3ème bataillon du
107ème régiment d'infanterie. *1
Il fallait aussi instruire les hommes dans le maniement de la
grenade, dont la guerre nez à nez avait largement développé l'usage.
Il en existait avant les hostilités dans les places fortes, lourdes,
encombrantes, difficiles à manier.
On m'en avait porté un lot, au milieu de la nuit, avant l'attaque de
Pâques. Je les avais fait soigneusement mettre à l'écart des hommes:
un accident est si vite arrivé !
On avait depuis fabriqué en vitesse de nouveaux modèles également
médiocres et dangereux, qui auraient dû faire condamner leurs
inventeurs pour homicides par imprudence.
En cet été 1915, nous ne disposions encore que d'un engin cylindrique
en fonte, rem^li d'explosif, dont le détonateur tenait à l'appareil
par des ficelles ! Il fallut bien s'en servir et il y eut quantité
d'accidents. C'est ainsi qu'un jour, à la tranchée, tandis qu'i
s'exerçait à côté de moi à lancer des grenades dans un poste ennemi,
un de mes grenadiers voulut en tirer une de sa poche, où il l'avait
imprudemment placée. Seule la ficelle vint, actionnant le détonateur.
L'homme ne put dégager l'appareil en combustion, et, quelques secondes
plus tard, il éclatait littéralement à nos pieds.
Un autre jour, à Avesnes-le-Comte, arriva un accident bien plus
tragique. Nous exercions nos grenadiers dans un chemin creux, les miens
d'un côté, ceux du 1er bataillon d'un autre. Pour éviter les éclats,
les hommes tiraient alternativement. Un jeune grenadier du 1er amorça
un engin et, au moment de le lancer, le laissa échapper à ses pieds.
Quelques hommes crièrent, attirant notre attention. Il n"était
même plus temps de s'écarter, et l'éclatement imminent allait faire
ses ravages. Mais l'héroïsme n'a pas besoin de délibérer. Immobiles
d'effroi, nous avons vu l'homme s'asseoir sur la grenade et mourit
affreusement mutilé, en assurant le salut de ses camarades !
Nous repartions le lendemain pour le secteur, et nous allions attaquer.
Le chef de bataillon et plus de la moitié des officiers du 1er
bataillon tombèrent. Le geste du grenadier fut oublié - ou du moins
son nom. J'ai voulu le retrouver et, avant de rapporter ce récit, je
crois avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir, après une douzaine
d'années, pour qu'il soit honoré selon son mérite.
Comme tant de héros obscurs, le nom du grenadier d'Avesnes-le-Comte
restera-t-il toujours ignoré ? |
Le 30 septembre,
l'artillerie ennemie montre une activité beaucoup plus grande tout
particulièrement sur les boyaux de communication vers la Sablière.
Continuation de la
réfection des tranchées et boyaux.
On établit un boyau prolongeant le boyau d'Écurie vers les
tranchées allemandes conquises.
Pertes: 2 tués, 3
blessés.
Le 1 octobre,
la progression du régiment voisin, à notre gauche, réduit un peu notre
front d'occupation qui se rapproche de la route de Lille.
Pertes: 4 tués, 8
blessés.
Le 2 octobre,
l'artillerie ennemie a encore montré une activité constante de jour et
de nuit, sur tout le secteur, en causant des dégâts matériels
importants, particulièrement entre les points 14 et 10 et quelques
pertes.
Vers 3h, une mine a
sauté dans la région ennemie des Entonnoirs, à l'ouest de la
route de Lille, sans causer aucun dégât de notre côté.
Le tir de nos 58 a
été contrarié par le vent et quelques projectiles sont tombés dans nos
lignes sans causer d'accidents.
Fusillade
intermittente sur tout le front et combats de grenades aux têtes de sape.
Pertes: 3 blessés.
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- La période du 23 septembre au 3 octobre, le même secteur par Louis Barthas du 280ème
régiment d'infanterie dans ses carnets de guerre.
( ° 14/7/1879 dans l'Aude, militant socialiste, syndicaliste) |
...
Le 23 septembre, à quatre du soir, le régiment fut réuni et massé en
carré dans un pré. Notre colonel Poujal nous annonça ce que nous
savions déjà, qu'une offensive générale allait se déclencher, qu'en
ce moment les Russes reculaient mais pendant que le gros des Allemands
empêtré en Pologne on allait les écraser sur notre front.
"et maintenant, cria t'il d'une voix forte, en avant ! plus de
hernies ! plus de maladies de cœur ! plus de douleurs ! rien que la
volonté de vaincre ! vive la France !"
Ce boniment patriotique ne souleva pas le moindre enthousiasme; on n'avait
pas encore oublié les horreurs de la dernière offensive de Lorette; un
silence impressionnant accueillit les dernières paroles du colonel. Seul
le morticole Torrès souriait, il dodelinait de la tête d'un air de dire:
" Oui, qu'il viennent les hernieux, les cardiaques, les sciatiques,
ils seront bien reçus !"
La nuit suivante, à
trois heures du matin, par un temps pluvieux, nous quittâmes Ecoivres et
nous prîmes la direction d'Arras; dans la matinée le temps devint chaud
et lourd, rendant la marche fatigante; on traversa la petite ville d'Avesne-le-Comte
et à l'heure de l'après-midi le régiment s'arrêta pour cantonner au
petit village d'Habacq, à douze kilomètres d'Arras. La moitié au moins
de l'effectif était restée en arrière, la route était semée de
traînards; on ne les inquiétait pas, on savait bien que moutons dociles
ils arriveraient à temps à l'abattoir.
On entendait une violente canonnade sur tout le front; on ne distinguait
pas les coups de canon, ce n'était qu'un hurlement ininterrompu comme
dans un violent orage où les coups de tonnerre trop rapprochés ne
forment qu'un roulement continu.
On appela les caporaux au bureau de la compagnie.
- Combien avez vous d'hommes à votre escouade ? me dit le doublard.
- Quatorze, chef.
- Eh bien, voilà. Prenez ces quatorze coutelas, donnez en un à chaque
homme.
- Ce sont des armes d'assassins et non de soldats ! m'exclamai-je.
- Peu m'importe ! dit le doublard en me poussant dehors, et gardez vos
réflexions pour vous !
Non, je ne les gardai pas pour moi ces réflexions et à mes camarades je
leur expliquai, on le laissait d'ailleurs clairement entendre, que
c'était pour achever les blessés ou tuer les prisonniers.
"Eh bien, mon coutelas, leur dis-je, ne servira pas à de tels crimes
!" et devant tous je le lançai sur le toit de la maison en face.
La plupart s'en débarrassèrent et personne n'en demanda compte; seul, à
la quatrième section, notre Tartarin, le sous-lieutenant Malvesy avait
pris le plus gros couteau et le portait ostensiblement accroché à son
ceinturon.
Avant la soupe du soir
nos officiers reçurent l'ordre de nous bourrer le crâne: un nombre
incalculable de nos canons battaient, pilonnaient le front allemand,
détruisant tout depuis la mer du Nord jusqu'à Belfort.
Toutes les troupes françaises, belges, anglaises devaient à la même
heure se ruer à la poursuite des quelques malheureux Boches échappés au
massacre de notre artillerie.
Notre division n'avait pas l'honneur d'être en première vague, mais elle
était division de poursuite pour capturer les fuyards et le lendemain
nous devions aller prendre l'apéritif à Douai, objectif du régiment.
Cette fois c'était pour de bon, la guerre en rase campagne allait
recommencer. C'était tellement sûr qu'on nous distribua des carrés de
toile blanche pour mettre sur nos sacs afin que nos avions ou nos
artilleurs nous distinguent mieux de loin. Bref, on nous annonçait cela
presque comme une partie de plaisir.
On procéda à une
ample distribution de grenades, de cartouches, de biscuits, d'outils, de
sacs à terre, etc., vingt fois les caporaux furent appelés aux
distributions. A dix heures du soir on était en train encore en train de
bourrer sacs et musettes et à une heure du matin le 280ème régiment
s'achemina vers les tranchées, dans le plus grand silence car chacun
songeait qu'il allait vivre ou revivre des heures d'angoisse et de
souffrance !
Après deux heures environ de marche, nous arrivâmes au village de
Maroeuil à six kilomètres d'Arras; nous traversâmes cette bourgade à
moitié démolie et on nous fit former les faisceaux dans une prairie à
côté d'une usine bombardée où l'on fabriquait des étoffes en velours.
Une petite rivière désormais tristement célèbre par les terribles
combats qui ensanglantèrent ses rives traversait la prairie. C'était la
Scarpe qui coulait une eau trouble, lente et tranquille dans les plaines
de l'Artois.
On nous recommanda de ne pas nous déséquiper, ni nous éloigner des
faisceaux; notre élan vers Douai à la trousse des fuyards était
imminent.
L'aube de ce jour historique se leva; une gigantesque bataille allait
s'engager sur un front immense; des millions d'hommes, des peuples, des
races allaient s'entrechoquer, des milliers de bouches à feu depuis trois
jours crachaient de la mitraille sans arrêt et dans les dernières heures
qui précédaient l'heure H, la minute fatidique, la canonnade atteignait
son paroxysme, faisant trembler la terre, ébranlant les airs, étreignant
notre âme d'un vague effroi, d'une crainte qu'on ne pouvait écarter.
Il n'y eut pas de "soleil d'Austerlitz" mais de fortes averses
tombèrent par intermittences sans que nous ayons le moindre abri pour
nous en préserver; il y avait de bons abris pourtant dans le village mais
seuls les officiers allèrent y trouver un refuge.
Juste derrière nous, de l'autre côté de la rivière, sur une voie de
chemin de fer, un train blindé de pièces de marine se mit à tirer sans
relâche dès la pointe du jour avec une régularité minutieuse comme à
une séance de tir à la cible; chaque détonation faisait sursauter, il
nous semblait que nos entrailles, nos cervelles allaient se décrocher,
éclater.
Entre-temps, les
nouvelles les plus encourageantes circulaient pour exalter notre esprit
guerrier, notre enthousiasme patriotique.
En Champagne, on faisait une marmelade de Boches, à notre gauche, les
Anglais s'emparaient de Loos en un tour de main, enfin devant nous la
première ligne était enlevée d'un seul bond, on allait attaquer le
seconde ligne; gare ! notre tour allait bientôt arriver. En effet, à
midi, un coup de sifflet nous fait tous dresser debout: c'est le signal
pour partir à la poursuite. Nos jambes vont prendre quelque chose !
A la sortie du
village, près du cimetière, nous nous engageâmes dans un grand boyau
large et bien tenu mais jalonné bientôt par des trous d'obus récents;
on heurta des bidons, des sacs éventrés, déchiquetés, des fusils
brisés, tordus. C'étaient des épaves inquiétantes; on pataugeait
parfois dans la boue noirâtre, suspecte, ce boyau était un mauvais lieu
de promenade et chacun oppressé, mal impressionné, marchait sans mot
dire, tête baissée.
La canonnade faisait rage plus que jamais, sur tout le front la fusillade
crépitait, les mitrailleuses faisaient entendre leur énervant et
meurtrier tic-tac, la bataille générale formidable était engagée, la
mort moissonnait à pleine faux.
Cependant, devant
nous, l'élan de nos troupes, la première ligne franchie, était arrêté
par la farouche résistance des Allemands; heureusement notre général
Nielsel a une idée de génie: puisqu'on ne pouvait faire partir les
Allemands à coups de canon, on allait les faire fuir d'effroi,
d'épouvante, et aussitôt l'ordre fut donné de sortir des tranchées et
de marcher à découvert baïonnette au canon.
Toute la division était là. C'était une vraie forêt de baïonnettes
qui marchait; ce n'était pas tout, l'escadron divisionnaire s'élança
dans une charge à toute bride, revint et tournoya un bon moment sur une
colline autour d'un bosquet afin de donner l'illusion du nombre.
Hélas ! rien n'y fit; les Boches se cramponnaient désespérément à
leurs tranchées comme si elles avaient été à eux, et quelques obus
fusants ayant éclaté par-ci par-là au-dessus de nos têtes nous firent
à nouveau terrer dans les boyaux sans attendre l'autorisation du loufoque
général Nielsel que pour ma part je n'aperçus pas de cette journée.
On nous fit arrêter
dans une ancienne tranchée abandonnée où tout le régiment s'entassa.
C'était une tranchée historique: nous étions à la première ligne
allemande lors de notre offensive de mai où furent enlevés les villages voisins
de Neuville-Saint-Vaast et Ablain-Saint-Nazaire; étions nous dans cette
tranchée pour un jour ? une nuit ? une heure ? personne ne le savait.
Le général Nielsel,
à ce moment, donna un ordre terrible pour les embusqués: ordonnances,
cuisiniers, ravitailleurs, etc., reçurent l'ordre sans appel de
réintégrer le rang. C'est ainsi que la 13ème escouade se renforça du
Peyriacois François Maizonnave qui exerçait les précieuses fonctions d'aide-cuisinier
et de ravitailleur à la popotte des officiers. Nielsel voulait qu'il y
eût de la gloire pour tous, mais à voir la figure renfrognée et
déconfite de ces embusqués il était facile à deviner qu'ils
auraient mille fois préféré rester auprès de leurs casseroles et
marmites.
Et la nuit arriva ! On
ne prendrait pas l'apéritif à Douai comme on nous l'avait promis mais en
revanche on prendrait gratis quelques bonnes douches car toute la nuit une
pluie froide tomba en averses torrentielles et pas le moindre abri pour
s'y blottir; il fallut se résigner à se laisser tremper jusqu'à la
chemise.
Ah ! il faut avoir vécu des nuits pareilles pour apprécier ce qu'est
l'hiver, une pièce éclairée, un bon feu, un lit chaud et douillet. Ah,
que ces choses en imagination nous paraissaient enviables, chimériques,
fabuleuses !
Si nous souffrions ainsi stoïquement sans plaintes inutiles, qu'on ne
vienne pas raconter que c'était par patriotisme pour défendre le droit
des peuples à disposer d'eux-mêmes, pour que ce soit la dernière guerre
et autres balivernes, c'était tout simplement par force, parce que
victimes d'une implacable fatalité on devait subir son sort, chacun
sachant bien que pris dans les dents terribles d'un formidable engrenage
il serait broyé à la moindre tentative de velléité de révolte. Et
perdant notre dignité, notre conscience humaine, nous n'étions plus que
des bêtes de somme avec comme elles leur passivité, leur indifférence,
leur hébétude.
...
Et pourtant cette nuit, des sourds eux-mêmes n'auraient pu dormir; à
moins de cents mètres derrière nous s'était installée une batterie de
grosses pièces qui tira toute la nuit, avec des sifflements qui faisaient
frissonner nos nerfs. Les obus semblaient raser la tranchée et nous
faisaient baisser la tête instinctivement; puis nous nous y habituâmes,
ainsi nous fûmes éclairés toute la nuit par les éclats fulgurants
produits par les coups de départ.
Vers une heure du
matin on appela les ravitailleurs pour aller aux cuisines roulantes
chercher notre souper, mais dans cette nuit ténébreuse les cuisiniers
cherchaient les ravitailleurs et ceux-ci cherchaient les cuisiniers; le
résultat de cette partie de cache-cache fut que les hommes de soupe
n'arrivèrent qu'au petit jour plus trempés de pluie et de sueur que la
maigre soupe qu'ils portaient. Les boules de pain étaient changées en
boules de boue et le café était froid, c'était peu pour nous
réconforter d'une si mauvaise nuit.
La matinée du 26 fut
pluvieuse mais vers midi le temps se mit au beau; on en profita pour
recommencer le carnage qui reprit sur tout le front.
Les sacs montés, équipés, nous attendions des ordres comme dans les
coulisses d'un théâtre les acteurs attendent leur tour pour rentrer en
scène.
A quatre heure du soir, nous eûmes la visite du commandant "Quinze-Grammes",
de son acolyte le capitaine-adjudant-major Cros-Mayrevieille et de
l'adjudant de bataillon, le Peyriacois François Calvet; sauf les gradés,
personne ne les salua.
Leurs effets étaient secs et propres. " Les salauds, dit Terrisse,
ont dû trouver quelque abri pour se mettre !" Lui qui avait couru la
moitié de la nuit dans un terrain détrempé ne pouvait cacher sa
mauvaise humeur.
Mon camarade Calvet
s'arrêta pour me serrer la main mais à cet instant un planton, un pli à
la main, affolé, cherchait le commandant.
Nous tressaillîmes. Ce bout de papier contenait sans doute nottre destin;
en effet le commandant lisant à haute voix je saisis quelques lambeaux de
phrases significatives:
"... Nos troupes ont pris la tranchée des Tilleuls... le 280è
prendra le boyau de la Targette... l'attaque de Farbus sera poussée à
fond..."
"Poussée à fond..." cela signifiait ne pas faire cas des
pertes, prendre ce village coûte que coûte, tant pis pour ceux qui y
laisseraient leur peau; c'était la guerre !
Le général Nielsel faisait son métier en nous envoyant à la tuerie.
Un quart d'heure
après, le 280è s'acheminait par les boyaux vers les premières lignes.
On traversa le village en ruine de la Targette, puis on s'empêtra dans un
enchevêtrement de boyaux passant et repassant aux mêmes endroits sans
pouvoir trouver la bonne voie.
On croisait des hommes isolés ou en petits groupes s'en allant vers
l'arrière; à nos questions la plupart ne répondaient pas, d'autres
s'exclamaient: "Pauvres gars, pauvres gars...", ou bien:
"C'est horrible, c'est épouvantable." Ils semblaient à moitié
fous.
De Farbus personne
n'en avait entendu parler; nous commencions à croire que ce village n'existait
que dans l'imagination du général Nielsen.
Bientôt les
bataillons, les compagnies s'entremêlèrent dans une confusion
inextricable et le régiment n'atteignit les premières lignes que vers 1
heure du matin dans un état de fatigue extrême, car il y avait neuf
heures que nous n'avions pas quitté le sac de sur nos épaules
endolories.
Il y eut un long
arrêt, la plupart des hommes tombant de sommeil s'endormir aussitôt,
lorsque survint notre colonel Poujal qui se rencontra à vingt pas de
notre escouade avec un autre colonel.
De sa grosse voix, nous entendîmes notre colonel s'écrier:
-... Et pourtant j'ai l'ordre formel du général Nielsel d'attaquer
Farbus cette nuit !
- Mais c'est insensé ! s'écria l'autre, notre division a été anéantie
sans pouvoir enlever la deuxième ligne allemande et vous prétendez aller
prendre Farbus qui est là-bas je ne sais où ? Le mieux que vous avez à
faire, ajouta ce colonel, c'est de vous replier sur Neuville-Saint-Vaast
qui est à une quinzaine de cents mètres.
Que penser de ce
général Nielsel qui lançait ainsi ses régiments par une nuit obscure
à ne pas voir un bœuf à deux pas pour attaquer un village en arrière
des lignes ennemies ?
Avions-nous affaire à un maniaque dangereux , à un fou furieux, à un
déséquilibré ? C'était rassurant !
Le régiment se replia
sur Neuville-Saint-Vaast où nous arrivâmes à l'aube. Depuis quatre
heures du soir la veille nous cheminions dans les boyaux boueux. Quatorze
heures pour faire un trajet qui, en ligne droite, aurait pu s'effectuer en
une heure et demie !
Neuville-Saint-Vaast
n'était qu'un amas de ruines. Notre section fut logée dans la cave de la
maison du notaire que tous ceux qui ont passé par Neuville connaissent
bien; cette cave sombre et humide était remplie d'immondices de toutes
sortes et il s'en exhalait une odeur infecte. Avec nos outils portatifs,
chacun se nettoya un coin pour se coucher et se reposer de cette promenade
de plus de douze heures dans les boyaux.
...
Le soir même il fallait à nouveau attaquer ce fatal village de Farbus et
pour éviter la confusion de la veille des hommes de liaison reconnaissent
les boyaux de cheminement pour conduire directement les compagnies vers la
première ligne. Le régiment devait s'ébranler à cinq heures de
l'après-midi. L'heure d'attaque devait être tenue secrète jusqu'au
dernier moment pour ne pas démoraliser les hommes: en réalité on ne
voulait pas que les soldats puissent se concerter pour organiser une
résistance quelconque à ces ordres; à nos chefs empanachés cela ne
leur paraissait pas possible qu'au XXème siècle des citoyens libres se
laissent mener si docilement à l'abattoir sans savoir au juste ni
pourquoi ni comment.
A quatre heures trente
on nous apporta la soupe du soir; on n'était pas habitué d'être servi
de si bonne heure.
"Chouette, on nous gâte !" fit une voix. Oui mais on n'était
pas à la dernière bouchée qu'à la stupéfaction générale sauf à la
mienne les officiers survenant brusquement faisaient mettre sac au dos et
dix minutes après par trois boyaux différents le régiment s'achemina
allègrement vers Farbus où nous allions déferler comme une trombe
flanqués à droite et à gauche par les autres régiments de la division.
Mais nous avions à peine fait cinq cents mètres qu'on s'arrêta
longuement. Qu'y avait-il ? A un carrefour de boyaux où nous étions
arrivés trop tôt ou trop tard il fallait laisser défiler tout un
bataillon de notre régiment.
On repartit presque en courant pour s'arrêter à nouveau et reculer même
s'entasser dans un boyau en cul de sac pour laisser passer des unités qui
étaient relevées. Et pendant plusieurs heures ce fut ainsi: arrêts,
reculs et départ précipités. La nuit était venue et la pluie aussi qui
tomba en fortes averses et nous trempa jusqu'aux os, glissant,
trébuchant, butant dans ces boyaux boueux. Ah ! nous étions jolis pour
monter à l'assaut de ce satané Farbus.
Tout à coup nous tressaillîmes. Une vive fusillade se déclencha
au-devant de nous, on entendit des cris, des appels, que se passait-il ?
Enfin, avions nous atteint Farbus.
Non, il se passait ceci que la 23è compagnie qui précédait la nôtre
avait dépassé nos petits-postes sans s'en rendre compte et était tombé
sur une tranchée allemande qui la reçut par une grêle de balles.
Il parait que cela avait été prémédité. De crainte que nous
hésitions à marcher à l'attaque on avait décidé de nous faire
dépasser nos petits-postes sans nous prévenir, et une fois sur les
Allemands nous aurions été bien forcés de nous débrouiller.
Ruse grossière qui aurait pu avoir de graves conséquences et qui
dépeint bien la vile mentalité de nos chefs; cela n'était pas fait pour
rehausser leur prestige et diminuer la méfiance qu'ils nous inspiraient.
Les hommes de la 23è compagnie se couchèrent pour laisser passer la
rafale puis se replièrent en désordre, jetant la confusion dans tout le
régiment. Il y eut à cette compagnie des morts et des blessés.
Vers minuit, notre
compagnie se trouva dans une tranchée toute bouleversée où tous les
abris quoique très profonds étaient enfoncés; c'était la première
ligne allemande que nos troupes avaient prise le 25 septembre et où nous
achevâmes de passer la nuit.
Lorsque le jour parut
nous vîmes avec effroi en avant et en arrière de la tranchée des
centaines de morts français: des lignes, des files entières de
tirailleurs avaient été fauchées. C'était le prix de cette avance de
quatre ou cinq cents mètres, une vie humaine à peu près chaque mètre
carré. Ah ! ils pouvaient chanter victoire, nos communiqués, ils
auraient pu paraître encadrés de noir.
...
A quatre heures du soir l'ordre arriva de mettre sac au dos. Allait-on
relever une autre unité ? Se déplaçait-on tout simplement ? Ou bien
repartions-nous à l'assaut du village fantôme de Farbus que de toute la
journée nous n'avions pu voir en nous écarquillant vainement es yeux.
Nous suivîmes d'abord la tranchée vers la gauche puis notre section
seule s'engagea dans un boyau profond allant vers l'avant.
Y avait-il eu combat ? corps à corps dans ce boyau ? des blessés, des
mourants, s'y étaient-ils traînés ?
Quoi qu'il en soit, il y avait de nombreux cadavres français et allemands
que la mort avait surpris dans toutes les positions: couchés, à genous,
accroupis; le boyau étant étroit on était forcé de piétiner les
cadavres. Ah ! l'horrible chose !
Tout à coup, en avant en tête de la section, éclata un crépitement
d'explosions de grenades suivi de cris affolés, de plaintes, de
gémissements. Des voix crièrent: "en arrière ! voici les Boches !
Sauve qui peut !
Ce boyau aboutissait à la tranchée allemande et on était tombé sur un
petit-poste d'Allemands qui massacrèrent à coups e grenades ceux des
nôtres qui étaient en tête et qui marchaient sans aucune mesure de
prudence croyant aller faire une relève.
Nos chefs ne pouvaient pas ignorer que nous allions nous heurter aux
Allemands, pourquoi ne pas nous prévenir ? ne pas nous faire prendre
toutes les mesures de prudence que commandait la marche dans un boyau
dangereux ?
Eh bien, c'était toujours pour vla même raison, ils craignaient notre
hésitation, que nous opposions à ces ordres notre passivité, notre
force d'inertie.
Quand des chefs en sont réduits à de tels stratagèmes pour faire
marcher leurs troupes, c'est qu'il n'y a plus de confiance réciproque, il
y a divergence complète d'intérêts: les chefs ne cherchent qu'un
résultat, un succès pour se faire valoir, et les hommes qui ont tout à,
perdre et rien à gagner, qui ne savent pourquoi ils sont là, ne
cherchent évidemment qu'à éviter tout danger le plus possible et à
sauver leur peau; C'est humain !
Dans le boyau rempli de clameurs de massacre, le mouvement de recul
s'opérait très lentement, et chacun épouvanté d'escalader le boyau et
de s'enfuir dans les broussailles. J'essayai en vain d'en faire autant, le
pids de mon sac m'en empêchant. Et dire que je ne pouvais m'en défaire
ne pouvant déboucler ma courroie bretelle !
Enfin, dans un suprême effort j'arrachais la courroie et délesté de mon
sac je pus sortir du boyau au moment où j'étais presque le dernier et
où les Allemands survenaient.
La nuit tombait et je pus m'enfuir à découvert sans être vu. J'arrivai
à une tranchée occupée par le 108è régiment d'infanterie; les soldats
alertés par nos cris avaient mis baïonnettes au canon et étaient prêts
à tirer.
"Dépêchez-vous, me criait-on, n'empêchez pas à tirer !"
On me fit raconter ce qui s'était passé et on me guida pour rejoindre
les tranchées occupées par le 280è.
Au bout de dix minutes de marche, j'arrivai à l'entrée du boyau; à cet
endroit la tranchée était très large, c'était je crois un chemin
creux; notre couard capitaine Cros-Mayrevieille était là.
" C'est indigne, ce qui se passe ! criait-il, revenez dans le boyau
!" Mais personne ne bougeait. Que ne se mettait-il en tête, lui, on
l'aurait suivi !
...
On s'achemina à nouveau dans ce couloir d'ombre mais cette fois une
équipe de grenadiers marchait en tête, lançant des grenades sans arrêt
au fur et à mesure qu'on avançait. Plus d'Allemands; ils étaient sans
doute à nous attendre à leur tranchée. On jugea prudent de s'arrêter
environ cinquante mètres avant de l'atteindre et on attendit des ordres.
Et la pluie
quotidienne tomba à partir de ce moment et presque toute la nuit en
fortes averses; la continuation de l'attaque fut remise au lendemain.
On passa cette mauvaise nuit sans le moindre abri, trempés jusqu'à la
chemise, grelottant de froid. Il y en avait pour envier les pauvres morts
qui encombraient le boyau; eux au moins ne souffraient plus.
A tour de rôle, chaque escouade passait en tête pour surveiller; vers
minuit notre sous-lieutenant Malvezy, qui prudemment se tenait en arrière
de la section, nous fit passer un billet que nous lûmes avec le sergent
Faure à la lueur d'une lampe électrique. C'était un ordre de progresser
dans le boyau.
Les hommes se mirent à récriminer violemment à l'annonce de cet ordre,
ils n'avaient pas l'esprit aventureux, ils n'étaient pas curieux ! Le
sergent était perplexe; je lui suggérai de répondre ceci: "Les
hommes demandent pour s'avancer que le chef de section soit en
tête."
Il griffonna ces quelques mots qu'on fit passer de main en main au prudent
Malvezy qui se garda bien d'insister. Lui aussi aurait bien voulu que nous
lui gagnions son deuxième galon de lieutenant.
Au petit jour nous cédâmes la place sans nous faire prier à une autre
section qui vint nous relever.
Nous n'allâmes pas
loin en réserve. A la tranchée, tout simplement, presque à l'entrée du
boyau d'où nous venions de passer une aussi mauvaise nuit.
Dans un tronçon de boyau nous découvrîmes un abri d(officiers allemands
où l'escouade se logea.
Dans cet abri, il y avait des journaux illustrés allemands; sur l'un
d'eux notre Joffre était représenté dormant sur un lit et de son corps
suaient, coulaient de grosses gouttes de sang qu'il a fait inutilement
couler dans les vaines et stériles offensives.
Un autre représentait Joffre à cheval s'avançant en tête d'une armée
innombrable qui est arrêtée devant des réseaux infranchissables de fils
de fer qui protègent une tranchée allemande où trois ou quatre
mitrailleuses seulement montent la garde une bouteille de bière sous le
bras en train de casser la croûte tout en actionnant leur machine qui
fait une hécatombe de français.
Nous pensions bien
passer une bonne nuit dans cet abri, ce qui nous eût un peu reposé, mais
ce sacripant de Nielsel avait décidé une attaque pour le soir même à
cinq heures.
Nous nous acheminâmes
à nouveau dans le boyau des morts où nous avions passé la désagréable
nuit précédente. Il y eut une longue attente comme d'habitude puis on
nous fit mettre baïonnette au canon. On se passa de mains en mains vers
l'avant un billet du commandant "Quinze-Grammes" prescrivant à
l'officier de la section de tête de lui rendre compte toutes les dix
minutes de ce qui allait se passer. Comme il était curieux notre
commandant, mais prudent aussi !
Cela excita la colère des hommes qui sans scrupules dépliaient et
lisaient le billet: "Qu'il vienne lui-même voir ce qui va se passer
! Qu'il sorte donc de son trou ! " criaient des voix rudes.
Je ne sais plus lequel, un soldat déchiqueta le billet sous les rires
approbateurs de ceux qui avaient vu cette action.
D'ailleurs la résolution de chacun était bien prise: on n'attaquerait
pas, on ne sortirait pas du boyau. Vingt fois peut-être on fit passer de
l'arrière à l'avant et de l'avant à l'arrière cette phrase de bouche
en bouche: " Faites passer qu'on n'attaque pas."
Certains diront peut-être que c'était une lâcheté, mais faire attaquer
ainsi des tranchées intactes, bien défendues, protégées par des
réseaux de fil de fer, sans la moindre préparation d'artillerie,
n'était-ce pas criminel ?
Sur tout le front
l'offensive avait échoué lamentablement; seul Nielsel s'obstinait à
vouloir attaquer jour et nuit. A défaut de Douai il lui fallait Farbus
coûte que coûte pour que plus tard on dise: "Voilà Nielsel, le
vainqueur de Farbus !"
...
La nuit était tout à fait venue et nous attendions toujours le signal
d'attaque. On était dans un état d'énervement que seuls peuvent
comprendre ceux qui sont passés par ces mêmes transes.
...
Il était neuf heures du soir, il y avait quatre heures que nous
attendions baïonnette au canon qu'on prononçât ces deux mots terribles:
"en avant !"
Que signifiait cette longue attente ? Nul ne le savait, mais voici l'ami
Gayraud qui se faufilant dans le boyau rejoignit la 13ème escouade pour
venir renseigner ses camarades, devinant leur mortelle anxiété.
" Il y a du bon, dit-il, la 23è compagnie qui devait déclencher
l'attaque refuse de marcher. Son capitaine, Darnaudy ( de la Redorte), et
les chefs de section sont allés exposer la situation au commandant; on
téléphone au colonel et à Nielsel.
Mais le général exigeait que l'attaque eût lieu, rendant le capitaine
Darnaudy responsable. Celui-ci alors s'élança seul en avant et tomba à
dix pas de la tranchée gravement blessé. (Il fut amputé d'un bras)
L'attaque fut finalement remise à une autre fois et on rengaina Rosalie
dans son fourreau; on nous distribua des pelles et des pioches et nous
passâmes la nuit à creuser un boyau, n'importe où, cela nous
apprendrait à faire des manières pour marcher au massacre.
Au petit jour, notre
commandant "Quinze-Grammes" dépêcha l'adjudant de bataillon le
Peyriacois François Calvet pour vérifier le travail que nous avions
fait, mais à peine entrait-il dans le boyau qu'une balle vagabonde lui
érafla sérieusement l'épaule droite. Un centimètre plus près et il y
avait un Peyriacois de moins en ce monde.
L'ami Calvet ne fut guère ému pour cela: "ma blessure, dit-il,
sauve peut-être la vie à d'autres, car avant d'être évacué je vais
faire mon rapport que ce boyau est vu des Boches et pris d'enfilade.
"Nous avions travaillé dix heures pour rien, mais cette pensée de
Calvet révélait chez lui des sentiments généreux que beaucoup d'autres
dans l'émotion d'être blessés et dans la joie de se tirer de ces
mauvais lieux n'auraient pas eus.
On nous envoya prendre
soi-disant vingt-quatre heures de repos à la tranchée de première
ligne, et quel repos ! Des corvées tout le jour, et la nuit la compagnie
reçut l'ordre d'enterrer les morts qui se trouvaient entre les lignes
depuis les assauts des 25 et 26 septembre.
Ces morts furent
divisés en lots et on les tira au sort par escouade. Pour la 13è
escouade j'eus la main heureuse, il ne nous échut que six morts à faire
disparaître et qui se trouvaient à peu de distance de la tranchée. Oh !
la besogne avançait vite. On poussait le cadavre dans un trou d'obus,
quelques pelletées de terre dessus et à un autre. Comme caporal je
devais enlever à chacun la plaque d'identité; certains l'avaient au
poignet, d'autres suspendue à leur cou, ou bien dans une poche, quel
besogne ! Fouiller, palper ces cadavres et avec un couteau ou des
cisailles couper le cordon ou la chaînette qui tenaient leur plaque
d'identité. Il nous semblait accomplir une profanation et nous parlions
à voix basse comme si nous craignions de les réveiller.
L'escouade qui fut obligée d'enlever les morts qu'on piétinait depuis
trois jours dans le boyau y mit toute la nuit pour accomplir sa lugubre
besogne, relever ces cadavres à moitié écrasés, crevés, mêles avec
la terre, empêtrés dans des fourniments, musettes, sacs ne formant pour
quelques-uns qu'un bloc boueux, sanguinolent.
Et dire que ce travail accompli in n'avait pas une goutte d'eau pour se
laver les mains qu'il fallait frotter avec de la terre pour les nettoyer
un peu. Mais notre répugnance s'émoussait, à force de vivre dans la
saleté nous devenions pires que des bêtes.
Le lendemain matin, 1er
octobre, notre section alla prendre son poste toujours dans le même
boyau; à tour de rôle chaque escouade passait en tête. La 13è dut y
rester de sept heures du soir à minuit; un simple barrage de sacs à
terre était sur ce point la frontière française; nous eûmes la
malchance que pendant notre tour de garde l'ordre vint de porter ce
barrage plus en avant pour pouvoir peut-être dire dans le communiqué du
lendemain qu'en Artois nous avions progressé.
Les Allemands étaient-ils près ? Étaient-ils loin ? N'allaient-ils pas
nous tomber dessus, nous massacrer pendant notre travail et une nuit
sombre à ne pas voir un bœuf à deux pas, même par des yeux comme les
nôtres habitués à une vie plus nocturne que diurne ?
"Il faut, dis-je, un volontaire qui se portera à quelques pas en
avant de nous et qui fera bonne garde." Mais comme elle était
effrayante cette ombre mystérieuse du boyau où nous savions que se
trouvaient des Allemands. Personne n'offrait son dévouement mais l'abbé
Galaup accepta ce poste périlleux et seul resta en sentinelle pendant que
s'édifiait le barrage.
Le lendemain matin, à
quatre heures, nous fûmes relevés et envoyés en réserve près des
ruines de Neuville-Saint-Vaast. A la nuit, nous pûmes enfin nous coucher
dans des trous individuels creusés dans le talus d'un chemin enfoncé à
l'entrée du village.
Depuis le 25 septembre nous n'avions pu dormir seulement une heure ! Sept
nuits consécutives à veiller, travailler, enterrer des morts...
Cependant, la 13ème escouade, en dépit de son chiffre fatidique 13,
revenait de ces échauffourées sans avoir perdu un homme; mais le
lendemain le soldat Guerard fut blessé d'une providentielle balle à une
jambe en revenant de chercher de l'eau à Neuville. Les brancardiers qui
vinrent le chercher nous dirent qu'en moyenne le régiment perdait dix
hommes par jour, tués ou blessés.
Si on avait écouté le loufoque Nielsel d'attaquer à tire-larigot comme
il disait, il est probable que c'est cent hommes par jour qu'on aurait
perdus au lieu de dix.
...
*11
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 | - La
période du
3 au 9 octobre, dans
"le journal de marches et
opérations" du 78ème régiment d'infanterie. |
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Le 3 octobre,
le régiment a reçu l'ordre de relève par le 63è; elle s'effectuera
dans la nuit du 5 au 6.
L'artillerie lourde
ennemie a montré une certaine activité de 5h30 à 7h. Ce bombardement a
provoqué de nombreux éboulements dans tout le secteur.
Nuit assez calme: Dans
le bataillon de droite fusillade modérée, combats aux têtes de sape.
Dans le bataillon de gauche, fusillade assez vive vers 9h.
Les tranchées ennemies vers 17, 18, 19, 20, 21 paraissent toujours
assez fortement occupées la nuit. Deux créneaux entre 18 et 71
paraissent garnis par des mitrailleuses.
En exécution d'un
ordre, deux compagnies du 2ème bataillon sont désignées pour être
mises à la disposition du 138è pour soutenir ses efforts vers la route
de Lille.
Les officiers du
régiment sont allés reconnaître le sous-secteur occupé par le 138è à
l'ouest de la route de Lille, où ils sont appelés à prendre les
tranchées, dans la nuit du 10 au 11.
Le 4 octobre,
l'artillerie ennemie a continué à se montrer très active et a bombardé
presque constamment notre secteur avec des obus de gros calibre, en
causant des dégâts importants sur nos tranchées avancées et de
doublement et sur les boyaux reliant ces lignes.
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Nos
canons de 58 paraissent agir efficacement et provoquer des tirs de représailles
de la part de l'ennemi, ce qui est un excellent indice.
Nos batteries de 75
ont également produit un effet utile, notamment vers le point 18
où un créneau de mitrailleuse a disparu à la suite de notre tir.
La fusillade a été
assez intense dans le sous-secteur de droite, moins vive dans celui de
gauche.
Les combats de
grenades se sont continués au contraire surtout dans le sous-secteur de
gauche.
Les opérations
prévues pour le 4 octobre sont remises au 5.
Cent grenadiers du
78è sont mis à la disposition du 138è pour l'aider de jour et de nuit
à progresser dans les boyaux de l'ouest à l'est vers la route de
Lille.
En exécution d'un
ordre du 12ème C.A. le 1er bataillon soutenu par 2 compagnies du 2ème
bataillon est désigné pour appuyer l'attaque que le 107è (qui a relevé
le 128è) doit prononcer le 5 à l'heure H, dans la direction de l'ouest
à l'est contre la route de Lille, les Entonnoirs, etc...
Pertes: 1 blessé.
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Le
5 octobre, l'artillerie ennemie a continué à faire preuve d'une
grande activité, surtout avec ses pièces lourdes auxquelles notre 75 ne
peut répondre que d'une façon insuffisante, au point de vue matériel
comme au point de vue moral.
Néanmoins la nuit a été relativement calme.
Une petite sape ayant
été ébauché par l'ennemi, vers le point 32, une batterie de
fusils pointé dans cette direction a empêché toute continuation du
travail.
A 7h, le général de
brigade téléphone l'ordre de mission
du 107è: s'emparer des boyaux et tranchées jusqu'à la route de Lille.
du 78è:poursuivre les succès du 107è dans le sens ouest-est, sur les
mines et les entonnoirs, lorsque ce régiment serait arrivé à la
route de Lille. Cette progression sera effectuée par deux compagnies
du 1er bataillon soutenues par deux compagnies du 2ème bataillon.
Les unités des tranchées montreront une extrême activité pour faire
croire à l'ennemi à une attaque de vive force et lui infliger des
pertes, si possible.
La relève doit se
faire la nuit prochaine. Les bataillons sont enlevés en auto.
Pertes: 5 tués, 6
blessés.
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le 6 octobre,
les bataillons embarqués sur la route du Pont de Gy à Duisans
sont transportés en auto dans leurs cantonnements:
E.M. - C.H.R. - 1er bataillon - 3ème bataillon - C.M.: Beaufort.
2ème bataillon: Noyelle-Vion.
Le 7 octobre,
RAS
Le 8 octobre,
le 78 reçoit l'ordre d'évacuer ses cantonnements pour le lendemain à
9h.
Le 9 octobre,
8h, le régiment quitte ses cantonnements pour aller à:
E.M. - C.H.R. - 1er bataillon - 2 compagnies du 2ème bataillon : Manin.
C.M. - 3è bataillon - 2 compagnies du 2ème bataillon: Givenchy.
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- La période du 4 au 8 octobre, le même secteur, par Louis Barthas du 280ème
régiment d'infanterie dans ses carnets de guerre.
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...
Dans la nuit du 4 au 5 octobre nous dormions à poings fermés dans
nos trous lorsque nous fûmes désagréablement réveillés en sursaut par
les cris de "Aux armes ! Alerte ! Debout ! montez les sacs. Deux
hommes par escouade aux grenades, aux cartouches, aux vivres. Allons, dépêchez
vous !
_ Mon dieu, me dit l'abbé Galaup, qu'y a-t-il donc ?
- Eh ! lui dis-je, ce doit être quelque manigance de Nielsel, vous verrez
ça."
En effet, nous apprîmes bientôt qu'une attaque générale devait se déclencher
à la pointe du jour; à deux heures du matin, près de la première
ligne, on nous plaça dans un boyau très étroit où l'on ne pouvait ni
s'asseoir ni s'accroupir.
La pluie se mit à
tomber inlassablement. On semblait nous avoir oubliés là. Vers midi
cependant nos chefs se rappelèrent que nous n'avions rien pris depuis le
maigre souper de la veille et généreusement nous autorisèrent à manger
nos vivres de réserve.
Ceux qui avaient des dents de chacal pouvaient donc grignoter quelques
biscuits, rongés par les rats, que nous traînions dans le sac et
c'était tout; on ne donnait pas encore du chocolat et nous ne pouvions
manger haricots, riz, café et sucre vu que l'estomac des bipèdes que
nous sommes ne peut digérer ces aliments que cuits.
C'était donc se moquer de nous, il n'y avait qu'à faire un cran de plus
à la ceinture et voilà tout; sous l'averse qui nous cinglait, abêtis
par la souffrance, l'esprit vide de pensées, nous attendions immobiles et
silencieux...
Il régnait un calme presque complet, pas de fusillades, à peine si de
temps à autre un coup de canon rompait le silence ouaté, assourdi par la
brume, résonnant comme un coup de gong lointain.
Enfin, vers les cinq
heures du soir, j'entendis qu'on disait:
" Faites passer ce billet au caporal Barthas."
Vaguement inquiet je me demandais qu'est-ce qu'on pouvait bien me vouloir
dans cette fosse. Mais à peine eus-je jeté les yeux sur ce billet que je
fus rassuré: c'était notre bon cammarade Gayraud qui nous envoyait
quelques tuyaux sur la situation en quelques phrases brèves, hachées,
écrites en hâte: "Le 5è bataillon devait déclencher l'attaque
mais son commandant (de Fageolles) jugeant le succès impossible refusait
énergiquement d'attaquer malgré la colère et l'exaspération de Nielsel.
L'attaque n'avait pas lieu. On allait partir de suite pour Mareuil."
ce n'est pas notre froussard de commandant "Quinze-Grammes" qui
aurait osé résister au terrible Nielsel.
Bientôt notre
supplice prit fin; il y avait quinze heures que nous étions à demi
accroupis, nos membres ankylosés par une si longue immobilité, mais la
joie donne des ailes, elle nous donna des jambes pour arriver, à demi
morts de fatigue, à Mareuil à neuf heures du soir après trois heures et
demie de marche.
Nous errâmes une heure dans le village à la recherche d'un cantonnement
quelconque car personne n'attendait notre arrivée.
Notre section finit par se caser dans une masure à moitié démolie par
les obus, mais personne ne récriminait; on était si mal d'où nous
venions et nous dormîmes, sinon mieux, toujours aussi solidement que
Nielsel dans son château.
Nous passâmes quatre
jours de repos à Mareuil.
Un soir j'assistai à un office religieux à l'église en l'honneur de
sainte Bertilde ou Bertille... Quelques jours avant, un gros obus était
tombé sur l'église et avait éclaté dans le chœur, pulvérisant tout
sauf la chasse en verre dans laquelle se trouvaient les ossements de cette
sainte. Miracle ? Hasard ?
...
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 | - La
période du
10 au 28 octobre, dans
"le journal de marches et
opérations" du 78ème régiment d'infanterie. |
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Le 10 octobre,
le 78ème relève le 107ème dans les tranchées (secteur de gauche de la
23è D.I.). Il est transporté en auto.
Le 11 octobre,
dans la nuit du 10 au 11, à 20 heures, l'ennemi lance des grenades sur
toutes les sapes et les barricades.
Nos ripostes, très violentes, au fusil de chasse et à la grenade
déclenchent une vive fusillade et une canonnade très nourri. Le calme
est rétabli après l'intervention de l'AD23.
La relève s'est
effectuée sans incident.
A 13h, réception de
l'ordre fixant le jour J et l'heure Z au 11 octobre à 14h. L'attaque est
donc fixée pour 16h15.
La mission du 78 est de flanquer la droite de la 58è DI, poursuivre
l'avance déjà effectuée, maintenir l'inviolabilité du front.
Ordre d'attaque:
l'occupation de la tranchée XYZ sera maintenue solidement, de manière à
rendre impossible toute action de l'ennemi contre le flanc droit de la
58è DI.
En même temps, les
attaques ci-après seront exécutées, violentes, au fusil de chasse et à
la grenade:
1) par le 3ème bataillon, disposant de 2 compagnies de ZY contre 16
et 409.
2) par le 2ème bataillon, sur 279, 278, 134, 135
et ultérieurement sur 142, 572.
3) par le 1er bataillon, sur 135, 129, 120, 133
et ultérieurement sur 140, 141.
Deux compagnies du 3ème bataillon seront maintenues dans leurs tranchées
actuelles à la disposition du colonel.
A gauche, la 58è D.I.
a pour premier objectif la tranchée des Saules et son
prolongement, au sud de la route Neuville - Thélus, jusque vers 562.
A droite, le 63è attaquera de l'ouest à l'est sur la route de Lille,
entre 507 et 17 et au delà, sur le Labyrinthe des Entonnoirs.
17h20, violente
canonnade ennemie depuis 14h sur tout le secteur. Tir de barrage sur les
boyaux.
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A 19h20, il résulte
des renseignements fournis par les commandants de bataillon que:
1) sur le point 279, l'ennemi qui tient ce point très solidement
nous a infligé des pertes sérieuses. Nous n'avons pas pu progresser ( 1
officier, le sous-lieutenant Arseiguel, est grièvement blessé.
2) de 126 à 134, nous avons enlevé la barricade ennemie et gagné
30 mètres.
3) de 127 sur 135, lutte infructueuse.
4) de 128 sur 129, nous avons pu réaliser une avancée de 15
mètres.
5) de 64 sur 120 nous avons progressé jusqu'au delà du Chemin
Creux et nous construisons un ouvrage sur le revers N.E de ce chemin,
dans la direction de 129.
En résumé, lutte extrêmement vive dans le sous-secteur, par grenade.
Progression dans quelques boyaux.
Pertes: officier: 1
blessé, troupe: 10 tués, 29 blessés.
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Le 12 octobre,
toutes les avancées réalisées hier ont été maintenus. En outre, nous
avons progressé de 55 mètres dans le Chemin Creux de 64 à 129
et de 12 mètres, par sape de 128 vers 129. Nous avons établi au
point 120, au N-E du Chemin Creux une petite redoute.
Toute la nuit, combats
intermittents à la grenade et au fusil de chasse, en avant des
barricades.
L'artillerie ennemie a
tiré presque constamment, par salves échelonnées et espacées, mais
suffisantes pour gêner nos travaux.
Vers 21h on a ressenti
les effets des gaz lacrymogènes entre 500 et 514. Ces effets ont
persisté légèrement dans la matinée.
Pertes: 1 tués, 3
blessés.
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Le 13 octobre,
dans la journée, l'artillerie ennemie a montré peu d'activité et n'a
tiré qu'avec des 77 et des 105. Elle a causé néanmoins quelques
dégâts vers 503, 504, et sur la tranchée de la batteuse.
Quelques combats de
grenades en avant des barricades.
Nous avons réalisé
les gains suivants:
1) vers 279, 6 mètres, partant de notre barricade dans le but de
tourner par le nord 279 qui parait un véritable petit fortin.
2) vers 278, 12 mètres.
3) de 126 vers 134, 15 mètres par une tranchée partant de notre
barricade pour rejoindre la petite tranchée au nord, de façon à
partir d'une ligne au lieu d'un point pour attaquer 134-135.
4) de 128 à 129, 25 mètres.
5) porté à 60 mètres l'avance dans le Chemin Creux entre
64 et 129.
Pertes: 2 tués, 2
blessés.
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Le 14 octobre,
bombardement du secteur par obus de 77 et de 105 de 0h à 0h30.
Combats de grenades
aux barricades et surtout à celles qui sont près du Chemin Creux.
Fusillade presque constante toute la nuit, mais peu vive.
Légères avances des
sapes se dirigeant vers 279 et 278 ainsi que de 123 à 6. La
sape 128-129 est portée à 80m.
Pertes: 4 tués, 6
blessés.
Le 15 octobre,
Bombardement intermittent du secteur par l'artillerie ennemie (77 et 105).
Tir efficace de notre
artillerie de tranchées sur les points 134-135. Une de nos
torpilles tombée sur 134 a causé une forte explosion, suivie de
deux autres moins violentes: un dépôt de munition a dû sauter.
Nous avons également
bombardé 127, mais sans réussir à atteindre nettement la
barricade et la tranchée.
Pertes: 6 blessés.
Le 16 octobre,
nuit assez calme.
Dans la matinée, l'artillerie allemande a montré une certaine activité
et a produit des dégâts assez sérieux sur nos tranchées et nos boyaux.
Notre artillerie a exécuté par trois fois des tirs de représailles.
L'attaque de la barricade 127 qui devait avoir leu dans la
matinée, avec l'appui de l'ATD et d'un canon de 37 n'a pu se produire en
raison de l'inefficacité du tir de l'ATD (un grand nombre de projectiles
n'éclatant pas.) et du non fonctionnement du canon de 37mm. La
barricade ennemie de 127 parait très solidement tenu et le boyau
d'accès ennemi est garni de créneaux avec bouclier. Le lieutenant
colonel commandant le 78 qui tient a enlever cette barricade et a veillé
de sa présence aux détails de préparation de l'attaque a prescrit de
faire tirer de nouveau l'ATD et de remplacer le canon de 37 et d'exécuter
l'attaque dès que la préparation sera jugé suffisante.
A 17h30, après une
préparation sérieuse faite par l'ATD et le canon de 37 (qui n'a pu tirer
que quelques coups, un obus de 77 l'ayant détraqué) l'attaque est
reprise et la barricade 127 est enlevée.
L'ennemi qui croit à
une attaque sur tout le front canonne toute notre ligne, mais concentre
bientôt un feu particulièrement violent sur la barricade et ses abords,
sans se soucier des pertes qu'il peut infliger à ses propres troupes.
Devant l'intensité du feu, les nôtres qui ont éprouvé des pertes et
qui n'ont pas eu le temps de s'abriter sont obligés de rentrer derrière
notre ancienne barricade.
A 18h30, l'attaque est
renouvelée et la barricade est reprise.
deux contre-attaques
violentes de l'ennemi sont repoussées vers 19h30 et 20h30 et nous restons
définitivement maîtres de l'ouvrage conquis, malgré les tentatives à
la grenade qui sont faites pour le reprendre.
A 19 heures, une
patrouille d'une quinzaine d'Allemands s'est avancée vers l'extrémité
Nord de la barricade (sud du point 29) du chemin du moulin, mais
est repoussé à coup de grenades et de fusils.
Pertes: 1 officier
blessé; troupes: 2 tués, 7 blessés.
Le 17 octobre,
des combats à la grenade ont lieu par intermittences toute la nuit, non
seulement devant la barricade 127, mais encore à toutes les têtes
de sapes.
à 6h, nouvelle
attaque de l'ennemi à la grenade, suivie d'un tir de 105 et de 77 assez
violent sur tout le secteur, mais particulièrement sur la 1ère ligne,
aux environs de la barricade 127.
Pertes 1 tué, 2
blessés.
Le 18 octobre,
depuis la prise de la barricade 127, les Allemands ne peuvent plus
nous atteindre avec des grenades ordinaires et emploient des grenades à
fusil.
A 11h, l'ennemi a
lancé quelques obus de 77 et de 105 vers 121-122.
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Dans la nuit du 18
au 19 octobre, le 78è
est relevé par le 107è. Il s'embarque en auto sur la route Arras-St
Pol, à hauteur de la halte Duisans-Etrun.
EM-CHR-1er
bataillon-5ème et 6ème compagnies: Manin.
CM-3ème bataillon-7ème et 8ème compagnies: Givenchy-le-Noble.
Pertes: 1 tué, 7
blessés.
Du 19 au 26
octobre, même cantonnement.
Le 27 octobre,
le régiment reçoit l'ordre d'avoir évacué ses cantonnements pour le
lendemain à 8 heures.
Le 28 octobre,
le régiment quitte ses cantonnements pour aller à:
EM-CHR-3 compagnies du 2ème bataillon: Beaufort.
1 compagnie du 2ème bataillon: Blavincourt.
CM et 3ème bataillon: Grand-Rullecourt.
1er bataillon: Lignereuil.
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- La période du 9 au 28 octobre, le même secteur, par Louis Barthas du 280ème
régiment d'infanterie dans ses carnets de guerre.
|
...
Le 9 octobre, le 280è régiment reçut l'ordre de repartir en
ligne, car vous pensez bien que Nielsel n'allait pas nous laisser six mois
au repos. A sept heures du soir nous étions déjà rassemblés prêts à
partir lorsqu'il vint un contre-ordre et à notre grande surprise on nous
fit prendre la direction opposée à Neuville-Saint-Vaast.
Au bout d'une heure et demie de marche, nous vîmes scintiller quelques
lumières dans la nuit: nous arrivions au village d'Agniez-les-Duizans où
nous venions cantonner.
Notre fourrier nous appris que la 21è compagnie allait être logée dans
les dépendances du château où Nielsel était installé en seigneur.
Cette nouvelle nous fit plaisir. Bien-sur, pensions-nous, un cantonnement
sous les yeux du général de division devait être pourvu de tout le
confort désirable, mais quelle ne fut pas notre déception quand on nous
poussa dans une écurie dont une épaisse couche de fumier couvrait tout
le sol !
Cent hommes auraient pu difficilement s'y coucher. On nous y entassa deux
cent cinquante et il fallu encore se serrer pour faire de la place à
cinquante pionniers.
En vain je cherchai à l'entour un hangar, une loge à cochons, un abri
quelconque pour y passer la nuit; je ne trouvais rien; force me fut de
rentrer dans l'écurie où l'on se coucha les uns sur les autres dans
toutes les positions. On ne put guère dormir car il y avait toujours
quelqu'un qui entrait ou sortait, ce qui ne pouvait se faire sans des
piétinements provoquant des protestations, des grognements, des menaces
de la part des piétinés.
Dès la pointe du
jour, un grand nombre d'entre-nous sortirent dans la cour, faisant du pas
gymnastique pour lutter contre le froids assez vif; on s'interpellait, on
parlait, on criait en vrais Méridionaux qui ne perdent jamais de leur
pétulance, on ne songeait pas que Nielsel se reposait encore, vautré
dans un bon lit, et qu'on troublait son sommeil ou ses profondes
méditations stratégiques, ou ses amours, car on disait qu'avec la jolie
châtelaine, Nielsel... mais cela ne nous regardait pas.
Brusquement une porte s'ouvrit et le général parut tête nue, l'œil
courroucé; d'une voix irritée il s'écria: "Voulez-vous vous taire
ou bien je vais vous faire partir de suite aux tranchées ! Rentrez
dedans, couchez-vous. Reposez-vous !"
Il nous dit cela exactement comme un maître parle à ses chiens. Il nous
ordonnait de nous coucher sans daigner regarder s'il y avait de la place
pour cela.
Le lendemain matin, le
général fut plus aimable, il vint dans la cour avec des paquets de
crayons d'un sou qu'il distribua à quelques soldats ébahis en leur
disant: " Tenez, mes petits, distribuez cela à vos camarades."
"Cette distribution de crayons ne me dit rien qui vaille, dis-je aux
camarades de l'escouade, vous verrez que Nielsel nous prépare quelque
surprise plutôt désagréable."
Effectivement, à dix
heures et demie, à peine avions-nous mangé la soupe que l'ordre fut
donné de partir immédiatement pour les tranchées. En cours de route les
officiers nous apprirent que le 280ème régiment allait soutenir une
attaque de la division.
Quand nous eûmes
dépassé Neuville-Saint-Vaast, les Allemands déclenchèrent sur nous un
violent tir de barrage; nous nous repliâmes en une fuite éperdue vers
Neuville.
Ah ! dira-t-on, ces Méridionaux, toujours prêts à tourner les talons,
mais parmi nous il y avait des Parisiens, des Bretons, et je remarquai
qu'ils se débinaient aussi vite que nous.
Le commandant "Quinze-Grammes" et "le Kronprinz" au
moment où s'abattit la rafale, passaient devant un abri profond où ils
se terrèrent.
Quand le calme fut revenu, ils dépêchèrent leurs larbins (disons leurs
plantons) pour venir nous ramasser; ce ne fut pas sans peine car nous
étions fort disséminés.
L'attaque eut lieu
mais deux sections du 281è régiment qui étaient sorties des tranchées
avaient été aussitôt foudroyées par les mitrailleuses.
Malgré les ordres réitérés de Nielsel, personne n'avait plus voulu
sortir.
A sept heures du soir,
notre compagnie alla renforcer le 281è régiment; nous occupâmes un
boyau fort endommagé par les obus. Nous dûmes passer la nuit à
découvert malgré de fréquentes rafales d'obus que les Allemands
lançaient au petit bonheur sur nos lignes.
Encore une mauvaise
nuit de plus à graver dans notre souvenir.
Le lendemain, 12
octobre, à neuf heures du soir nous allâmes relever le 281è
régiment en première ligne.
En arrivant à la première ligne, nous aperçûmes chaque dix mètres des
échelles d'assaut posées contre le parapet. Cette vue nous fit
frissonner comme si nous étions passés devant des échafauds.
Dans notre tranchée se trouvait l'emplacement d'une batterie lourde
allemande complètement anéantie par notre artillerie: canons, obus,
matériel et cadavres allemands y étaient ensevelis.
De nuit et de jour, on nous fit travailler à dégager les abris qui se
trouvaient à cet emplacement.
En avant et en
arrière de la première ligne, il y avait un grand nombre de morts dans
la proportion à peu près d'un Allemand pour vingt Français, ces
derniers appartenaient au 50è régiment d'infanterie.
Elle nous coûtait cher cette avance de sept cents à huit cents mètres
qui ne nous avançait à rien du tout car on se trouvait en présence de
tranchées aussi solidement défendues que celles qu'on avait enlevé.
A la faveur de
l'épais brouillard qui tous les matins couvrait le pays, certains
allaient à la recherche de fusils, revolvers, etc. Peu scrupuleux,
quelques-uns fouillaient les poches des morts.
Un matin le caporal Cathala, de la compagnie, était allé ainsi en
découverte lorsqu'il fut atteint d'une balle qui le blessa grièvement à
la cuisse (on dut lui pratiquer l'amputation); il se traîna à la
tranchée où on lui fit un premier pansement; il gisait à terre baignant
dans son sang.
Soudain, voici le général Nielsel, qu'on voyait souvent à la tranchée
au petit jour mais quand tout était calme.
-Ah ! dit le général, où a-t-il été blessé ce caporal ?
On ne pouvait pas lui dire que c'était en allant fouiller les morts, on
lui dit que c'était au petit-poste.
"Allez-moi chercher le capitaine. Êtes-vous content de ce caporal ?
dit-il au "Kronprinz" accouru en toute hâte.
-Mais oui, très satisfait ! bredouilla notre capitaine.
-Très bien ! il sera cité, aura sa croix de guerre et la médaille
militaire."
Ce qui fut fait. Voilà comment le caporal Cathala devint un héros.
...
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JMO
du 281 régiment d'infanterie. |
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L'abbé
Galaup était depuis quelque temps hanté par le désir de trouver un
fusil allemand avec une baïonnette en forme de scie pour la prendre chez
lui comme souvenir.
Les Allemands en avaient une par escouade afin que le cas échéant on
pût couper une branche, débiter une planche, etc. Bien entendu on la
fixait au bout du fusil pour à l'occasion percer un thorax ou un ventre,
elle était à double usage.
Le père Galaup à la recherche de cette arme-outil allait lui aussi
chaque matin dans le brouillard au risque d'intercepter une balle au
passage.
Un jour, il me dit que si j'avais envie d'un revolver et d'une belle paire
de jumelles il me les indiquerait; le lendemain matin, acceptant cette
offre, je me rendis à l'endroit qu'il me désigna où un obus énorme
avait éclaté au milieu d'un groupe de Français montant à l'assaut,
décapitant, mutilant affreusement une douzaine d'hommes qui n'étaient
plus que des tronçons sanglants.
Je vis à terre les jumelles et le revolver dans leur étui, je les pris
en hâte et je m'enfuis épouvanté par ce spectacle horrible.
A l'aide de ces jumelles, l'abbé Galaup finit par découvrir l'objet de
ses désirs, une précieuse baïonnette-scie au bout d'un fusil que tenait
un Allemand mort, à quelques pas de sa tranchée, empêtré dans un
fouillis de fils de fer. |
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C'était
être fou que de vouloir aller même de nuit chercher cette arme; risquer
neuf chances sur dix d'être tué pour une baïonnette même en forme de
scie, pas un homme dans le régiment ne l'eût peut-être tenté.
Eh bien ce prêtre le tenta. La nuit suivante il partit en rampant,
réussit à prendre cette baïonnette fascinatrice et revint sans avoir
éveillé l'attention des Allemands mais, au retour, il s'égara et tomba
sur un poste d'écoute de la compagnie voisine où veillaient deux
sentinelles qui lui tirèrent dessus mais le manquèrent.
Au moment où il venait de quitter ce poste, un obus de 105 y tomba en
plein, tuant les deux sentinelles.
L'abbé Galaup remercia longuement la Providence qui l'avait favorisé
dans sa téméraire entreprise et l'avait préservé de si grands dangers.
Cependant, le lieutenant Malvezy avait envie de mes jumelles et me proposa
sans vergogne de les échanger avec les siennes qui ne valaient pas
quarante sous; je refusais, il insista; je refusai de plus belle. Il ne
tarda pas à en tirer une mesquine vengeance.
Le 17 octobre
à neuf heures du soir un obus éclata en plein, à trente mètres de
notre emplacement, dans la tranchée, tuant net deux malheureux
ravitailleurs chargés de vivres pour leur escouade.
...
Cette relève, notre compagnie voisine, la 18ème, fut très éprouvée,
elle compta une vingtaine de tués ou de blessés; notre compagnie n'eût
que trois blessés. Grâce que nous étions si près des Allemands que
leurs artilleurs n'osaient taper sur nous de crainte d'atteindre leurs
tranchées.
Un jour le père
Galaup était en train de tirer comme un forcené à son créneau avec le
fusil allemand qu'il avait ramassé.
"Qui se sert de l'épée, dis-je, périra par l'épée !"
Les Allemands qui passaient des heures entières sans tirer un coup de
fusil se mirent à riposter à la fusillade du père Galaup. Ils eurent
tôt fait de découvrir le créneau d'où partaient les coups de fusil et
tout à coup voilà une balle qui passe par l'étroite ouverture du
créneau et traverse le poignet de ce prêtre batailleur, lui frôlant le
front en traversant son casque. Il fut conduit au poste de secours et
évacué à Royaumont d'où il nous envoya de bonnes nouvelles.
...
Le même jour, nous apprîmes, contrairement sans doute aux désirs du
général Nielsel, que l'offensive était arrêtée partout et que les permissions
allaient reprendre. Quel soupir de soulagement ! quel poids qui tombait
sur notre poitrine. En dépit de notre fatigue, tellement la joie donne
des ailes - ou plutôt des jambes - nous arrivâmes à Mareuil à une
heure du matin sans avoir trouvé le chemin trop long ni notre sac trop
lourd.
Dès le lendemain il fut constitué par compagnie une section de
grenadiers; il était entendu qu'on choisirait de préférence des hommes
jeunes et vigoureux.
A notre section le sous-lieutenant Malvezy chargé de désigner un caporal
s'empressa de me choisir malgré que des quatre caporaux je fusse le plus âgé.
C'était sans doute pour m'apprendre à avoir des jumelles plus belles que
les siennes.
J'aurais pu réclamer mais je me dis que si aux petits-postes on était
plus exposés aux grenades et à des surprises on l'était moins qu'un peu
en arrière pour les obus et les torpilles, donc je quittai mes bons
camarades de l'escouade pour faire partie de la section des grenadiers.
Dès le lendemain de
notre séjour à Mareuil on nous fit aller travailler en première ligne
afin de creuser un boyau. partis à six heures du soir, nous arrivâmes à
quatre heures du matin, exténués car nous avions dû faire une vingtaine
de kilomètres aller et retour; on appelait cela être au repos, il y en
eut un qui ne revint pas, il avait été tué net par une balle perdue.
Personne ne le plaignit. Qui de lui ou de nous était le plus à plaindre
?
Dans le jour on nous
occupait à lancer des pierres en guise de grenades du matin au soir aux
bords de la Scarpe afin de nous faire les bras, mais au bout de quatre
jours nous en avions les épaules démolies.
Le 23 octobre, à six
heures du soir, nous allâmes cantonner à Agnez pour quatre jours de
plus. Cette fois, nous ne fûmes pas logés dans le château de Nielsel
mais dans un autre château se trouvant au milieu du village. On nous
empila dans des remises à foin ou à débarras avec pour sommier des
débris de paille où pullulaient des myriades de poux.
Ce château était un vrai nid d'embusqués, de tous les embusqués de la
division: téléphonistes, secrétaires, brancardiers, gendarmes. Tous ces
gens-là naturellement occupaient les meilleurs places et nous regardaient
avec un visible dédain.
Un après-midi, le
général Nielsel nous convoqua, tous les caporaux et sergents, pour nous
faire une conférence sur notre rôle aux tranchées pendant la campagne
d'hiver.
Nous fûmes réunis dans la salle d'école, le général nous reçut tout
souriant, tout réjoui, tout guilleret; ce n'était plus le terrible
batailleur ne rêvant que de plaies et de bosses, assauts et combats.
"Allons, disait-il en clignant de l'œil, vous êtes tous
de solides gaillards; avec des hommes comme vous on peut faire quelque
chose; c'est bien, je suis satisfait de votre bonne mine, de votre tenue."
Après ce préambule flatteur, le général nous dit: " Vous
comprenez bien que nous n'allions pas laisser les boches cet hiver bien
tranquilles dans leurs trous. Il faut les embêter tout le temps, voici
comment..."
Et devant un tableau noir, la craie à la main, Nielsel nous expliqua
pendant deux heures la manière de faire des travaux d'approche pour
enlever un petit-poste, une tranchée, s'approcher de l'ennemi pour y
jeter des grenades " à tire-larigot" et, à chaque
phrase, il concluait: " c'est bien simple"
En effet, cela paraissait simple, trop simple même, un jeu d'enfant. On
n'eût pas dit certes qu'il s'agissait de tueries, d'égorgements, de
massacres.
Puis Nielsel daigna nous remercier de notre attention forcée et s'en fut
à son château, persuadé sans doute qu'il avait excité en nous notre
ardeur guerrière et nos sentiments patriotiques.
Comme il se trompait !
...
Le 28 octobre,
à cinq heures du soir, nous repartîmes accompagnés par des froides
averses pour aller occuper des tranchées de réserve, près de
Neuville-Saint-Vaast.
Cinglés par les rafales de pluie, glissant, trébuchant dans la nuit
noire par des chemins ou pistes impraticables, on nous laissait bien
tranquilles avec leurs stupides règlements de la discipline de marche!
Jurant, pestant, maudissant son sort, chacun marchait, se traînait comme
il pouvait. Pour arriver où ? Dans des boyaux ténébreux, plein de boue
où l'on se disputait quelques trous individuels à demi effondrés
qu'avaient creusés nos prédécesseurs. Seuls les officiers avaient à
leur disposition un abri assez bien aménagé.
Quelques plaques de tôle, des planches placées en travers du boyau et
recouvertes de terre auraient suffi pour nous faire un abri sinon
confortable du moins suffisant pour nous préserver du vent glacial et des
averses, mais non. Là comme presque partout ailleurs, rien n'avait été
prévu, rien n'avait été ordonné d'un quelconque colonel au
généralissime Joffre pour abriter le bétail humain contre les
intempéries.
*11
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|
 | - La
période du
29 octobre au 11 novembre, dans
"le journal de marches et
opérations" du 78ème régiment d'infanterie. |
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|
Le 29 octobre,
le 78ème relève le 107ème dans les tranchées. Le mouvement se fait en
auto; l'embarquement a lieu à 3h30 et le débarquement à 5h15 à Duisans.
Les compagnies de
tête se présentent à l'entrée de boyaux de Béthune et d'Angin
à 6h. La relève est terminée à 12h, sans incident.
Entre 15h et 17h,
l'ennemi, vraisemblablement en réponse au tir de notre ATD, a violemment
bombardé avec des obus de gros calibre, le centre et la gauche du
secteur.
A 15h30, le dépôt
d'explosifs du bataillon de gauche, situé entre 122 et 123 saute
sous l'action d'un obus de gros calibre.
Pendant toute la nuit,
notre artillerie se montre agressive.
Pertes: 1 tué.
Le 30 octobre,
à 5h30, l'artillerie ennemie a bombardé avec une grande violence nos
tranchées de 1ère ligne sur tout le front et a exécuté un tir de
barrage non moins violent à hauteur de la ligne de soutien, en même
temps que sur la gauche seulement s'engageait une vive fusillade avec
combat à la grenade. Les communications téléphoniques s'étant
trouvées coupées, un tir de barrage a été demandé par signaux à 5h45
pour répondre à celui de l'ennemi. Ce tir a été arrêté à 5h50, dès
qu'il a été reconnu que les Allemands ne sortaient pas de leurs
tranchées.
A 10h, après un
nouveau bombardement violent de la région 514, R, 274, 277, D,
l'ennemi a fait sauter à la mine la barricade S. Des travaux ont
été entrepris immédiatement pour dégager la sape démolie par
l'explosion et déboucher dans l'entonnoir: des Allemands ayant voulu y
pénétrer, nous les avons chassés à coup de grenades.
Nos tranchées ont
beaucoup souffert du bombardement bien qu'une grande partie des obus
ennemis n'éclatent pas.
Une de nos mitrailleuse a été enterrée; elle a pu être dégagée et
réparée.
Pertes: 1 officier
blessé; troupe: 5 tués, 1 blessé.
Le 31 octobre,
pendant la nuit, on a pu retirer vivants deux hommes ensevelis (un du
génie, un du 78è) par l'explosion d'une mine ennemie.
La sape avec poste de grenadiers ayant vue sur le fond de l'excavation a
été terminée à 21h.
Nous occupons non
seulement notre ancienne barricade, mais encore la lèvre nord de
l'entonnoir, la tranchée allemande étant tangente à la lèvre sud.
Trois cadavres allemands, déchiquetés par nos grenades, gisent dans le
fond de l'excavation ainsi que d'autres débris humains, de fusils, sacs
et grenades allemandes.
La lutte à la grenade
se poursuit aux têtes de sapes et particulièrement près du nouvel
entonnoir.
L'ennemi bombarde la
tranchée de doublement, les points 126, 127 et la tranchée 514, R, 503.
Pertes: 4 tués, 5
blessés.
Le 1er novembre,
à 3h30, violente attaque ennemie à la grenade à la droite du
sous-secteur. Le bataillon de droite a pris ses dispositions d'alerte. Les
mouvements des fractions de soutien se sont effectués dans de bonnes
conditions.
Quelques petites bombes paraissant de forme ronde ont été tirées sur 514-277.
Lutte à la grenade
pendant la nuit aux sapes 503 et S.
Pertes: 1 blessé.
Le 2 novembre,
lutte intermittente à la grenade à la barricade S. L'ennemi a
lancé un assez grand nombre de grenades à fusil vers S'.
Deux sapeurs du
Génie, enterrés dans la sape S sont sortis cette nuit après
avoir creusé une galerie pour déboucher dans l'entonnoir.
L'activité de
l'ennemi s'est ralenti dans l'après-midi.
Le Génie a débouché
dans une galerie allemande entre 126 et 134. Un combat à coup de
fusil de chasse s'est engagé entre les mineurs qui se sont barricadés
dans leurs galeries.
A 16h, le commandant
de la compagnie du Génie a camouflé la galerie ennemie en portant sa
barricade de 20 mètres en avant.
Pertes: 1 tué, 1
blessé.
Le 3 novembre,
relève intérieur dans le régiment, sans incident, mais longue et
pénible. Cette relève était nécessité par la fatigue extrême des
unités de 1ère ligne. Les hommes de ces unités n'étaient plus que des
tas de boue qu'il était indispensable de laisser se reposer et se
nettoyer un peu.
La pluie persistante
des deux derniers jours a causé de véritables désastres dans le
secteur. On s'emploie en toute hâte à relever les boyaux et les
tranchées effondrés et à rendre le secteur inexpugnable par la pose de
défenses accessoires.
Pertes: 3 tués, 4
blessés.
Le 4 novembre,
bombardement du secteur par des 77 et des 105 qui nous ont causé quelques
pertes parce que les hommes sont obligés de travailler en permanence dans
les tranchées et boyaux pour réparer les dégâts causés par le mauvais
temps.
Une violente lutte à
la grenade qui a eu lieu à 20h45 à notre droite, du côté des barricades
67 et 16, a été suivie d'un tir de l'artillerie ennemie sur la
tranchée Rocade et le boyau d'Ecurie.
Quelques isolés ont
été enlisés la nuit dernière et n'ont été retirés qu'avec des
efforts sérieux. Leurs chaussures arrachées sont restées dans le fond
des boyaux.
A 13h, l'ennemi a fait
sauter un camouflet près de S (Camouflet est un terme du génie
militaire désignant une charge d'explosif destinée à détruire une
galerie ennemie, ou à neutraliser la mine préparée par les sapeurs
ennemis. Ce terme est inspiré d'un vieux mot signifiant au XVIIe siècle
« de la fumée soufflée sous le nez », une vexation
humiliante, un affront, synonyme de claque ou de gifle, passé à ce titre
dans le langage courant. Wikipédia) Deux grenadiers ont été
ensevelis, un seul a pu être retiré.
Pertes: 2 tués, 3
blessés, 1 disparu.
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Le 5 novembre,
le 78è est relevé par le 107è. Le régiment doit regagner ses
cantonnements en auto. Il embarque à 14h sur la route Arras-St Pol,
la tête au carrefour du chemin halte de Duisans-Etrun.
Cantonnements:
EM - CHR - CM - 3è bataillon: Grand Rullecourt.
2è bataillon: Beaufort.
1er bataillon: Blavincourt et Lignereuil.
Le 6 novembre,
à la date du 28 septembre, le général commandant en chef a conféré la
médaille militaire à:
Dubreuil Édouard, adjudant au 78. " chef de section d'une
vaillance hors ligne, s'est élancé à la tête de sa section à
l'attaque d'une tranchée allemande qu'il n'a pu atteindre. Est resté
terré derrière une levée de terre pendant toute l'après-midi d'où, à
l'affût, il a mis hors de combat une dizaine d'ennemis."
Le 7 novembre,
le général en chef a promu, en date du 13 octobre 1915, au grade
d'Officier de la Légion d'Honneur:
M Delouche, lieutenant-colonel, commandant le 78: " A été
blessé au moment où, sous un feu des plus violents d'artillerie lourde,
de mitrailleuses et d'infanterie, il entraînait les éléments de tête
de son régiment à la reprise de l'attaque sur les tranchées allemandes;
A refusé de se laisser évacuer sur l'arrière et bien qu'encore sous
l'influence de la fièvre a tenu à reprendre le commandement de son
régiment en 1ère ligne, moins de 48h après sa blessure. A ainsi donné
à ses subordonnés le plus bel exemple d'énergie et de devoir militaire."
A la date du 11
octobre 1925, le général commandant en chef a promu au grade de
Chevalier de la Légion d'Honneur:
M Blanloeil Bernard, capitaine à titre temporaire au 78. " Blessé
une première fois le 21 décembre 1914, est revenu sur le front sans
vouloir prendre de convalescence, n'a cessé de faire preuve d'une
conduite admirable au feu. Le 26 septembre 1915, a encore donné le plus
bel exemple de courage en sortant le premier de la tranchée, sous un feu
terrible de mitrailleuses et d'artillerie ennemies. A été blessé très
grièvement.
M Demerliac Marie
Guillaume Marcel, médecin-major de 2ème classe au 78. " Aussi
brave au feu que compétent dans son service. Le 28 août 1914, est allé
lui-même, sous les balles ennemies, chercher le corps d'un capitaine
qu'il a rapporté. Les 25 et 26 septembre 1915, s'est prodigué en allant
plusieurs fois jusque dans nos tranchées les plus avancées, avec un
entrain, un calme et un sang-froid admirables pour veiller à la bonne
exécution de son service et a obtenu des résultats tout à fait
remarquables; Déjà cité à l'ordre du régiment. "
Le 8 novembre,
sont nommés à titre définitif:
Par décret du 3
septembre 1915 (active)
au grade de chef de bataillon: M Bérenguier, chef de bataillon à titre
temporaire.
au grade de capitaine: M Ursy Lieutenant.
Par décret du 20
septembre (Réserve)
au grade de lieutenant: m Faucher, capitaine à titre temporaire.
au grade de sous-lieutenant: sergents Barrot, Raymond, Bujadoux.
Sont ratifiées les nominations
au grade de lieutenant à titre temporaire (active) les officiers:
par décision ministérielle du 21 septembre 1915: sous-lieutenant Goumy.
par décision ministérielle du 26 octobre 1915: sous-lieutenants Harlé
et Viladier.
Sont ratifiées les
nominations au grade de sous-lieutenant à titre temporaire ( réserve)
les sous-officiers:
Adjudants Garcias, Dubreuil, Lavaud.
Sergents Vandais, Bernard.
Par décision ministérielle du 21 octobre 1915, l'adjudant Prestat.
Sont ratifiées les
nominations au grade de sous-lieutenant à titre temporaire (active) les
sous-officiers:
L'adjudant Paquet.
Par décision ministérielle du 6 octobre 1915: le maréchal des logis
Bordessoule.
Par décision ministérielle du 28 octobre 1915: l'aspirant Leblanc.
Le 9 novembre,
par ordre du 16 octobre 1915, le général commandant la 10ème Armée
cite à l'ordre de l'Armée:
Le capitaine Causse Fernand Fulcrand du 78: " Blessé grièvement
le 28 août 1914, est revenu sur le front incomplètement guéri. Modèle
de devoir et de bravoure a été tué le 25 septembre 1915 au moment où
il se portait à la tête de sa compagnie à l'assaut des tranchées
allemandes."
Par ordre du 20
octobre 1915, le général commandant la 10ème Armée cite à l'ordre de
l'Armée:
Le sergent Lachaud Jean. " Sous-officier d'un sang-froid et d'une
bravoure admirable, s'est élancé le 26 septembre 1915 à la tête de sa
demi-section à l'assaut d'une tranchée ennemie en criant - en avant !
les gars ! Est tombé mortellement blessé. "
Le sergent-major Bouchet Auguste. " Le 26 septembre 1915, s'est
courageusement élancé à l'assaut des tranchées ennemies en entraînant
sa section. Est tombé criblé de balles. "
Le caporal-mitrailleur Frapeau Félicien. " Projeté en l'air par
l'explosion d'un projectile de gros calibre qui a tué et blessé
plusieurs de ses hommes, est resté à son poste malgré de sérieuses
contusions, refusant de se rendre au poste de secours. "
Le 10 novembre,
RAS.
Le 11 novembre,
le régiment reçoit l'ordre de relève. Le 3ème bataillon seul sera
transporté en auto avec la CM et une partie de la CHR. Les 1er et 2ème
bataillons feront le mouvement à pied, leurs sacs seront transportés par
camions automobiles.
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- La période du 29 octobre au 12 novembre , le même secteur, par Louis Barthas du 280ème
régiment d'infanterie dans ses carnets de guerre.
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...
Deux jours après ( vers le 30) à la tombée de la nuit, notre
compagnie alla occuper une tranchée de deuxième ligne appelée
"Tranchée du Moulin".
Il y avait effectivement un moulin dans ces lieux mais je ne m'en aperçus
que trois jours après par quelques débris de briques qui jonchaient le
sol mêlés à la boue.
C'est le meunier qui fera une tête lorsqu'il reviendra !
A l'emplacement
occupé par la section des grenadiers, il n'y avait en tout et pour tout
qu'un seul abri et encore avait-il été creusé par les Allemands qui
voulaient établir une mine; malheureusement, notre avance avait
interrompu les travaux et ce n'était qu'un escalier étroit d'une
quarantaine de marches creusées sans étayages dans le sol crayeux; au
fond, un court et étroit couloir où les bougies ne voulaient pas
flamber, l'air n'y pénétrant point suffisamment.
Faute de place, on dut laisser dehors sur la banquette de tir les armes,
fusils, sacs, à la merci de la pluie et des cambrioleurs de tranchée.
Ceux qui ne trouvent pas leur chambre à coucher assez spacieuse ou
confortable peuvent par la pensée concevoir si quarante hommes étaient
à l'aise dans cet étroit escalier boueux et glissant où à chaque
instant quelqu'un montait ou descendait, alors que deux hommes ayant un
peu d'embonpoint n'auraient pu se croiser; par bonheur, nous étions tous
maigres.
L'ouverture de ce repaire étant tournée vers l'ennemi il était même
possible qu'un des obus qui tombaient dans le voisinage s'enfilât dans
cet escalier pour y faire une sanglante omelette de grenadiers, mais à
cette peu riante perspective on n'y pensait même pas, on devenait
familier avec le danger.
D'ailleurs, nous ne moisissions guère dans cette impasse. De la part du
capitaine de jour et de nuit un planton venait ordonner des corvées, des
travaux qu'on devait exécuter sous la pluie car depuis notre arrivée à
la tranchée du Moulin il pleuvait presque sans arrêt.
Le 2
novembre surtout la pluie tomba à torrents, tranchées et boyaux se
transformèrent en cloaques; ce jour, à la tombée de la nuit, en plein
déluge, je reçus l'ordre de mettre tous les grenadiers au travail
à nettoyer les boyaux allant en première ligne et cela toute la
nuit.
Ordre stupide, insensé et barbare; travailler dans la nuit opaque, une
nuit de tombeau dans l'eau glacée, dans la boue, pour un travail vain
tant que la pluie ne cessait pas; c'en était trop les hommes d'ailleurs
déclaraient avec raison qu'ils ne voulaient pas travailler.
Je griffonnai quelques lignes au dos de l'ordre apporté par le planton,
exposant au capitaine les raisons pour lesquelles il fallait mieux
attendre la fin de la pluie.
Demi-heure après, je reçu un nouveau billet, un véritable ultimatum
m'ordonnant de commencer le travail immédiatement; j'étais rendu
responsable de l'exécution de cet ordre, que le capitaine viendrait
lui-même se rendre compte.
A la lueur d'une lampe électrique, j'écrivis ma réponse: "Mon
capitaine, je connais les limites de travail, d'efforts et de fatigue
qu'on peut exiger d'un homme; ma conscience ne m'autorise pas à les
franchir ou veuillez confier mon commandement à un autre."
Un moment après, le planton, trempé jusqu'à la chemise par ces
multiples promenades dans la tranchée qui se transformait en canal, vint
me porter l'ordre de me rendre de suite auprès du capitaine.
e capitaine était installé dans un abri profond d'une douzaine de
marches; assis devant une petite table, il était en train de faire une
paisible partie de carte avec le lieutenant Mouret.
A côté, un brasero répandait une douce chaleur, une ordonnance faisait
chauffer du thé. Quelle différence le sort de ces officiers avec le
nôtre !
- Caporal, me dit le capitaine sèchement, vous devez occuper
tous vos hommes toute la nuit afin de maintenir les boyaux praticables
jusqu'à la première ligne. Allez !
- Mon capitaine, tant que la pluie tombe à torrents, je ne ferai
pas travailler les hommes car leur travail serait inutile et leur fatigue,
leurs souffrances vaines. D'ailleurs ils ne m'obéiraient pas.
- Je vous répète que c'est l'ordre du commandant !
- Et moi je répète que cet ordre est inexécutable. Veuillez je
vous prie confier le commandement de la section desq grenadiers à un
autre gradé, ce n'est pas à moi, simple caporal, à la commander !
Le capitaine se leva furieux:
- Caporal Barthas ! s'écria-t-il, pour la dernière fois je
vous ordonne d'exécuter cet ordre. Je vous en rends responsable. J'irai
me rendre compte moi-même. Sortez d'ici !
Un quart d'heure après, non sans avoir manqué plusieurs fois de
m'enliser et de me noyer sous une pluie torrentielle, je me trouvai devant
l'étroite entrée de notre escalier où l'on était si coincé que celui
qui sortait ne pouvait plus trouver la moindre place.
Complètement trempé, je grelottais, mes dents claquaient. Allais-je donc
mourir de froid, d'épuisement dans ce sombre boyau ?
A ma détresse physique s'ajoutait ma détresse morale. Cette mise en
demeure brutale de faire travailler, jeter hors de l'abri, dans la boue,
les ténèbres, l'ouragan, l'eau glacée, ces quarante soldats déjà
transis de froid faisait monter à mon cerveau des bouffées de rage, de
colère haineuse contre les ordres inhumains.
Ma résolution était prise, je braverais les ordres du commandant, du
capitaine. Les hommes resteront à l'abri mais, demain peut-être, je
serai arrêté pour refus d'obéissance et traduit devant un conseil de
guerre; on peut avoir la scélératesse pour l'exemple de me fusiller.
...
Je lus que le capitaine me demandait de lui donner un compte rendu des
travaux effectués à cette heure.
Sur un bout de papier, je griffonnai que les hommes étaient au travail
dans tel boyau. Je savais que ce planton était un bon camarade et qu'il
ne me trahirait pas.
Au petit jour, les hommes de soupe partis depuis la veille pour aller à
la Targette où s'avançaient les roulantes arrivèrent pour distribuer le
jus, la gniole, le casse-croûte. L'escalier se vida, chacun s'ébroua
dans le boyau, la pluie avait enfin cessé.
Les hommes savaient que j'avais refusé de les faire travailler la nuit
sous la pluie, aussi avec des pelles et des épuisettes se mirent-ils au
travail avec ardeur.
Vers les dix heures, les deux compères, le commandant et notre capitaine,
bottés jusqu'au ventre vinrent nous rendre visite.
Le capitaine me regarda d'un oeil soupçonneux.
" C'est tout ça, me dit-il, qu'on a fait depuis hier soir
! Une quarantaine d'hommes !"
Il n'insista pas et je me tirai ainsi de cette affaire.
La pluie
en provoquant des éboulements découvrit de nombreux cadavres français
aux abords de notre tranchée qui avait été prise le 25 septembre. Ils
avaient été jetés aux bords de la tranchée et recouverts
insuffisamment par un peu de terre. Il n'était pas rare d'être accroché
au passage par une main décharné ou un pied qui dépassaient maintenant
aux parois de la tranchée; on était si blasé qu'on n'y faisait pas plus
attention que si l'on était arrêté au passage par un bout de racine.
Enfin le 6
novembre, à six heures du soir, le 281ème régiment vint nous
relever, nous arracher à ce bourbier, et nous allâmes à Agniez jusqu'au
13.
Il faisait des pluies journalières mais à la moindre éclaircie, bien
entendu, c'étaient les habituels et stupides exercices qui reprenaient.
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 | - suite, du
12 au 18 novembre, dans
"le journal de marches et
opérations" du 78ème régiment d'infanterie. |
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Le 12 novembre,
la relève du 107ème par le 78ème, effectué dans la matinée, a été
rendue très pénible par l'éboulement et l'encombrement des boyaux
résultant de la pluie violente et persistante. Elle s'est terminée à
13h. Les 2 bataillons qui sont venus des cantonnements à pied ont
particulièrement souffert des averses de la nuit.
De 15h à 16h30, 25
torpilles environs ont été lancées par l'ennemi sur les tranchées
128 - 126 - 62 - 58 et de la Batteuse.
Le 13 novembre,
l'artillerie ennemie envoie par intermittence et d'une façon
irrégulière quelques obus de 77 et de 105 sur tout le secteur, mais se
montre en réalité peu active.
La fusillade a été également peu intense, quelques échanges de
grenades aux barricades.
La pluie persistante a
encore causé des dégâts importants à la réparation desquels on
travaille activement.
Le 14 novembre,
après une nuit relativement calme, l'ennemie a dirigé ce matin à 6h une
attaque violente sur notre front entre 65 et 125. Le signal de
cette attaque paraît avoir été donné par le lancement de deux
torpilles.
Le bombardement accompagnant cette attaque fut extrêmement violent sur
tout le secteur, avec une forte proportion d'obus de gros calibre qui ont
détruit nos tranchées et surtout nos boyaux de communication en des
points nombreux.
L'ennemi réussit à prendre pied dans nos sapes et tranchées les plus
avancées entre 65 et 127, mais à 11h30 il fut chassé par une
contre-attaque énergique de la tranchée 65 - 64 et du Chemin du
Moulin d'où il se retira avec une rapidité telle qu'il abandonna ses
blessés.
A 15h, l'ennemi tenait
encore 127 (qu'il débordait légèrement vers l'ouest) 128, 139.
Le bataillon de droite, renforcé par une compagnie du bataillon de
soutien se prépare à exécuter une contre-attaque sur ces tranchées à
découvert, car les boyaux sont à peu près inexistants.
L'ennemi a subi des
pertes très élevées; nous en avons eu également de sérieuses:
2 officiers tués: Sous-lieutenants Ypas et Lionnet.
2 officiers blessés: sous-lieutenants Lasserre et Leblanc.
Pertes: officiers 2
tués, 2 blessés. Troupe 28 tués, 54 blessés.
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Le 15 novembre,
pendant la nuit, devant 277', S' et en SZ' nos travailleurs ont
été gênés par le tir intermittent des mitrailleuses ennemi qui
flanquent ce saillant.
Lutte à la grenade
entre 6h et 8h aux barricades 6 et 279.
Lutte à la grenade à toutes les barricades du sous-secteur de droite.
Tir continu de l'AL
allemande et de quelques 77 avec activité variable de jour et de nuit sur
tout le secteur.
A 15h15, une
contre-attaque est exécutée par le bataillon de droite (1er bataillon)
après une préparation par l'AT.
Elle a lieu par trois directions à la fois:
- du chemin du Moulin vers 128
- de 59 vers 128
- de 126 sur 127.
Le combat à la grenade a été de suite d'une violence extrême, se
faisant entendre comme un roulement de tonnerre.
Des mitrailleuses ennemies placées vers 127 sont immédiatement
entrées en action ainsi que deux des nôtres placées près de 62 et
125.
Quelques instants plus tard, l'AL entrait à son tour en action bombardant
nos tranchées et même celles de l'ennemi avec des obus de très gros
calibre.
Notre tir de barrage avait également été déclenché à la même heure.
La consommation de grenades a été considérable des deux côtés, mais
malgré tous leurs efforts nos grenadiers n'ont pu prendre pied dans les
tranchées tenues par l'ennemi et ouvrir ainsi le chemin creux aux
unités qui se trouvaient prêtes à les suivre. Ils n'ont réussi qu'à
refouler les Allemands dans le chemin du moulin et à se rapprocher
de 128.
Le combat à la grenade a duré jusqu'à 16h30 et le bombardement sur tout
le secteur jusqu'à 17h15, toujours avec la même violence et détruisant
une fois de plus nos boyaux en de nombreux points.
Un obus est tombé sur le PC du commandant Boussavit dont il a seulement
obstrué l'entré.
Nos canons de 58 et celui de 37 n'ont paru produire aucun effet
appréciable sur la tranchée ennemie.
Pertes: 5 tués, 21
blessés.
Le 16 novembre,
pendant toute la nuit, l'artillerie allemande de gros calibre a exécuté
un tir ininterrompu sur le secteur. Lutte à la grenade aux tête de
sapes.
L'ennemi a lancé un assez grand nombre de grenades à fusil sur la
tranchée de doublement.
A 5h, le 3ème
bataillon a relevé le 1er dans le secteur de droite. Cette relève
effectuée sans incident a été longue et difficile en raison de l'état
des boyaux terminée à 9h.
Le 2ème bataillon garde ses emplacements.
Pertes: 1 blessé.
Le 17 novembre,
combat à la grenade aux barricades et aux têtes de sapes.
Dans la nuit nous nous
sommes établis dans le chemin du moulin, à proximité du point
120 et nous y avons construit une barricade à laquelle conduit une
sape partant un peu au Nord du point 64.
Le tir de l'artillerie
allemande a été moins intense que la veille. La proportion des 77 était
beaucoup plus grande.
On a signalé, sous la
tranchée allemande, un peu au N-E du point 408, une ouverture
munie d'un châssis dont le sommet est très apparent. Cet ouvrage ne
parait pas destiné à recevoir une mitrailleuse, mais plutôt à servir
de rampe ou d'escalier. Notre artillerie de tranchée a reçu l'ordre de
tirer sur ce point qui se trouve à 30 ou 40 mètres de nos lignes.
La 58ème DI a fait
prévenir que les Allemands remuaient beaucoup de terre devant elle.
Pertes: 2 tués, 4
blessés.
Le 18 novembre,
lutte assez violente à la grenade devant 128 à 15h et à 3h30.
L'ennemi renforce sa tranchée de tir en avant de 64 - 65 en
utilisant des sacs à terre. Dans l'après-midi une grenade allemande est
tombée à proximité du point 137 et a provoqué l'explosion de
quelques unes de nos grenades qui s'y trouvaient en dépôt.
Pendant la nuit, des
grenadiers aidés par une demi-section ont réalisé une avance de 126
dans la direction du point 127. Par suite de cette avance notre
barricade a pu être installé à 20 m du point 126.
L'artillerie ennemie a
montré peu d'activité. Quelques obus de 77 et de 105 ont été tirés
sur tout le secteur, notamment dans la matinée. Une dizaine de grosses
bombes sont tombés entre 7 et 9 heures, en particulier autour du point
122.
Pertes: 4 blessés, 2
disparus.
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- La période du 13 au 18 novembre , le même secteur par Louis Barthas du 280ème
régiment d'infanterie dans ses carnets de guerre.
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...
Le 13 novembre, nous devions à la tombée de la nuit partir pour
Mareuil et y rester six jours en réserve; dans la journée j'avais lavé
ma chemise farcie de poux et je cherchais dans la grande cour du
cantonnement un endroit ensoleillé pour l'y étendre.
...
Chaque nuit passée à Mareuil il fallait aller creuser ou nettoyer des
boyaux vers les premières lignes.
Elles étaient bien longues, bien fatigantes ces nuits sans étoiles, sans
lune, qu'un brouillard opaque rendait plus sombre !
Pour améliorer un peu notre ordinaire en tranchée on ne nous donnait
presque rien à manger à l'arrière; allez travailler ou marcher toute la
nuit de bon cœur, quand on a l'estomac creux.
Et pendant ce temps, bien au chaud, le ventre bien plein, nos officiers
buvaient, chantaient, jouaient au village. C'était révoltant et cela
finit par inciter les hommes à se révolter.
...
*11
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 | - suite, du
19 au 29 novembre, dans
"le journal de marches et
opérations" du 78ème régiment d'infanterie. |
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Le 19 novembre,
nuit assez calme. Matinée très calme. L'artillerie ennemie n'a tiré que
quelques salves intermittente de 77 dans la nuit.
Vers 11h, une rafale
d'obus de 77 fusants, sur le boyau montant du Labyrinthe.
Échange de grenades
aux barricades et têtes de sapes.
Un groupe assez
important de travailleurs ennemis a été signalé ce matin à 10h près
du point 141. Sur notre demande, l'artillerie a exécuté trois
rafales nourries sur ces travailleurs.
Pertes: 1 blessé.
le 20 novembre,
nuit et matinée assez calmes. Pendant la nuit les guetteurs ont aperçu
à la lueur des fusées des Allemands qui plaçaient des défenses
accessoires en 128, ils ont tiré dessus et les ont dispersés.
Violent bombardement
de tous calibres sur la partie gauche du secteur entre 134 et 144.
A 13h30, une de nos
torpilles de 240 a mis le feu à un dépôt allemand de fusées
éclairantes situé vers le point 142.
Pertes: 1 tué, 1
blessé.
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Le 21 novembre,
le 78ème est relevé par le 107ème.
Le 2ème bataillon, la
CHR, la CM et les havresacs des 1er et 3ème bataillons sont transportés
en auto. Les 2ème et 3ème bataillons regagnent leurs cantonnements à
pied.
CM - CHR - CM - 3ème
bataillon: Grand-Rullecourt.
2ème bataillon: Beaufort.
1er bataillon: Blavincourt, Lignereuil.
Pertes: 1 blessé.
Le 22 novembre,
par ordre du 4 novembre 1915, le général commandant la 10ème Armée
cite à l'ordre de l'Armée:
le lieutenant-colonel
Delouche Daniel du 78è:
"Atteint le 16 octobre 1915, de commotion cérébrale par chocs
d'éclats d'obus arrêtés par le casque et de nombreuses blessures à la
joue gauche, alors qu'il inspectait le travail de ses grenadiers contre
une forte barricade allemande, a donné un bel exemple d'énergie, de
moral et de devoir militaire en revenant aussitôt pansé, encourager par
sa présence les troupes d'attaque de la barricade qui fut enlevé malgré
une très forte résistance et conservée malgré deux violentes
contre-attaques. Blessé le 26 septembre 1915, avait déjà refusé de se
laisser évacuer. "
le sous-lieutenant
Sans Auguste du 78ème:
" Blessé une première fois le 13 avril 1915 à l'assaut d'une
tranchée ennemie et revenu sur le front a constamment fait preuve d'un
beau courage. Le 26 septembre 1915, malgré un feu violent et très
ajusté, s'est maintenu en observation dans une sape avancée où il a
été blessé mortellement. "
le sous-lieutenant
Verger Claude Marius du 78ème:
" Blessé le 9 septembre 1915, dans une sape avancée au cours
d'un combat de grenades où il donnait à ses hommes l'exemple du courage
et du sang-froid, se sentant atteint très grièvement a fait preuve du
moral le plus élevé en disant: - ça ne fait rien, je suis content, j'ai
fait mon devoir. - "
Du 23 au 29
novembre, mêmes cantonnements. RAS.
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- La période du 19 novembre au 1er décembre, le même secteur par Louis Barthas du 280ème
régiment d'infanterie dans ses carnets de guerre.
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...
Le 19 novembre, nous devions regagner les tranchées à la tombée
de la nuit mais, vu le brouillard épais qui couvrait le pays, nous
quittâmes Mareuil à onze heures du matin pour quelques heures après
s'installer dans un boyau de dédoublement de la première ligne.
Cette installation consista simplement à poser son sac et son fourbi sur
la banquette de tir et attendre d'être réquisitionné pour quelque
corvée plus ou moins attrayante.
Il n'y avait pas le moindre abri à l'emplacement occupé par la section
des grenadiers. Cette indifférence totale de nos grands chefs pour le vil
troupeau de bêtes de somme que nous étions n'étonnait plus personne.
Notre général Nielsel défendait même que l'on creusât des abris
individuels dans le flanc de la tranchée sous prétexte que cela
compromettait la solidité du talus !
Il défendait aussi expressément qu'on s'abritât dans les galeries de
mine ou sapes d'écoute, " de crainte, disait-il, que les
hommes ne sortent pas assez vite en cas d'alerte."
Ce boyau était cependant égayé par la présence de quatre
lance-torpilles (crapouillots) repérés par l'artillerie allemande, car
de nombreux trous d'obus récents se voyaient en avant, en arrière et en
certains endroits au milieu même. C'était rassurant !
La nuit, les heureux crapouilloteurs abandonnaient leurs machines et
allaient dormir à l'arrière; nous en profitions pour nous entasser dans
les deux entrées d'un grand abri qu'ils creusaient pour eux; ces gens là
restaient plusieurs mois au même point mais nous, Juifs errants des
tranchées, nous ne restions guère plus de trois ou quatre jours au même
endroit.
Chaque nuit il nous
fut imposé un travail à tâche qui était loin d'être intéressant. Il
s'agissait de porter en avant de quelque petit-poste un lourd chevalet où
étaient enroulés des fils de fer barbelés.
Ah ! Quelle corvée. Il fallait parfois s'atteler vingt hommes pour
franchir un boyau, un trou d'obus, dépêtrer le chevalet d'un fouillis de
fil de fer que l'obscurité nous empêchait de voir et d'éviter; il
fallait quelque fois la moitié de la nuit pour faire un trajet de
soixante à quatre-vingt mètres.
Arrivée à destination, nous lancions le chevalet du haut d'une petite
pente et il roulait avec bruit dans un petit ravin de l'autre côté
duquel étaient les Allemands qui devaient certainement entendre ce
tapage; cependant ils ne tiraient pas un coup de fusil; mais cela éytait
réciproque, on tirait rarement sur les travailleurs de part et d'autre.
Que de milliers de plus de victimes n'y aurait-il pas eu sans cet accord
tacite dicté non par nos chefs mais par la raison et le bon sens.
Le travail fini nous
regagnions notre sombre boyau non sans avoir l'épiderme déchiré,
troué, égratigné par les fils de fer épineux, sans compter de
multiples accrocs aux capotes et aux pantalons.
le 22 novembre,
nous quittâmes sans regrets le boyau des crapouillots et ses corvées
nocturnes où nous déchiquetions nos mains surtout et nos jambes et
j'allai avec mon équipe de grenadiers occuper un petit-poste installé
derrière un barrage dans un boyau commun avec les Allemands.
C'était un
petit-poste aménagé d'après les récentes instructions du général
Nielsel qui méritait à ce propos des félicitations car c'était la
première fois qu'apparaissait chez un de nos grands chefs le souci
d'abriter le soldat contre les intempéries et les dangers.
Tout d'abord, une plaque de tôle en travers pour les sentinelles, en
arrière une toile métallique pour arrêter bombes et grenades, enfin une
sape profonde de sept à huit marches où, entre deux gardes, les hommes
pouvaient sinon se coucher tout au moins se reposer et s'abriter.
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|

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Par
exemple, à ce petit-poste, il ne fallait pas être curieux d'admirer le
paysage environnant, à peine la tête eût-elle passé au-dessus du
parapet qu'elle eût été trouée comme une écumoire.
Nous devions utiliser,
pour surveiller, les "périscopes". Malgré le soin que nous
avions à dissimuler le miroir supérieur derrière une touffe
d'herbe ou une motte de terre, crac ! trois fois les balles brisèrent les
périscopes.
Du matin au soir,
d'adroits tireurs allemands, le doigt sur la gâchette, avaient l'œil
fixé sur notre petit-poste et nous. On ne savait même pas l'emplacement
exact de leur petit-poste tellement il était bien dissimulé. |
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 | - suite, du
30 novembre au , dans
"le journal de marches et
opérations" du 78ème régiment d'infanterie. |
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Le 30 novembre,
le 78ème relève le 107ème dans les tranchées.
Il est transporté en auto en 2 fractions:
1) Le 1er bataillon, 1 compagnie du 3ème bataillon, la CHR et une partie
de la CM s'embarquent à 3h30 au carrefour du chemin Blavincourt-Gd
Rullecourt, sur la route Frévent - Avesnes.
2) Le 2ème bataillon, 3 compagnies du 3ème bataillon et une partie de la
CM s'embarquent à 10h30 au même point.
La relève a été
longue et pénible en raison de l'état des boyaux et ne s'est terminée
qu'à 10h30. La pluie qui a suivi le dégel a causé des dégâts
indescriptibles. Les points où les hommes enfoncent jusqu'aux genoux ne
sont pas rares et les boyaux ont par endroits presque disparu en 1ère
ligne.
Entre 14h et 15h,
bombardement de la tranchée de doublement entre 57 et 50 par une
vingtaine d'obus de 77 et de 105.
Le 1 décembre,
vers 10h, à la suite d'un tir de nos canons de 38 vers 127 et 408
et de rafales de 75 sur les tranchées ennemies, l'artillerie allemande de
77 et de 105 a bombardé la partie gauche du secteur du 78ème ne causant
que des dégâts matériels.
Fusillade toute la
nuit et échange de grenades aux têtes de sapes.
Les éboulements et
glissements ont continué encore sans interruption et ont produit de
nouvelles brèches surtout dans les tranchées avancées.
En raison des
difficultés de la circulation pour les hommes chargés, dans les boyaux
boueux et glissants, la corvée d'alimentation commencée hier à 17h30
n'a été terminée que ce matin à 8h.
Le 2 décembre,
journée et nuit assez calmes.
Les éboulements ont
continué toute la nuit, provoqués par la pluie qui n'a guère cessé.
Les Allemands
paraissent avoir amorcé une sape se dirigeant de la tranchée 129 -
120 vers la barricade 201.
A 17h, en réponse au
tir de nos torpilles, quelques 77 ont été tirés sur la tranchée de
doublement et la tranchée de soutien dans la zone 121 - 231 - 877.
Le fortin installé
par les Allemands en S' devient de plus en plus considérable.
Des bruits souterrains
sont signalés aux points 65 et Y.
Vers 19h30, l'ennemi a
lancé un assez grand nombre de grenades à fusil sur le point 514.
A 22h, quelques
Allemands se sont glissés vers la barricade 514 et ont lancé des
grenades sur le poste qui l'occupait. La riposte immédiate de nos
grenadiers les a mis en fuite.
Le 3 décembre,
au tir de notre artillerie sur 200 - 215 - 623, les Allemands ont
riposté par 4 ou 5 salves de 77 sur la partie Est de la Batteuse.
Rafale d'obus de 105
sur la ligne de doublement entre 121 et 736.
Une grande partie de
l'activité est absorbée par le relèvement des éboulements et la
réparation des brèches dans tout le secteur.
Perte: 1 blessé.
le 4 décembre,
nuit et journée assez calme.
A 3h, échange de
grenades à la barricade S'.
A 10h, bombardement de
77 à la tranchée de la Batteuse (40 coups).
A 13h25, quelques obus
sur la Batteuse. L'artillerie ennemie n'a lancé qu'une dizaine
d'obus sur la bataillon de gauche. Une bonne partie des obus percutants
n'éclate pas.
La situation du
secteur est sans précédent. C'est avec des peines inouies que les
statues de boue que sont nos hommes arrivent à rétablir de très
imparfaites communications. Les travailleurs ne peuvent pas détacher la
boue des pelles. Les corvées ne peuvent pas arriver. La corvée des
territoriaux, enlisée, a été obligée de déposer en route le matériel
qu'elle transportait.
Les hommes, enlisés jusqu'à la poitrine, dans le boyau montant
n'ont pu être dégagés qu'avec des équipes spéciales.
La lutte contre la
boue continue, mais la circulation ne peut plus se faire que la nuit, en
passant en dehors des boyaux.
Le 5 décembre,
nuit assez calme.
Dans la matinée, les
Allemands ont envoyé en riposte à notre artillerie de nombreuses rafales
de 77 et de 105 dans la tranchée de la Batteuse, la tranchée
Rocade et sur 324 - 326.
A 11h, bombardement
avec du 150 dans la région 229 - 231 - 324.
L'état des boyaux est
toujours le même mais ne s'est pas aggravé. Chacun travaille de son
mieux autour de soi et on essaie de rendre praticables les boyaux reliant
les PC du colonel et des chefs de bataillon et les boyaux montants et
descendants.
Pertes: 2 tués, 3
blessés.
Le 6 décembre,
dans la matinée l'artillerie ennemie a riposté au tir de notre
artillerie par des obus de gros calibre sur Écurie et le bataillon
de droite. Quelques 77 dans la soirée du 5 et la matinée du 6 sur le
sous-secteur de gauche.
Fusillade peu intense
toute la nuit. Quelques échanges de grenades aux barricades.
Le travail de
relèvement des éboulements et d'enlèvement de la boue continue dans les
mêmes conditions que la veille. Malgré les efforts fournis, la situation
ne s'est pas sensiblement améliorée.
Le 7 décembre,
nuit et journée calme.
L'artillerie ennemie
n'a montré que peu d'activité et n'a lancé que quelques 77 fusants sur
la partie gauche du sous-secteur.
Fusillade
intermittente et peu nourrie pendant la nuit.
Le 1er bataillon du
78ème est relevé par un bataillon du 107ème et transporté en auto au
cantonnement de Grand-Rullecourt. La
relève, faite la nuit et par le terre-plein en raison du mauvais état
des boyaux, se termine à minuit 30 sans incident.
Perte: 1 tué.
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Le 8 décembre,
L'EM, la CHR et le 2ème bataillon du 78 sont relvés par l'EM, la CHR et
un bataillon du 107ème. La relève s'effectue dans les mêmes conditions
que la nuit précédente.
Cantonnements:
EM, CHR: Grand-Rullecourt.
2ème bataillon: Beaufort.
Perte: 1 blessé.
Le 9 décembre,
le 3ème bataillon du 78ème est relevé dans la nuit du 9 au 10 par un
bataillon du 107ème dans les mêmes conditions que pour les deux autres
bataillons et va cantonner à Lignereuil et Blavincourt.
Le 10 décembre,
par ordre du général commandant la 23ème division, la CM du 78 doit
aller à Etrun en cantonnement de repos.
Le 11 décembre,
le général commandant la 10ème Armée cite à l'ordre e l'Armée le
soldat grenadier Tannaud Célestin Jules du 78:
" Grenadier intrépide et d'une adresse remarquable, a tué, le 30
octobre 1915, quatre Allemands à coup de grenades, au moment où ils se
précipitaient dans l'entonnoir produit par l'explosion d'une mine.
A ensuite, par la précision de son tir, contribué à nous permettre
l'occupation du rebord de l'excavation produite. "
Du 12 au 15
décembre, RAS.
Le 16 décembre,
le 1er bataillon du 78 va cantonner à Duisans.
Embarquement à 13h cote 147, 800m sud de Blavincourt.
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- La période du 1er décembre au , le même secteur par Louis Barthas du 280ème
régiment d'infanterie dans ses carnets de guerre.
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*11
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 | - suite, du
, dans
"le journal de marches et
opérations" du 78ème régiment d'infanterie. |
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Le 17 décembre,
le 3ème bataillon du 78 va cantonner à Etrun, Louez.
Le 2ème bataillon s'embarque en auto à la cote 147 à 13h,
dépose ses sacs à Duisans et va relever le bataillon de gauche du
107ème sur le front 126 - S' inclus.
Le colonel commandant
le 78ème prend à 20h, le commandement du sous-secteur de gauche de la
23ème division d'infanterie.
La relève est
terminée sans incident à 20h30.
Le 18 décembre,
nuit calme, légère fusillade intermittent. L'artillerie ennemi n'a
montré aucune activité.
A 21h, une compagnie
ennemie étant venue travailler en arrière (nord) de 134 - 135, le
tir de notre artillerie a été demandé contre cette compagnie, ente 134
- 135 et 701 - 702. 9 coups de 75 ont été tirés, dont la
plupart sont tombés sur nos tranchées notamment entre 5 et 6 et
entre 5 et 503 nous tuant 2 hommes et en blessant 4 autres. La
tranchée 6 - 6' avait été évacuée pendant le tir et l'accident
parait dû à ce que les pièces n'avaient pas réglé la hausse du jour.
Quelques obus de 78 sont en outre tombés entre 277 et S'
sans causer d'accident. Ils devaient provenir de l'artillerie de la 58ème
DI.
Perte: 1 blessé.
Le 19 décembre,
fusillade un peu plus nourrie que la veille, surtout pendant la nuit.
L'artillerie ennemie a montré également plus d'activité, notamment dans
la matinée entre 9h et 11h.
Vers midi, un fanion
rouge et un fanion jaune ont été promenés dans les tranchées ennemies
entre S' et 279. En même temps, l'ennemi a lancé trois fusées
blanches. Un fanion blanc a également été agité dans un arbre de Thélus.
La manœuvre de ces trois fanions avait probablement pour but le repérage
de la première ligne allemande par l'artillerie ennemie.
Pertes: 2 tués, 3
blessés.
Le 21 décembre,
assez faible activité de l'artillerie ennemie. Fusillade peu intense. Le
feu de tireurs spéciaux a empêché l'ennemi de continuer la sape
commencée entre 134 - 278.
Le 3ème bataillon
relève un bataillon du 256 régiment d'infanterie dans le secteur compris
entre un point situé entre S' et 722 et le point 859. Relève
terminée à 17h sans incident.
Le 22 décembre,
activité plus grande de l'artillerie ennemie qui a canonné par rafales
violentes de 77 et de 105 dans la matinée la région 569 - D.
L'ennemi a également lancé 12 bombes de forte dimension et des grenades
à fusil dans les régions 724 - Z' et 860 - 859.
Le secteur passé au
78è par la 58ème DI ne le cède en rien à nos plus mauvais boyaux ou
tranchées, comme dégradations, éboulements et cloaques de boue sans
fond mais une partie des boyaux se trouvant creusés en terrain vierge
seront plus faciles à réparer et à entretenir.
Perte: 1 blessé.
Le 23 décembre,
pendant la nuit et la matinée, fusillade peu intense. Par contre
l'artillerie ennemie de tous calibres s'est montrée particulièrement
active à la suite de l'action de notre artillerie de tranchée. Les obus
tombés sur de nombreux points du secteur, surtout dans la zone des
tranchées de doublement et de soutien ont produit dans les tranchées et
boyaux des dégâts matériels sérieux qui s'ajoute encore à ceux de la
pluie.
Les boyaux étant
redevenus impraticables et la circulation sur le terre-plein très
dangereuse en raison des rafales de l'artillerie ennemie, les corvées
sont de plus en plus longues et pénibles.
Perte: 1 blessé.
Le 24 décembre,
l'artillerie ennemie a montré une activité assez grande,
particulièrement dans la soirée, continuant, concurremment avec la
pluie, à ruiner les tranchées et les boyaux.
Ceux ci sont devenus absolument impraticables. Deux abris se sont
effondrés sans produire d'accident, plusieurs ont été envahis par
l'eau. On continue à lutter contre l'eau et la boue, mais tous les
travaux d'aménagement sont ajournés. En raison des infiltrations qui se
produisent la construction des abris est rendue notamment presque
impossible, la voute s'éboulant au moment de la fouille avant que l'on
ait pu boiser. Les communications ne sont plus possibles que par le
terre-plein.
D'après les
renseignements fournis par un prisonnier allemand du 231ème, la situation
n'est pas meilleure chez l'ennemi.
Deux soldats du 231è
régiment allemand (un Lorrain et un Wurtembergeois) se sont présentés
librement en face du point S' et ont été fait prisonniers.
Le 25 décembre,
l'artillerie ennemie a montré une activité moins grande que pendant les
deux précédentes journées.
Fusillade peu intense.
Vers 21h30 une corvée portant du matériel en 1ère ligne, par le
terre-plein, a été aperçue par les Allemands et accueillie par des
coups de feu qui n'ont pas fait de victimes.
Au cours de la nuit
l'ennemie a approfondi ses tranchées en 128 - 127 et en avant de 6'
- 6. Vers 127 le parapet atteint une hauteur de près de 2
mètres.
La persistance de la
pluie a continué à rendre les boyaux impraticables et à déterminer de
nombreux éboulements ainsi que des affaissements d'abris.
Les communications ne
sont toujours possibles que par le terre-plein. La tranchée de tir a pu
jusqu'à maintenant, au prix d'efforts ininterrompus de jour et de nuit,
être maintenue en bon état.
Six prisonniers
volontaires ont encore été faits par le régiment:
1 Bavarois du 15ème rgt.
1 Saxon.
1 Wurtembergeois et 3 Lorrains du 231 rgt.
Le 26 décembre,
l'artillerie ennemie a canonné le secteur dans l'après-midi, notamment
dans la région des boyaux Nézot et de Douai et vers le Grand
Entonnoir.
Fusillade peu intense.
La pluie persistante,
particulièrement au petit jour, a gêné considérablement les travaux de
nettoyage et ruiné comme les jours précédents le travail
antérieurement effectué.
Dans la partie gauche
du secteur, l'artillerie de tranchée est complètement enlisée; les
artilleurs travaillent au dégagement de leurs pièces.
Le 27 décembre,
activité plus intense de l'artillerie ennemie qui a dirigé un tir d'obus
de 150 sur notre 1ère ligne, mais deux obus étant tombés dans les
lignes allemandes près du point 128 et en arrière de la ligne 127 -
128, le tir a cessé immédiatement.
Dans un tir de 77,
effectué vers 210 - 211, 8 obus n'ont pas éclatés.
Fusillade assez
faible.
Pas de changement dans
la situation matérielle. Seule la tranchée de tir est utilisable sur
toute son étendue, grâce aux travaux constants qui y sont effectués.
Perte: 1 blessé.
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Le 28 décembre,
la relève du 2ème bataillon du 78 par le 3ème bataillon du 63ème s'est
effectuée normalement; elle a été terminée à 5 heures.
Cantonnement du 2ème bataillon: Agnez-les-Duisans.
L'artillerie ennemie
continue à montrer une certaine activité. Quelques obus sont tombés sur
la 1ère ligne, d'autres ont été dirigés sur des travailleurs qui
nettoyaient les boyaux entre 230 et 326 (un sapeur du Génie
a été légèrement blessé.)
Sur la déclaration
d'un déserteur allemand fait prisonnier par le 326è, à notre gauche et
qui annonçait une attaque pour ce matin, ordre a été donné aux
bataillons de prendre les mesures de précaution nécessaires.
L'occupation des positions de combat par les compagnies de 1ère ligne et
les mouvements des unités de renfort se sont effectués avec régularité
et sans incident. L'ennemi n'a manifesté aucune activité anormale, bien
que quelques coups de feu aient été tirés sur les isolés circulant en
dehors des boyaux.
Quatre avions
allemands ont survolé nos ligne vers 9h30.
Le 29 décembre,
l'EM du 78, la CHR et le 1er bataillon sont relevés par l'EM, la CHR et
un bataillon du 63 et vont cantonner à Noyelle-Vion.
Le 30 décembre,
le 3ème bataillon du 78 est relevé par un bataillon du 63 et va
cantonner à Habarcq.
le 31 décembre
1915 et le 1 janvier 1916, RAS.
Le 2 janvier 1916,
par décision ministérielle du 6 décembre 1915, la nomination au grade
de sous-lieutenant à titre temporaire de l'adjudant Clergerie est
approuvée.
Les 3 et 4 janvier, RAS.
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Le 5 janvier,
le 1er bataillon du 78 relève le 1er bataillon du 63ème dans le
sous-secteur de droite de la 45ème brigade, du point 136 au point 503
exclu.
A 16h, une explosion a
été entendu à l'Est de la route de Lille et a provoqué une
légère fusillade avec échange de grenades.
Le 6 janvier,
vers 4h une nouvelle explosion a été entendue à l'Est de la route de
Lille.
Le 3ème bataillon du
78 a remplacé le bataillon de gauche du 63è.
Relève effectuée
sans incident et terminée à 5h30.
Un petit groupe de
travailleurs ennemis plaçant des défenses accessoires devant 127 -
128 a été dispersé à la grenade.
Le 7 janvier,
feu d'infanterie assez nourri au cours de la nuit et particulièrement
dans la partie gauche du sous-secteur.
Des deux côtés la
vigilance est entière et le moindre mouvement apparent provoque des coups
de fusil.
Dans la matinée,
activité assez grande de l'artillerie ennemie en réponse au tir de nos
artilleries de campagne et de tranchée.
Échange de grenades
près de l'entonnoir S'.
Tous les projectiles
de 58 tirés devant le bataillon de droite ont éclaté.
Le 2ème bataillon du
78 a relevé le 3ème bataillon du 63 ( bataillon du centre ) de 503
inclus à S' inclus. Relève terminée à 5h sans incident.
Perte: 1 blessé.
Le 8 janvier,
au cours de la nuit et dans la matinée, l'artillerie ennemie a montré
une certaine activité dans tout le secteur, notamment sur les tranchées
de doublement et de soutien. Plusieurs obus de gros calibre sur Écurie.
Fusillade faible, mais
ininterrompue pendant toute la nuit et ce matin jusqu'à 9h. Échange de
grenades en S'.
Les Allemands ont fait
trois échancrures dans le parados de leur tranchée entre 127 et 134
(ce parados a un relief plus élevé que le parapet de la tranchée).
Le 9 janvier,
activité assez grande de l'artillerie ennemie, particulièrement sur les
tranchées de doublement et de soutien et les Boyaux Charpentier et de
Madagascar.
De nombreux
projectiles de 77 et de 105 sont tombés aux abords du PC 231 entre
10h et 12h.
Vers 14h, nous avons
riposté énergiquement au lancement de grenades à fusil. A la suite de
cette riposte l'ennemi a arrêté son tir.
A 19h30, une torpille
allemande tombe sur un abri de mitrailleuses au sud du point 859,
tue un servant et en blesse un autre.
A 20h nous faisons
rentrer à coups de fusil, dans leurs tranchées, quelques Allemands
travaillant à la réfection de leur parapet en 278.
A 23h, devant le
bataillon de gauche, alerte chez l'ennemi qui déclenche une fusillade
désordonnée.
Une riposte énergique à l'aide de grenades lancées au moyen de
l'arbalète Imphy amène la cessation du feu adverse.
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httwww.maquetland.com/v2/index.php?page=vision&id=798&type=photos |
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Le
10 janvier, grande activité de l'artillerie ennemie. La canonnade est
pour ainsi dire ininterrompue. Tirs de 77 et de 105 en arrière de la
tranchée de tit et sur les tranchées de doublement et de soutien.
Perte: 1 blessé.
le 11 janvier,
l'artillerie ennemie continue à se montrer active. De nombreuses rafales
violentes, dans la région de Rocade, la Batteuse et sur les
tranchées de doublement et de soutien ont fréquemment gêné nos travaux
de jour.
Des torpilles ennemies
ont été lancées sur notre 1ère ligne entre 145 et 126 et entre 860
et 859.
Échange de grenades
à l'Est de S' et vers 860. Aux grenades à fusil allemandes on a
riposté avec l'arbalète Imphy avec succès.
Dans la nuit, échange
de grenades à l'extrémité de la Barricade 273.
Vers 22h, une vive
fusillade a été entendue dans le secteur de la 24ème DI; le calme renaît
au bout d'une quinzaine de minutes.
Pertes: 3 blessés.
Le 12 janvier,
l'artillerie ennemie continue à se montrer assez active. Un abri
d'escouade a été endommagé vers 220 (pas de perte).
A 10h35, l'AD23 a
informé téléphoniquement qu'elle allait régler par avion un tir dans
la région 570 - 161 - 162. L'évacuation des barricades et de la
tranchée de tir de cette zone a aussitôt été prescrite, mais au moment
où l'évacuation se terminait, l'avion de réglage avait atterri. Le tir
n'a donc pas eu lieu.
Dans l'après-midi
l'artillerie ennemie a riposté très violemment au tir de nos canons de
tranchées de 58.
Perte: 1 blessé.
Le 13 janvier,
le 1er bataillon du 78 a été relevé par le 1er bataillon du 63, dans le
sous-secteur de droite entre le point 136 et un point situé à 50m au
nord du point 5. Relève terminée à 5h, sans incident.
Vers 4h une patrouille
ennemie de 4 ou 5 hommes s'est avancée vers le point Z'. Une
patrouille de 6 hommes armés de grenades fut immédiatement envoyée par
le chef de la section du point Z'' pour faire des prisonniers.
L'ennemi ayant aperçu nos patrouilleurs fit demi-tour, poursuivi à coups
de grenades et rentra précipitamment dans sa tranchée.
Nombreuses rafales de
77 et de 105 sur les tranchées de doublement et de soutien. Un tiers
environ des obus n'a pas éclaté. La plupart de ces tirs paraissent
provenir de la région de Thélus.
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Le 14 janvier
l'EM, la CHR et le 3ème bataillon du 78 seront relevés par l'EM, la CHR
et le 2ème bataillon du 63ème.
Cantonnements: EM -
CHR -: Noyelle-Vion.
3ème bataillon: Habarcq.
Le 15 janvier,
le 2ème bataillon du 78 est relevé par le 3ème bataillon du 63ème et
va cantonner à Agnez-les-Duisans.
Le 16 janvier:
RAS.
Le 17 janvier,
le lieutenant-colonel Antoine, chef d'état-major du 12ème CA prend le
commandement du 78ème. Le Lieutenant-colonel Delouche est nommé chef d'État
major du 12ème CA.
Du 18 au 20 janvier,
RAS.
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Le 21 janvier
le 1er bataillon du 78 relève le 1er bataillon du 63ème à la droite du
sous-secteur.
Le 22 janvier,
l'EM et le 3ème bataillon du 78ème relèvent l'EM et le 2ème bataillon
du 63ème. Relève terminée à 5h sans incident.
Très grande activité
de l'artillerie ennemie de tous calibres, particulièrement dans la
matinée. Des torpilles allemandes sont tombés entre les points 10 et
57, 125 et 5, 859 et 569. Dans le bataillon de gauche, notre
artillerie de tranchée n'a pu riposter, faute de munitions.
« La torpille
est un engin dont la portée varie de 200 à 1000 mètres selon le
calibre, et se tire comme un obusier, sous un angle très court.
Elle consiste en une mince enveloppe renfermant une énorme charge
de mélinite. Elle est de forme allongée et munie d’une queue et
d’ailes. La queue seule s’enfonce à l’intérieur de la pièce
et repose sur la charge de poudre qui la projette. Les ailes sont
pour donner la direction. Chez nous, nous en avions de 18, 40 et 100
kilos. Les Boches en avaient d’un kilo qu’ils lançaient comme
des grenades. La torpille marche lentement. En entendant le coup du
départ de la pièce, on peut la voir monter presque à angle droit,
et on l’entend grâce au bruit particulier que font ses ailes en
tournant. En déterminant son point de chute, on peut avoir le temps
de se garer. Elle est généralement à fusée retardée et
s’enfonce profondément en terre où elle éclate avec un bruit épouvantable
et surtout démoralisant en faisant des cratères énormes. Elle est
surtout employée pour la destruction des ouvrages, abris ou tranchées. »
(C’est à Craonne, sur le plateau…, Journal de route
1914-15-16-17-18-19 de Xavier Chaïla, Carcassonne, FAOL, « La
Mémoire de 14-18 en Languedoc, 1997, pp.55-56, Vosges, août
1916)
Collectif de Recherche
International et de Débat sur la Guerre de 1914-1918 |
Lutte active à la
grenade autour de S' dans la soirée et la nuit, endommageant une
dizaine de mètres de tranchées.
Des bruits souterrains
de terrassements auraient été entendus par le bataillon de gauche
relevé (63è) entre 722 et 724. Des écoutes sont mises pour
vérifier le fait.
Le 23 janvier,
à 6h30, après une nuit calme, les Allemands ont attaqués sur le front
du secteur. L'attaque fut précédée par le lancement de quelques
torpilles et à 6h20 par de fortes explosions de mines à l'Est du 78ème,
dans la région 136 - 201 et au delà. De nombreuses grenades
furent également lancées sur tout notre front, mais l'attaque ne fut
prononcée que sur la partie où les mines avaient joué et endommagé la
première ligne.
Mine
Charge d’explosifs que l’on amenait sous la tranchée ennemie
afin de la faire exploser. Les mines étaient placées dans des
galeries souterraines, creusées à cette fin par des troupes spécialisées,
les sapeurs. Par extension, on désigne comme la « mine »
l’ensemble du cheminement souterrain creusé par l’assaillant
jusque sous la position adverse pour y aménager une chambre de
mine. Ce type de guerre était très craint des combattants, comme
de ceux chargés de placer les mines. Des entonnoirs (par exemple à
Massiges, Marne ou à Vauquois, Meuse) et des galeries de mine (à
la Chapelotte, Vosges) sont encore visibles dans le paysage.
Bibliographie : Coll., La Butte meurtrie. Vauquois.
La guerre des mines, 1914-1918, Verdun, Les Amis de Vauquois et
de sa région, mai 2004
Citation : Le
soldat du 2e génie Pierre Guiraud écrit à ses cousins en mai 1918
à ce sujet « ses le plus sale travail que l’en fait en et
plus dangeureus que en car cam on travail a se metre desou la terre
et que eu vous font sauter la mine
vous éte sur dit raister » (correspondance inédite)
Collectif de Recherche
International et de Débat sur la Guerre de 1914-1918 |
En même temps un
violent tir de barrage ennemi battait le secteur, en particulier en
arrière de la ligne de soutien des 1er et 2ème bataillon.
Le tir de barrage de notre artillerie fut obtenu instantanément, mais
trop court sur 859 - 860. Il causa des pertes à la 12ème
compagnie.
L'AD ouvrit également un feu violent: 32 projectiles dont 10 de 50Kg.
L'attaque allemande déboucha en forces sur la droite du 78ème et sur le
107ème en 136, point de la mine la plus à l'ouest. Le 1er
bataillon qui avait justement une alerte aux gaz au moment de l'attaque
reçut l'ennemi à coup de fusil, de grenades et de mitrailleuses. Tout le
monde était à son poste, et, exécutant alors la consigne en cas
d'attaque aux gaz, une section de soutien de la 1ère compagnie renforça
la 1ère ligne et une section occupa les abris 57 à la disposition
du capitaine.
L'attaque du front 145 - 136 (exclus) fut arrêtée, mais par 136
dont le poste avait sauté, l'ennemi avait poussé à notre droite jusque
vers 61, point au nord duquel le 107 établit une barricade.
Profitant de cette avance dans le boyau, l'ennemi attaqua fortement la
ligne 145 - 136 non seulement de face, mais par le flanc droit et
même par derrière, par l'ancien boyau 136 - 59.
Cette situation amena progressivement le repli des défenseurs de 136
vers 145 où une solide barricade fut établi, à 15m à l'Est de ce
point.
A partir de 7h30, l'intensité du tir diminua, des dispositions furent
prises pour arrêter la progression de l'ennemi: un tir fut demandé à
l'artillerie sur les boyaux Nord - Sud permettant d'alimenter l'attaque
ennemie et spécialement 753 - 411 - 731, le boyau 59 -
145 fut organisé en tranchée de tir, face à l'Est, le
ravitaillement en cartouches et grenades fut assuré.
Des avions français
et allemands furent vus dans la matinée et dans la soirée. Activité
assez considérable. Nombreux tirs contre ces avions de la part des deux
partis.
Une opération prévue
pour l'artillerie dans la direction de la Folie amena les 2ème et
3ème bataillons à prendre les précautions nécessaires, le 1er
bataillon continua ses opérations de ravitaillement et d'ailleurs
l'ennemi ne réagit pas à partir de l'heure H sur le secteur.
En vue de reprendre le
terrain perdu de 145 à 136, une attaque à la grenade fut
montée pour 15h30 de concert avec le 107ème, l'artillerie de tranchée
et l'artillerie de l'AD.
A l'heure fixée,
l'attaque préparée par les artilleries est déclenchée violemment; nous
repoussons les Allemands vers 136 dans les deux tranchées
jointives, l'ancienne et la nouvelle qui sont barricadées toutes les
deux, à mi-chemin entre 145 et 136.
Il ne fut pas possible
de pousser plus avant, l'action de l'ennemi se faisant sentir de front et
sur la droite car il occupait toujours le boyau 136 - 61 et une
partie de l'ancien boyau 59 - 136.
A la tombée du jour,
les barricades furent renforcées; un barrage fut construit dans la nuit,
prolongeant vers le sud la ligne des barricades A et B pour donner
des feux face à l'Est et permettre la liaison ultérieure avec le 107ème
vers 61.
Pertes: 14 tués, 18
blessés.
Le 24 janvier,
au cours de la nuit du 23 au 24 janvier, violent tir d'artillerie des deux
côtés, spécialement entre 11h et minuit.
Dans la matinée, vers
8h30, une action à la grenade conduite par les grenadiers de la 4ème
compagnie, permit de reporter plus à l'Est la barricade qui avait été
construite auprès de 145 dans la tranchée menant à 136.
En vue de reprendre à
l'ennemi la portion de notre front qu'il avait occupé le 23 janvier, et
conformément à l'ordre 842 du général commandant la 23ème DI, une
entente fut établie pour l'action simultanée du bataillon de droite du
78ème ( Cdt Issaly) et du bataillon de gauche du 107ème (Cdt Magord), ce
dernier devant marcher de 61 sur 136, le premier de 145 sur le
même point 136U, par les deux tranchées, l'ancienne et la nouvelle.
L'action fut fixée pour 11h45, après une préparation du canon de 58 sur
les points à atteindre, un tir devait être exécuté aussi en avant de 6
- 6 allongé sur le front au moment de l'action.
La préparation du tir au 58 donna de nombreux ratés spécialement
avec un canon 1bis. A l'heure dite, les deux attaques partirent,
l'artillerie de campagne battant le boyau 411 - 731 pour empêcher
les renforts de l'ennemi d'arriver contre nous.
A midi, la lutte d'artillerie et à la grenade bat son plein; une section
de la 1ère compagnie est portée en avant pour relier notre droite à la
gauche du 107 - 138.
A 12h50 de nombreuses fusées rouges allemandes sont le signal d'un
violent tir de barrage d'artillerie et d'une vive fusillade. Le manque de
grenades se fait sentir au 107ème auquel il en est cédé et dont on
annonce l'avance marquée d'un drapeau blanc alors que celle de nos
grenadiers est signalée par un sac à terre porté sur un bâton. Mais la
liaison ne peut se faire, le 58 ne peut tirer sur la tranchée et on
annonce une menace de l'infanterie allemande baïonnette au canon. La
1ère compagnie se prépare à la rescousse.
A 13h50 la progression sur la tranchée neuve n'a pu dépasser la traverse
derrière laquelle l'ennemi s'est fortement barricadé. Nous avons encore
moins avancé dans la tranchée ancienne qui, toute rectiligne est
enfilée par le tir ennemi et est remplie de fil de fer. De plus, de sa
tranchée de tir 127 - 128, l'ennemi prenait dans le flanc
l'attaque de nos grenadiers et le capitaine Jouanny ne peut marcher plus
avant.
Le 107ème ne parvenant pas à gagner 136 de vive force le combat
se ralentit et l'action est remise à la nuit, de manière à agir par
surprise, en liaison avec le 107ème, mais à la suite des événements
qui se déroulent à la droite du secteur, l'opération projetée n'a pas
lieu.
A 16h45, les Allemands font sauter 8 mines presque successivement dans nos
lignes sur le front S' - 859 et attaquent en masse comme ils
l'avaient fait la veille au matin à l'autre extrémité du 78ème et sur
le régiment voisin.
Les deux compagnies qui tiennent la partie Nord du sous-secteur: 12ème
compagnies de 859 à 726; 9ème Cie de 726 à S', effrayées
et très réduites par les explosions se replient rapidement sur la ligne
de doublement et même au-delà, jusque vers 403, l'ennemi
pénètre jusqu'en D. Ce mouvement s'étend à droite et à gauche
dans la ligne de doublement.
Les mitrailleurs en 1ère ligne sont tous tués ou prisonniers, deux
toutefois parviennent à s'échapper. A 859, un mitrailleur part
avec la culasse de son arme. Les deux mitrailleuses du 130ème territorial
en 757, sur la ligne de doublement sont également prises.
Les restes de la 9ème compagnie, ne comprenant tout d'abord qu'une
vingtaine d'hommes ralliés par le lieutenant le Roy commandant de Cie ont
en se retirant découvert la gauche du 2ème bataillon; la 12è sous les
ordres du capitaine Faucher s'établit sur la ligne de doublement qu'elle
reprend à l'ennemi.
Ces deux compagnies, se rapprochant l'une de l'autre, un peloton de la
11ème se portant de 403 sur D, contribuent à chasser l'ennemi de
la ligne de doublement.
Le 2ème bataillon a porté sa gauche à 274 pour fermer
l'ouverture.
L'incursion ennemie est arrêtée.
Le commandant du 3ème bataillon qui avait quitté son PC pour rallier ses
unités et les isolés qui se repliaient sur la ligne de soutien revient
à son emplacement avec les fractions immédiatement disponibles de la
tranchée de soutien (10ème Cie) et du chemin Creux (11ème
Cie)
Le commandant du 78ème qui s'était porté dès l'annonce des explosions
de son PC 231 à celui du bataillon de centre pour juger de la
situation et prendre les dispositions nécessaires, se rendit ensuite au
PC du 3ème bataillon dont le chef fut convoqué à la brigade.
D'après les ordres donnés verbalement à cet officier supérieur et la
transmission téléphonique faite par le colonel commandant la brigade au
commandant du 78ème une contre-attaque fut montée pour continuer à
reprendre à l'ennemi le terrain qu'il avait conquis.
Une compagnie du 2ème bataillon doit attaquer du Sud-Ouest au Nord-Est
dans le sens de la tranchée de la Paix, deux compagnies du 3ème
bataillon doivent progresser de l'ouest vers l'Est, dans le même but.
Comme réserve de cette attaque, les deux bataillons du 63ème Rgt au
repos ont été alestés dans leurs cantonnements et dirigés; le 3ème
(Cdt Maury) pour renforcer le 2ème bataillon du 78è, le 2ème (Cpne
Tharaud) pour renforcer le 3ème bataillon du 78ème.
Déjà la ligne du 3ème bataillon est relié à celle du 2ème et la
9ème Cie s'avançant vers D''' retrouve son PC qui a été pillé
et des abris effondrés d'où une vingtaine d'hommes sont retirés vivants
et avec leurs armes. L'ennemi ne les avait pas trouvés.
Pertes: 8 tués, 17
blessés, 58 disparus.
Le 25 janvier,
à l'heure fixée pour la contre-attaque (d'abord une heure, puis deux en
raison du trajet à effectuer par les bataillons du 63è) l'assaut est
donné aux tranchées par les grenadiers, la droite du 3ème bataillon
arrive jusqu'en face de D''' pendant que la 6ème compagnie
(capitaine Perrot) par T et Y s'étend jusque vers S' face
aussi à D'''. L'attaque amène une violente réaction de
l'artillerie ennemie.
A 3h15 le 3ème bataillon fait connaître que les Allemands viennent de
prononcer une attaque sur le 326è à notre gauche.
A droite, la progression nous avait donné la transversale D- Y - S'
avec barricades à D''' et S'.
L'avance de la gauche qui avait été presque jusqu'à la tranchée de
la Paix ne peut être maintenue en raison du manque progressif de
grenades, alors que l'ennemi en est toujours largement pourvu.
Les têtes de colonnes de grenadiers établissent des barrages en
barricades à 50m en avant de 569, à 30m de 754, à 80m en
avant de 757. A partir de ce moment la situation reste
stationnaire.
En prévision de l'arrivée du jour, la 6ème compagnie approfondit le
boyau S'D''' trop peu profond pour assurer la protection des
occupants.
Le comandant du 78è prépare alors une nouvelle tentative par le 3ème
bataillon en faisant monter le plus grand nombre de grenades et de sacs à
terre et s'entendant avec la batterie de 58 pour détruire les barricades
ennemies.
A 7h45, l'ordre est
reçu téléphoniquement de relever le 78ème par le 63ème et de laisser
le commandement de l'attaque au colonel commandant le 63ème.
Les bataillons du
78ème passent en réserve. Les pertes ne sont pas encore connues, les
explosions ont dû en causer un nombre considérable, surtout à la 12ème
Cie, la 9ème ayant retrouvé et rallié dans la nuit un certain nombre
d'hommes.
Sont portés disparus:
les sous-lieutenants Alhéritière et Coucaud.
Le sous-lieutenant Dubreuil en s'avançant dans la nuit au-delà d'une
barricade n'a pas reparu.
La nuit a été calme
devant le front du 1er bataillon,. la tranchée 62 - 145 - 136 a
été construite.
A 6h30 le combat à la
grenade reprend à la barricade Est de 145 mais dure peu.
Vers 20h, nouveau
combat à la grenade vers la même barricade, provoqué par les Allemands
qui lancent des grenades sur nos travailleurs.
Pertes: officiers 1
blessé, 3 disparus Troupes 5 tués, 14 blessés, 30 disparus.
Le 26 janvier,
à 4h15 nous lançons sur la droite, des grenades à l'aide de l'arbalète
d'Imphy. Ce tir, bien réglé, détermine une vive animation de l'ennemi
qui cherche à se retirer par le terre-plein et est dispersé à coup de
fusil.
De 7h30 à 9h30 un
biplan allemand survole nos lignes à faible hauteur, malgré nos feux
d'infanterie. La brigade et l'artillerie sont prévenues. A remarquer
qu'un avion allemand avait survolé nos lignes dans les mêmes conditions,
la veille de l'attaque effectuée à l'Est du point 136.
Dans la première
partie de la nuit, alertes continuelles dans le secteur du bataillon de
droite (1er bataillon), les Allemands continuant à tirer sur la
barricade 138 dont nous augmentons progressivement l'épaisseur.
Pertes 2 blessés.
Le 27 janvier,
à 1h, vif combat à la grenade, à l'Est du point 145.
Fusillade et combat à la grenade pendant toute la nuit sur le front du
2ème bataillon.
Fusillade intermittente sur nos travailleurs posant des défenses
accessoires en avant de 5 - 125 - 126.
A 14h, l'ennemi
attaque à la grenade les barricades de S'. Nos grenadiers
ripostent avec succès; la lutte dure 25 minutes, l'attaque ennemie
échoue.
De 14h à 16h, violent
bombardement d'artillerie ennemie de tous calibres sur le secteur et
particulièrement sur la tranchée de soutien entre 877 et 324.
Dans la partie nord du
secteur, toujours tenue par les bataillons du 63è et du 78è, une attaque
allemande sur S' - Y - D''' amène un vif combat à la grenade. Les
tirs de barrage demandés des deux côtés n'interviennent que tardivement
en raison du brouillard épais.
Pertes: 2 blessés.
Le 28 janvier,
à 4h, le 2ème bataillon du 63è est relevé. Il est remplacé en 1ère
ligne par le 3ème bataillon du 78è. En arrière, le 3ème bataillon du
63è (Cdt Maury) laisse 2 compagnies derrière le 2ème bataillon du 78è
(Cdt Tatin) et posté à 5h, ses 2 autres compagnies en arrière du
bataillon Vuillemin.
Relève effectuée sans incident.
Léger bombardement
dans la matinée. Notre artillerie répond vigoureusement.
Dans l'après-midi,
tir intermittent des deux artilleries. En réponse à notre tir de 58 et
de l'arbalète d'Imphy, les Allemands canonnent notre droite avec du
minenwerfer: le sous-lieutenant Silvani est blessé et 2 soldats tués et
2 blessés.
Minen /
Minenwerfer
Nom des pièces
d’artillerie de tranchée allemande, et, par extension, désignation
des projectiles qu’elles envoient.
Citations :
 | « Les
vilains « Minenwerfer »,
lourdes torpilles, laids crapouillots, étaient encore choses
inconnues dans ce secteur » Carnets de L. Barthas, p.100. |
 | « C’est un
sujet contre lequel les soldats récriminent le plus. Il serait
heureux que notre artillerie lourde puisse museler rapidement
les Minen dès qu'ils se
mettent en action et que nous soyons dotés d'engins aussi
puissants et aussi précis. » (combattant du 369 e RI fin
1917, cité dans Nicot Jean, Les poilus ont la parole, p.65,
n.5) |
 | « C’est
là que j’ai pu voir leur redoutable Minenwerfer,
bombe de 60 kilos dont le trou qu’elle fait en tombant
contiendrait dix hommes. Aussi, si ça tombait sur un gourbi, il
n’existait plus rien de ce qui auparavant nous servait
d’abri. » (Fernand Tailhades, « Souvenirs »,
dans Eckart Birnstiel et Rémy Cazals éd., Ennemis
fraternels 1914-1915, Toulouse, PUM, 2002, p. 170, Vosges,
mars 1915). |
Collectif de Recherche
International et de Débat sur la Guerre de 1914-1918 |
A 23h, combat à la
grenade en D''' - Y - S'.
Pertes officiers 1
blessé, troupe 2 tués, 6 blessés.
Le 29 janvier,
à 1h30, nouveau combat à la grenade en D'' - Y - S': pas de
perte ni de dégât.
A 2h, une vingtaine
d'obus de gros calibre tombent sur le centre de la tranchée de soutien.
La droite est assez
calme et la relève du 1er bataillon du 78è par le 1er bataillon du 63è
s'effectue sans incident.
Dans la matinée,
bombardement de nos lignes par du 105 fusant sur 59 - 46 - 45.
L'arbalète d'Imphy du
point 145 continue des tirs efficaces sur le boyau 127 - 130.
Au cours de
l'après-midi, plusieurs obus de 75 tombent dans nos lignes et blessent 2
hommes en 1ère ligne.
Pertes: 1 tué, 1
blessé.
|
a |
Le 30 janvier,
nuit assez calme. On profite de ce ralentissement de l'activité pour
réfectionner les tranchées et boyaux fort endommagés par les tirs des
journées précédentes.
Le 2ème bataillon du
78 est relevé par le 3ème bataillon du 63ème et va cantonner à Agnez-les-Duisans.
Le lieutenant-colonel
du 78ème est remplacé par le colonel du 63ème dans le commandement du
sous-secteur.
Perte: 1 tué.
Le 31 janvier,
le 3ème bataillon du 78ème (Capitaine Teilhac) est relevé par le 2ème
bataillon du 63ème et va cantonner à Habarcq.
Les 1er et 2
février mêmes cantonnements. RAS.
|
|

|
|
Le
3 février, le 2ème bataillon du 78è relève le 3ème bataillon du
63è (Cdt Maury) au centre du sous secteur.
Le 4 février,
le 3ème bataillon du capitaine Teilhac relève le bataillon de gauche du
63ème.
Le lieutenant colonel
commandant le 78è relève le colonel commandant le 63è dans le
commandement du sous-secteur de la 45ème brigade.
De 8h30 à 14h,
bombardement violent de l'artillerie ennemie, suspendu seulement pendant
de courtes interruptions. Le tir est particulièrement dirigé sur les
P.C. et les voies de communication. Un projectile tue un homme et en
blesse un autre entre les points 126 et 125.
Pendant l'après-midi,
rafales fréquentes d'obus de tous calibres.
L'ennemie continue à canonner
violemment le secteur de 21h à 24h.
Le 5 février,
secteur calme de 0 à 6h15.
Le 1er bataillon (Issaly)
relève, dans la partie droite du sous-secteur, le 1er bataillon du 63 (Vergnaud).
Relève terminée à 5h30 sans incident.
De 6h15 à 22h,
l'artillerie ennemie continue à se montrer très active. Il semble que le
nombre de pièces en action ait considérablement augmenté depuis
quelques jours. Elle riposte exactement et immédiatement à nos tirs de
58 qui doivent gêner considérablement l'adversaire.
Le bombardement a causé des dégâts importants à nos tranchées et
boyaux. Un abri d'escouade a été enfoncé à la 9ème compagnie: les
hommes ont pu être retirés sains et saufs.
Le tir diminue
d'intensité à partir de 22h.
Pertes: 1 blessé.
Le 6 février,
la deuxième partie de la nuit est très calme. Entre 4 et 5h, le
bataillon du centre et le bataillon de gauche signalent des bruits de pas
et de conversations dans les tranchées allemandes; il semble qu'il y ait
une relève. Un tir d'artillerie est demandé sur les boyaux ennemis
menant sur cette partie: régions E4 - 411 - 179. Le tir n'a pas
été obtenu immédiatement. Son résultat n'a pu être constaté.
De 9h à 10h,
violentes rafales de 77, de 105 et de grenades à fusil, spécialement sur
notre droite, dand la tranchée de doublement.
A 9h30 et à 10h, tir
combiné de notre A.T. et de notre A.C. qui nous amène deux violentes
ripostes de l'ennemi.
A 11h et à 13h,
nouvelles rafales ennemies sur le centre du secteur et sur 231.
A 16h45, notre A;T
effectue un nouveau tir combiné avec l'artillerie de campagne. L'ennemi
réagit encore avec une très grande violence: plusieurs abris
s'effondrent.
Soirée calme.
Pertes: 5 blessés.
Le 7 février,
nuit calme comme cela n'était pas arivé depuis le 4 février, jour où
le 78è avait relevé le 63è.
Quelques rafales de 77
et de 150 dans la matinée.
A 13h30, notre
artillerie tire vers la route de Lille, l'ennemi ne réagit pas.
De 16h à 16h30 notre
A.T. exécute un tir combiné avec l'A.C. L'ennemi y répond par un très
fort bombardement d'obus de gros calibre sur nos tranchées de doublement
et de soutien et sur nos boyaux de communication.
A 17h10, un ballon
semblant sphérique, mais difficile à préciser en raison de la chute du
jour, a passé rapidement, à grande hauteur, emporté par le vent vers l'Est-Nord-Est.
Nuit calme. Quelques
coups de canon des deux côtés. La barricade de l'ancien boyau de Douai a
été poussée à 40 mètres plus en avant, vers 859. Cette
opération a pu s'effectuer sans perte.
Le 8 février,
matinée calme dans tout le secteur, jusque vers 9h. A 9h30 l'artillerie
ennemie ouvre le feu.
A 10h, notre A.T.
exécute un tir combiné avec l'A.C. Cette action amène de violents tirs
de représailles de la part de l'ennemi qui vise particulièrement la zone
comprise entre le PC 231 et le PC du bataillon de droite. Un abri
est complètement effondré (un tué, deux blessés).
Vers 11h30, violente
action dans la région situé au nord du C.A. Le bataillon de gauche du
régiment n'est pas inquiété. On entend des tirs de barrage.
A 12h30, l'AD23 prête
son concours à ces tirs.
Pendant tout
l'après-midi la violente canonnade signalée plus haut se poursuit au
nord du secteur du C.A.
A 16h un tir combiné
de nos AT et AC amène de la part de l'ennemi une réaction qui produit de
nombreux dégâts matériels aux tranchées et boyaux.
Soirée très calme
jusqu'à 24h.
Pertes: 2 tués, 4
blessés.
Le 9 février,
nuit calme, mais la neige est tombée vers le milieu de la nuit et ce
matin; la fonte a endommagé les tranchées et boyaux dé^à ébranlés
par les derniers bombardements.
On a travaillé sans
trêve à la remise en état des communications: celles du bataillon de
gauche deviennent très précaires.
A 11h, tir combiné de
75 et d'A.T, des matériaux et des grenades ont explosé dans les lignes
ennemies.
L'ennemi riposte à
11h et à 11h 45 avec du 77, du 105 et du 150, sur nos
communications, Charpentier, 231, Anniversaire.
A 11h10, le génie
fait exploser un camouflet vers 144, en C, pour ruiner une galerie
que l'ennemi poussait vers notre tranchée. Pas d'effet extérieur, pas de
projection de bourrage, l'opération semble avoir réussi.
A 15h, déclenchement
d'une violente canonnade au Nord du secteur du C.A. Elle dure jusqu'à la
nuit.
La canonnade
recommence vers 21h et continue jusqu'à 21h30.
Pertes: 1 tué, 1 blessé.
Le 10 février,
les 2ème et 3ème bataillons sont relevés par les 3è et 2ème
bataillons du 63è et vont cantonner à Agnez-les-duisans (2è
bataillon) et Habarcq (3ème bataillon).
Le colonel commandant
le 63è remplace le lieutenant colonel du 78 dans le commandement du
sous-secteur.
Perte: 1 blessé.
Le 11 février,
le 1er bataillon du 78 est relevé par le 1er bataillon du 63è et vient
cantonner à Noyelle-Vion.
|
|
|
|
Le
12 février par décret du 16 janvier, le capitaine de réserve à
titre temporaire Faucher est promu au grade de lieutenant à titre
définitif dans l'armée active.
Par décision
ministérielle du 16 janvier, le lieutenant Faucher est nommé au grade de
capitaine à titre temporaire.
Le 13 février,
par décision du général commandant en chef en date du 6 février 1916,
l'adjudant Besnier, l'adjudant Cazeaux et le sergent Roger sont nommés
sous-lieutenants à titre temporaire.
Par décision du
général commandant en chef du 8 février 1916, l'adjudant Foureix est
nommé au grade de sous-lieutenant à titre temporaire.
Le 15 et 16
février, RAS.
Le 17 février,
le régiment se prépare à relever le 63è dans les tranchées. |
|
Le
18 février, le
78 relève le 63ème par bataillons successifs, dans le sous-secteur de
gauche. L'opération se déroule entre 22h et 4h.
Les artilleries ne
tirent presque pas dans la matinée, la pluie tombe, augmentant les
dégâts des tranchées et boyaux.
A 13h42 une mine
explose vers la droite du secteur à la barricade 61. Les 3
grenadiers de la barricades sont ensevelis sous les nombreux décombres
(en tout 5 tués, 2 blessés)
Aucune action de
l'ennemi, ni par le fusil, ni par la grenade ou l'artillerie. Notre
artillerie prévenue reste aux aguets.
Soirée calme dans la
prmière moitié de la nuit, nos postes de 61 tirent à plusieurs
reprises sur des petits groupes de travailleurs ennemis. L'ennemi répond
faiblement.
Pertes: 2 tués, 2
blessés, 3 disparus. |
|
 |
Le
19 février, deux patrouilles sont faites dans la 2ème partie de la
nuit, l'une vers le point 61 qui ramène le corps d'un blessé de
l'explosion, l'autre vers 859-860 qui reconnaît des tas de terre
qu'élève l'ennemi. Il semble que l'ennemi construit un petit ouvrage
pour mitrailleuses.
Matinée et
après-midi particulièrement calmes, quelques coups d'AT sur 569 et
754. Le tir de nos grenades Feuillette fait aussitôt cesser le
bombardement.
Échange de grenades
à l'extrême gauche, vers 859, à 20h.
A 21h30, le poste
placé en 6 est bombardé par des coups d'AT et des grenades.
Riposte de nos grenadiers, l'ennemi se calme aussitôt.
Entre 22h30 et 23h40,
passage d'avions ennemis se dirigeant vers l'ouest, puis rentrant dans les
lignes allemandes. Ces avions sont contrebattus par notre artillerie.
Le 20 février,
nuit très claire. Le vent tourne au nord. On se prépare contre une émission
possible de gaz.
A 14h, concentration
de feux de notre AD et de notre AT. Riposte légère de l'ennemi.
Des balles ennemies
retournées ont endommagé nos parapets en 765 et 766.
RAS dans la soirée et
la nuit.
Perte: 1 blessé.
Le 21 février,
matinée extrêmement calme.
A 13h55, une mine
ennemie explose en avant et à l'ouest de 6. L'ennemi cherche à
occuper l'entonnoir qui mord sur la tranchée 5'-6. Notre
artillerie déclenche avec une grande justesse un tir sur les lignes
ennemies.
Une vigoureuse
contre-attaque nous permet d'occuper instantanément la lèvre S.O de
l'entonnoir. Le capitaine Blanloeil (8ème compagnie) est tué d'une
grenade à fusil à la tête en menant cette contre-attaque.
Le commandant du 2ème
bataillon signale 5 tués et 3 blessés. |
|
http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/
forum-pages-histoire/grenade-artillerie-fantassin-sujet_10970_1.htm |
A
cours de la nuit on pousse activement l'organisation des lèvres S.O des
entonnoirs: l'ennemi tiraille sur nos travailleurs. |
|
Relève
à l'intérieur des bataillons sans incidents.
Pertes: 1 officier
tué et 1 blessé. 1 homme de troupe tué, 9 blessés, 5 disparus.
Le 22 février,
matinée très calme. Gelée au lever du jour, beau-temps suivi d'une
chute de neige qui dure jusqu'à 14h45. Faible activité de l'artillerie
de part et d'autre pendant l'après-midi.
A 19h30 le bataillon
de droite signale des roulements de voitures sur la route de Lille, vers
les Tilleuls. L'intervention de notre artillerie est demandée, elle tire
40 obus.
La neige et la gelée
ont fortement endommagé nos tranchées et boyaux et entravé
considérablement nos travaux d'organisation.
Pertes: 1 tué, 1
blessé.
Le 23 février,
très faible activité des artilleries dans la nuit et la matinée.
A 11h20 et à 13h,
quelques obus de gros calibre sont entendus se dirigeant sur nos lignes
arrière.
La neige continue à
tomber tout l'après-midi, gênant les transports, les ravitaillements et
les travaux.
A 16h20 et à 18h,
explosions de mines à notre gauche; un agent de liaison envoyé au 326è
fait connaître que ces explosions se sont produites sur le front de la
24è DI., quelques obus vers le centre, sur la tranchée de soutien.
A 20h, les grenadiers
de 6' (1er bataillon) dispersent des travailleurs ennemis au nord
de 6 (2è bataillon).
Vers 23h, combat de
grenades autour de l'entonnoir 61.
Pertes: 1 tué, 1
blessé.
Le 24 février,
à 5h30, grenades allemandes sur nos travailleurs en 6. Nous
ripostons et prenons l'avantage, l'ennemi cesse son tir. Passage d'avions
ennemis vers 13h. L'artillerie les contrebat.
De 14h à 14h30, tir
combiné du 75 de l'AT, en avant des entonnoirs 61, 6' et 6. Des
obus de 75 tombent sur les lèvres des entonnoirs, une torpille de 58
tombe dans l'entonnoir 6 même. L'ennemi réagit par quelques
petites bombes et par des obus de 105.
RAS dans la soirée.
Pertes: 2 blessés.
Le 25 février,
une patrouille est tentée sur la neige par un homme habillé en blanc
(gilet de laine etc...). Malgré cette ruse elle est immédiatement
éventée, reçue à coup de fusil et ne donne aucun résultat.
Vers 6h, reprise du
combat de grenades au nord de 6. Notre tir est nettement
supérieur.
A 8h30 quelques coups
sur la région de la batteuse.
A 12h45, notre
artillerie tire sur les lignes ennemies vers 411 où des mouvements
auraient été aperçus par le régiment de droite. L'ennemi ne réagit
qu'à gauche et à droite du secteur; rien sur le 78ème.
RAS dans
l'après-midi.
Pertes: 1 blessé.
Le 26 février,
le 78ème est relevé par le 63ème et regagne à pied ses
cantonnements.
EM - CHR - 1er bataillon: Noyelle-Vion
2ème bataillon: Agnez-lez-Duisans
3ème bataillon: Habarcq. |
|
 |
|
Du
27 février au 1 mars, mêmes cantonnements.
Le 2 mars, par
ordre n°204, du 28 février 1916, le général commandant la 10ème
Armée cite à l'ordre de l'Armée:
le capitaine Faucher, le capitaine Dupêcher, les sous-lieutenants
Robertie, Dubreuil, Auclair.
Le 3 mars,
mêmes cantonnements.
Le 4 mars, le
régiment se prépare à relever le 63ème dans les tranchées. |
|
Le
5 mars, le 78ème relève, au cours de la nuit du 4 au 5 mars, dans le
secteur, les 3ème bataillons et l'EM du 63ème. Relève pénible en
raison de la fonte de la neige, mais fait sans incident.
Le bataillon de gauche
signale qu'un camouflet ennemi aurait joué à une heure, à la mine
765. Aucun entonnoir apparent.
A 3h20, le génie fait
jouer un camouflet à 503, l'opération semble avoir réussi, on
n'entend plus de travail ennemi.
A 9h5, un biplan
allemand vient de l'ouest (de nos lignes) et entre dans les siennes sans
être inquiété. Il survole ensuite le secteur avec un deuxième avion.
Ils sont canonnés à partir de 9h20. Un avion britannique survol nos
lignes à partir de 10h.
L'ennemi ne montre
qu'une activité presque nulle (quelques coups d'artillerie espacés: 77
et 105) et quelques bombes dans la partie droite du secteur.
Nos tranchées et
boyaux sont fortement endommagés par suite du dégel. On travaille
activement à leur déblaiement mais la tâche à effectuer est
considérable et la remise en état du secteur demandera plusieurs jours.
Un coup de main est
projeté à l'occasion de l'explosion d'une mine que doit faire sauter le
génie à 17h30, au point 730.
But de l'opération: faire des prisonniers ou tout au moins recueillir des
objets permettant d'identifier la troupe occupant la tranchée ennemie
avancée.
La patrouille (1 sergent, 1 caporal, 4 grenadiers) devait sortir de la
tranchée vers 144, prendre pour objectif la lèvre sud de
l'entonnoir formé par l'explosion et sortir simultanément de la
tranchée. Chacun avait une mission bien définie.
A 17h30 (heure fixée pour la mise de feu) un délai de 10 minutes est
encore nécessaire pour la réfection de la banquette de franchissement
qui, construite dans un sol détrempé, s'était effondrée en partie. Ce
délai de 10' est demandé à l'officier du génie et l'explosion n'a lieu
qu'à 17h42.
Dans l'intervalle (17h39) une bombe ennemie avait explosé vers 125
et notre artillerie, croyant qu'il s'agissait de l'explosion de la mine
avait aussitôt déclenché son tir.
Dès que l'explosion se produisit, nos patrouilleurs sortirent de la
tranchée et dépassèrent nos réseaux, mais à ce moment ils tombèrent
sous les feux de flanc d'une mitrailleuse placée vers 134, ils
durent se terrer dans des trous d'obus et ne rentrèrent dans nos lignes
qu'à la nuit.
A la suite de
l'explosion, l'ennemi réagit par un tir sur tout le secteur, mais sans
exécuter de tir de barrage.
A 18h, le tir se
ralentit puis cesse complètement. Nuit calme. le
6 mars, le dégel rend les communications de plus en plus difficiles.
Visite du secteur par le général de brigade Ross de l'armée britannique
(152ème brigade - 50è DI.) Notre
AT exécute de nombreux tirs dans la matinée. Pas de ratés. Commencement
de l'après-midi calme dans tout le secteur. A partir de 15h45 et jusqu'à
16h30, tir assez dense de 150 sur le boyau de Duai. A
17h15, tir violent de notre 75 sur Bonval. Aucune représailles
ennemie. Lancé de grenades Feuillette sur l'entonnoir 730 et la
tranchée adjacente. Le
ravitaillement en matériel et l'évacuation de ce qu'il est possible de
faire dès maintenant vers l'arrière, en prévision de la prochaine
relève par l'armée britannique s'effectue par la voie de 0m40. Nuit
calme, assez froide. Pertes:
4 tués, 2 blessés. le
7 mars, dans la matinée, activité de notre AT qui obtient de bons
résultats. Faible réponse des minenwerfers ennemis. Visite
d'officiers de l'armée britannique ( EM de bataillon, chef d'état major
de la brigade). Aucun incident. Après-midi
calme. A
17h35, l'ennemi fait exploser une mine un peu au sud du point 765.
L'entonnoir mord un peu par sa lèvre ouest notre ancienne tranchée
obstruée par du fil de fer. L'explosion fait sauter notre barricade du
point 765 et bouche l'entrée de la mine située à l'ouest de ce
point. Les allemands lancent aussitôt après une dizaine de bombes de
petit calibre, mais n'attaquent pas. Toute
la nuit est employée aux déblaiements et à notre organisation, de
manière à interdire aux Allemands tout accès dans l'entonnoir (pertes:
1 caporal, 5 soldats tués ou disparus) Nuit
absolument calme des deux côtés. Pertes
4 tués, 4 blessés, 2 disparus. Le
8 mars, dans la matinée, quelques obus sur le bataillon de droite et
sur l'arrière du PC 231. Entre
9h et 10h, tir de 150 par salves de 4 coups sur la route de Béthune,
près de Madagascar. Jusqu'à
10h, très grande activité des avions français, britanniques et
allemands. A
12h30, le général de brigade Ross et un capitaine mitrailleur de
l'armée britannique viennent visiter nos lignes avant. Très
violent de l'AD 24 de 13h45 à 15h. Très
beau temps, fonte de la neige tombée au commencement de la nuit. A
14h30, le génie fait sauter un camouflet à l'est de 144, il y a
projection extérieure et ébranlement violent de notre tranchée qui est
comblée en certains points. A
17h45, des voitures sont entendues sur la route de Lilles, le tir
est demandé à l'AD 23 et obtenu très rapidement. Au
cours de la nuit des patrouilles ont été faites dans le but de faire des
prisonniers ou d'identifier l'ennemi. L'une d'elle, forte de 10 hommes, au
2ème bataillon, ne peut franchir les défenses accessoires ennemies. Elle
lance une quinzaine de grenades sur l'adversaire. Aucun renseignement sur
l'identité des troupes placées en face de nous ne peut être recueilli. La
relève des compagnies, dans l'intérieur des bataillons, s'effectue sans
incident. Le
9 mars, à 5h30, après quelques coups de canon sur tout le secteur,
explosion d'une mine dans le secteur du régiment de droite (138è). Très
violente secousse. Une quinzaine de bombes lancées aussitôt sur la
partie droite du secteur ont causé des dégâts matériels en 121 et 125. A
9h35, un avion ennemi lance un certain nombre de bombes ayant la forme de
gros bidons, la plupart n'éclate pas. Dans
la matinée, continuation du tir de nos 58, spécialement entre 408 et
S' où une mitrailleuse a arrêté cette nuit notre patrouille
offensive et à 11h35 sur les premières lignes et à une grande hauteur. A
15h30 et à 16h l'AD23 exécute un tir violent, à obus spéciaux sur les
lignes arrières de l'ennemi. Des
voitures sont signalées sur la route de Thélus à 18h45; un tir
d'artillerie est demandée (50 coups); même tir répété à 20h. Chute
de neige abondante. Le
10 mars, à 8h10, une très forte mine explose entre 144 et 138,
mordant sur notre ligne au sud de l'aileron 144. L'ennemi se montre
par dessus le parapet et pousse des "bravos" mais notre tir
intermittent le force à rester dans sa tranchée. Visite
des officiers britanniques dans le secteur (major Booth, les officiers
grenadiers et mitrailleurs, un officier par compagnie). Dispositions
prises en prévision de la relève de la nuit du 11 au 12. Après-midi
calme. Très
faible activité de l'artillerie ennemie. Nombreuses fusées éclairantes
pendant la nuit. Pertes:
2 blessés. Le
11 mars, vers 10h, quelques bombes allemandes, semblant provenir du
point 507 (route de Lille) tombent dans le secteur de droite vers 57-59. A
10h40, notre génie fait jouer un camouflet à 61 our obstruer une
des galeries. Aucun effet extérieur. La
tranchée 126-144 est déblayée jusqu'à l'entonnoir, la lèvre ouest
organisée: 2 postes sont établis à la lèvre même. Les
commandants de compagnie, les officiers grenadiers et les officiers
mitrailleurs de l'armée britannique qui ont passé la nuit dans les PC
reçoivent des officiers du régiment toutes les consignes relatives au
secteur. On
fait descendre à Ariane tout le matériel possible de grenades et
de cartouches. Les
mitrailleuses et l'AT britanniques sont mises en place. A
17h, le général Ross commandant la brigade, son chef d'EM, les chefs des
bataillons de droite et du centre viennent dans le secteur. Vers
17h, deux torpilles des minewerfer du point 507 ont atteint un abri
de mitrailleuses en 137, tué 2 soldats britanniques et blessés
légèrement 1 anglais et 1 français. La
relève du 78è par la 152ème brigade britannique s'opère dans le cours
de la nuit. Les bataillons écossais se présentent à Anzin comme
suit:
Le 6è Seaforth Higlander (18h) relève le bataillon du centre par le
boyau de l'anniversaire.
Le 8è Argyll Higlander (19h15) relève le bataillon de gauche par le
boyau de Douai.
Le 5è Seahorth Higlander (22h) relève le bataillon de droite par le
boyau de l'anniversaire. La
relève est terminée à 1h45. Nuit
calme. Pertes:
1 tué, 1 blessé. |
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Le
12 mars, à 7h30, le lieutenant colonel commandant le 78è qui doit
rester dans le secteur 24h après la relève du régiment se met à
Ariane, à la disposition du général Ross commandant la 125ème
brigade britannique. Après
la relève, le régiment se rend par bataillons successifs dans les
cantonnements fixés ci-après:
Izel-lez-Hameau:
EM - CHR - 1er et 2ème CM 78è - 1er bataillon
Villers-Aire-Simon:
3ème bataillon et 2ème CM brigade
Penin: 2ème
bataillon et EM 45ème brigade. |
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- Cette période dans le secteur vue par le commandant Campagne du 3ème bataillon du
107ème régiment d'infanterie. |
*1
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Un site sur le 63ème Régiment
d'infanterie: http://www.faurillon.com/
Sources
* |
Source
1: "le chemin
des Croix 1914 - 1918" Colonel Campagne, édition Tallandier, 1930. |
Source
2: "Journal de marches et opérations"
du 21ème régiment d'artillerie de campagne. |
Source
3: "la Trouée de Revigny - 1914 - 1918" Guide illustrés
Michelin des Champs de Bataille. 1920. |
Source
4: "La Première Guerre mondiale en France" Jean-Noël
Grandhomme 2011. |
Source
5: "Journal de marches et opérations"
du 63ème régiment d'infanterie. mémoire des hommes.
|
Source
6: "le Saillant de Saint-Mihiel" Guide illustrés
Michelin des Champs de Bataille. 1920.
|
Source
7: "Chemins de mémoire 14-18" Jean Pascal Soudagne.
2008. |
Source
8: "Journal de marches et opérations"
du 78ème régiment d'infanterie. mémoire des hommes.
|
Source
9: "Des Armes et des Larmes, Mémoire
creusoise de la Grande Guerre" Guy Marchadier, 2003. |
Source 10:"Le
Livre du Gradé d'Artillerie à l'usage des élèves brigadiers,
brigadiers et sous-officiers d'Artillerie de Campagne"
édition pour 1913-1914. |
Source
11: "Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier 1914 -
1918" |
Source
12: "Historique du 78ème Régiment
d'Infanterie pendant la Guerre 1939 - 1940" Colonel Pujol,
Charles-Lavauzelle & Cie |
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