Les
127ème et 327ème Régiments d'Infanterie |
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Le
25 août 1914, les premiers soldats de l'armée allemande entre dans
Valenciennes dans le département du Nord.
A partir de ce jour les allemands occuperont Valenciennes qui sera
libéré le 2 novembre 1918 par les soldats canadiens.
Cette ville, la caserne
Vincent, est le lieu de garnison du 127ème Régiment
d'Infanterie ( et du 327ème , sa réserve)
Le régiment, à cette date, combat dans la Meuse.
Les populations sont évacuées ainsi que les hommes du régiment sur
place, gestion du régiment et hommes à l'instruction. Ils se replient
sur Guéret et la Courtine.
Par exemple, Albert Ghys du 127ème , malade, est évacué dans
les derniers par le train, le 24 août, alors que les allemands sont à 3
kilomètres de la ville.
- Du 24 août au 4 septembre ce sera Bouchain, Arras, Amiens, Arras, Rouen
en train.
- Embarquement pour le Havre puis sur le "Ville de Tamatave"
pour débarquer à la Pallice en Charente-Maritime (Inférieure à
l'époque)
- puis de nouveau le train: la Rochelle, Niort, Saint Sulpice Laurière,
et Guéret où il débarque le 11 septembre.
Autre exemple, un second
soldat du 127ème, Louis Mairet, a décrit le départ du régiment pour Guéret,
même si il était déjà au front.
Dans une lettre
à ses parents du 29 mai 1915 il écrit:
"Sa garnison est Valenciennes. Le dépôt l’a quitté le 27 août,
pour venir échouer le 30 à Rouen. De là, après de multiples incidents,
on l’a dirigé sur le Havre, puis, par mer, à bord de la Lorraine et du
Tamatave, sur La Pallice. Dans la première quinzaine de septembre, le dépôt
tout entier était transféré où il est encore, à Guéret.» |
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La Lorraine |

le Ville de Tamatave |
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Triste
anecdote: Le 6 septembre 1914, une compagnie du 270ème
régiment placé devant le 327ème panique sous un tir d'artillerie
allemand et dans sa fuite entraîne quelques soldats du 327ème qui
dormaient. Alors qu'ils essayaient de rejoindre leur régiment dont ils
étaient séparés, 7 hommes du 327ème RI sont interceptés
par le général commandant la 51ème division d'infanterie, le
général Boutegourd et seront fusillés ce même jour aux Essarts
dans la Marne, sans jugement sur ordre du même général .
L'un des soldats, CLEMENT Palmyr, blessé au genou pendant son exécution,
décédera le lendemain dans le train sanitaire qui l'évacue.
Un autre, WATERLOT François, survécut et repris sa place dans le
rang ( voir ici http://civils19141918.canalblog.com/archives/2011/05/05/21061583.html
)
Ils seront réhabilités par la Cour d'Appel de Douai le 22 décembre
1926. |
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A
Guéret de nombreux bâtiment furent utilisés pour l'administration et
les militaires à l'instruction:
- une école près du Théâtre "Là on m'a affecté à une compagnie
du dépôt (la 26e Cie) qui se trouve prés du théâtre dans une école.
On y est logé aussi bien que possible en pareil temps",
logement chez l'habitant telle une "maison bourgeoise" sur cette
même place,
« 4/10/1914
Je reprends le train pour rejoindre mon dépôt qui se trouve maintenant
à Guéret (Creuse). Jamais je n'aurais imaginé voyager si loin un jour.
J'aurai aimé que cela se fasse dans d'autres circonstances.
5/10
Je vais boire un café au bistrot en attendant d'aller au bureau des
arrivants ou l'on m'annonce que je suis affecté à la 29eme compagnie.
Nous sommes cantonnés chez l'habitant, tous les jours nous faisons des
exercices d'entrainement. Ici, je retrouve quelques anciens copains, entre
autre Caudemont, qui était avec moi dans la 9eme à Valenciennes, mais il
y a également Guillaume, Joseph... »
https://www.scribay.com/read/text/4271/chapitre-4---octobre-1914/chapter/1
- des bâtiments pour l'administration rue Duprat sans doute dans les
locaux de la future école Sainte Thérèse,

- des hommes se logent à leur frais dans des hôtels,
- le mess des sous-officiers est près du Jardin Public. |

Rue Duprat |
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Dans
ses livres de souvenirs ( "Les souvenirs d'un réfugié" et
"Mort pas encore" Emile Carlier du 127ème RI a écrit
16 novembre 1914
Orléans ; 15 h 04, EC prend le train pour guéret.
« Impression
bizarre. Nous sommes dans une ville inconnue où rien, absolument rien, ne
nous rappelle le pays natal, ni le paysage, ni l’architecture et la
construction des bâtiments. Et cependant, il semble que cette ville, si
différente de la notre, respire un accent de terroir. Partout, nous
apercevons des visages familiers. Et c’est le patois de chez nous que
parlent la plupart de ceux que nous croisons dans les rues. Et ceci
s’explique facilement. A cette époque, la capitale de la Creuse est
submergée par l’arrivée inopinée de tous les hommes mobilisables de
la région de Valenciennes et des nombreux réfugiés qui les ont
accompagné. Leur nombre dépasse de beaucoup celui de naturels du Pays
qui ne sont pas loin de se considérer à leur tour comme « envahis » ?
Ne nous appellent-ils pas, du moins, certains peu hospitaliers, « les
boches du Nord ». Notre invasion quoique pacifique ne leur plaît guère
et ils maugréent « que chacun défende son département ».
« Notre
nombre augmentant sans cesse, le bureau de recrutement se voit obligé à
son tour de refouler une partie des nouveaux arrivants vers d’autres régions
de la France pour décongestionner la ville de Guéret. C’est
l’aventure qui m’échoit quand je me présente à mon tour au bureau
de recrutement qui s’est installé dans la grande salle des audiences de
la Cour d’assises au Palais de Justice, qui se tient au fond de la
Grand’ Place. »
« Notre
nombre (de soldats)
augmentant sans cesse, le bureau de recrutement se voit obligé à son
tour de refouler une partie des nouveaux arrivants vers d’autres régions
de la France pour décongestionner la ville de Guéret...»
Emile
Carlier doit alors rejoindre Quimper, mais grâce à une
connaissance de Valenciennes également arrivée à Guéret, il est
maintenu sur place et affecté à la 26ème Compagnie.
« Comme
vu l’encombrement du dépôt, on ne peut me garantir aucun gîte,
je suis autorisé à aller loger, où je voudrais, à mes frais.
J’échoue à l’hôtel de la Paix, où mon air minable et mon extérieur
de réfugié, mon bagage surtout, tout tient dans un sac colombin, me font
reléguer dans une chambre mansardée à 3 lits, au troisième étage, que
je partage avec des rouliers du pays…»
« A
mes heures de loisirs, je fais quelques visites. J’ai en effet retrouvé
des parents à Guéret : la famille Boulogne, le capitaine Chenu,
Pierre Hollande, qui est tombé gravement malade, partage la chambre de
son oncle, le capitaine Delcourt logé dans une belle maison bourgeoise de
la place du théâtre…»
« Au
dépôt, c’est un va et vient perpétuel. Les renforts successifs
qu’on envoi au front sont aussitôt comblés, soit par des malades
convalescents et des blessés en cours de guérison, soit par des récupérés
que les conseils de réforme renvoient au siège de leur bureau de
recrutement... »

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En
novembre 1914, Raymond BERNARD est soldat versé au 127e Régiment
d'Infanterie, 1re Compagnie, au camp de la Courtine, dans la Creuse:
carte de Guéret, (Creuse) le 29 novembre 1914 : "Je vous écris
ces deux mots en vitesse pour vous faire savoir que j'ai reçu la carte
de Marcelle vendredi. Marcelle parle sur sa carte que Georgina m'a
adressé une lettre au camp de la Courtine. Elle n'est pas encore en ma
possession. Il n'y a rien d'extraordinaire, car le camp se trouve à 80
km de Guéret. De mon côté, si je suis encore à Guéret, voilà
pourquoi : mardi matin à l'heure de partir, un ordre est arrivé avec
mention d'attendre jusqu'à nouvel ordre. Aujourd'hui dimanche ; l'ordre
est arrivé : le départ à lieu demain lundi. Aussi je profite du
dimanche pour fêter le départ avec des copains. Aujourd'hui, j'ai mangé
en ville, rien ne sert de s'en faire. Moi, je ne me fais pas de bile, si
je suis pour en revenir, j'en reviendrai. Aussi, pour la deuxième fois,
je pense revenir et vous rapporter un souvenir d'Allemagne. Pense à
vous. Au revoir. Votre cousin qui pense à vous.
(…) Ici à Guéret, où je couche, les souris, rats et puces sont
en masse. L'on couche sur le parquet et le vent souffle avec vigueur en
cet endroit, il fait froid. Que voulez vous, c'est la vie. Il faut
commencer la campagne. Malgré cela, il faut mieux être comme ça que
d'être dans les tranchées. On nous dirige vers Reims. Bonjour à mon
oncle, tante Georgette, etc. Raymond B."
Source: http://www.stleger.info/les72StLeger/region3/images/60a.annales/60a.annalespoilus.htm
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au
dos de cette carte d'un soldat du 127 :
"la caserne où on est logé."

Maurice B. Photo faite à Guéret |
"Le
15 mars 1915
Bien
chère maman
Tu
as du sans doute recevoir ma lettre ou plutôt mes cartes qui t'ont
renseignée sur mon arrivée au dépôt.
Je
suis donc arrivé à Guéret à 11h1/2 du soir, sans connaître personne
ni savoir où aller. Aussi suis-je resté à la gare, pour passer la
nuit ; j'ai dormi tant bien que mal sur un banc de la salle d'attente et
le matin à 7h je me suis dirigé vers le bureau du commandant de la
place. Là on m'a affecté à une compagnie du dépôt (la 26e Cie) qui
se trouve prés du théâtre dans une école. On y est logé aussi bien
que possible en pareil temps. D'ailleurs je suis avec les sous-officiers
dans une chambre ; on y est tassé comme dans une boite à sardines,
mais enfin on pourrait être plus mal on ne se plaint pas; Deux matelas
sur un isolateur en planches forment notre lit ; pour nous couvrir 3
couvertures non compris le « sac à viande »dans lequel on
s'enfonce ; en fait on ne dort pas trop mal.
La
popote des sous-officiers est faite à part elle est suffisamment bonne
; on a du vin de temps en temps ; quand la Cie n'en fournit pas on en
achète (0,30 le litre). Le jour de mon arrivée j'ai passé la visite
et j'ai eu 4 jours de repos que je passe en promenades dans Guéret avec
un sergent qui est dans le même cas que moi et qui était dans la même
compagnie que moi sur le front."
Maurice
B, Sergent à la 26 Cie du dépôt du 127eme Guéret Creuse.
le
même:
"le
7 septembre 1915
...Il vient d'arriver ici une triste affaire; un sergent major du 127 a
été assassiné par un poilu revenant du front, car celui-ci avait
trouvé le sergent-m couché chez lui avec sa femme ; il a été
arrêté ; ça date de ce matin."
*
"Le
16-9-15
Bien
chère maman
rien
de nouveau ici si ce n'est la nouvelle composition du dépôt qui se
réduit à 6 compagnies au lieu de 8; ce changement nous a donné une
centaine d'hommes en plus par Lt et 7 sergents pour la notre."
|
"Le
30 août 1916
Monsieur
l'abbé (il s'agit du frère de Maurice B, lui même au front)
Votre
frère Maurice a été blessé
hier soir vers les 6h en montant à l'assaut d'un tranchée ennemie : éclats
d'obus à la jambe droite et au bras gauche ; pas de fracture. J'espère
que le cher ami, je l'aimais beaucoup, se tirera d'affaires. Si possible
je ferai en sorte de trouver son ambulance et d'aller le voir, dans ce cas
je vous préviendrais.
Priez
bien pour nous, bien exposés.
Sentiments
bien dévoués
P
Gouranton
aumônier
48e"
"Le
1er septembre 1916
Monsieur
l'abbé
J'ai
une triste nouvelle à vous annoncer. Votre frère Maurice B. est mort
avant hier à l'ambulance de Fontaine-Routhon (ambulance 19/20 SP80) près
de Souhesmes à 7 ou 8 km de Verdun. Blessé la veille, je l'avais pansé
moi-même. De éclats d'obus lui avaient traversé les jambes, le bras, abîmé
une main.
Il
dut perdre beaucoup de sang, et il s'éteignit tout doucement jeudi vers
les 11h du matin sans que personne s'en aperçoive dans la salle.
Sorti
des tranchées le matin même, je courus à l'ambulance, j'y arrivai à
midi ½; J'ai pu dire une prière près de son corps. Il est dans un
cercueil et une tombe à part. J'ai recommandé de lui mettre un petit
encadrement.
Ce
matin j'ai célébré une messe devant les sous officiers de la Cie pour
le repos de son âme. Je le regrette bien, il était un de mes amis et un
de mes meilleurs chrétiens. Je lui ai donné l'absolution au poste de
secours de 1ere ligne. Une prière pour nous le 48e.
Croyez,
monsieur l'abbé à mes sentiments dévoués.
P
Gouranton
aumônier
48e RI 3e bataillon SP74"
"22
septembre 1916
C'est
ma permission qui a retardé cette réponse à votre touchante lettre.
Oui,
c'est bien le 29 août vers les 6 heures du soir que Maurice fut blessé
et le jeudi 31 qu'il a rendu sa belle âme à dieu. C'est devant Thiaumont
qu'il fut blessé. Dans cet horrible secteur il n'y a même pas de tranchées.
Maurice
était tapis dans un trou d'obus quand un obus fusant éclate au dessus de
lui, le criblant de blessures aux jambes, aux bras...
Le
transport des blessés étant impossible de jour il a du rester 2 ou 3
heures sans être pansé, perdant beaucoup de sang. Je l'ai soigné moi-même
au poste de secours et lui ai donné l'absolution. Il avait toute sa
connaissance mais semblait très affaibli sans blessures mortelles.
Il
fut transporté à l'arrière à l'arrivée des brancardiers
divisionnaires vers les 20 heures. Il dut arriver à l'ambulance de
fontaine-Routhon (19/20 SP80) vers la pointe du jour. Relevé le 30 ou
plutôt dans la nuit du 30 au 31, j'allais le voir immédiatement en
arrivant aux baraquements où nous avons passé 24h.
En
arrivant à l'ambulance vers les 13h on me dit qu'il venait de mourir.
J'ai interrogé les infirmiers de la salle, le malade son voisin de lit,
l'aumônier, on ne m'a pas donné grand renseignement. Il m'a semblé
comprendre qu'il s'est éteint sans secours à bout de sang. Personne n'a
su qu'il passait ni s'aperçut de sa mort.
Il
vous est absolument inutile de demander des renseignements à l'ambulance.
Les décès sont nombreux en quelques heures, j'allais dire quelques
minutes.
P
Gouranton
aumônier
48e RI 3e bataillon SP74"
Source:
http://lettresde3frerespoilus.over-blog.com/50-index.html
*
(Dans le quotidien "l'Abeille de la Creuse" du
jeudi 9 septembre 1915 et dans "l'Écho de la Creuse"
du 11 septembre 1915:
Un drame à Guéret.
La colère du mari - Un sous-officier est tué à coup de couteau
Guéret, 8 septembre.
Le débit M., situé rue de l'A. P. à Guéret, a été, mardi matin, le
théâtre d'un terrible drame.
Un sous-officier du 167e de ligne (sic), le sergent major
Brancart qui y avait trouvé une très large hospitalité, surpris par
l'arrivée inopinée du mari, revenant du front, a été tué à coups de
couteau dans les circonstances suivantes:
Le drame
Il était 3 heures du matin.
Le soldat M., du 91e territorial, affecté au service
militaire, sur le front en qualité de chauffeur, débarquait à Guéret
pour y passer une permission bien gagnée.
Arrivé à la porte du débit que sa femme exploite en son absence, le
territorial frappa plusieurs fois pour se faire ouvrir.
Mme M. descendit, le mari se rendit directement dans sa chambre et eut la
pénible surprise de constater que son lit était occupé par un autre, le
sous-officier Maurice Brancart.
On devine ce qui se passa. Le poilu, en termes indignés, et dont la
colère était bien compréhensible interpella le sous-officier lui
reprochant sa conduite.
Brancart, surpris par l'irruption de celui que personne n'attendait, ne
bougeait pas.
Au paroxysme de la colère, M., saisissant son couteau, se précipita sur
son rival, le frappant à plusieurs reprises.
La lame pénétra dans la gorge du sergent major, tranchant l'atère
carotide; le sous-officier expira peu après.
Le drame accompli, le territorial se rendit aussitôt à la gendarmerie
pour se constituer prisonnier.
Peu après, arrivèrent sur les lieux le commandant de gendarmerie, les
membres du parquet et M le docteur Dumont, qui ne put que constater le
décès.
La nouvelle du drame fut connue, mardi matin, à la première heure, dans
toute la ville, causant l'émotion que l'on devine.
De bons renseignements sont fournis sur le compte du territorial que le
parquet a néanmoins fait écrouer.")
(
BRANCART Marius Léopold, le sergent major, célibataire, était né en Belgique et
est déclaré décédé au corps de Guéret de "maladie non
contractée en service".)
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Il
s'agit de sous-officiers du 127ème Régiment d'infanterie. Une partie
de ce régiment ( dépôt) a cantonné à Guéret et la
Courtine depuis le 11 septembre 1914. Dans son journal (voir
chtimiste.com) Albert Ghys, évoque son séjour à Guéret ( mess
auprès du jardin public), son départ de Guéret pour le front le 13
avril 1916 après réunion place Bonnyaud, l'arrivée en provenance de
Guéret de renforts. |
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L'expéditeur
de cette carte est DUVIN Paul, qui fait ses classes à la 27ème
compagnie du 127ème. Régiment d'Infanterie.
Il est né lz 31 août 1895 à Rosendal près de Dunkerque où vivent,
rue Arago, ses parents, destinataires de la carte.
Paul Duvin sera tué à l'ennemi le 18 juillet 1916 dans le secteur d'Oulches
dans l'Aisne. |
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Verso |
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"
Souvenir de Guéret, Bureau du 127° Infie - service des
renseignements aux familles - Bureau du Trésorier. 1916, 1917,
1918." |
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