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4) "en
Champagne" à Saint-Hilaire, Jonchery, Baconnes.
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 | - "en
Champagne" vu au travers de "l'Historique du 78ème
Régiment d'Infanterie" |
En octobre
1914, le 78ème rejoint la 23ème division à Mourmelon et va
"tenir un secteur" entre Auberive et Souain, tantôt devant
Baconnes, tantôt devant St-Hilaire-le-Grand et Jonchery-sur-Suippes.
Il s'agit
moins d'attaquer que de "tenir" pour l'hiver qui approche.
La ligne de bataille se stabilise, devient "le front", où
chacun des adversaires "assiège" l'autre. C'est la "Guerre
de position" ou "Guerre des Tranchées".
Pourtant, des
attaques partielles sont ordonnées, et, le 21 décembre 1914,
c'est le tour du régiment, qui doit attaquer, de concert avec le 63ème,
les tranchées ennemies du saillant dit "le bois B." au nord de
Jonchery.
Cette position, qui domine le ruisseau de la Hain, a déjà été
attaquée à plusieurs reprises. Cette fois, le commandement a pris les
plus grandes précautions; l'artillerie de campagne a été rapprochée,
la faible artillerie lourde du secteur a été renforcée.
Aussi, quelques brèches ont été faites dans les fils de fer ennemis
mais les tranchées n'ont pas été endommagée.
Les mouvements préparatoires se font dans de très mauvaises conditions,
par une nuit noire, dans une terre détrempée et sous la pluie.
Quelques minutes avant l'attaque, le lieutenant-colonel de Montluisant,
commandant le 78ème, et le commandant Thérond, commandant le 3ème
bataillon, chargé de l'attaque, sont blessés et remplacés par le
commandant Tatin et le capitaine Teilhac.

"A l'heure prescrite, les 9ème et 12ème compagnies s'élancent à
l'assaut, au pas de course. L'ennemi déclenche aussitôt un tir furieux
de ses mitrailleuses. Les deux commandants de compagnie, capitaine
Chebroux et lieutenant Champseix, sont tués à mi-route; les rangs s'éclaircissent,
mais nombre de gradés et de soldats atteignent, sous les rafales, le
parapet qu'ils franchissent.
La 10ème compagnie, entraînée par le capitaine Cahuzac, au courage
légendaire, se porte à leur suite et gagne la tranchée ennemie, malgré
les pertes qui jalonnent le chemin parcouru. Le barrage d'artillerie et de
mitrailleuses de l'adversaire isole les assaillants des tranchées de
départ, d'où la 11ème compagnie ne peut déboucher.
Pourtant, le capitaine Cahuzac, maître du saillant attaqué, peut faire
parvenir un message de confiance par le brave caporal Peyrot!...
Magnifique mais inutile énergie!... Le détachement Cahuzac lutte dans la
position conquise, où il est contre-attaqué de tous côtés. Malgré sa
blessure, le vaillant officier résiste jusqu'à la dernière cartouche,
presque jusqu'au homme, et n'est pris lui-même qu'à terre, refusant
encore de se rendre!...
Par deux fois, le sous-lieutenant Auboueix entraîne des groupes de la
11ème compagnie pour porter secours à leurs camarades: il est déjà
trop tard, et, à la seconde tentative, Auboueix tombe lui-même devant
les défenses ennemies.
L'effort du
bataillon Costeur pour dégager le 3ème bataillon n'a pas de succès,
malgré l'énergie du capitaine Costeur qui est grièvement blessé, en
dépit de la belle attitude de tous et en particulier de l'entrain de la
compagnie Chabauty dont trois officiers sont tombés, les sous-lieutenants
Frémon, Auclair et Renaudie. Il faut se contenter de rejeter dans leur
tranchée refermée sur nos braves soldats, les Allemands qui tentent d'en
déboucher, et le soir retrouve le 78ème dans ses positions de départ,
glorieusement mais douloureusement affaibli!"
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 | - "en
Champagne" dans "le journal de marches et
opérations" du 78ème régiment d'infanterie. |
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Le 9
octobre 1914, à son arrivée à Mailly, le régiment reçoit
l'ordre de partir à 6h pour se rendre par Verzenay, aux
Petites-Loges où il doit trouver ces ordres pour sa destination.
à 9h, arrivé
aux Petites-Loges le régiment doit se diriger sur la gare de Mourmelon
où, à son arrivée à 11h, il lui est prescrit de se rassembler au sud
du camp pour y faire un long repos.
A 14h30 le régiment se met en route à travers le camp pour Jonchery
où il arrive et cantonne à 21h.
Les 10 et
11 octobre, le régiment conserve le même cantonnement que la veille.
RAS.
Le 12
octobre, à 13h30, le régiment part pour ses emplacements en vue de
l'attaque que doit prononcer la 23ème division:
le 1er bataillon, à St-Hilaire avec 2 compagnies dans le village
et 2 compagnies sur les bords de la Suippes, à l'ouest du village.
Ce bataillon sera chargé, si l'attaque réussit, de s'intercaler entre le
63ème et le 107ème à qui il n'y avait aucune solution de continuité
sur la ligne.
le 2ème bataillon, à l'abri dans les tranchées couvertes établies au
sud de St-Hilaire.
le 3ème bataillon, à la disposition du général de D.I. dans Jonchery.
Les deux
premiers bataillons se rendent à leurs emplacements en suivant des
cheminements défilés le long de la Suippe.
à 15h30, le
1er bataillon a installé 2 compagnies dans les tranchées laissées
libres au nord-Est de St-Hilaire par le 107ème dans sa marche en
avant.
à 16h, le
107ème progresse lentement. Le 1er bataillon reçoit l'ordre de lui
servir de soutien pour l'appuyer où le recueillir au besoin.
à 17h, par
infiltration, le 107ème a pu porter deux compagnies à la crête.
à 18h,
l'ordre est donné de poursuivre l'attaque, mais le 107ème pris en
enfilade par des tranchées qui n'ont pas été battues ne progresse plus.
à 18h30,
l'ordre est donné de rester en position.
Le 1er bataillon laisse 2 compagnies dans les tranchées au nord-Est de St-Hilaire
et porte deux compagnies dans St-Hilaire.
Les 2ème et 3ème bataillons viennent cantonner à Jonchery.
RAS pendant la
nuit.
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Le 12
octobre vu par le capitaine Campagne du 3ème bataillon du
107ème régiment d'infanterie.
Devant le front de
notre division, il y avait un coquin de saillant dénommé, en langue de
secteur, "le bois B" et bientôt plus énergiquement baptisé
"ce cochon de bois", qui dominait largement notre ligne.
Celle-ci dépassait à peine le petit ruisseau de la Hain, et se trouvait
de 1 000 à 1 200 mètres éloignée du bois B.
Ce bois exista les convoitises de notre commandant de corps, le général
Roques, et, comme le sort m'avait planté là, devant, j'eus l'honneur
d'ébranler mon bataillon le 12 octobre, pour une première tentative.
Avec un faible appui d'artillerie, on progressa du mieux qu'on put sur
cette énorme distance, et peut-être eût-on réussi à aborder le
saillant si, arrivés à moins de 300 mètres du but, le saillant voisin C
ne nous eût, de ses mitrailleuses, barré la route.
Le général de Langle de Carry nous avait fait l'honneur de venir au
téléphone du colonel attendre le compte rendu de nos exploits, et il me
fit exprimer le désir qu'un nouvel effort fût tenté. Me mettant
moi-même à la tête d'une unité de réserve, j'esquissais sans succès
un mouvement vers C, et il fallut s'aplatir au sol.
Très heureusement, le jour baissait et je donnai l'ordre de s'enfoncer
sur le terrain gagné. Mes capitaines, d'un avis peut-être plus sage,
demandaient de revenir à la ligne de départ, déjà mieux aménagée,
mais je persistai, ne me souciant pas de franchir une seconde fois, sur un
nouveau désir, le coûteux petit kilomètre parcouru cet après-midi.
Cette avance des lignes se trouva être tout à fait dans les vues du
commandement. Son premier effet fut que notre secteur, posté tout seul
bien en avant de nos voisins, servit dès ce moment de cible pour les
écoles à feu des bombardiers ennemis.
*1
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Le 13
octobre, à 19h, Le 78ème va relever le 63ème dans les tranchées du
secteur de gauche de la division:
le 1er bataillon s'installe dans les tranchées qui vont du nord-Est de St-Hilaire
à la droite du secteur.
le 2ème bataillon occupe les tranchées le long de la Suippe.
le 3ème bataillon est en réserve sur la route de Reims au sud de
cette route sur la rive droite de la Suippe.
le P.C. du commandant du secteur (lieutenant-colonel de Montluisant) est
installé à 50m du pont sur la route.
à 20h, la
relève est relève est interrompue par une vive fusillade que l'on entend
vers la gauche. Elle est reprise à 21h et terminée à 22h.
Le 14
octobre, aucun incident pendant la nuit.
Les bataillons
poursuivent la reconnaissance de leur secteur et on continue les travaux
qui peuvent se faire en dehors des vues de l'ennemi (boyaux de
communication, feuillées etc...)
A la nuit, on
installe des défenses accessoires en mettant en place les éléments
préparés par le génie.
Les cuisines
roulantes apportent les aliments tout préparés à St-Hilaire.
Elles permettent l'alimentation des hommes dans d'excellentes conditions
sans distraire de la ligne des tranchées un grand nombre de cuisiniers.
A 23h45, une
fusillade légère se fait entendre sur le secteur de droite; fusées
éclairantes.
Quelques coups de feu sont tirés sur nos patrouilles. La nuit est extrêmement
sombre.
Le 15 octobre,
on continue dans les tranchées l'installation des défenses accessoires
et l'amélioration des tranchées.
RAS dans la journée.
Le 16 octobre, nuit
sans incident.
à 16h, le
régiment reçoit l'ordre de relève.
à 19h, le
138ème vient relever le régiment dans les tranchées (deux hommes sont
blessés pendant la relève certainement par des balles françaises. Étant
en patrouille ils ont eu le tort de ne pas rentrer par le point de la
ligne indiqué).
à 22h, la
relève est terminée, le régiment cantonne à Jonchery.
État des
pertes: 2 blessés.
Le 17
octobre, le lieutenant-colonel de Montluisant ayant pris le
commandement de la brigade, le commandant Tatin prend provisoirement le
commandement du régiment.
Le régiment
reçoit l'ordre d'aller relever le 100ème régiment d'infanterie dans les
tranchées au nord de Mourmelon-le-Grand.
Le régiment
est mis en route à 13h sous les ordres du capitaine Cahuzac. Il se porte
à Baconnes par le sud de la cote 140 et Mourmelon-le-Grand.
Il y prend son repas du soir.
A 17h30, les
bataillons quittent Baconnes pour le secteur où était le 100ème.
La relève a été très longue. Les 1er et 2ème bataillons étaient en
place à 22h, le 3ème, à cause d'une erreur de direction ne termine sa
relève qu'à minuit.
On éprouve les plus grandes difficultés à se diriger dans cette région
car la carte qui ne reproduit qu'imparfaitement les bois, n'est d'aucun
secours et on doit se diriger à la boussole. Les liaisons et les
communications sont rendues très difficiles.
Les 3
bataillons occupent un secteur très étendu; Ils sont placés de la
droite à la gauche dans l'ordre normale 1-2-3. Le front du secteur est
d'environ 4km.
Beaucoup de
terre a été remué mais les tranchées ont été faites sans plan et ne
rendent pas au point de vue défensif tout ce que l'on pourrait en
espérer en raison de l'effort fait.
Chaque fois que cela est possible il faut que le génie intervienne pour
le tracé et la mise en train de ces tranchées.
Les défenses accessoires sont absolument insuffisantes.
Une liaison parfaite est établie entre le P.C. du commandant du 78ème et
les 3è et 4è groupes d'artillerie.
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- ces
journées vues par Edmond
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Le 17 octobre.
Nous passons 5 jours dans ces tranchées. La nuit nous dormons très
peu. Sentinelle, patrouille. Au petit jour, nous plaçons des fils
de fer. Dans la journée, nous piochons dans les boyaux jusqu'à 10
heures, puis repos et nous dormons. Nous allumons un peu de feu dans
ces tranchées, le soir il nous faut aller chercher des vivres à 4
ou 5 kilomètres en arrière de nos lignes.
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Le 18
octobre, les 3 bataillons passent la journée dans les tranchées. Le
2ème bataillon (secteur du centre) est très près de l'ennemi. Chaque
fois qu'un homme se montre, l'ennemi tire. La position occupée par les
Allemands parait formidable. Il reste à savoir l'effectif exact des
troupes qui occupent ces tranchées.
État des
pertes: 1 blessé.
Le 19
octobre, du secteur du 2ème bataillon, on entend les Allemands
travailler à leurs tranchées, chanter, crier, etc... L'artillerie
française n'a pas tirer depuis avant-hier. Quelques obus bien placés
produiraient certainement bonne impression sur nos troupiers qui se
rendraient compte ainsi qu'en cas d'attaque ils seraient soutenus.
L'artillerie ennemie tire régulièrement 3 ou 4 fois par jour, tout
particulièrement sur le saillant Nord du secteur.
Un bataillon territoriale
(135è) vient prendre le service pour s'aguerrir. Deux compagnies restent
en réserve du régiment au P.C. du 78ème.
Une compagnie
du régiment va cantonner au Camp de Châlons. La relève se fait
sans incident.
Une petite
opération de nuit a été faite vers minuit. Cette petite opération
très brève conduite par un sous-officier intelligent aurait pu permettre
de faire des prisonniers, si un bruit produit par les cartouches d'un
homme n'avait donné l'éveil à une patrouille ennemie.
État des
pertes: 1 blessé.
Le 20
octobre, journée sans incident.
Le soir, le
bataillon territorial fournit une compagnie dans les tranchées dans
chaque bataillon. Par suite, 2 compagnies du 78è viennent en demi-repos
au P.C. du 78è et une compagnie au repos complet au Camp de Châlons.
Le 21
octobre, journée sans incidents.
L'artillerie
allemande continue à tirer sur le saillant Nord du bataillon du centre.
L'artillerie française ne tire pas.
Les Allemands
donnent l'impression de gens qui ne se gênent pas. On les entend crier,
chanter, ils font même de la musique.
Le bataillon territorial
du 135è est rentré au Camp et est remplacé par un bataillon du
134ème. Ce bataillon est employé aux tranchées comme le précédent.
Un bataillon
du 30ème vient relever le 2ème bataillon (Costeur) qui va cantonner au Camp
de Châlons.
État des
pertes: 1 tué, 2 blessés.
Le 22
octobre, journée sans incident.
Le bataillon
territorial (134è - Cdt Guillaumat) relève dans les tranchées deux
compagnies du 78è, les 2 autres sont en réserve de 1ère ligne.
Deux compagnies du 78è viennent au demi-repos au P.C. du 78è.
Le 2ème bataillon et la compagnie du 1er restent au Camp de Châlons.
Le 23
octobre, journée sans incident.
Dans les
différents secteurs on continue l'amélioration du profil des tranchées,
les défenses accessoires sont développées, on crée des boyaux de
communication. Enfin, aussi bien à la réserve que dans les tranchées,
on travaille à l'amélioration des abris en vue de la mauvaise saison.
Toutes ces améliorations ne peuvent se faire que lentement, en raison du
manque de moyens de transport (de Mourmelon au P.C.), de la
difficulté de travailler dans les tranchées, sans créer un but au tir
de l'artillerie et de la mousqueterie ennemies.
En exécution
d'une note du lieutenant-colonel commandant la 45ème brigade, les
relèves se feront ainsi:
-le bataillon Bourillet du 135ème Territorial remplacera le bataillon
Thérond du 78ème à la gauche du sous secteur de gauche,
-le bataillon Costeur du 78è remplacera au centre du sous-secteur de
gauche le bataillon de Turenne du 300è,
-le 6ème bataillon du 300ème remplacera le bataillon d'Arailh du 78è à
la droite du sous-secteur de gauche,
-le 2ème bataillon du 78è devra être rendu à 19h au plus tard à la
route de Reims pour procéder à la relève du 5è bataillon du
300ème,
-les 3ème et 9ème compagnies ne quitteront leurs emplacements que
lorsque leurs bataillons auront été relevés,
-le bataillon Guillaumat ne rentrera à Mourmelon que lorsque
toutes ses compagnies auront été relevées,
-les sections de mitrailleuses du 3ème bataillon du 78ème resteront dans
les positions actuelles.
Le repos du
personnel sera organisé par demi-équipe, une demi-équipe étant aux
tranchées, l'autre à Mourmelon. La nourriture de ces
demi-équipes, lorsque le bataillon ne sera pas aux tranchées sera
assurée par la C.H.R..
Le cantonnement pour les 1er et 3ème bataillons au Camp sera
assuré par le commandant Thérond qui enverra dans la journée un
officier à cet effet.
Il est arrivé
à Mourmelon un détachement de ravitaillement en hommes,
comprenant: 2 officiers, 14 sous-officiers, 8 caporaux, 182 soldats.
Le 24
octobre, journée sans incident.
Assez forte
fusillade entre 23h et minuit à l'ouest du secteur. Pas de relève.
Le 25
octobre, journée sans incident.
Dans la nuit,
une attaque s'est produite dans le secteur:
1) sous-secteur de droite
(300è d'infanterie)
Une fusillade a eu lieu dans ce secteur vers 23h30. Elle a été,
parait-il, provoquée par une patrouille ennemie. La compagnie de droite
et celle du centre ont seules pris part à cette fusillade.
Fusées éclairantes de l'ennemi et quelques obus.
Sur la demande du commandant du sous-secteur, l'artillerie française est
prévenue qu'une attaque sérieuse est possible.
Vers 1h45
deuxième attaque: une patrouille allemande d'une dizaine d'hommes a été
rencontrée par une patrouille de la compagnie de droite qui, après
l'avoir arrêtée et reconnue a tiré dessus.
Fusillade générale sur le front de la compagnie. D'autre part le
capitaine de la compagnie du centre a vu une ligne de tirailleurs de la
force d'une demie section à 200 m environ de la ligne.
Devant la compagnie de gauche qui a un petit poste en avant de la ligne,
les Allemands n'ont pas dépassé le bois occupé par le petit poste qui
d'ailleurs en entendant la fusillade s'était retirée.
En résumé, il est incontestable que, s'il n'y a pas eu attaque au sens
propre du mot, il n'en est pas moins vrai que les Allemands ont fait
preuve sur ce point du secteur d'une certaine activité. Les mitrailleuses
n'ayant pas eu de but sérieux n'ont pas tiré.
2) secteur du centre (capitaine Costeur). Le capitaine
Costeur a vu des patrouilles ennemies à 400m environ de la ligne, elles
ont tiré puis se sont retirées dès que notre ligne a riposté. Le feu
s'est déclenché immédiatement après dans les tranchées allemandes.
L'artillerie allemande a tiré tout particulièrement sur ce secteur et
non sans succès.
Dès que notre artillerie a commencé à tirer, celle de l'ennemi s'est
arrêtée. Les mitrailleuses conformément à l'ordre formel que le capitaine
Costeur leur avait donné avait donné afin de ne pas révéler leur
emplacement n'ont pas tiré.
3) dans le secteur de gauche (commandant Guillemat du 134è) il semble
bien que le tir a été déclenché par le manque de sans froid de
quelques hommes. Le tué et le blessé ont pu l'être par des balles de
leurs camarades qui auraient tiré dans des obligations trop obliques. Ces
faits ne se reproduiront lorsque les bataillons de territoriaux seront
familiarisés avec leurs secteurs. Seul le commandant de la 8ème
compagnie a pu maintenir ses hommes et les empêcher de tirer.
A la décharge de ce bataillon il faut avouer que la nuit (la 1ère qu'il
passait dans la tranchée) se prêtait bien à des surprises. L'obscurité
complète, coupée par moments des éclats des projecteurs, boules
éclairantes, vent très violent qui empèchait de savoir ce qui se
passait à côté, même à petite distance, enfin tir de l'artillerie
ennemie.
Les pertes de
ce jour, dans la nuit du 25 au 26 et dans la matinée du 26:
au 78ème: 1 officier tué
(sous-lieutenant Vergeron, élève de St-Maixent), 1 homme tué, 12
blessés.
au 134ème: 1 tué, 1 blessé.
Le 26
octobre, journée sans incident.
L'artillerie
de 90 tire sur les tranchées allemandes. Le tir est parfaitement réglé.
Les 1er et
3ème bataillons relèvent dans les tranchées le 2ème bataillon du
78ème et le 6ème bataillon du 300è.
Le 27
octobre, l'artillerie de 90 continue son tir sur les tranchées
ennemies.
Vers 9h, à la suite d'une salve, on voit distinctement en avant de la
partie gauche du secteur, des Allemands quitter leurs tranchées et se
replier en arrière dans un bois de sapins.
Soirée sans
incident.
Le 28
octobre, le général commandant l'Armée cite à l'ordre de l'Armée
( n° 105 en date du 21 octobre):
- Chef de Bat Gaudriault: a été tué le 28 août 1914 à la
bataille de Raucourt, au moment où il se dressait dans une tranchée pour
crier "bravo la 9ème !" à une de ses compagnies qui
sous son ordre prononçait un mouvement en avant et qu'il tenait à
encourager.
- Capitaine Meulet. Le 28 août
à la bataille de Raucourt a chargé à la tête de sa compagnie et malgré
la violence du feu est arrivé à quelques pas des mitrailleuses ennemies dissimulées
à une lisière et couverts par des fils de fer barbelés; blessé
grièvement et disparu.
- Capitaine Remliger. A fait
preuve de la plus grande ténacité le 28 août et finalement a été
blessé d'un éclat d'obus à la tête.
Caporal réserviste Deffreix.
Caporal réserviste et prêtre, a par son attitude arrêté un mouvement
de repli de ses hommes, accomplissant en même temps son ministère
religieux auprès de ceux qui étaient grièvement blessés.
- Médecin aide-major de 2ème
classe de réserve Magrangeas. Malgré un feu très violent, a soigné
plus de 60 blessés au cours même des combats de Châtel-Raould les 7 et
8 septembre.
- Sous-lieutenant Dupêcher. Le
28 août, à la bataille de Raucourt, blessé d'une balle au tendon d'achille
vers 9h, a conservé le commandement de sa section et l'a exercé avec
calme et courage malgré la douleur et la difficulté qu'il éprouvait à
marcher.
- Adjudant Frémon. A fait
preuve de la plus grande bravoure et de réelles qualités de commandement
le 28 août au combat de Raucourt.
- Adjudant de réserve
Soury-Lavergne. A fait preuve le 28 août et les 7 et 8 septembre d'un
merveilleux sang-froid au feu, en s'exposant lui même pour encourager les
hommes et les entraîner. A fait tous ses efforts pour sauver son chef de
bataillon blessé et a été blesé lui-même en l'enlevant de la ligne de
feu.
- Soldat Couloumy.
Très belle conduite au feu le 28 août au combat de Raucourt au cours
duquel il a été blessé.
Rien à signaler.
Le bataillon Costeur
(2ème bataillon) relève dans le sous-secteur du centre le bataillon
Thérond.
Le 29 octobre,
RAS.
Le bataillon Bedin
(300è) relève dans les tranchées le 1er bataillon.
Le bataillon Thérond (3ème bataillon) au cantonnement à Mourmelon
reçoit l'ordre de se porter en réserve à Jonchery en prévision
d'une attaque qui doit être faite par la 46ème brigade au nord-Est de ce
village. Il doit être rendu à 6h à ce point.
Le 30 octobre,
l'attaque de la 46ème brigade a lieu. Toute la journée on entend la
canonnade.
RAS en avant de notre
secteur.
Le commandant
Bourillet (135ème territorial) relève dans le sous-secteur de gauche le
commandant Huard du 135ème territorial.
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Le 30
octobre vu par le capitaine Campagne du 3ème bataillon du
107ème régiment d'infanterie.
Comme mon bataillon
connaissait le terrain, je fus invité à recommencer le 30 octobre. Le
mouvement devait être appuyé, à ma droite, par la 60ème division. Le
29, je fus convoqué à une conférence présidée par le général de
Langle, avec un aréopage de généraux et de colonels et les hauts
représentant de l'artillerie. Le général annonça son intention de
poursuivre cette "offensive" après ses premiers résultats
heureux. Les généraux opinèrent du képi, sauf le commandant de la
60ème division, dont l'avis de tourner la position ne retint pas
l'attention. Puis brusquement, le grand chef me demanda mon avis.
J'indiquai que, s'il s'agissait d'une offensive profonde, on partait d'un
trop petit front; que mes voisins, bien distants derrière moi auraient à
faire le dur chemin que j'avais parcouru le 12; qu'enfin, si on voulait
porter en avant nos lignes, on pouvait le faire la nuit, par surprise, et
se trouver au matin en mesure de se défendre sur une nouvelle base de
départ, qu'on améliorerait ensuite. Au moins n'en coûterait-il que la
peine.
Mais le général était pressé, et il nous congédia en me disant :
"Je compte que dans trois jours vous me ferez coucher à
Saint-Souplet."
(je n'ai jamais su si le général de Langle avait parlé sérieusement.
Saint-Souplet était à 15 kilomètres au nord et fut occupé par les
français en octobre 1918.)
Devant mon front, l'opération ne donna rien, sinon de nouvelles
tranchées à creuser... et de nouvelles tombes. La 60ème division fit
moins encore.
...
Le commandement ne
renonça pas pour si peu à ces "attaques expérimentales" (le
mot n'est pas de moi !) et mis autant d'acharnement à attaquer le point
que l'ennemi montra de ténacité dans sa défense. Mais le bataillon ne
participa pas à ces nouvelles tentatives.
( ce saillant maudit ne devait tomber qu'au cours de la bataille de
Champagne de septembre 1915. Encore, sa prise dut-elle coûter fort cher.
Me trouvant en 1917 dans un secteur voisin, je vins le visiter. Le bois
avait été rasé par la canonnade. Tout auprès, une pyramide s'élevait,
au milieu des tombes, à la mémoire de ceux du 44è qui en vinrent à
bout. Des noms et des chiffres étaient inscrits sur la pyramide, et, en
tête, ceux du colonel, des trois chefs de bataillon et du médecin-major
!)
Le combat du 30
octobre me révéla une diminution de valeur manœuvrière dans les
unités, qui se traduisit par un accroissement de pertes. La cause
principale était la médiocre préparation des renforts.
Certes, les hommes firent preuve de leur courage et de leur entrain
habituel. Mais, soit manque de sang-froid, soit défaut d'instruction, ils
se ramassaient en paquets au cours de l'assaut et allaient se jeter les
uns sur les autres pour tomber en tas sous les balles ennemis.
...
Il fallait donc bien
poursuivre l'instruction des soldats, même réputés aguerris par les
combats précédents, et j'imposait dès lors un exercice journalier dans
les périodes de repos même les lus brèves. Cela n'allait pas sans
difficultés. Force nous était bien de tenir compte de l'humeur des
soldats qui, naturellement, eussent préféré avoir la paix au retour des
tranchées.
Je finis par le faire accepter de bon gré, non comme une brimade, mais
comme une assurance sur la vie.
...
Nous prenions nos
repos dans les baraquements du camp de Châlons. Mourmelon-le-Grand et les
abords du camp étaient infestés d'une population d'indésirables qui,
malgré la surveillance de l'autorité militaire, empoisonnait le séjour
des troupes par la vente clandestine d'alcools et de vins frelatés, ce
dont le bon ordre et l'hygiène avaient également à souffrir.
En exigeant une discipline stricte, je n'entends pas dire que certains de
ces détails du temps de paix ne dussent pas être balayés. Il fallait,
en effet, une assez large tolérance sur la tenue, surtout à ce moment:
l'usure des effets neufs, portés pendant plusieurs mois jour et nuit,
l'emploi de lainages divers imposé par la saison rigoureuse, la
fourniture des vêtements variés de types et de couleurs, suivant
d'inexplicables initiatives, contribuèrent à donner aux régiments,
surtout dans l'infanterie, un aspect bigarré plus propre à inspirer le
génie de nos modernes Raffet, qu'à développer le goût d'une tenue
correcte.
Ce n'était déjà pas négligeable. Mais le danger du bistro était
autrement redoutable.
S'il est vrai, et je n'en crois rien, que "boire est une
aspiration de l'âme", c'est une calamité pour les armées.
L'homme était réduit, en présence de l'ennemi, à la ration modeste
offerte par l'intendance; quand il revenait au repos, il avait une
tendance naturelle à se compenser. La satisfaction peu reluisante d'une
soûlerie n'était certainement pas à la mesure de l'esprit de sacrifice
dont il savait faire preuve. Aussi fallait-il moins s'en prendre aux
buveurs qu'aux bistros qui foisonnaient avec une surprenante facilité.
Expulsés, ils renaissaient, comme le Phœnix, des débris de leurs
futailles vides, à la moustache des prévôts.
Ils avaient jusque dans le Parlement des protecteurs tenaces qui, pour
permettre aux marchands de vins de l'arrière de tenir,
préférèrent voir flageoler les défenseurs du Pays.
*1
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Le 31 octobre,
une petite opération de nuit a eu lieu dans le sous-secteur du
300è.
Une patrouille d'un adjudant et 15 hommes s'est avancée de l'extrémité
droite du sous-secteur dans la direction de Auberive-Vaudesincourt.
Elle a remarqué de nombreux cadavres allemands en état complet de
putréfaction. La ligne est sévèrement gardée par de nombreux postes
d'écoute. Les tranchées sont toutes occupées.
Le 3ème bataillon est
rentré à Mourmelon, mais la relève du bataillon Costeur est
ajournée en raison de la fatigue qu'à éprouvé le 3ème bataillon.
Le 1er bataillon a reçu l'ordre de se rendre à Jonchery dans les
mêmes conditions que la veille le 3ème bataillon.
Le lieutenant-colonel
de Montluisant, commandant provisoirement la brigade reprend le
commandement du régiment exercé depuis le 17 octobre par le commandant
Tatin.
État des pertes: 2
blessés.
Du 1er au 6 novembre,
journées sans incidents.
Relèves journalières
entre les 1er (d'Arailh), 2ème
(Costeur), 3ème (Thérond) bataillons du 78ème régiment d'infanterie,
le 6ème bataillon (Bedin) du 300ème,
le bataillon Haramboure du 132ème régiment d'infanterie territorial,
les 1er et 2ème bataillons (Bourillet, Videau) du 135ème régiment
territorial.
entre le P.C., Jonchery, Suippes, Mourmelon.
État des pertes pendant cette période: 2 tués, 5 blessés.
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Le 7 novembre,
pendant la nuit et la journée les Allemands ont poussé de nombreux
"Hurrah."
Le soir vers 19h, un
bataillon voisin (326è) ayant poussé des vivats, les Allemands ont cru
à une attaque et ont commencé le feu.
Le bataillon territorial (partie gauche du sous-secteur) a riposté et la
fusillade s'est étendue sur tout le front.
L'artillerie ennemie a tiré quelques coups de canon.
Notre artillerie est intervenue et a lancé une trentaine d'obus en avant
du sous-secteur.
Cette intervention a fait cesser le feu des Allemands qui ne sont point
sortis des tranchées.
A 20h, tout était rentré dans le calme.
Un détachement venant
du dépôt est arrivé à Mourmelon. Il comprend: 1 officier, 6
sous-officiers, 8 caporaux, 193 soldats.
État des pertes: 1
disparu.
Le 8 novembre,
le général commandant la 46ème brigade a visité les tranchées. Il a
constaté l'importance des travaux faits et a recommandé de poursuivre
l'installation des abris.
Le général
commandant la 23ème division d'infanterie est venu lui même visiter les
tranchées. Il s'est rendu dans la partie Est du sous-secteur ( 1er
bataillon).
Le 9 novembre,
dans le secteur on poursuit les travaux.
Les défenses accessoires établis sans plan sont cependant sérieuses.
Les tranchées qui ont été faites par transformations successives
représentent un gros travail. Si elles n'échappent pas à des critiques
de détail, elles n'en constituent pas moins un obstacle formidable.
On a crée des boyaux de communication, des feuillées, etc, etc...
Un détachement de
ravitaillement en hommes, venant du dépôt, est arrivé à Mourmelon.
Il comprend: 2 officiers, 13 sous-officiers, 17 caporaux et 270 soldats.
Du 10 au 13 novembre
,
journées sans incidents.
relèves journalières
entre les bataillons des régiments cités plus haut.
État des pertes pendant cette période: 3 tués, 12 blessés.
Le 14 novembre,
aucun incident.
Le bataillon Videau du 135è territorial relève le bataillon Bourillet du
même régiment.
On installe dans la
partie centrale du sous-secteur un projecteur à acétylène. On fait
l'essai de fusées éclairantes. On travaille ferme à l'installation des
abris en vue de l'hiver.
Le 15 novembre,
le 1er bataillon (d'Arailh) du 78è relève le bataillon Bedin du 300ème.
On installe dans la
partie gauche du sous-secteur un phare.
On met à l'essai dans tout le secteur, le bouclier de tranchée en
métal.
"Les plaques de
tranchée, placées sur le parapet de la tranchée, permettent par leur épaisseur
d'être à l'abri des tirs et éclats de l'ennemi tout en pouvant
l'observer et lui tirer dessus par l'orifice de cette plaque. les premières
plaques sont une invention allemande (dès 1914) avec le Sturmshild : de
forme arrondie en son sommet, orifice rond sans volet; vient ensuite une
deuxième génération de plaques (Infanterieschild) qui sont étudiées pour
être autant des boucliers de tranchée que des boucliers d'infanterie
transportables (jamais vu sur photos d'époque). Elles sont plus épaisses
et comportent un volet pivotant devant l'orifice. Ces plaques peuvent être
aussi bien fabriquées chez Krupp à Essen que dans les fonderies à
l'arrière du front, on retrouve aussi des modèles de confection
artisanale... Les plaques sont à la base peintes en feldgrau voire
camouflées. Seront aussi produites des plaques dérivées des françaises
: sans béquille et sans volet.
Au départ l'orifice est centré au milieu de la plaque, puis il sera
décalé pour une meilleure protection du tireur."
source:
lagrandeguerre.cultureforum.net
Les petites
opérations de nuit (patrouilles, embuscades, etc...) effectuées dans le
sous-secteur, prouvent que l'ennemi est très vigilant.
La canonnade ennemie
qui nous a fait une soixantaine depuis notre arrivée dans le sous-secteur
semble se ralentir depuis deux jours.
État des pertes: 1
blessé.
Du 16 au 24 novembre,
aucuns incidents dans le sous-secteur.
Les compagnies poursuivent l'installation pour l'hiver.
État des pertes pendant cette période: 1 tué, 1 blessé.
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- cette
journée vue par Edmond
|
Le 21
novembre.
Attaque à Jonchery, le 107ème a l'ordre de marcher. Partis de
Mourmelon vers 23 heures, nous arrivons près de Jonchery vers 3
heures du matin. Suivant les instructions données la veille, nous
déposons nos sacs dans un champ situé sur le bord de la route; un
caporal et un soldat malade restent pour surveiller ceux de la
compagnie. Nous passons en sautoir nos couvertures et toiles de
tente préalablement roulées à cet effet, et en route pour
l'attaque... "pour la boucherie" disent quelques-uns et
leurs impressions correspondent à la pensée de chacun de nous,
même de nos officiers. En effet il est inutile de se faire des
illusions, quel qu'en soit le résultat, l'attaque sera très
meurtrière.
Nous partons: après avoir piétiné sur la route un moment, le bataillon
se met sérieusement en marche. Nous traversons Jonchery et passons
à travers champs pour aller jusqu'aux tranchées, point de départ
de l'attaque. A cause de la boue, la marche est très pénible,
surtout au passage du petit ruisseau près duquel nous étions
déjà venu le 29 octobre. Ce ruisseau passé, nous nous engageons
dans un long boyau, tantôt très étroit, tantôt très large qui
conduit aux tranchées. Enfin nous voici arrivés; chaque section
prend sa place, 1ère et 2ème dans une étroite tranchée creusée
en avant de la tranchée principale, 3ème et 4ème dans cette
dernière. Sur notre droite, la 12ème est disposée de la même
façon. L'artillerie tire sans cesse pendant une heure et au moment
voulu la 2ème doit donner l'assaut aux tranchées ennemies, mais
pendant ce temps l'artillerie doit allonger son tir et tirer sur les
réserves ennemies.
Les sections arrières doivent passer sur notre boyau à nous,
grâce à des ponts en planches disposés à cet effet. A deux
endroits, la tranchée occupée par notre section est détruite volontairement
pour nous permettre d'en sortir rapidement au moment voulu. Nous
sommes, dit-on, à 150 mètres des Allemands. Notre lieutenant donne
les dernières instructions. Nous déjeunons.
A 8h30, le canon commence à tonner; 75, 90 et 230 entrent dans la
danse. L'artillerie ennemie envoie quelques obus qui éclatent tout
orès de nous, mais bientôt elle se tait. A 9h30, l'heure fatidique
a sonné.
Sur notre droite nous voyons le 63ème avancer, tomber et reculer;
ce n'est guère encourageant, mais l'heure est arrivée et il faut
partir. Nous partons bien que nous entendions sur notre droite les
mitrailleuses ennemies commencer leur oeuvre destructrice. La course
dans le terrain détrempé est pénible et nombreux sont ceux,
essoufflés, à bout de forces qui doivent, avant d'atteindre la
tranchée ennemie, se terrer dans quelques trous d'obus. Déjà,
grand nombre derrière nous sont tombés, tués ou blessés. Dans un
nouvel effort, avec quelques camarades, nous atteignons la tranchée
ennemie. Les 75 ont si bien travaillé que du réseau de fils de fer
qui les protège, il n'y a plus de traces.
Quelques mètres avant d'arriver à la tranchée, j'ai le bras droit
traversé par une balle. Les premiers arrivés ont tué ou blessé
des Allemands qui sont encore dans la tranchée. Mais sur notre
droite nous voyons des casques à pointe se mouvoir et chercher à
avancer pour commencer leur mouvement d'enveloppement. Pour parer,
mes camarades tirent, mais les balles ennemies font des ravages
parmi nous; la tête traversée, il y en a trois qui s'écroulent
successivement les uns sur les autres à mes côtés. La compagnie
est renforcée par quelques arrivants de la 10ème venus avec leur
capitaine. Mais à force de tirer les cartouches vont commencer à
manquer. Étant blessé au bras droit et ne pouvant tirer, j'enlève
mon équipement de la main gauche et je distribue mes cartouches aux
camarades, je leur donne aussi celles des blessés ne pouvant se
servir de leurs bras. Cependant, malgré tous nos efforts, après
six heures de combat, les Allemands faisant de gros sacrifices et
preuve de grand courage, réussissent à nous envelopper. Très
rapprochés maintenant, ils nous lancent des grenades. Le capitaine
de la 10ème compagnie commande la résistance.
Mais bientôt c'est fini. Les Allemands apparaissent sur le bord des
tranchées, il faut se rendre si l'on ne veut pas être égorgés
bêtement. Officiers et soldats devons nous résigner à prendre ce
partie. Les Allemands sautent dans les tranchées; voyant que nous
nous rendons, ils nous épargnent.
Après nous avoir déséquipés rapidement, ils nous aident à
monter sur la tranchée pour nous diriger sur leur boyau d'arrière.
Sur le plateau, les balles et les boulets sifflent. Nous craignons
d'être tués par des boulets français.
(il est à noter
que cette attaque n'est évoquée ni dans le "journal" du
107ème R.I. ni dans celui du 63ème...sans doute "une petite
opération"...) |
Le 25 novembre,
le général commandant en chef a fait à la date du 2 novembre 1914, dans
l'Ordre de la Légion d'Honneur, les propositions et nominations
suivantes:
- Officier: Mr Dagues, chef de bataillon du 78ème d'infanterie.
"Très brillante conduite depuis le début des opérations, notamment
pendant la bataille de la Marne où il a été blessé très grièvement
le 8 septembre."
- Chevalier: Mr Causse, capitaine au 78ème rgt d'inf. "Le 28 août,
sous un feu intense de mitrailleuses, de mousqueterie et d'artillerie,
s'est exposé en première ligne pour maintenir ses hommes et a été
blessé de deux balles."
Par ordre général
n° 126, en date du 7 novembre 1914, le général commandant la IVème
Armée cite à l'ordre d l'Armée le:
- Capitaine Teilhac, du 78è régiment d'infanterie. "le 28 août, a
fait preuve de bravour dans la conduite de sa compagnie et a reçu 4
blessures."
Aucun incident dans le
secteur.
Le 3è bataillon (Thérond) du 78è relève ce soir le 2è bataillon (Costeur)
du même régiment.
Le 26 novembre,
par décret, en date du 1er novembre 1914, sont promus au grade de
capitaine à titre définitif et maintenus au 78è régiment d'infanterie:
M.M Trapé, Chabauty, Mayaud, capitaine à titre temporaire.
Par décision
ministérielle du 4 novembre 1914, les promotions et nominations à titre
temporaire et pour la durée de la campagne ci après sont approuvées:
au grade de Lieutenant de réserve ( et maintenus à dater du 23 septembre
1914):
M.M Champeaux, Rieux, Besse, sous-lieutenant de réserve au 78è régiment
d'infanterie.
Par décision
ministérielle du 9 novembre 1914, les promotions et nominations à titre
temporaire et pour la durée de la campagne ci après sont approuvées:
au grade de sous-lieutenant ( et maintenus à leur corps à dater du 9
septembre):
M.M Bourgnet, adjudant chef; Carrère, sergent; le Roy, adjudant; Léoquet,
adjudant chef.
au grade de
sous-lieutenant (et maintenus au 78è à dater du 21 septembre):
M.M Frémon, adjudant chef; Thomas, Fontanié, adjudants chefs; Barlier,
Auboueix, adjudants.
Aucun incident dans le
sous-secteur.
Le bataillon Berbie du 135è T relève le bataillon Bourillet du même
régiment à la gauche du sous-secteur.
État des pertes: 1 blessé, 1 disparu (déserteur)
Le 27 novembre,
journée sans incident.
Le 1er bataillon (d'Arailh) relève le 6è bataillon (Bedin) du 300è à
la droite du sous-secteur.
La musique du
régiment joue l'Hymne Russe et la Marseillaise au nord du P.C.. On y
répond des tranchées françaises par de frénétiques vivats en
l'honneur des Russes.
État des pertes: 2
blessés.
Du 28 novembre au 2
décembre,
aucuns incidents.
Relèves habituelles
Le 3 décembre,
il est envoyé, une nuit sur deux, des patrouilles chargées de porter à
proximité des Allemands des invitations à la désertion. Les Allemands
ripostent en nous envoyant des récits de victoires imaginaires sur les
Russes. Ils y joignent des invitations à nous séparer des Anglais,
"ces chiens d'anglais" comme ils disent. On voit qu'il y
a un mot d'ordre dans ce sens.
Le lieutenant Rieux a
été tué par un obus en avant du saillant du sous-secteur. Il était
sorti de la tranchée pour aller avec un de ses camarades reconnaître
l'emplacement d'une batterie d'artillerie qui tirait sur le saillant.
Relève habituelle.
État des pertes: 1
officier tué.
le 4 décembre,
journée sans incident.
Relève habituelle.
Le 5 décembre,
le Général Commandant la IVème Armée cite à l'ordre de l'Armée les
officiers et hommes de troupe dont les noms suivent, à la date du 14
décembre 1914:
- Sous-lieutenant de réserve Champneuf. "Très brillante conduite
habituelle et notamment au combat du 30 septembre où il a été atteint
de huit balles."
- Caporal Peyrot. "blessé au combat du 23 septembre, a continué à
porter les ordres comme agent de liaison sur le champ de bataille pendant
plusieurs heures."
- Soldat Garraud. " le 28 août, blessé au pied, a rejoint, après
avoir été pansé ses camarades, malgré une deuxième blessure reçue en
cours de route. A été blessé une troisième fois en se portant à
l'assaut avec sa compagnie.
- Soldat Desplats. "le 28 août, est allé chercher sous le feu son
capitaine blessé et l'a ramené. Blessé mortellement le 26
septembre."
Relève habituelle.
Du 6 au 11
décembre, relève habituelle. Aucun incident.
Le 12 décembre,
par décision ministérielle en date du 17 novembre 1914, les promotions
et nominations à titre temporaire et pour la durée de la campagne
ci-après sont approuvées.
- au grade de Capitaine de réserve et maintenus en date du 14 octobre Gay
et Jouany, lieutenants de réserve au 78ème.
Relève habituelle.
Le 13 décembre,
aucun incident.
La musique du
régiment joue, à la nuit tombée au nord du P.C. en l'honneur de la
victoire navale des Anglais sur les Allemands et des succès des Serbes
sur les Autrichiens.
(note: certainement la bataille des Falkland du 8 décembre 1914 - La
bataille des Falkland est une bataille navale de la Première Guerre
mondiale qui eut lieu au large des îles Malouines. L'escadre des
croiseurs est-asiatique allemande, aux ordres du vice-amiral
Maximilian von Spee, victorieux le mois précédent à la bataille de
Coronel, y fut anéantie par les forces de l'amiral Frederick Charles
Doveton Sturdee. Cette victoire écrasante de la Royal Navy mit fin à
tout espoir allemand de menacer la navigation commerciale dans l'Empire
britannique, autrement qu'avec des moyens sous-marins.)
Relève habituelle.
du 14 au 17
décembre, aucun incident. Relève habituelle.
État des pertes
pendant cette période:
1 tué.
Le 18 décembre
à 11h30, le régiment reçoit l'ordre de relève. Il est remplacé dans
les tranchées par i bataillon du 300è et 2 bataillons du 136ème
territorial.
à 22h, la relève est
terminée et le régiment va cantonner à Mourmelon-le-Grand.
Le 19 décembre,
RAS. Le régiment conserve le même cantonnement. RAS.
Le 20 décembre,
en exécution de l'ordre de la brigade du 20 décembre 1914, le régiment
doit participer le 21 à l'attaque des psoitions ennemies au nord de Jonchery.
Le 78ème ira prendre pendant la nuit les emplacements qu'il doit occuper
pour l'attaque du 21.
Départ du Camp
à 23 heures dans l'ordre des bataillons 3 - 2 - 1.
Parti dans l'ordre indiqué, le régiment, après une marche des plus
fatigantes dans la boue, arrive à Jonchery vers 3h et est dirigé
sur les tranchées.
Effectif: 56
officiers, 3477 troupe, 214 chevaux.
Le 21 décembre,
les bataillons du régiment sont en place à 5h30 du matin:
- le 3ème bataillon dans les tranchées de
départ et les tranchées de 1ère ligne,
- le 2ème bataillon en réserve; sa 1ère
compagnie en tête, à l'entrée du boulevard Albert Ier,
- le 1er bataillon en réserve, derrière un
bataillon du 63ème chargé de l'attaque du saillant B.
à 9h25, au moment où
l'assaut va se produire, le lieutenant-colonel de Montluisant et le
commandant Thérond du 3ème bataillon sont blessés et passent le
commandement au commandant Tatin et au capitaine Teilhac.
à 9h30, après un tir
préparatoire de l'artillerie, les 9ème et 12ème compagnies accolées se
sont élancées en avant à l'assaut du saillant C. La 9ème
compagnie était entraînée par le capitaine Chebroux, la 12ème
compagnie par le lieutenant Champeix. Ces deux officiers sont tués avant
d'arriver à la moitié du trajet, mais nombre de gradés et d'hommes
arrivent aux tranchées ennemies. On les voit distinctement s'élancer sur
le parapet.
Un grand nombre d'hommes est resté sur le terrain dans la marche en
avant, en particulier devant le réseau de fil de fer.
Dès que la direction de l'attaque a été dévoilée par la marche en
avant, un feu intense de mousqueterie et de mitrailleuses venant de la
partie Ouest du saillant B bat le terrain qui précède le saillant
C.
La 10ème compagnie (capitaine Cahuzac) s'élance cependant en avant,
entraînée par le capitaine qui selon son habitude montre une énergie
farouche. Cependant, la vue de nombreux camarades tombés fait hésiter
une section qui ne suit pas immédiatement le mouvement et gêne pendant
quelques instants le déclenchement de la 11ème compagnie (
Sou-lieutenant Fourtanie). Cette dernière compagnie part cependant mais
les têtes de colonne sont littéralement fauchées, ce qui fait reculer
beaucoup d'hommes alors que d'autres affolés se jettent à terre.
Néanmoins, beaucoup d'hommes progressent très loin, et un certain
nombre, après un arrêt parvient à la tranchée.
Des blessés se traînent en arrière avec des hommes revenus en arrière.
à 10h15, la tranchée
parait occupée, mais aucun signal, aucun indice ne montre que les nôtres
l'occupent.
vers 11h30, un caporal
en se traînant à genoux arrive de la tranchée. Il porte un mot très
laconique du capitaine Cahuzac disant:
"je suis dans la tranchée avec 150 hommes, je suis blessé, mais
j'ai toute mes idées, je commence un boyau de communication avec vous,
faites en autant."
Des ordres sont donnés pour commencer le boyau et pour faire marcher en
avant tout le 2ème bataillon.
Quelques instants après, le sous-lieutenant Auboueix, de la 11ème
compagnie, qui après la mort du sous-lieutenant Fourtanie, commandant la
compagnie, a pris le commandement et, avec une belle énergie a fait
progresser ses hommes jusqu'aux fils de fer, vient rendre compte qu'il a
été refoulé et que les Allemands qui ont repris possession de la
tranchée l'ont empêcher d'y pénétrer.
Dans l'intervalle qui s'était écoulé entre le départ du caporal (il
était venu en se traînant) envoyé par le capitaine Cahuzac et
l'arrivée du sous-lieutenant Auboueix, les Allemands avaient fait un
retour offensif précédé, disent quelques uns, d'un tir d'artillerie (en
fait, ils s'agissaient de grenades.) et s'étaient emparés de la
tranchée occupée par nous.
Le sous-lieutenant Auboueix repart une 2ème fois avec ce qu'il a pu
réunir d'hommes de sa compagnie et se fait tuer avant d'arriver aux fils
de fer.
Le commandant du 2ème bataillon (capitaine Costeur) a fait progresser sa
compagnie de tête (la 6ème), mais sous l'intensité de la mousqueterie,
il a été impossible de la porter en masse.
à 13h, les Allemands
sortent des tranchées pour se porter contre les hommes du 3ème bataillon
qui sont arrivés jusqu'à quelques mètres des réseaux. Ce mouvement en
avant des Allemands est facilement repoussé par les nôtres qui, en les
voyant prononcent un mouvement offensif vigoureux.
Les clairons sonnent la charge et le capitaine Costeur aidé du commandant
du régiment et de tous les gradés, fait porter tout ce qui est
disponible en avant.
La 6ème compagnie se signale par son entrain, elle perd trois officiers (Frémon,
Auclair, Renaudie). Le feu de l'artillerie allemande qui, le matin,
n'avait pas été très dense, redouble d'intensité; les obus de 105
éclatent sur les tranchées et légèrement en avant avec une remarquable
précision, font de nombreuses victimes et barrent la route au 2ème
bataillon.
Le capitaine Costeur est grièvement blessé. Toutes les troupes qui se
portent en avant sont prises d'enfilade par le saillant B.
Toutes les fractions qui se sont portées en avant se sont arrêtées et
les hommes cherchent à se terrer.
Malheureusement, un grand nombre de fractions sont privées de leurs chefs
et les hommes ne se maintiennent pas sur la position conquise.
à 16h, le Général
de Division annonce qu'il met un bataillon (le 1er) à la disposition du
commandant du régiment.
L'intervention de ce bataillon ne pourrait rien changer à la situation.
Les occupants du saillant B continuent à tirer en toute sécurité
sur les assaillants du saillant C et rendent la marche en avant
impossible.
Au moment où ce bataillon allait essayer d'intervenir sur la droite, sans
aucune chance de réussite, on reçoit l'ordre de prendre des dispositions
pour la nuit.
Les quelques hommes
restant du 3ème bataillon occupent une partie de la tranchée de départ.
Cette ligne est occupée à gauche par le 3ème bataillon; à droite par
une compagnie du 1er bataillon; les trois compagnies du 1er bataillon sont
disposées dans des boyaux, prêtes à intervenir en cas de besoin.
Si l'occupation du saillant
C n'a pu être maintenue, on ne peut l'attribuer qu'à l'intensité du
feu de la mousqueterie allemande provenant de la partie Ouest du saillant
B pendant toute la journée et à l'artillerie ennemie dans
l'après-midi.
Le nombre d'hommes arrivés dans la tranchée n'a pas été probablement
suffisant pour l'occuper et en retourner les moyens de défense en peu de
temps.
Les passages faits dans les réseaux étaient insuffisants. Des
témoignages véridiques affirment qu'il n'y avait que trois passages
ouverts et que ces trois passages étaient encore encombrés de fils de
fer. Du poste d'observation du commandant du 78ème on a distinctement vu
des hommes chercher un passage.
Les sections qui devaient former les dernières vagues ont été u
peu démoralisées en voyant leurs camarades tomber par véritables
grappes. Le sol en était jonché et malheureusement on les apercevait
très bien des tranchées de départ.
Néanmoins, les deux bataillons engagés ont fait leur devoir, tout
leur devoir. Le nombre d'hommes arrivés dans les tranchées et le
chiffre des pertes en officiers et hommes sont là pour l'attester.
- Le 3ème bataillon n'a plus qu'un officier de
l'active (capitaine Teilhac) et un officier de réserve (le sous-lieutenant
Barrot).
- les pertes du 2ème bataillon pour être moins
grandes n'en sont pas moins sensibles.
La journée nous a coûté 17 officiers et 562 hommes.
Pertes: officiers: 4
tués, 8 blessés, 5 disparus,
troupe: 44 tués, 240 blessés, 278 disparus.
Effectif ce soir est
de 51 officiers, 3252 troupes, 210 chevaux.
Le 22 décembre,
la nuit s'est passé sans incident.
Dans la nuit, le
78ème reçoit l'ordre:
- le 3ème bataillon
restera dans les tranchées et occupera la tranchée de départ,
- le 1er bataillon ira au
repos à la ferme de Jonchery,
- le 2ème bataillon ira
cantonner à Mourmelon.
Tous ces mouvements
sont exécutés avant le jour.
L'état-major du
régiment se transporte à Mourmelon.
Dans la journée, le 1er bataillon reçoit l'ordre d'aller relever aux
tranchées un bataillon du 107ème (partie gauche du sous-secteur, cote
147).
Le 23 décembre,
il est procédé à la réorganisation du régiment.
C'est la troisième depuis le commencement de la campagne (Raucourt,
Châtel-Raould, Jonchery.)
Depuis le début de la campagne, le régiment a perdu: 12 officiers tués,
29 blessés, 9 disparus.
Les recrues de 1914 entrent dans le rang. Le petit dépôt constitué à Mourmelon
est dissous.
Le 24 décembre,
même cantonnement. RAS.
Le 25 décembre,
le commandant du régiment reçoit l'ordre d'aller prendre le commandement
du sous-secteur de droite à Jonchery. Commandement qu'il prendra
à 16h.
Le 2ème bataillon relève dans les tranchées le 1er bataillon. Le 1er
bataillon va cantonner à Jonchery.
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Le
26 décembre, le général commandant la 23ème division d'infanterie
confère la médaille militaire au caporal Peyrot Jean du 78ème.
"Cité à l'ordre de l'Armée (n° 138) le 4 décembre 1914: blessé
au combat du 23 septembre, a continué à porter des ordres sur le champ
de bataille pendant plusieurs heures.
Le 21 décembre, à l'attaque au nord-Est de Jonchery, étant parvenu avec
quelques hommes de sa compagnie dans la tranchée allemande, a été
chargé par son capitaine de rapporter un renseignement à l'arrière. A
parcouru le terrain violemment battu par un feu de mousqueterie et
d'artillerie en rampant la plus grande partie du temps et a pu remettre le
renseignement."
Le 27 décembre,
aucun incident. Mêmes positions, même cantonnement.
Le 28 décembre,
par décision ministérielle en date du 17 décembre 1914, la promotion à
titre temporaire et pour la durée de la guerre ci-après est approuvée:
- au grade de sous-lieutenant,
et maintenu à dater du 7 novembre:
Marot, adjudant-chef au 78ème.
Le 29 décembre,
journée sans incident. Relèves journalières.
Le 30 décembre,
par décision ministérielle en date du 14 décembre 1914, les promotions
à titre temporaire et pour la durée de la guerre ci-après sont
approuvés:
- au grade de sous-lieutenant de réserve, maintenus à leur corps à
dater du 27 novembre 1914:
Lafont et Auclair, sergents au
78ème |
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Par décision ministérielle
en date du 21 décembre 1914, la promotion à titre temporaire et pour la
durée de la guerre ci-après est approuvée:
- au grade de lieutenant et maintenu
à son corps à dater du 13 novembre 1914
Dupécher, sous-lieutenant au 78ème régiment d'infanterie.
Relève habituelle.
Le 31 décembre,
l'état-major du régiment est relevé par l'état-major du 63ème et va
cantonner à Mourmelon.
Le 2ème bataillon (Chabauty)
du 78è relève le bataillon d'Arailh du 78ème qui va cantonner à Suippes.
Le sous-lieutenant
Goumy blessé revient au front.
Le 1er janvier 1915,
par décret en date du 28 décembre 1914, M Tatin, chef de bataillon à
titre temporaire, commandant le régiment, est nommé à titre définitif
pour prendre rang du 25 décembre 1914.
Le régiment conserve
les mêmes cantonnements et occupe les mêmes positions.
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par
décision ministérielle du 26 décembre 1914, la nomination de M Faucher,
sous-lieutenant au 78ème, au grade de lieutenant de réserve à titre
temporaire et pour la durée de la guerre est approuvée à dater du 26
octobre 1914.
Du 2 au 5
janvier relèves habituelles. RAS.
Le 6 janvier,
l'état-major du régiment relève l'état-major du 63ème à Jonchery.
La prise de commandement du sous-secteur est effectuée à 16h.
M le capitaine Trapé,
blessé grièvement au combat du 21 décembre, a été décoré de la
Légion d'Honneur. Le général commandant la 45ème brigade lui a remis
les insignes sur son lit de douleur.
Le 7 janvier,
relève habituelle.
M Marzin,
médecin-major de 1ère classe est affecté au 78ème en remplacement de M
Taste et prend en la direction de son service
Le 8 janvier,
relève habituelle.
Le lieutenant de
réserve Besse passe au 2ème corps d'Armée.
Le 9 janvier,
relève habituelle.
Les sous-lieutenants
dont les noms suivent sont affectés au régiment: Reiser, Verger, Coucaud,
Danton, Bujadoux, Cardoche, Faure, Brousseau, Brindel, Robertie, Marty,
Harlé. |
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Le
10 janvier, le lieutenant-colonel Delouche, affecté au 78ème, prend
le commandement du régiment.
M Delage, médecin
aide-major de 2ème classe, passe au 21ème chasseurs.
Un détachement de 104
hommes arrive de Guéret.
Le 11 janvier,
le chef de bataillon Boussavit, affecté au 78ème, prend le commandement
du 1er bataillon.
Le capitaine Bax, blessé
le 28 août, revenu au front, prend le commandement du 2ème bataillon.
Les sous-lieutenants Palot et Lefebre sont affectés au régiment.
Relève habituelle.
Le 12 janvier,
l'état-major du 78ème est relevé par l'état-major du 63ème et va
cantonner à Mourmelon. Relève habituelle.
Du 13 au 19
janvier, mêmes positions, mêmes cantonnements. Relèves habituelles.
Le 14 janvier, M Demerliac, médecin-major de 2ème classe passe au
21è chasseurs.
Le 18 janvier, l'état-major du régiment relève l'état-major du
63ème.
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Le
20 janvier, pendant cette période et malgré le mauvais temps, on
poursuit avec la plus grande activité, les travaux pour rendre le front
inviolable, assurer le bien-être des hommes et tenir l'ennemi sous une
menace constante.
a) Les tranchées de tir, démolies
par les intempéries et bouleversées par le tir de l'artillerie ennemie
sont constamment remises en état. On installe des abris pour
mitrailleuses. Les créneaux de tir sont vérifiés avec soin. On
confectionne et on place des éléments Lagarde.
b) On commence la construction
d'abris sérieux de 1/2 escouade pouvant à la fois protéger les hommes
contre les intempéries et contre les obus de gros
calibre.
Les rondins nécessaires sont coupés à cet effet par une équipe dans
les bois Sud-Ouest de la Pyramide et transportés à proximité des
tranchées par des voitures du C.V.A.D.
c) On poursuit, à la sape dans la direction de tous les saillants
ennemis, des boyaux en vue d'une attaque ultérieure.
Dans la partie gauche du sous-secteur, on organise, plus en avant, de
nouvelles tranchées de tir.
On cherche à gagner par un boyau, le bois dit "international".
Le génie est chargé des travaux spéciaux.
On installe dans la nouvelle tranchée des projecteurs. Les mitrailleuses
sont placées dans des abris blindés. Deux obusiers Aasen sont mis en
place.
Relève habituelle.
Du 21 au 25 janvier,
mêmes positions, mêmes cantonnements, relèves habituelles.
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Le 24 janvier,
l'état-major du régiment est relevé par l'état-major du 63ème et va
cantonner à Mourmelon.
Le 26 janvier,
par décision ministérielle du 14 janvier 1915, les promotions à titre
temporaires et pour la durée de la guerre ci-après sont approuvées:
au grade de sous-lieutenant (maintenu
à dater du 31 décembre 1914)
Rousselot, Croisille, adjudant-chef;
Guillaumie, adjudant;
Vignaud, aspirant.
Pertes: 1 tué.
Du 27 janvier au 2
février, mêmes
positions, mêmes cantonnements, relèves habituelles. Pertes:
1 blessé.
Le 3 février,
M Berthelon, médecin aide-major 1ère classe est évacué.
(Il s'agit du docteur Berthelon médecin du sanatorium de Ste-Feyre
dont il est question sur d'autres pages de ce site.)
Du 4 au 9 février
, mêmes
positions, mêmes cantonnements, relèves habituelles. Pertes:
1 tué, 4 blessés.
Le 10 février,
par décision ministérielle du 14 janvier 1915, le sergent réserviste
Raymond est promu sous-lieutenant de réserve à titre temporaire et pour
la durée de la guerre.
M Bussy, médecin aide-major de 2ème classe du 326ème d'Infanterie est
affecté au 78ème et prend son service au 2ème bataillon.
mêmes positions,
mêmes cantonnements, relèves habituelles.
Le 11 février,
mêmes positions, mêmes cantonnements, relèves habituelles.
Un détachement de renforts de 27 hommes dont 4 sous-officiers arrive du
dépôt.
Effectif: 58
officiers, 3022 troupe, 227 chevaux.
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Le
12 février, une bombe lancée par un minenwerfer tombe vers 16h sur
une de nos tranchées avancées vers le saillant C. La tranchée
est bouleversée sur une dizaine de mètres et l'entrée d'une mine où
plusieurs hommes s'étaient réfugiés, s'effondre sous la force de
l'explosion. Tous les hommes qui étaient à l'entrée de la mine sont
ensevelis.
(9 tués, 3 blessés.)
Le 13 février,
le sous-secteur de droite est réorganisé. Désormais le 63ème occupe la
partie droite et le 78ème la partie gauche.
La défense est ainsi
organisée en profondeur, chaque régiment ayant sa zone. Les
lieutenants-colonels commandant les régiments resteront en permanence à Jonchery.
Le 78ème fournit en
première ligne:
- bataillon C: 3 compagnies en première ligne, 1
compagnie en réserve.
- bataillon C': 1 compagnie en première ligne, 1
compagnie en réserve.
Les hommes passent ainsi 3 jours dans les tranchées et 3 jours au repos.
Le 14 et 15
février, les unités du régiment conservent les mêmes positions et
les mêmes cantonnements.
Pertes pendant cette
période: 1 tué. |
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Le 16 février,
la relève dans les tranchées se fera désormais tous les 4 jours.
On poursuit les sapes
en avant ave activité en vue de menacer l'ennemi. Un grand nombre d'abris
à l'épreuve des obus ont été construits.
Les défenses accessoires sont sérieusement renforcées.
Le 17 février,
par décret du 8 février 1915, le lieutenant de réserve Laurent est
admis dans le cadre actif avec le grade de lieutenant et maintenu au
78ème pour prendre rang du 2 décembre 1914.
Par décision
ministérielle du 8 février 1915, l'adjudant Lecante du 78ème est nommé
au grade de sous-lieutenant de réserve à titre temporaire et pour la
durée de la guerre et affecté au 50ème d'infanterie.
du 18 au 21
février, le régiment conserve les mêmes positions et les mêmes cantonnements.
Pertes: 3 tués, 1
blessé.
Le 22 février,
le général commandant la IVème Armée, par ordre général n° 171 du
10 février 1915, cite à l'ordre de l'Armée les officiers et hommes de
troupe du 78ème dont les noms suivent:
- capitaine Cahuzac - le 21 décembre, malgré un feu violent d'artillerie
et de mousqueterie, a chargé à la tête de sa compagnie sur une
tranchée allemande où il a pu s'introduire. Blessé grièvement, a pris néanmoins
le commandement dans les tranchées conquises qu'il a défendues avec la
plus belle énergie jusqu'à l'épuisement des munitions. Étendu dans la
tranchée, a refusé énergiquement de se rendre à un officier allemand
qui le tenait sous la pointe de son sabre.
- sous-lieutenant Lial - le 21 décembre, sous un feu violent de
mousqueterie et d'artillerie, a chargé à la tête de sa compagnie et
s'est introduit dans une tranchée allemande qu'il a défendu avec la plus
grande énergie jusqu'au complet épuisement des munitions.
- Lieutenant-colonel de Montluisant - commande son régiment depuis plus
de quatre mois avec une haute intelligence et une énergie remarquable.
S'est distingué dans les situations les plus difficiles par sa présence
d'esprit et son calme devant le danger, particulièrement les 28 août et
26 septembre et au combat du 21 décembre où il a été blessé.
- chef de bataillon Tatin - commandant le régiment au combat du 21
décembre après que le Colonel eût été blessé, s'est mis à un moment
critique à la tête du bataillon de réserve privé de son commandant et
a repoussé une contre-attaque ennemie.
- sous-lieutenant Auboueix - le 21 décembre, sous un feu violent
d'artillerie et de mousqueterie s'est avancé jusqu'au réseau de fil de
fer ennemi et est revenu pour donner un renseignement important; reparti
de nouveau à la tête d'une fraction de sa compagnie, a été
mortellement blessé.
- sous-lieutenant Fourtanié - sous un feu violent d'artillerie et de
mousqueterie, a chargé à la tête de sa compagnie et est tombé
mortellement frappé le 21 décembre.
- soldat Couty - au cours du combat du 21 décembre, a donné le plus bel
exemple de courage et de dévouement en rapportant sous le feu le plus
violent, le corps de son capitaine mortellement blessé.
- soldat Beyrand - même citation.
- mitrailleur Garbeuf - le 21 décembre, est allé deux fois jusqu'aux
réseaux de fil de fer ennemis pour chercher des renseignements. A été
tué en portant secours à son chef de bataillon blessé.
- sergent Perrier - le 21 décembre, sous un feu des plus violents a
entraîné sa demi-section pour la porter à l'avant et l'a maintenue
malgré des pertes nombreuses. A été grièvement blessé.
- caporal Malamas - le 21 décembre, blessé au début de l'action, n'a
pas voulu se retitrer de la ligne de feu et a fait preuve, pendant toute
la journée, des plus belles qualités de commandement.
- adjudant-chef Grenier - le 21 décembre, sous un feu violent de
mousqueterie et d'artillerie, a chargé à la tête de sa section et s'est
introduit dans une tranchée allemande qu'il a défendue avec la plus
grande énergie, jusqu'à complet épuisement des munitions.
- aspirant Vignaud - le 21 décembre, sous un feu violent de mousqueterie
et d'artillerie a chargé à la tête de sa section, a été blessé et
malgré sa blessure n'a pas voulu être évacué.
- caporal Sauvanet - le 21 décembre, sous un feu violent d'artillerie et
de mousqueterie, s'est élancé jusqu'à la tranchée allemande, y a fait
le coup de feu jusqu'à épuisement complet de ses munitions et a pu
s'échapper au moment où il allait être fait prisonnier.
- soldat Lafaye - même citation.
- soldat Massoulard - même citation.
- soldat Francillon - même citation.
- caporal fourrier Coulloudon - même citation.
Le 23 février,
mêmes positions et mêmes cantonnements que la veille. Aucun incident
dans le secteur occupé par le régiment.
En exécution de
l'ordre n° 9287 du 30 janvier 1915, du Général commandant en chef, une
compagnie de mitrailleuses à 4 sections a été constitués au régiment
à la date du 22 février.
- 1ère et 2ème sections à bâts.
- 3ème et 4ème sections à voiturettes.
Tableau nominatif des officiers:
Commandant de la compagnie: capitaine d'Arailh
venant de la 9ème compagnie,
Chefs de
pelotons
: sous-lieutenant Guillaumie venant du C.H.R.,
: sous-lieutenant Rousselot venant du C.H.R.,
Composition des cadres et effectifs de la
compagnie:
1 sergent fourrier comptable,
6 sergents chefs de section,
1 caporal faisant-fonction de fourrier,
8 caporaux chefs de pièce,
1 caporal armurier,
2 caporaux de l'échelon,
2 caporaux du T.C.,
112 soldats.
Les 24 et 25
février, RAS, relèves habituelles.
Le 26 février,
de 13h à 14h45, les Allemands font un simulacre d'attaque. On les
aperçoit derrière leurs tranchées, baïonnette au canon.
Les 27 et 28
février, aucun incident. Relèves habituelles.
Le 1 mars, par
décret du 22 février, sont promus:
au grade de colonel: le
lieutenant-colonel de Montluisant,
au grade de capitaine: M.
Ménard,
au grade de lieutenant: M.M
Rendu et Dupêcher,
au grade de sous-lieutenant: M.
Bourgnet,
au grade de chef de musique de
1ère classe: M. Schmidt.
Le 2 mars,
pendant la nuit précédentes, les compagnies du 78ème ont fait un
travail considérable. Plusieurs centaines de mètres de sape pour
rejoindre une tranchée construite par le génie sont creusées face au
saillant D (ouest du saillant C).
En face du saillant C, nous avons tout préparé en vue d'une attaque de
notre part.
Les 3 et 4 mars,
relèves habituelles.
Pertes: 1 tué, 2
blessés.
Le 5 mars,
l'ennemi continue à nous lancer des bombes avec un minenwerfer. La
puissance de l'engin est considérable. Les tranchées, les sapes et les
boyaux sont bouleversés par l'explosion. Il fait également quelques
victimes. Bien que sa position ait été repérée, l'artillerie n'arrive
pas en nous en débarrasser.
Le 6 mars, il
est prescrit une séance d'instruction effective à Mourmelon pour
les nouvelles équipes de grenadiers. Cette instruction était réclamé
depuis plusieurs mois.
Le 7 mars,
aucun incident dans le secteur.
Un détachement de
renfort arrive au dépôt, il comprend 2 sergents, 8 caporaux et 127
hommes.
Du 8 au 20
mars, relèves habituelles. Aucuns incidents.
Pertes: 6 tués, 11
blessés.
Le 21 mars, le
chef de bataillon Bedin, du 300ème d'infanterie est affecté au 78ème
R.I. prend le commandement du 2ème bataillon.
Le 22 mars, le
régiment reçoit l'ordre de relève. Il doit être remplacé dans les
sous-secteur par le 102ème d'infanterie.
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Le 23 mars, le
1er bataillon relevé des tranchées du sous-secteur de droite de Jonchery
vient cantonner à Mourmelon-le-Grand.
le 2ème bataillon va cantonner à la Cheppe.
l'état-major du régiment, après avoir passé le service du sous-secteur
au 102ème d'infanterie, va cantonner à Mourmelon-le-Grand.
Le 24 mars, le
1er bataillon fait étape de Mourmelon à Courtisols par la
Cheppe.
le 2ème bataillon se rend de Courtisols à le Fresne.
le 3ème bataillon, relevé des tranchées du sous-secteur de droite de Jonchery,
vient cantonner à Mourmelon-le-Grand.
Effectif: 60
officiers, 3298 troupes, 235 chevaux.
Le 25 mars, le
1er bataillon assiste à la revue de général commandant en chef au Mont-de-Charme
et cantonne à Courtisols, avec l'état-major.
le 2ème bataillon cantonne à le Fresne.
Le 26 mars,
l'état-major du régiment et la C.H.R. font étape de Courtisols
à le Fresne.
les 1er et 3ème bataillons, la compagnie de mitrailleuses se rendent de Courtisols
à Coupeville.
Cantonnements du 26:
état-major, CHR, 2ème bataillon: le Fresne.
1er, 3ème bataillons, compagnie de mitrailleuses: Coupeville.
Le 27 mars,
mêmes cantonnements que le 26.
La brigade reçoit
l'ordre d'aller occuper le 28 la région St-Germain-la-Ville, Vesigneul-sur-Marne,
Chepy.
Le régiment marchera en
tête de la brigade.
Itinéraires: St-Jean-sur-Moine, Francheville, Pogny.
Passage au P.I (sortie ouest de St-Jean-sur-Moine) 8h30. Une halte
horaire à 9h20
Le 28 mars, Le
régiment se met en marche de la sortie ouest de Coupeville à
7h45.
1ère halte horaire à 8h20.
Ordre des bataillons: 1, 3, 2, CM, CHR.
Pas de grand'halte.
Le T.R2 (convoi régimentaire) suit la brigade.
Les T.C (voitures à munitions) et les T.R1 (voitures à bagages, cuisines
roulantes) marchent groupés derrière le régiment sous le commandement
du lieutenant Pierre.
Chaque bataillon est suivi de sa voiture médicale et de sa voiture de
réquisition.
Le campement de tout le régiment part de la sortie Ouest de Coupeville
à 6h50, sous le commandement du capitaine de jour (passera au PI à
7h30).
Le régiment arrive dans ses cantonnements à 11h15.
le 2ème bataillon à St-Germain-la-Ville,
l'état-major, CHR, 1er et 3ème bataillons à Chepy,
Le 29 mars,
même cantonnement que le 28. Dans
la journée, le régiment reçoit les ordres d'embarquement à Vitry-la-Ville.
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- Le départ de ce secteur vu par le capitaine Campagne du 3ème bataillon du
107ème régiment d'infanterie. |
Le 23 mars, on est
relevé, on s'en va.
Quand nous sommes à quelques distances, encore en vue de notre premier
secteur, j'arrête le bataillon, et, face à l'ennemi, je fais présenter
les armes pour l'adieu à nos morts. On n'en fait plus l'appel maintenant...
Ils sont trop !
On s'en va ! Quelle singulière
impression nous éprouvons à nous retrouver, après huit mois passés
sous le canon, dans des villages occupés comme au temps de paix ! C'est
dimanche. On entend sonner les cloches. Quel bien-être nous arrive avec
ce tintement inconnu depuis tant et tant de jours ! On cherche dans son
souvenir: on n'a pas entendu de cloches depuis le tocsin de la
mobilisation. Et en marchant, on rêve du jour où elles sonneront de
nouveau, à toute volée, du jour si lointain encore de la Victoire!...
Ainsi finissait pour nous ce premier hiver de guerre, qui, à tout
prendre, avait été bien moins dur que je ne l'avais imaginé ( et il fut
sûrement moins rude que les suivants!)
Venant après la sévère période terminée avec le mois de septembre, le
séjour aux tranchées, coupé de repos, avait été bien supporté et les
hommes étaient en excellente santé.
...
Le bataillon
paraissait en pleine forme, et je mettais en lui toute ma confiance.
Trois fois hélas! Qu'allait-on faire de nous?
Toute une semaine dans
le bien-être inaccoutumé d'un village, puis on regagne la voie
ferrée.
On va partir en direction de l'Est. Verdun? Lorraine? Alsace? Les
cuisiniers n'ont pas pu percer les secrets du commandement!
(Tous les renseignements nous venaient de l'arrière aux tranchées avec
la soupe, par le canal des cuisines. C'était le "rapport des
cuisiniers". Dans l'armée britannique, ce colportage des nouvelles
était dénommé "latrine's rummer!". Expression facile à
traduire.)
En route, un officier d'état-major me fit connaître le but de notre
déplacement. Il s'agissait d'une opération de vaste envergure: la
réduction de la hernie de Saint-Mihiel.
On sait la singulière forme qu'affectait cette partie du front - le
fameux front préparé d'avance - où Saint-Mihiel formait un promontoire
aigu qu'on avait dénommé la hernie.
Le général Roques, remplacé au 12ème corps par le général Descoings,
y commandait la 1ère armée.
Au-dessus de lui, le général commandant en ces lieux était, outre ses
talents militaires, le plus illustré des grands chefs français.
*1
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Sources
* |
Source
1: "le chemin
des Croix 1914 - 1918" Colonel Campagne, édition Tallandier, 1930. |
Source
2: "Journal de marches et opérations"
du 21ème régiment d'artillerie de campagne. |
Source
3: "la Trouée de Revigny - 1914 - 1918" Guide illustrés
Michelin des Champs de Bataille. 1920. |
Source
4: "La Première Guerre mondiale en France" Jean-Noël
Grandhomme 2011. |
Source
5: "Journal de marches et opérations"
du 63ème régiment d'infanterie. mémoire des hommes.
|
Source
6: "le Saillant de Saint-Mihiel" Guide illustrés
Michelin des Champs de Bataille. 1920.
|
Source
7: "Chemins de mémoire 14-18" Jean Pascal Soudagne.
2008. |
Source
8: "Journal de marches et opérations"
du 78ème régiment d'infanterie. mémoire des hommes.
|
Source
9: "Des Armes et des Larmes, Mémoire
creusoise de la Grande Guerre" Guy Marchadier, 2003. |
Source 10:"Le
Livre du Gradé d'Artillerie à l'usage des élèves brigadiers,
brigadiers et sous-officiers d'Artillerie de Campagne"
édition pour 1913-1914. |
Source
11: "Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier 1914 -
1918" |
Source
12: "Historique du 78ème Régiment
d'Infanterie pendant la Guerre 1939 - 1940" Colonel Pujol,
Charles-Lavauzelle & Cie |
|