3ème
période, Du 26 mars - 5 avril 1918, la "bataille de
l'Empereur"
Cette attaque allemande va envoyer les troupes allemandes au delà de
Boulogne.
C'est à cette période que le château et le village seront détruits
dans ces terribles combats.
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Carte moderne
des environs de Boulogne.
Vous pouvez l'ouvrir en parallèle
avec le site
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| Boulogne,
relativement épargné jusqu'à ce jour, va connaître des jours difficiles entraînants
les destructions. Des combats ont lieu sur son sol et ses environs
immédiats. Les destructions ont du se produire à cette période
sans doute sous les coups des deux armées.
le
21 mars 1918, Offensive générale Allemande sur tous les fronts,
avec en particulier, pour la région, une grande offensive allemande entre Oise et
Scarpe pour séparer les armées françaises (à l'est) et anglaises (à
l'ouest). |
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*4 |
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| Le
champ de bataille: |
Les Allemands,
chassés des rives de la Somme par l'offensive franco-britannique de
1916, avaient du reculer leur front en mars 1917 sous la menace de
dangereuses offensives de flanc.
Ils s'étaient alors installés dans la ligne Hindenburg et, en 1917,
sous les différentes attaques britanniques dans le secteur d'Arras et
devant Cambrai,, ils avaient, sans arrêt, multiplié leurs lignes
fortifiées. Leur position redoutable s'allongeait à l'ouest de la
route Cambrai - la Fère par le Catelet et St Quentin, utilisant une
suite d'obstacles naturels dont les plus importants étaient l'Escaut,
le canal de St Quentin et la vallée marécageuse de l'Oise.
Mais, dès les
premiers jours de 1918, l'Allemagne, débarrassée de la Russie, est
décidée à l'offensive. L'organisation Hindenburg sera alors le
tremplin d'où des armées puissantes bondiront à la conquête de la
France.
En février 1918,
les Britanniques s'étaient étendus devant le front de la position
Hindenburg jusqu'à Barisis, village en face de la forêt de St-Gobain,
au sud de l'Oise. Ils avaient poussé l'amélioration de 3 positions
successives très distantes l'une de l'autre. En outre, les lignes
d'eaux; la vallée marécageuse de l'Oise, le canal Crozat, la boucle de
la Somme et le canal du nord constituaient des obstacles naturels.
La plaine picarde,
aux larges et molles ondulations, parsemée de quelques boqueteaux, est
fermée au sud, près de la vallée de l'Oise, par les collines boisées
de Genlis, de Frières, de la Cave, puis à l'ouest du coude de l'Oise,
par les collines de Porquéricourt, le massif boisé du Plémont et son
avancé au sud de Noyon: le Mont-Renaud. Enfin, plus à l'ouest,
les coteaux de Boulogne-la-Grasse ne peuvent fermer la plaine du
Santerre qui, entre les pentes du Plémont et Montdidier, communique
largement avec la plaine de l'Île-de-France. Les vallées encaissées
et ombreuses de l'Avre, de la rivière des Trois Doms et de la Luce,
coupent les plateaux du Santerre. Plus au nord, s'étend l'ancien champ
de bataille de 1916, champ chaotique, désert, semé d'obstacles: lacis
de tranchées, réseaux de fil de fer.
En dehors de cet
ancien champ de bataille, dans la laine picarde, étaient bâtis de
nombreux villages agricoles aux mains basses, groupées autour du
clocher. Les grandes routes droites, plantées de beaux ormes ou
d'arbres fruitiers, s'allongeaient à perte de vue. Pays au riches
cultures de céréales et de betteraves, qui était très prospère, et
que la guerre a ravagé.
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Les adversaires. - Forces matérielles, forces morales: |
A
la fin de l'année 1917, la Russie abandonnait les Alliés; le 20
décembre, l'armistice russo-allemand était signé; le 9 février,
c'était la paix de Brest-Litowsk. Dès novembre, l'Allemagne avait
déjà commencé à transférer sur le front de France ses divisions de
russie. Elles arrivaient en Belgique, de plus en plus nombreuses; 64
divisions augmentaient l'armée occidentale allemande, forte déjà de
141 divisions. C'était donc à un total de 205 divisions que les
alliés allaient pouvoir opposer seulement 177 divisions.
Les ressources
matérielles accumulés sur le front russe étaient transportées sur le
front occidental. L'artillerie allemande était renforcée sur
l'ensemble du front. Dans un grand nombre de secteurs, les batteries
lourdes étaient doublées.
A cette
supériorité matérielle s'ajoutait, pour l'Allemagne, l'avantage d'une
armée homogène, commandée par une seule volonté: celle de
Ludendorff, le maître de l'heure, chef militaire absolu et dictateur
politique. Les Alliés étaient, certes, étroitement unis par les
mêmes devoirs et par une cordiale amitié scellée sur le champ de
bataille, mais leurs armées distinctes, juxtaposées, obéissaient à
un commandement et à des états-majors respectifs; elles avaient leurs
réserves propres concentrées derrière leur propre front.
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Le
3 février 1917, les États-Unis s'étaient mis aux côtés des Alliés;
l'effort américain allait se faire sentir, mais il ne pouvait être un
sérieux appoint qu'à partir de l'été 1918. Pendant des mois, les États-Unis
allaient fournir de gigantesques efforts pour constituer une formidable
armée moderne. En mars 1918, quatre divisions américaines étaient en
France. On ne pouvait prévoir l'arrivée d'un million d'hommes qu'à
l'automne 1918, et les Allemands pensaient bien qu'ils en auraient alors
fini avec les Alliés.
Au moment où
allaient s'engager les batailles suprêmes, les forces morales des
adversaires constituaient aussi un des facteurs dominants de la
décision.
Pendant l'année 1917, après les offensives alliées du printemps, une
vague de lassitude avait assombri le moral de certaines unités de
l'armée française. Mais le général Pétain y avait porté remède.
En mars 1918, jamais l'armée française n'avait eu un moral plus
élevé ni mieux trempé.
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Sous
le commandement du maréchal Douglas Haig, l'armée britannique
instruite, expérimentée, avait acquis les plus belles qualités
combatives.
Les Allemands,
fortement ébranlés en 1916 par l'échec de Verdun et l'offensive
alliées de la Somme, avait retrouvé, depuis la chute de la Russie,
tout leur orgueil, toute leur morgue.
Mais, le blocus
économique des Alliés, malgré la campagne sous-marine, se resserrait
chaque jour d'avantage autour de l'Allemagne affamée.
Chaque année, à
chaque saison, malgré les nouvelles triomphales publiées et les
annonces d'une paix prochaine, l'échéance de cette paix victorieuse,
de cette paix libératrice, reculait. Il fallait à tout prix en finir.
C'était "l'offensive désespérée". Les Allemands jouaient
leur va-tout.
Inférieurs
matériellement, les Alliés, en mars, la supériorité morale.
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| Stratégie et
tactique allemande. |
Pour toutes les
offensives entreprises jusqu'alors et notamment pour celle de 1916 sur
la Somme, l'artillerie procédait, avant le déclenchement de l'attaque,
à la destruction des retranchements de l'adversaire.
La multiplicité des travaux de fortifications, leur importance toujours
accrue, leur solidité sans cesse renforcée, rendaient ces
préparations de plus en plus longues et intenses. L'éveil était ainsi
donné à l'ennemi, qui pouvait prendre toutes les dispositions utiles
pour conjurer les effets de l'attaque et amener des renforts en ligne.
De plus, le pilonnage absolu du terrain rendait très pénible la
progression des assaillants, qui rencontraient à chaque pas d'énormes
trous d'obus et d'immenses entonnoirs.
Rompant avec les errements passés et adoptant, en la perfectionnant, la
méthode inaugurée l'année précédente devant Riga, l'État-major
impérial attaque en mars 1918, par surprise. Il s'assure ainsi une
supériorité numérique écrasante et rend vaine toute résistance de
l'adversaire en plein désarroi jusqu'à l'arrivée de ses réserves; il
peut, pendant cette période de désorganisation complète, largement
exploiter son succès initial.
C'est la méthode offensive " du coup de poing", subit,
brutal, précédé d'une brève préparation d'artillerie à grande
proportion d'obus fumigènes et toxiques qui vise moins à détruire les
défenses qu'à annihiler les défenseurs.
A cet effet, il fallait masser le maximum de forces et les porter
rapidement et secrètement sur un front jugé faible des lignes
ennemies.
Le dispositif en demi-cercle du front favorisait la solution de ce
problème; les réserves allemandes groupées dans la région: Hirson -
Mézières, centre du demi-cercle, pouvaient être jetées, avec la
même rapidité, sur n'importe quel point du front, de la Flandre à la
Champagne.
Ludendorff choisit le point de jonction des armées franco-britanniques.
Séparer ces deux armées en rejetant les Britanniques à droite et les
Français à gauche; exploiter le premier succès en direction de la
mer, de façon à isoler les Britanniques, à les acculer sur leurs
bases maritimes, Calais - Dunkerque; puis, les Britanniques éliminés,
se retourner sur les Français qui, seuls et démoralisés, ne
tarderaient pas à demander grâce: telle parut être la conception
stratégique allemande de la Kaiserschlacht ou "bataille de
l'Empereur".
Le secteur de
Bullecourt, vu du côté allemand:
"Le 17 mars 1918, nous marchâsme après la tombée de la nuit
depuis ces cantonnements, qui nous étaient devenus chers, jusqu'à
Brunemont. Toutes les routes grouillaient de colonnes qui progressaient
sans relâche, de pièces innombrables et de voitures en files
interminables. Pourtant, il régnait un ordre strict, conforme à un
plan de marche soigneusement établi. Malheur au détachement qui ne
s'en tenait pas éxactement aux horaires et aux chemins prévus; il
était plaqué dans le fossé et devait attendre des heures durant,
avant de pouvoir s'insérer dans une place vide."
Ernst Jünger, "Orages d'acier". |
En
face de ces armées, de la Scarpe à Gouzeaucourt, est la droite de la
la 3ème Armée britannique (Byng), et de Gouzeaucourt au sud de l'Oise,
la 5ème Armée (Gough).
Le maréchal Haig
s'attendait à recevoir la plus puissante attaque ennemie entre la
Sensée et la route Bapaume - Cambrai, c'est à dire contre la droite de
l'Armée Byng qui fut renforcée, tandis que devant l'Oise, au sud de
St-Quentin, 4 divisions seulement tenaient le secteur où se groupait
l'énorme armée Hutier.
Plus de 500 000 feldgrauen
allaient assaillir les 160 000 soldats de Gough et de Byng, et dès le
premier jour, des réserves considérables accroissaient à 64 le nombre
de divisions d'assaut allemandes, nombre supérieur à celui des
divisions britanniques en France.
Au total, 1 150 000
Allemands allaient être engagés dans ces assauts formidables. |
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Les
nombreuses divisions ennemies, pendant cinq nuits avant l'attaque,
s'étaient glissés vers le front britannique dans le plus grand secret.
L'artillerie, précédent l'infanterie, s'était installé
progressivement et avait réglé son tir sans révéler par une
activité insolite l'accroissement du nombre de batteries.
Les troupes destinées à l'offensive - les Sturmdivisionen -
après avoir été pendant plusieurs semaines soumises à un entraînement
spécial, s'acheminant vers leurs emplacements d'attaque par des marches
de nuit; le jour, elles se cachent dans les bois ou à l'intérieur des
villages; pendant la marche ou au cantonnement, tout éclairage, tout
feu de bivouac est interdit; des avions, survolant les colonnes,
veillent à la stricte observation des prescriptions; les parcs à
munitions, les équipages sont dissimulés dans les massifs forestiers;
jusqu'au dernier jour enfin, toutes les troupes, et la plupart des
officiers, ignorent leur destination. La correspondance est suspendue.
"enveloppées de ténèbres, les forces allemandes donnent le
spectacle de la force et de l'astuce germaniques portées au
maximum." C'est étrange, écrit dans son carnet de route un
officier allemand de penser à toutes les masses de troupes qui marchent
ce soir vers l'ouest, par toutes les routes sur un large front. L'Allemagne
en marche.
*2
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La
Bataille de l'Empereur.
Le 21 mars,
l'énorme masse allemande va, en moins de 48 heures, devant St-Quentin,
défoncer les 3 positions britanniques (c'est la phase d'enfoncement, l'Einbruch);
puis la bataille au delà des positions fortifiées sera portée en rase
campagne, l'enfoncement sera transformé en rupture (Durchbruch)
Au coup de bélier puissant et soudain succédera le raz de marée,
qui d'abord submergeant toute résistance, sera peu à peu endigué et,
après une semaine, viendra battre, sans le renverser, le barrage
dressé par les défenseurs.
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| Le
défoncement du front Britannique. |
Le 21 mars, dès
l'aube, à 4 heures 40, une violente canonnade éclate soudain et,
pendant 5 heures, le trömmelfeuer s'intensifie.
Tout d'abord, un déluge d'obus, toxiques en grande proportion, s'abat
sur les batteries britanniques, qu'il neutralise en partie, puis le
bombardement bouleverse les premières positions et répand sur une
large zone des nappes denses de fumées et de gaz actifs.
L'heure
"Michel":
A la faveur de la
fumée et aussi des brouillards, à 9 heures 30 (l'heure Michel),
l'infanterie allemande traverse rapidement le no mans land et
pénètre dans les défenses britanniques.
Chaque division d'attaque n'occupe pas un front supérieur à 2
kilomètres. Elle forme deux colonnes d'assaut, d'un régiment chacune.
Le troisième régiment est en réserve de secteur, prêt à exploiter
les premiers avantages obtenus.
Les assaillants, fortement encadrés par des sous-officiers, avancent
par vagues, épaule contre épaule, poing à poing, tandis que
l'artillerie déclenche un barrage roulant, qui, tombant au départ à
300 mètres devant la première ligne, se déplace ensuite de 20 mètres
toutes les cinq minutes.
Les vagues marchent résolument droit devant elles, protégées d'abord
par le barrage roulant, puis par l'artillerie et les minenwerfers
d'accompagnement; si elles rencontrent une résistance qu'elles ne
peuvent vaincre, elles s'arrêtent devant cet obstacle; elles sont
dépassées par les vagues qui encadrent la résistance et qui la font
tomber par débordement.
Les Allemands jettent de suite la plus grande masse possible
d'infanterie dans les organisations adverses.
Dans les nappes de gaz, la fumée, le brouillard, les défenseurs
britanniques des éléments avancés sont submergés, et bien souvent
entourés, avant d'avoir pu se rendre compte de l'attaque ennemie.
Les mitrailleuses disposées pour balayer la première zone sont presque
entièrement réduites à l'impuissance.
*2 |
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La
journée du 21 mars:
Au premier jour de
l'attaque, l'armée Byng, de Fontaine-les-Croisilles à Demicourt,
résiste au choc sans être trop ébranlée. Les Allemands ne
pénètrent que dans les premières lignes.
Au centre, devant St-Quentin, au sud devant Moy, la Fère, l'armée
Gough, en infériorité écrasante, et malgré le courage de ses
unités, est rompue dès les premières heures de l'attaque.
En face du Catelet, dès midi, les "Sturmdivisions" en
avançant de 6 à 8 kilomètres pénètrent dans les 2ème positions,
sur la ligne Ephy - le Verguier; plus au sud, devant Moy, elles
atteignent Essigny - Fargniers.
Le général Gough replie ses unités de droite derrière la ligne d'eau
du canal Crozat et du canal de la Somme.
La journée du 22
mars:
Tergnier tombe, la
ligne d'eau est tournée par la droite. Toujours dans le brouillard, les
Allemands franchissent le canal Crozat. Leurs divisions fraîches
poussent sans répit les unités britanniques, dont les pertes en hommes
et en matériel sont déjà élevées.
Les réserves jetées dans la fournaise s'épuisent et aussitôt
submergées ne peuvent s'accrocher aux troisièmes positions qui sont
enlevées.
L'armée Byng est obligée de se reporter en arrière, en pivotant sur
sa gauche, pour s'aligner sur l'armée Gough en retraite.
L'invasion s'accroît sans cesse; en 48 heures, plus de 60 divisions
(750 000 hommes) sont lancées en avant. La bataille est portée en rase
campagne.
*2
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| L'intervention
française: |
L'enfoncement de la
droite et du centre de la 5ème Armée Britannique a eu pour effet, dès
le 21 mars,
d'ouvrir au nord de l'Oise
une large brèche par laquelle les Allemands se précipitent
simultanément vers l'ouest et vers le sud. L'heure est angoissante, le
péril est extrême; ayant rompu toute zone fortifiée, le flot
envahisseur, sans cesse renouvelé, menace de tout submerger. Il faut
intervenir vite, et retarder l'ennemi à tout prix.
Le général Pétain
prend, dès le 21 au soir, les dispositions nécessaires pour soutenir
la droite de l'armée britannique. Les divisions du 5ème corps (9ème
et 10ème) et la 1ère division de cuirassiers à pied, mises en
réserve dans la région de Compiègne sous le commandement du général
Pellé sont alertées; en même temps, un état-major de Groupe d'Armée
(Fayolle) et un état-major d'Armée (Humbert) se préparent à prendre
en main la direction de la bataille.
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Général
Pellé |
Général
Fayolle |
Général
Humbert |
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La
125ème D.I de la 6ème Armée est poussée sur l'Oise.
D'autres divisions (22ème, 62ème, 1ère D.C.) sont précipités vers
la ligne incertaine de la bataille. On en forme un groupement; le
général Robillot commandant le 2ème corps de cavalerie, arrivé avec
son état-major sur le champ de bataille avant ses divisions, prend le
commandement du nouveau groupement.
Enlevées en
camions, les premières divisions françaises précipitent leur
approche, et sans attendre leurs canons et leurs attelages, se jettent
en pleine bataille; l'héroïsme supplée bien souvent au manque de
matériel et de munitions.
*2 |
| La bataille de
rupture: |
La zone fortifiée
franchie, les armées allemandes poussent vers l'ouest, rapidement et
résolument. Dès
le 23 mars, les divisions de cavaleries françaises s'engagent avec
leurs groupes d'automitrailleuses et leurs groupes cyclistes et par leur
mobilité parent à bien des dangers. Les cavaliers galopent vers les
brèches, mettent pied à terre et résistent jusqu'à l'arrivée
d'éléments d'infanterie.
Les automitrailleuses pénètrent audacieusement dans les lignes de
l'ennemi, harcèlent sans cesse ses détachements. Elles ravitaillent
les unités engagées. Elles assurent rapidement sous le feu les
liaisons. Leur action glorieuse contribue grandement, avec celle des
groupes cyclistes, au ralentissement de la poussée.
Les replis des unités britanniques sont couverts également par des
détachements de cavalerie, d'artillerie à cheval, d'automitrailleuses,
et même de tanks, qui se jettent au devant des assaillants. L'aviation,
elle-même, collabore puissamment à la tâche commune.
Le 22 au soir, le général Pétain donne l'ordre au colonel Duval,
commandant l'aviation de mettre sur l'allemand toute l'aviation de bombardement
disponible pour enrayer un un mouvement auquel il est matériellement
impossible d'opposer assez vite aucun renfort. Les escadrilles alertées
rejoignent le point indiqué, certaines venant de 150 kilomètres. Elles
déversent, en passant, leur chargement de bombes sur les Allemands qui
franchissaient la Somme au nord de Ham et retardent ainsi la marche de
deux divisions qui se préparaient à tourner l'armée britannique.
Le 23 à midi, 100 avions chargent ensemble au ras du sol et mettent
dans les rangs allemands un désordre inexprimable. Des heures
précieuses sont ainsi gagnées. *2 |
| Franchissement
de la ligne d'eau: Canal
Crozat, Somme, Tortille (23 et 24 mars) |
Tandis que l'armée
Byng a résisté aux assauts ennemis, l'armée Gough est dissociée par
la ruée de l'armée puissante de von Hutier.
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Le
23 mars au matin, les unités des 3ème et 18ème corps britanniques
(armée Gough) sont rejetée au delà du canal de Crozat parmi les
divisions françaises qui interviennent dans la bataille entre la Somme
et l'Oise. Ces corps resteront mélangés avec les troupes françaises.
Plus au nord, les
divisions engagées étant réduites à de très faibles effectifs et ne
pouvant être renforcées que dans délai assez long, Le général Gough
décident d'abandonner la forte ligne de la Somme et de la Tortille et
de continuer sa retraite vers l'ouest, sur ses réserves, dans l'ancien
champ de bataille de 1916.
Ce même jour, les
premiers éléments français se jettent entre le canal Crozat et les
bois de Genlis et de Frières; ils se lient à leur droite à la 125ème
division détachée de la gauche de la 6ème Armée et établie à
cheval sur l'Oise devant Viry. |
La
1ère division de cuirassiers à pied (Brécart) se rue sur l'ennemi;
son héroïsme parvient à enrayer la poussée vers l'Oise.
La 9ème division (Gamelin) barre la route Ham-Noyon sur un front de 16
kilomètres;
à sa gauche, la 10ème division (Valdant) tient la zone au nord de
Guiscard.
Le 23 au soir,
la situation est mauvaise.
Les divisions Pellé ont retardé le flot devant la région Chauny -
Noyon qu'elles couvrent.
Mais l'ennemi tient Ham.
Les Britanniques dans leur repli appuient sans cesse vers le nord-ouest.
La 1ère division de cavalerie (Rascas) arrive, avec deux divisions, la
22ème (Capdepont) et la 62ème (Margot); ces renforts sont jetés entre
Guiscard et Nesle, cherchant à droite la liaison avec la 10ème
division, à gauche avec les Britanniques.
Ce même jour, les
"Berthas" ont commencé le bombardement de Paris où l'ennemi
espère semer la panique. |
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Le
24 mars, la poussée devient plus
formidable, elle s'accroît sans cesse par l'arrivée de nouvelles
divisions allemandes qui s'engouffrent dans la brèche.
Favorisés par le
brouillard qui couvre les vallées de l'Oise et de la Somme, leurs
premiers éléments balaient la plaine de rafales continues de
mitrailleuses et s'infiltrent, cherchant les vides ou les points
faibles, dans la ligne française trop étirée.
Toutes les attaques
convergent sur Noyon. A 9 heure, dans la vallée de l4oise, Chauny est
menacé par la prise de Viry-Noureuil; au centre, Villequier-Aumont et
le bois de Genlis sont enlevés. Dans une grêle de balles, assaillis
par un ennemi très supérieur, les cuirassiers, manquant de munitions,
se replient sur la croupe de Caillouel. Les divisions de gauche
s'établissent au nord de Guiscard. Dans cette lutte inégale, le moral
des troupes reste quand même admirable.
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A
gauche du groupement Pellé, entre Nesle et Guiscard, la situation est
encore plus tragique.
Les Allemands ont
franchi la Somme et accentuent leur poussée. Les unités des divisions
britanniques, très amoindries, se replient toujours à l'ouest, un trou
se produit au nord de Nesle. La 22ème division se précipite vers
Nesle, des escadrons de la 1ère galopent à l'est de Chaulnes.
Le 24 mars, au sud
de Péronne, la IIème Armée allemande franchit, assez difficilement,
la vallée marécageuse de la Somme, puis poussant vers Chaulnes, ouvre
une brèche à Pargny.
Au nord de Péronne,
l'ennemi, dans la matinée, atteint Sailly-Saillisel, Rancourt, Cléry,
et pousse 3 000 cavaliers vers l'ouest. Craignant d'être débordés sur
leur droite, les corps de l'armée Byng qui, déjà dans la nuit du 22
au 23, ont abandonné le saillant d'Havrincourt, évacuent Bertincourt
et se replient vers l'ouest.
"Ces
unités", écrit le maréchal Haig, "se repliaient
froidement quand elles se voyaient tournées et menacées d'être
coupées, mais en bien des endroits elles livraient des combats furieux
et toutes les fois que l'ennemi tentait une attaque de front, le
repoussaient avec pertes."
" la XVIIème
armée allemande", relate Ludendorff, dans ses mémoires, "était
déjà épuisée. Elle avait subi de trop lourdes pertes le 21 et
le 22 mars, devant le saillant de Cambrai."
Les feldgrauen
continuent, même la nuit, à se glisser dans le brouillard opaque, pour
bousculer les éléments français mal fixés et mal ravitaillés, et
pour talonner l'armée Gough en retraite vers le Santerre. En cette nuit
du dimanche des Rameaux, s'ouvre ainsi la semaine sainte tragique.
*2 |
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Louis Masgelier "Carnets
d'un Creusois dans la Grande Guerre" prédentés par Jacques
Roussillat, édition de la Veytizou.
"Le 24 mars 1918. Date nouvelle qui sera une grande date.
Depuis le 18 mars 1918 nous avons quitté Taverny après un trop
délicieux séjour. Voyage en chemin de fer, en direction de Fismes.
Débarquement à Bazoches, cantonnement à Paars. Puis, brusquement,
alerte, retour vers la Somme en camions après un voyage par
Fère-en-Tardenois, Vic-sur-Aisne, Noyon. Nous voici aux environs de
Ham, douze kilomètres au sud, vers Beaulieu-les-Fontaines.
L'attaque boche est
cause de ces voyages réitérés, précipités. Les journaux
d'aujourd'hui nous disent qu'ils sont à Ham: attaques en masse contre
lesquelles la bravoure britannique n'a rien pu faire. Mauvaises
nouvelles, sans doute, mais point désespérées: depuis trois jours les
troupes arrivent, les renforts affluent et le Boche aura à qui parler.
Il ne passera pas.
Triste veillée
d'armes. Depuis 24 heures nous sommes ici. Nous attendons l'ordre qui
nous dirigera vers les lieux où l'on se bat où beaucoup d'entre nous
vont mourir.
La population civile a
pour ordre de partir, de fuir plutôt. Spectacle émouvant que ces
départs, le deuxième en quatre ans. Nous pleurerions nous-mêmes si
nous ne songions à nous aussi, au sort qui nous sera fait demain. Aussi
presque égoïstes assistons-nous à l'exode d'un peuple, partant par
les routes vers le sud, à pied, en carriole, portant les bébés,
soutenant les vieillards. C'est affreux § Pourquoi en dire plus.
Le 24 mars 1918. 19
heures.
A la nuit nous quittons
Ecuvilly, en direction du Boche.
Une nuit splendide,
rendue bruyante par le bruit des convois et surtout par la canonnade.
L'artillerie anglaise encombre les routes. Les tommies curieux nous
regardent passer, compatissants, silencieux devant ces poilus qui
marchent au combat. Ils nous offrent gentiment des cigarettes.
Mornes, en silence, la
tête penchée, nous marchons à nos pensées.
Sont-elles tristes nos
pensées ? Elles sont seulement sérieuses. Je pense à tous les miens,
à ma vie passée, à ce que pourrait être demain. J'envisage les
risques de demain et froidement je me résigne. Advienne que pourra
!"
|
| La chute de
Noyon et la lutte sur l'ancien champ de bataille de la Somme.
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Le 25, dès
l'aube, une violente attaque de divisions fraîches allemandes
se déclenche contre les divisions françaises fatiguées. Tout en
essayant de déborder leur aile gauche et de les séparer des
Britanniques, la ruée allemande fonce sur le centre du groupement
Pellé.
Devant le danger
croissant, le général Humbert, qui a pris le commandement des
groupements Pellé et Robillot (3ème Armée), prescrit au général
Pellé "d'enrayer les progrès ennemis, quel que soit l'état des
troupes".
La 1ère D.I.
(Grégoire), arrivée en toute hâte, recueille en cours de route les
débris de la 18ème D.I. britannique et de divisions françaises,
s'organise sur les collines qui couvrent Noyon au nord-est. Les
défenseurs ont ) peine pris position que les Allemands se ruent à
l'assaut. Ils sont repoussés. Plus à gauche, ils ne peuvent déboucher
de Crisolles, mais, sur la droite française, les 55ème et 125ème
D.I., qui luttent depuis le 22, doivent reculer et passent l'Oise, près
de Brétigny. Les Allemands poussent jusqu'à Baboeuf, s'en emparent,
mais, contre-attaqués par les Britanniques, doivent reculer
légèrement.
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La
bataille redouble d'acharnement, la menace de débordement s'accentue;
Catigny, Beaurains sont enlevés, Noyon est découvert au nord-ouest. Le
144ème d'infanterie, jeté dans la bataille, contre-attaque, réussit
à reprendre les villages, mais le flot allemand pousse toujours et
réussit à pratiquer une brèche entre Beaurains et Genvry où il
s'engouffre par la petite vallée de la Verse descendant sur Noyon. Les
troupes qui tiennent les défenses nord et nord-est sont menacées
d'encerclement.
Le général Pellé
s'efforce, avec le peu de troupes disponibles qui lui restent, de
boucher la nouvelle brèche: il fait organiser rapidement une position
de repli sur la montagne de Porquéricourt et le mont Renaud et donne
l'ordre aux troupes qui restent au nord de Noyon de résister quelques
heures encore, heures qui valent des journées.
Une division
française, et quelques éléments d'une seconde division grossie
d'éléments britannique qui se sont reformés, se battent à un contre
quatre. |
|
Le
25 au soir, ils se replient, mais en bon ordre et lentement, sur
Noyon; un régiment d'infanterie, le 57ème, se bat toute la nuit dans
la ville our donner le temps d'organiser la ligne de résistance
définitive.
Le front, le 25
à minuit, passait en avant de la montagne de¨Porquéricourt et du
mont Renaud à Pont-l'évêque et longeait l'Oise. C'est sur cette ligne
de résistance que le général Pellé doit, coûte que coûte,
résister aux Allemands et barrer définitivement la route de Paris.
Le soir du 25, le
général Humbert déclare: "les troupes du 5ème C.A. et du
2ème corps de cavalerie à pied défendent le cœur de la France. Le
sentiment de la grandeur de cette tâche leur montrera leur
devoir."
Cette journée du 25
est encore plus tragique à la gauche de l'armée Humbert. Dès l'aube
s'engage une bataille violente autour de Nesle. A 11 heures, la ville
est abandonnée.
Étirées déjà sur
un front trop large de Nesle à Guiscard, les troupes du groupement
Robillot doivent à la fois rester en liaison, à droite avec les
unités du groupement Pellé qui retraitent vers le sud, à gauche avec
les unités britanniques affaiblies qui retraitent vers le nord-ouest.
La brèche s'élargit, les Allemands s'y ruent. Situation inquiétante
au suprême degré. La route de Montdidier est ouverte. |
|
|
Malgré
les prodiges de ténacité, malgré l'activité inlassable des cavaliers
de la 1ère division, puis du 2ème corps, qui galopant vers les
brèches, essaient de rétablir les liaisons rompues et de retarder la
ruée, les unités du groupement Robillot se replient devant Roye.
Au sud de la Somme,
la situation est encore plus mauvaise. Les restes des divisions du
19ème et du 18ème corps britanniques se replient sur la ligne
Chaulnes-Frise, qu'ils ne peuvent tenir.
Leur retraite
continue jusque sur la ligne Proyart-Rosières. Il n'y a plus de
réserves et on n'en attend pas avant quatre jours. Que l'ennemi balaye
ces unités épuisées et la route d'Amiens lui est ouverte.
A une dizaine de kilomètres,
derrière le front Proyart-Rosières, existe une ancienne ligne
française en partie comblée sur le plateau du Santerre, entre la Somme
(à Sailly-le-Sec) et la Luce (à Demuin).
Un bataillon de
canadian Railways Engineers est chargé de la restaurer. Mais il n'y a
aucune troupe pour la tenir et son abandon compromet Amiens. Le
général Gough décide de rassembler un détachement de fortune:
compagnies du génie, mineurs, électriciens, mécaniciens, personnel,
élèves et instructeurs des écoles de la 3ème et 5ème Armées,
sapeurs américains: environ 2 200 hommes. Ce détachement, sous le
commandement du major général Carey, doit tenir 13 kilomètres de
front et barrer le chemin d'Amiens.
Au nord de la Somme,
les Allemands attaquent d'Ervillers, au nord jusqu'à la Somme; la
gauche britannique tient bon, la charnière de l'armée Byng ne cède
pas; mais plus au sud, les Allemands prennent Maricourt et ouvrent une
brèche dans le rideau des troupes britanniques qui perdent toute
liaison; l'Ancre est franchie, et la droite de l'armée Byng pivotant
autour de Boyelles se replient sur la ligne: Bucquoy, Albert,
Bray-sur-Somme.
Le général Pétain
adresse à ses soldats un vibrant appel:
"l'ennemi s'est rué sur nous dans un suprême effort. Il veut
nous séparer des Anglais pour s'ouvrir la route de Paris. Coûte que
coûte, il faut l'arrêter. Cramponnez-vous au terrain! Tenez ferme, les
camarades arrivent. Tous réunis, vous vous précipiterez sur
l'envahisseur. C'est la Bataille! Soldats de la Marne, de l'Yser et de
Verdun. Je fais appel à vous: il s'agit du sort de la France!"
De tous les points
du front, les divisions françaises montent vers la bataille. Les
camions roulent sur toutes les routes vers Montdidier. |
L'entrain
joyeux es troupes, leur attitude même rassurent en passant les
populations anxieuses qui, depuis quelques jours, entendent le bruit du
canon se rapprocher et voient se dérouler le lamentable cortège des
pauvres gens qui fuient devant l'invasion.
Le général Debeney
arrive de Toul avec son état-major pour prendre le commandement d'une
nouvelle armée (1ère Armée) dont les divisions débarquent chaque
jour. Le général Humbert voit s'accroître sa 3ème Armée de la
77ème D.I. (d'Ambly). Le général Fayolle coordonne l'action de ces
deux armées dont la mission générale est de fermer la route de Paris
aux Allemands et de couvrir Amiens.
*2 |
| La poussée
sur Montdidier. Chute de Roye |
| La poussée
sur Amiens. Chute d'Albert. |
|
|
Le
26 mars, le groupement Pellé garnit le mont Renaud, rempart qui
barre la vallée de l'Oise.
L'ennemi veut à
tout prix s'ouvrir le passage; sans souci des pertes, il lance des
forces nouvelles.
"Il faut
tenir coûte que coûte sur les positions actuelles. L'honneur de chaque
chef militaire est engagé" écrit le général Pellé. Des
tranchées sont creusées, le mont Renaud organisé. La route de
Compiègne est barrée et les hauteurs au sud et au sud-ouest de Noyon
deviennent le pivot de la défense. Le mont Renaud, sous des assauts
répétés, change plusieurs fois de mains, mais reste aux français. A
bout de forces, la 10ème division se replie sur le massif du Plémont
où la 77ème division vient de s'installer.
Mais si la droite d
l'armée Humbert interdit à l'ennemi toute progression, à la gauche le
groupement Robillot et les premiers éléments de l'armée Debeney qui,
peu à peu, va se constituer, ne peuvent s'accrocher dans cette plaine
de Picardie. Leur ligne n'est toujours qu'un mince rideau dans lequel la
ruée ennemie, qui ne faiblit pas, pratiques des brèches. |
Groupés
sous le commandement du général de Mitry, des éléments des 5ème (Demetz)
et 133ème divisions d'infanterie, des 5ème et 4ème divisions de
cavalerie sont jetés en avant, essayant d'établir la liaison à leur
droite avec la 22ème division, à leur gauche avec les unités
britanniques, en repli vers le Santerre: liaison bien fragile, car pour
l'assurer, les divisions doivent s'étendre à l'excès. Se battant nuit
et jour, ne reculant que pied à pied, ces glorieuses troupes
permettront l'arrivée des renforts sur la ligne de l'Avre. |
La 22ème division,
épuisée, se replie et entraîne à sa droite la 62ème. Roye tourné
au sud, attaqué au nord, est perdu. Les 22ème et 62ème divisions se
dissocient, une brèche s'ouvre entre elles, un détachement de fortune
organisé sur place par le général Robillot, groupe cycliste,
cavaliers d'escorte, agents de liaison, est jeté dans cette brèche.
Le soir du 26,
le front s'établit tant bien que mal sur la ligne l'Échelle-Saint
Aurin, Dancourt, Plessis-Cacheleux.
Le général Humbert
adresse à ses troupes un pressant appel: "Que tous les chefs
soient profondément résolus à accomplir ce devoir jusqu'à la limite
extrême du sacrifice et sachent l'exiger de leurs hommes"
Au nord de la Somme,
l'ennemi enlève Albert, précieux nœud de communications. Mais il
échoue, plus au nord, contre l'aile gauche de l'armée Byng.
*2 |
|
| Les Alliés
réalisent l'unité de commandement: |
Les événements ont
mis en lumière l'urgente nécessité de réaliser l'unité de
commandement. Le 26 mars, à Doullens, où se réunissent Poincarré,
Clémenceau, lord Milner, Douglas Haig, Pétain et Foch, ce dernier
reçoit la mission de "coordonner l'action des armées alliées sur
le front ouest".
"Quelle est, au
moment où Foch va ainsi se superposer à Pétain et à Haig, la
situation des armées en ce qui concerne les directives du haut
commandement ? En d'autres termes, comment la bataille anglo-française
est-elle dirigée ? La situation se trouve définie par les ordres
généraux de Pétain et de Haig.
"Le premier
(Pétain) prescrit:
"De maintenir groupées les forces françaises pour couvrir la
capitale (mission essentielle);
"D'assurer la liaison avec les Anglais (mission secondaire);
"Le second
(Haig) prescrit
"de
faire tout le possible pour éviter une rupture avec les Français;
"Si l'on y est contraint, de se replier lentement en couvrant
les ports du Pas-de-Calais.
"Il suffit de
placer ces deux ordres l'un à côté de l'autre pour être douloureusement
frappé de leur divergence. Visiblement, les instructions des deux
grands chefs n'ont pas le même objet, ne tendent pas vers la même fin.
L'un pense à Paris, l'autre aux ports du détroit. Chacun d'eux
consacrera évidemment la plus grande partie de ses forces, de ses
ressources, à ce qu'il considère comme la tâche essentielle. Du
côté allemand,
en somme, il n'y a qu'une bataille. Du côté allié, il y en a
deux: la bataille pour Paris, la bataille pour les ports. Que cette
situation-là continue, et notre défaite est certaine. |
|
"La
première idée de Foch, sa première pensée à la minute même où il
saisit le gouvernail, c'est de faire cesser par tous les moyens cette
divergence désastreuse. Il prscrit aux deux commandements en chef de
maintenir à tout prix la liaison entre leurs armées. Ce qui était
accessoire devient essentiel. L'important est d'assurer à tout prix la
soudure entre les armées alliées et, pour cela, de couvrir non point
Paris ni Calais, mais Amiens. Cette bataille qui, hier encore, était
double, va désormais s'unifier, elle deviendra la bataille pour
Amiens.
"Telle est
l'idée stratégique dont, infatigablement durant les journées qui
suivent, il va poursuivre la réalisation. Courant en automobile de
quartier général en quartier général, il ira répéter la même à
tous, à Haig, à Pétain, à Gough, puis à Rawlinson qui le remplace,
à Fayolle, à Debeney, à Humbert. Il s'agit d'enfoncer de plus en plus
à coups répétés cette idée dans la cervelle de tous les
exécutants...
"Assurer la
liaison, maintenir les troupes où elles se trouvent, empêcher les
retraites volontaires, surtout les relèves en pleine bataille, pousser
vers la ligne de feu toutes les divisions qui arrivent, tels sont les
ordres qui durant les journées suivantes, reviennent sans cesse sur les
lèvres."
(Raymond Recouly: "la bataille de Foch")
Le 28 mars, le
général Pershinf offrira à Foch le concours direct et immédiat des
forces américaines:
"Je viens vous dire que le peuple américain tiendrait à grand
honneur que nos troupes fussent engagées dans la présente bataille. Je
vous le demande en mon nom et au sien. Il n'y a pas en ce moment
d'autres questions que de combattre. Infanterie, artillerie, aviation,
tout ce que nous avons est à vous."
Désormais " le
cerveau de la bataille fonctionne là où le général Foch a installé
son poste de commandement. A Beauvais, provisoirement. Deux fois par
jour, des courriers reliaient au P?C. suprême les États-majors
britanniques et français... |
"Et
pour mieux s'accommoder au rythme de cette pensée fulgurante, on
institua un service de courrier en avions, qui suffisait à peine"
(Jean de Pierrefeu: G.Q.G., Secteur 1.) |
*2 |
| La chute de
Montdidier. |
| La résistance
croissante des ailes. |
C'est ce jour que
Boulogne-la-Grasse est le théâtre d'effroyables combats et est
allemand à la fin de la journée. |
|
Le
27 mars, Harcelé par les troupes françaises dont la résistance
devient de plus en plus ferme, l'ennemi n'a plus la fougue des premiers
jours.
Son infanterie, à
60 kilomètres de sa base de départ, ne peut être ravitaillée qu'avec
de grandes difficultés, encore accrues par l'activité incessante de
l'aviation alliée qui, sans trêve, bombarde les convois et les gares.
L'artillerie,
suivant difficilement l'infanterie, n'est pas toujours en mesure de
l'appuyer efficacement. |
La
résistance alliée s'organise. Le groupement Pelley, solidement
accroché aux bastions de l'Île-de-France, reçoit résolument des
assauts répétés.
Au mont Renaud, 5
attaques sont brisées.
De Canny à l'Oise,
le front reste inébranlable.
Se heurtant à ce
solide barrage, le flot d'invasion déferle vers Montdidier, submerge
les unités du groupement Robillot qui se replient vers Rollot. Les
divisions allemandes arrivent à Montdidier, atteignent Piennes,
Rubescourt, Rollot. Une brèche profonde se produit entre la gauche de
l'armée Humbert et la droite de l'armée Debeney qui commence à
s'installer sur les plateaux en avant de la vallée de l'Avre.
Heure tragique: le
général Debeney télégraphie au général Fayolle: " Il y a
un trou de 15 kilomètres entre les deux armées où il n'y a personne.
Je demande au général Fayolle de faire prendre en camions des troupes
et de les faire porter au nord du Ployron pour s'opposer au moins au
passage de la cavalerie."
|
|
Deux
divisions de l'armée Humbert, quelques heures après, sont poussées
dans la brèche.
L'ennemi épuisé
par des pertes cruelles est enfin arrêté.
A l'est de Rollot,
les points essentiels du massif de Boulogne-la-Grasse sont tenus
solidement.
Derrière l'Avre,
les trains, les camions déversent maintenant les divisions de l'armée
Debeny.
Les Britanniques
reçoivent des renforts et arrêtent leur retraite à hauteur d'Albert.
|
|
|
La
poussée contre leurs lignes se fait d'ailleurs moins vive, les forces
allemandes convergeant vers Montdidier.
Le général
Rawlinson succède au général Gough.
*2 |
|
|
| La bataille
pour Amiens. |
| Le front
s'organise, la défense réagit. |
A la nouvelle de la
prise de Montdidier, les quatorze divisions de l'armée de von Hutier
convergent vers la poche creusée au sud-ouest.
De plus, sept
divisions en marche vers le front britannique entre la Somme et Arras
changent brusquement de direction et marchent vers le sud: 80 000
Allemands, le 28, se dirige vers le trou où 160 000 hommes de l'armée
von Hutier s'engouffrent déjà; en tout 240 000 hommes vont être
engagés sur un front de 28 kilomètres.
|
|
La
gauche de l'armée Humbert se tient sur une défensive agressive.
Le 28 mars,
elle contre-attaque; le 4ème zouaves enlève Orvillers et Boulogne-la-Grasse,
menaçant de flanc l'ennemi engagé à Montdidier. Celui-ci, inquiété,
reprend une partie des positions conquises. Mais l'effet moral est
grand, les troupes françaises affirment leur volonté de réagir.
Ces contre-attaque
continuent le 29 et retiennent sur le front de l'armée Humbert de
nombreuses unités allemandes qui se préparaient à marcher sur l'Avre.
Pendant ces deux
jours, plus au nord, le général Debeney ramasse ses forces sur le
front le Quesnel, Hangest, Pierrepont, Mesnil-Saint-Georges, Rubescourt.
"il ne peut être question, proclame t'il, de passer sur
la rive gauche de l'Avre." |
Dès
l'aube du 28, il est attaqué et perd Mesnil-Saint-Georges à
l'ouest de Montdidier.
La 166ème division,
qui vient de débarquer, arrête la poussée à Grivesnes et à Plessier.
Un bataillon de la 5ème division de cavalerie, pied à terre, reprend
Mesnil et Fontaine-sous-Montdidier.
A la soudure avec
les Britanniques, l'attaque est plus violente, Hangest est pris et les
Allemands s'infiltre dans la vallée de la Luce, repoussant les
éléments britanniques dont la résistance cependant s'accentue.
Ces éléments se
maintiennent sur la rive droite de l'Avre.
Le 29,
l'ennemi lance l'assaut de nouvelles divisions. L'attaque se produit
surtout à Demuin et à Mézières et accule la défense le long de l'Avre;
mais l'armée Debeney se complète par l'arrivée des 127ème, 29ème et
163ème divisions. Sa liaison avec les Britanniques est solidement
renforcée.
Devant Arras, à
cheval sur la Scarpe, les Britanniques se replient à l'alignement de
l'armée Byng et repoussent de violents assauts.
Au soir du 29
mars, l'ennemi est bloqué au fond de la poche, dont les flancs
tiennent solidement.
*2
|
|
Ordre général
n° 11 de l'Etat major du 2ème Corps de Cavalerie du 30 mars 1918
...
III
Le commandant colonel du C.C. fera démolir le château de Boulogne la
Grasse, principal observatoire de l'ennemi dans la région
...
destinataire: 22e D.I., 62e D.I., 38e D.I., 1ére D.C., artillerie,
3ème bureau.
l'ordre n'a pas été communiqué aux destinataires, une attaque
allemande ayant nécessité d'autres dispositions.
|
| L'assaut
général au fond de la poche et l'arrêt de l'offensive Allemande. |
|
|
Le
30 mars, les Allemands lancent un assaut général sur un front de
50 kilomètres, de Moreuil jusqu'à Noyon, contre les armées Humbert
et Debeney. Ce sera leur dernier effort dans la poussée vers le sud.
L'artillerie lourde
française en beaucoup d'endroits n'a pas encore rejoint les
emplacements nouveaux. Cette bataille sera donc, avant tout, une
bataille d'infanterie. L'aviation suppléera à ce manque d'artillerie
et les bombardements sur les gares, sur les troupes en marche, sur les
ravitaillements seront incessants, pendant que l'aviation de combat
chargera, au ras du sol, les colonnes allemandes.
Devant l'armée
Humbert, les lignes françaises sont à peine entamées et des combats
épiques sont livrés au Plémont, au Plessis-le-Roye et devant
Orvillers.
|
Dans
la région d'Orvillers-Sorel, la 38ème D.I. tient en échec, malgré
quatre assauts, la 4ème division de la Garde.
Les attaques sur le
front de l'armée Debeney sont menées avec le même acharnement.
A l'aile droite de
cette armée, pas un pouce de terrain n'est cédé. Tous les assauts
allemands sur Mesnil-Saint-Georges sont repoussées. Le 6ème corps
maintient à peu près intégralement toutes ses positions, sauf devant
la Cote 104, où un léger recul doit être effectué. |
A
l'aile
gauche, le 36ème corps (Nollet) doit céder devant la poussée et
recule jusqu'à l'Avre. Moreuil est perdu le 30 au soir.
Le 31 mars,
la journée se passe en actions locales, mais très violentes, notamment
à Mesnil-Saint-Georges et à Grivesnes, sans aucun résultat
appréciable.
Au soir du 31,
sur le front français, la ligne est à peu près maintenue dans son
ensemble et passe à l'ouest de Moreuil, longe les hauteurs de la rive
gauche de l'Avre, l'ouest de Cantigny, contourne Montdidier et se
poursuit par les lisières d'Orvillers, Roy-sur-Matz, le Plémont et les
collines au sud de Noyon que les Allemands n'ont pu entamer.
Le 1er avril,
l'ennemi sonde les lignes françaises à Rollot, au sud-est de
Montdidier, mais une contre-attaque énergique l'arrête net. Devant
Grivesnes, trois assauts sont également repoussés.
Les journées des
2 et 3 avril sont relativement calmes et vont précéder une
nouvelle tentative allemande qui sera le dernier effort contre l'armée
Debeney.
Dès l'aube du 4,
une action intense d'artillerie, qui s'étend du nord de Hangard au sud
de Grivesnes, prélude à l'action d'infanterie qui se déclenche à 7
heures 30 avec une violence inouïe.
Sur ce front
restreint d'une quinzaine de kilomètres, 15 divisions dont 7 de troupes
fraîches, seront engagées.
|
|
Plus
de dix assauts successifs seront lancés au cours de cette journée.
Devant Grivesnes,
quatre assauts sont repoussés. Sur Cantigny et la Cote 104, tous les
efforts allemands sont brisés. Cependant, plus au nord, les Allemands
réussissent à atteindre Mailly-Raineval, s'en emparent et enlèvent
Morisel et Castel.
Le lendemain, 5
avril, des contre-attaques arrêtent les Allemands, les empêchent
de profiter du succès relatif qu'ils ont remporté au nord de
Montdidier, et les refoulent dans Mailly-Raineval et dans Cantigny.
Les jours suivants,
on se battra autour de certains points qui seront pris et repris
plusieurs fois, mais ces opérations seront toujours locales.
Nous nous retrouvons
dans une nouvelle "guerre de position".
*2 |
Déclaration
du général Debeney à la fin de cette bataille.
"Soldats de
la 1ère Armée,
Vous avez bien rempli votre rude tâche.
La ténacité de votre résistance, la vigueur de vos contre-attaques
ont brisé la ruée de l'envahisseur et assuré la liaison avec nos
braves Alliés britanniques. La grande bataille est commencée. A cette
heure solennelle, le pays entier est debout derrière nous et l'âme
même de la Patrie vivifie nos cœurs."
*2 |
3ème
Armée (Général Humbert) (JMO de la ...) |
|
27
mars 1918:
"le
Général Cdt le 18ème C.A Britannique reçoit l'ordre de transférer
son Q.G. à Conchy-les-Pots où se trouve le Q.G. de la 2ème C.C. ...
Pendant la journée, la violente poussée de l'ennemi est partout
enrayée; à droite les attaques répétées su le Mont Renaud sont
repoussées, mais à gauche l'ennemi progresse dans la région Fescamps,
Remaugies, Pienne rendant ainsi précaire notre liaison avec la 1ère
Armée...
Le général Cdt le 35ème C.A. reçoit l'après-midi l'ordre de prendre
le commandement des 22ème et 70ème D.I. (Q.G du CA: Rollot)
Limite gauche: La limite entre 3ème et 1ère Armées: voie ferrée
Roye-Mondidier jusqu'à Grivillers, Pienne, le Plyoron, Coivrel.
Limite droite: le Cessier, lisière N.O du bois N.E du Plessier,
Boulogne-la-Grasse, Hainvillers (inclus: limite avec 2e CC)...
En fin de journée, l'ennemi tient la ligne: Lisière est de Montdidier,
Assainvillers, le Lundi, Boulogne-la-Grasse, Conchy-les-Pots, nord de
Canny, Lassigny, Dives, rive nord de la Divette."
28 mars 1918:
"le
Général Cdt la 3ème Armée prescrit d'attaquer la gauche en avant:
...
Notre offensive nous donne Conchy-les-Pots, Boulogne-la-Grasse,
Assainvillers, le Monchel mais les contre-attaques ennemies répétées
nous enlèvent la plus grande partie de Conchy-les-Pots et Boulogne-la-Grasse.
En fin de journée notre ligne passe par le Monchel (liaison assurée
avec la 1ère Armée), la voie ferrée départementale, Régibay, la
lisière sud de Boulogne-la-Grasse et de Conchy-les-Pots, la cote 81,
Plessier de Roye."
29 mars 1918:
"le
2ème C.C après avoir enlevé Boulogne-la-Grasse, les lisières sud de
Conchy-les-Pots, et atteint la cote 97 ( 2,5 km nord de Roye-sur-Matz)
perd la majeure partie de Boulogne-la-Grasse.
30 mars 1918:
"à
la suite d'un très violent bombardement l'ennemi prononce à 7heures
une vigoureuse attaque sur tout le front de l'armée...
Le 2ème C.C est refoulé dans la direction d'Orvillers-Sorel. Le
Général cdt l'armée met aussitôt à sa disposition la 67ème D.I
avec mission d'exécuter avec cette unité une contre-attaque d'ensemble
sur l'axe Mortemer - Hainvillers - Boulogne-la-Grasse."
|
2ème
Corps de Cavalerie (JMO du )
|
|
27 mars 1918
-"
le PC de la 22ème DI est à
Boulogne-la-Grasse...
Des tirailleurs ennemis s'infiltrent dans les bois de Boulogne-la-Grasse...
Le front
approximative le 27 au soir est Canny-sur-Matz, Conchy-les-Pots,
Boulogne-la-Grasse, Rollot."
28 mars 1918
-"
Résultats de l'Attaque:
Onvillers et Boulogne sont pris et reperdus par suite d'une
contre-attaque ennemie qui nous rejette aux
lisières sud de Boulogne...
Le
front du 2ème C.C le 28 au soir est le suivant: Cote 81 (sud de Canny)
- Roye-sur-Matz (lisière nord) - station de Roye-sur-Matz - carrefour
central de Conchy - lisière sud de Boulogne - château de Bains -
Regibay - Rollot lisière nord."
29 mars 1918
-"
L'ordre général du 2ème C.C n° 9 du 28 mars 22 h 30 prescrit la
reprise de l'offensive le 29 au matin à 8 h simultanément dans les 3
secteurs... les objectifs sont
limités aux lisières nord d'Onvillers, crête au nord de Boulogne, la
Poste, cote 9, sur la voie ferrée à
2km N.N.E de Roye-sur-Matz, cote 84 est Cany-sur-Matz.
L'attaque
prescrite a lieu à 8 h. Les troupes de la 62ème D.I et 38ème D.I
tiennent la ligne cote 83, 97, 85, 80 (Est de Conchy) la Terrière,
château de Boulogne, la croupe du Signal.
midi:
contre-attaque ennemie. Prise de flanc, les troupes qui occupaient
Boulogne et la croupe du Signal sont obligées de se replier. Le reste
du front résiste.
à
midi trente:
la ligne est ramenée au sud du château de Bains."
-"Malgré
les gains minimes de terrain réalisés au cours des journées du 28 et
du 29 mars, les actions de vive force effectuées contre Boulogne-la-Grasse ont eu les résultats escomptés par la Haut Commandement:
retenir sur le front de la 3ème Armée des forces ennemies
importantes."
Le
30 mars -"à
7 h 20, violent bombardement ennemi sur la région sud de Boulogne-la-Grasse, Rollot, Biermont, Roye-sur-Matz, affectant l'allure d'une
préparation d'attaque."
|
38ème
Division d'Infanterie (JMO de la ) |
|
(Font
partis de cette division à ce moment la: les 76ème Brigade, 4ème
Zouaves, 8ème Tirailleurs, 4ème Brigade du Maroc, 4ème Mixte, R.I.C.M,
3/74ème R.I.T, C.I.D, compagnies 19/2 et 19/52 du Génie.)
" le 27
mars 1918, à 8 heures, les éléments de la division, transportés
en camions-autos, commencent à débarquer dans la zone Ressons-sur-Matz -
Cuvilly - St-Maur. La Division est mise à la disposition de la 3ème
Armée."
"
l'avance de l'ennemi exige l'engagement immédiat des unités
débarquées...
Le 4ème Zouaves reçoit l'ordre d'occuper les hauteurs de Boulogne et
la poste avec deux bataillons...
(le régiment ne pourra aller à Boulogne, les Allemands y sont)
Le 8ème
Tirailleurs doit se porter d'Orvillers à Boulogne. En raison du retrait
des éléments de la 62ème D.I. sur la ligne Ferme de Canny - le
Plessier - la Poste - Boulogne-la-Grasse, le 8ème Tirailleurs reçoit
l'ordre, au lieu de se porter sur Boulogne-la-Grasse, de s'arrêter au
sud d'Orvillers-Sorel..."
"le 28
mars, à 10 h, une violente attaque allemande oblige le 4ème
Zouaves à abandonner la partie sud de Conchy et à se replier jusqu'au
carrefour 200 m sud de Conchy...
A 12 h 15, la 38ème D.I. reçoit l'ordre d'attaquer à 13 heures...
l'heure de l'attaque est repoussée à 15 h.
L'objectif final est ainsi fixé: Lisière nord des bois de Tilloloy -
Tilloloy...
La cote 112 au nord-est d'Onvillers, les lisières sud de Boulogne-la-Grasse sont atteintes...
Des contre-attaques ennemies se produisent, appuyées par de nombreuses
mitrailleuses dissimulées dans la région couverte de maisons, de
Boulogne à Conchy, et peu à peu nos éléments doivent revenir à leur
base de départ, à l'exception du Bataillon du Peuty qui se cramponne
aux lisières sud de Boulogne. Vers 18 h 30, le commandant de l'attaque
donne l'ordre au Bataillon de Peuty, très en flèche, de revenir à sa
base de départ."
"le 29
mars, à 0 h, la 38ème Division reçoit l'ordre de reprendre
l'attaque exécutée la veille... L'objectif final est fixé à hauteur
de l'ancien signal - Villages de Boulogne et de la Terrière - hameaux
de la Poste et du Plessier... Elle sera appuyé par l'artillerie
du secteur qui exécutera des tirs de concentration sur les points
sensibles. Les unités partent à l'attaque à l'heure fixée avec une
fougue remarquable:
-la gauche peut progresser dans Boulogne et la Terriere. Le Bat Morand,
du 8ème Tirailleurs, enlève pour la 2ème fois les hauteurs du signal
de Boulogne; mais son flan gauche est découvert parce que la division
voisine n'attaque pas. En butte à de violents tirs de mitrailleuses,
menacé d'enveloppement par une contre-attaque ennemie qui débouche d'Onvillers.
Il est obligé de se replier pied à pied d'abord sur les bois du
château de Bains, puis sur la station d'Hainvillers.
-la droite se heurte dans Conchy à une défense très énergique par
feux de mitrailleuses. Elle ne peut guère dépasser la route Boulogne -
Conchy - Roye-sur-Matz, arrêtée par des feux très puissants qui partent
des hauteurs e la Terrière et de la Marlière.
-au centre le 3ème Bataillon du 4ème Zouaves atteint la lisière
nord-est de Boulogne-la-Grasse, mais sans appui ni à droite ni à
gauche, il ne peut se maintenir sur le terrain conquis et l'ordre est
envoyé au commandant du bataillon de se replier jusqu'à la voie
ferrée face à Boulogne."
"le 30 mars, après une préparation d'artillerie courte et violente, l'ennemi
attaque nos positions sur tout le front de l'armée. La lutte revêt un caractère
d'extrême acharnement. Des contre-attaques locales très vigoureusement
menées obligent l'ennemi à marquer des arrêts dans sa progression...
Les troupes du secteur de la 38ème D.I sont obligées de reculer,
partie sur Orvillers, partie sur Mortemer, mais elles ne cèdent le
terrain que pied à pied, malgré les pertes, malgré la
désorganisation des unités."
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1ère Division de Cavalerie
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26 mars 1918: le
PC de la 1ère D.C se transporte de la Poste à Boulogne-la-Grasse en
même temps que celui du général commandant la 22ème D.I..
27
mars 1918: la nuit du 26 au 27 mars
est relativement tranquille.
Un bombardement par avion du PC de Boulogne ne cause deux légères
blessures.
A
8 heures, une escadre de 11 avions allemands survole les 1ères lignes,
Boulogne et Conchy.
ordre
du Général de la 1ère DC : "le Bataillon Collet
se replie du Bois allongé à Boulogne-la-Grasse repoussant le 4ème
groupe cycliste. il y a lieu de
barrer les routes menant à Boulogne-la-Grasse ; L’escadron d’Auzac,
un peloton du 2ème Cuir, le groupe des sapeurs cyclistes
sont poussés sur les 3 routes de Fescamps, Bus et la Poste afin de
faire barrage et de permettre au QG d’évacuer Boulogne en toute sécurité.
Vers 15 heures l’ennemi a pénétré dans Boulogne par la partie SO du
village qu’il a contourné au NO ayant pris pied dans le bois de
Houssoye et gagné le Signal. La défense n’a pas eu le temps de s’y
organiser. L’ennemi n’a pas débouché à Boulogne-la-Grasse."
28
mars, A droite, 1 bataillon de la 38ème D.I., qui a signalé qu'il
occupait le signal de Boulogne-la-Grasse, en est chassé par une
contre-attaque.
29
mars, à droite, la 38ème D.I (8ème tirailleurs) n'a pu pousser
jusqu'au signal de Boulogne.
Une compagnie du Btn du 319ème est poussée aussitôt sur le carrefour
113. L'ennemi ne tente d'ailleurs pas de déboucher du château de
Bains.
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213ème Régiment d'Artillerie de Campagne
|
|
Le
26 mars 1918:
-"
le 26 mars 1918, le 213ème est
mis à la disposition de la 2ème D.I. Il se portera dans la région de
Boulogne-la-Grasse. Les reconnaissances auront lieu immédiatement. La
mise en batterie se fera dans le plus bref délai... Le 1er groupe doit
s'établir à l'est de Boulogne-la-Grasse, les 2 autres à l'ouest. Au
cours de la reconnaissance, dans Boulogne-la-Grasse, un obus ennemi
tombe au milieu du groupe d'officiers du 1er groupe. Le Capitaine de
Beaufond a les 2 jambes arrachées et meurt à l'ambulance de Tricot.
(Le Capitaine de Beaufond donne avant de mourir tous les renseignements
en sa possession au Colonel ainsi que ses dernières volontés) Mort
magnifique dont les détails sont publiés dans l'écho de Paris
du 20avril sous le titre Notes d'un soldat. le Capitaine Vernet
est tué, le Capitaine Boucher a les deux bras arrachés et meurt à
Hargicourt où il est inhumé, le Lieutenant Pierson est tué ainsi que
le Lieutenant Vatan. Le Lieutenant Germe est blessé mais refuse d'être
évacué et coopère à l'évacuation de ses camarades.
Le P.C du
Cdt est au château de Bains, route de Rollot à Boulogne-la-Grasse,
carrefour d'Hainvillers, sud de Boulogne...
Le régiment reçoit l'ordre de l'AD 22 de se sacrifier et de tenir coûte
que coûte."
|
1er groupe du 213ème
Régiment d'Artillerie de Campagne
|
|
26 mars 1918:
-"Les
reconnaissances partent aussitôt. Mission: chercher des positions dans
la région de Boulogne-la-Grasse pour tirer éventuellement sur les
débouchés de Roye.
Dans le village
un obus éclate au milieu de la reconnaissance."
|
38ème Division d’Infanterie
(JMO de la)
|
|
26 mars
1918:
-"
le
4ème Zouave a l’ordre d’occuper les hauteurs de Boulogne-la-Grasse et de la Poste. "
|
38 Division d’Infanterie
(JMO
de la) |
|
26
mars 1918:
-"en
raison du retrait des éléments de la 62ème DI sur la ligne
Ferme de Canny – le Plessier – la Poste – Boulogne-la-Grasse
…"
|
2ème
colonne de ravitaillement du parc d’artillerie du 35ème
RAC (JMO de la) |
|
26
mars 1918:
-" à 16 heures nous quittons Tilleloy par
Conchy-les-Pots Boulogne-la-Grasse et nous arrivons à Remaugies où nous bivouaquons" |
26
mars 1918:
-un poste de
recueil de blessés (service de santé divisionnaire de la 22ème
DI) s’installe à la sortie nord, lisière du bois, de Boulogne-la-Grasse.
|
Artillerie de la 22 Division d’Infanterie
(JMO
de l’)
|
|
26 mars 1918:
" 23
heures le Colonel Ste Marie commandant le 215 fait connaître que son régiment
prend position le long de la route : Boulogne-la-Grasse – Fécamps
et que les réglages seront effectués dès la 1ère heure.
L’artillerie anglaise quitte le secteur. »
|
6ème
Dragons
(JMO
du ) |
|
26
mars 1918:
-à la tombée de la nuit le 6ème Régiment de Dragons
s’installe au cantonnement : bivouac à Boulogne-la-Grasse
à la tombée de la nuit le 6ème Régiment de Dragons
s’installe au cantonnement : bivouac à Boulogne-la-Grasse
|
Service de Santé de la
22ème Division d'Infanterie |
|
26
mars 1918:
-"
Un poste de recueil de Grands Blessés" |
1ère
Division de Cavalerie |
|
26
mars 1918:
-"Dans
la nuit du 26 au 27 mars 1918 bombardement par avions du PG de
Boulogne-la-Grasse (2 blessés légers)...
-"A
8 heures une escadre de 11 avions allemands survole les 1ère
lignes, Boulogne et Conchy et l’artillerie ennemie déclenche un
violent bombardement sur nos batteries."
|
118ème Régiment d'Infanterie
|
|
Le
27 mars 1918:
-"27
mars 1918, dès
5 heures du matin ,l'ennemi déclenche sur nos positions (
dans les anciennes tranchées françaises au nord et au nord est de
Tilloloy)
un violent bombardement...
La plus grande partie du bois de Bus est prise et le village de Bus est
pris par l'ennemi qui progresse vers Boulogne-la-Grasse...
Les
unités se replient sur la ligne cote 85, Conchy les Pots, Boulogne-la-Grasse."
Le
régiment est cité à l'ordre du 2ème C.A.C pour
sa
participation "les
28 et 29 mars à l'attaque contre Boulogne-la-Grasse". |
3ème Batterie du 35ème Régiment d'Artillerie de
Campagne
(JMO de la ) |
|
-"27
mars 1918, attaque sur Tilloloy. Prise de Tilloloy et Popincourt par
l'ennemi." |
6ème Dragons
(JMO du )
|
|
Le
27 mars 1918:
-le 5ème Bataillon vient s’installer à 5h
45 à la sortie sud de Boulogne-la-Grasse
|
5ème bataillon du 4ème Régiment
de Marche de Zouaves. |
|
-"27
mars 1918, à 16 heures, le bataillon était rassemblé en position d'attente à la
sortie sud d'Orvillers-Sorel. D'après des ordres verbaux donné au chef
du bataillon, l'unité devait se tenir prête à effectuer une
contre-attaque dans la direction du Bois des Loges. En conséquence, le
bataillon va se rapprocher de sa zone
d’action en se portant dans les boqueteaux qui couvrent le sommet de
la croupe entre la cote 91 (1000 m au sud de Boulogne-la-Grasse) et
Conchy-les-Pots. P.C bataillon 500m N.O de la cote 81. Cependant
l'emplacement occupé ne se prête pas à une défense facile, le
bataillon se porte en avant sur une ligne comprise entre la cote 91 et
la sortie sud de Conchy: la 17ème compagnie de la cote 91 au moulin, la
18ème du moulin à la sortie sud de Conchy, les sections de
mitrailleuses disposées en profondeur.
...
Une reconnaissance est poussée vers Conchy par la 19ème, avec pour
mission d'établir la liaison avec les éléments de droite et de
rechercher le contact de l'ennemi. Une seconde reconnaissance
ayant même mission est envoyée à Boulogne-la-Grasse. D'après les
renseignements fournis par ces reconnaissances il résulte que la
liaison est établie à droite avec le 4ème bataillon à gauche avec le
3ème bataillon; le Village de Conchy paraît inoccupé celui de Boulogne-la-Grasse
semble fortement tenu par l’ennemi."
|
Artillerie de la 22
Division d’Infanterie
(JMO de l’) |
|
Le
27 mars 1918:
-16
heures 50 une attaque ennemie débouche de Bus – Fescamps – Laboissière
|
118 Régiment d’Infanterie
(JMO
du ) |
|
Le
27 mars 1918:
-« la
plus grande partie du bois de Bus est prise et le village de Bus est
tenu par l’ennemi qui progresse vers Boulogne-la-Grasse » |
70ème Division d’Infanterie(JMO de la
)
|
|
Le
27 mars 1918:
-l’ennemi vient d’occuper Boulogne-la-Grasse
|
prévôté
de la 1ère Division de Cavalerie |
|
Le
27 mars 1918:
-"sur
l’ordre du général commandant la division la prévôté se porte de
nouveau à Boulogne-la-Grasse où sous le feu violent de l’ennemi elle
arrête les fuyards de la 2 DI et les reconduit aux lignes." |
Artillerie de la 22ème Division d’Infanterie (JMO de l’)
|
|
Le
27 mars 1918:
-"
Le P.C de la 22ème D.I sera à Boulogne-la-Grasse à partir de 8heures...
15
heures 50,
l’infanterie doit tenir le front lisière N de Boulogne-la-Grasse, le Plessier, N de
Conchy-les-Pots est d’y tenir le plus longtemps possible...
La
22ème
D.I évitera d'engager son artillerie trop à l'ouest et la ramènera plutôt
vers le sud de façon à pouvoir agir toujours dans la région
nord ouest de Boulogne...
|
Service de Santé de la
22ème Division d'Infanterie (JMO du) |
|
Le
27 mars 1918:
"
Le Q.G (du
Service de Santé de la 22ème D.I) se
replie à 7 heures de Grivillers sur Boulogne-la-Grasse"
|
Groupe de Brancardier de la
22ème Division d'Infanterie (JMO du ) |
|
Le
27 mars 1918:
"
Deux postes (de
brancardiers)
fonctionnent, l'un à Boulogne-la-Grasse..."
|
le
28 mars 1918,
-le Général Humbert, solidement accroché au mont Renaud et au
Plessier-de-Roye, maintient intégralement ses positions, et lance à
son tour de furieuses contre-attaques vers Boulogne-la-Grasse
et vers Orvillers-Sorel tenus par une partie
de la 38 DI (4e zouaves et 8e tirailleurs)
-un
bataillon de la 38 DI qui occupait le Signal de Boulogne-la-Grasse en
est chassé par une contre attaque (JMO
de la 1ère Division de Cavalerie)
-sont repris
ainsi Mesnil-St-Georges, Assainvilliers, Boulogne-la-Grasse et
Conchy-les-Pots, mais sans pouvoir réoccuper Montdidier; par la suite,
Boulogne-la-Grasse et Conchy-les-Pots sont reperdus; toutefois, la
soudure entre les deux armées est devenue ferme..
Le Q.G. de la 1re armée
vient s'installer à Breteuil; celui de la IIIe armée est à Clermont.
|
38 Division d’Infanterie
(JMO
de la) |
|
le
28 mars 1918:
-8 heures :
"reprise de l’attaque avec pour objectif lisière nord d’Onvillers ,
Crète au nord de Boulogne, la Poste
"
-"les zones d’action et les troupes sont les même que la veille.
L’objectif final est fixé à la hauteur de l’ancien signal
–Villages de Boulogne et de la Terrière – Hameaux de la Poste et du
Plessier."
-"La
gauche peut progresser dans Boulogne et la Terrière . Le Bat Morand du
8ème Tirailleur enlève pour la 2ème fois les
hauteurs du Signal de Boulogne … il est obligé de se replier pied à
pied d’abord sur les bois du château de Bains …Au centre le 3ème
bataillon du 4ème Zouaves atteint la lisière NE de Boulogne-la-Grasse, il ne peut se maintenir sur le terrain"
-"l'attaque est reprise sans grands résultats et la situation reste
stationnaire sur le front de la 3ème armée.
Au nord de Montdidier, le front de la Ire armée se constitue rapidement
et s'élève le long de l'Avre jusqu'à Moreuil, puis de là à la Luce
jusqu'à Demuin, avec les 12e, 166e, 133e et 29e divisions."
|
3ème
Groupe du 226ème Régiment d'Artillerie de Campagne (JMO du
)
|
|
le
28 mars 1918:
-"
7 h 45, nouvelle attaque. Concentration sur bois au nord d'Hainvillers,
partie sud ouest de Boulogne-la-Grasse, sud de la Terrière, Conchy-les-Pots."
|
319ème Régiment d'Infanterie
(JMO du )
|
|
Le
30 mars 1918,
-" 7 h 30, une violente canonnade se déclenche sur le front et
les flancs du Bataillon Gorupell. Dix minutes après des colonnes
allemandes sortent du village de Boulogne-la-Grasse se dirigeant
sensiblement dans la direction du château de Bains." |
’Artillerie de
la 22 Division d’Infanterie (JMO de
l' ) |
|
Le
30 mars 1918
-7 heures 35 : « on
tire sur les pentes nord de Boulogne »
|
23 Bat 226ème
RAC
(JMO de la ) |
|
-Le
1 avril 1918 :
-"la nuit, harcèlements sur les lisières sud de Boulogne-la-Grasse.
2
avril, même tir de harcèlement pendant la nuit.
|
-5
avril 1918, l’armée
du général Humbert oppose une résistance féroce et arrête l’avance allemande.(au sud de Boulogne-la-Grasse)
Les
deux armées recommencent une guerre de position mais aux combats
intenses. Boulogne est de nouveau en première ligne du coté allemand
est subit des tirs français.
|
3ème
Groupe du 226ème Régiment d'Artillerie de Campagne (JMO du
)
|
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-"8
mars 1918, tirs de harcèlement route de Conchy à la Poste"
Jusqu'à mi mai
"tirs habituels".
|
|