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Le
combat de la Croix de la Mine (Saint-Dizier-Leyrenne) - le 19 juillet.
Ce combat n'intéresse pas directement la garde, mais un de ses
élève y perdit la vie.
Dans la nuit du 6 au 7 juin 1944, Saint-Amand-Montrond (Cher) est la
première ville de France libérée par des résistants du groupe
"Combat", dirigés par Daniel Blanchard (capitaine
Surcouf) et
René Van Gaver, et des FTP de Marcel Lalonnier, « colonel Hubert ».
Les forces allemandes, avec une unité parachutiste, reprendront la ville
dans la soirée du 7 juin en fusillant 19 civils et en incendiant
plusieurs immeubles au lance-flamme.
Les résistants ont évacués la
ville pour se réfugier en Creuse vers leur responsable François. Ils ont
emmené avec eux 13 francs-gardes miliciens, 5 miliciennes et madame Simone
Bout-de-l'an, épouse de
Francis Bout-de-l'an, secrétaire national adjoint de la Milice en poste
à Vichy. En représailles, les miliciens prendront 120 otages dans la
ville.
Les otages, madame Bout-de-l'an et les miliciennes, sauf une qui
souhaite rester au maquis, seront respectivement libérés et ramenées à
St-Amand-Montrond;
les miliciens seront pendus le 20 juillet, en Creuse, dans les bois de
Saint-Pierre-de-Chérignat, par les hommes de la compagnie Chaillaud. Les
survivants des résistants du Cher étaient harcelés par les Allemands et
les miliciens ralentissaient la marche du groupe qui risquait à tout
moment d'être repéré. "Nous ne pouvions fusiller les miliciens:
les Allemands auraient entendu les détonations. Nous les avons pendus.
Nous avons fait des nœuds coulants avec des cordes de parachute que nous
avons fixées à de grosses branches. Nous n'avions ni escabeau ni chaise.
Nous leur passions le nœud coulant autour du cou, nous les soulevions le
plus haut possible et nous les laissions tomber. Les miliciens sont morts
courageusement. Quand j'ai annoncé à leur chef qu'ils allaient être
exécutés, il m'a dit simplement: Vous vous êtes appuyés sur
l'Angleterre et nous sur l'Allemagne; vous avez gagné et nous avons
perdu." (témoignage de Georges Chaillaud, rapporté par Jacques
Delperrié de Bayac dans son "Histoire de la Milice"
paru en 1994)
Le groupe
des F.F.I. du Cher, commandé par Surcouf, cantonne depuis le 11 juin au
château de Mérignat sur les bords du Thaurion, à la lisière est des
Grands-Bois (les otages sont enfermés dans la chapelle).
Le 17
juillet, après l'attaque allemande contre les élèves-gardes à
Boissieux, à l'orée ouest de la forêt, Surcouf et son lieutenant
René
Van Gaver décide de quitter ces lieux d'insécurité de la vallée du
Thaurion, et de repartir vers le nord-ouest, afin, sans doute de regagner
leur département d'origine.
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Monument de la Croix de la Mine |
Quand il connaît leur décision de repli, le capitaine Daniel (Pierre
Leylavergne), dont la compagnie de F.T.P., tient les grand-bois, leur a
envoyé un agent de liaison pour leur conseiller de gagner le vaste massif
forestier et de n'en pas bouger. Il sait, Daniel, que les Allemands ont
essayé de couper le pont de Judet, sur le barrage du Thaurion et
menacent, plus au nord, celui de Chauverne que les F.T.P. viennent de
franchir pour se retirer au cœur de la forêt de Faye Froide.
Le lendemain du combat de Boissieux, les Waffen S.S. ratissent les abords
des bois dans lesquels ils n'osent s'engager trop avant, mais qu'ils
balaient du feu de leurs armes automatiques et font surveiller par leurs
avions de reconnaissance.
Les Allemands franchissent le Thaurion, et sur la rive droite, atteignent
Chauverne-Piolet, la Vilatte et Champroy où cantonnait un peloton de la
garde.
A l'aube du 19 juillet, ils investissent les hameaux et s'emparent, dans
une carrière, d'un important matériel abandonné.
Ils ne s'attardent pas et leurs lignes de fantassins avancent vers l'est,
continuant le ratissage systématique de cette région bocageuse où
subsistent çà et là des bosquets de faible étendue.
C'est à ce moment la
qu'ils tombent par hasard sur la compagnie des F.F.I. du Cher qui, dans
leur marche vers le nord, se sont arrêtés pour une nuit, sur un mamelon
boisé de taillis de chênes et de hêtres, un étroit triangle cerné de
routes et sillonné de sentes forestières, à mi chemin de Fontléon et
de Chauverne-Piolet, au lieu dit la Croix de la Mine.
Sans doute, leur méconnaissance des lieux explique cette imprudence de
Surcouf et de ses maquisards qui se croient en sécurité.
Les Allemands, en cette aube du 19 juillet, investissent les bois,
espérant y cerner un escadron de la Garde.
Les Allemands attaquent
brusquement, Surcouf fait mettre en batterie les deux mitrailleuses que
lui ont donné les gardes et ses trois fusils mitrailleurs.
Les obus explosent çà et là, puis une fusillade se déchaîne sur la
petite troupe repérée par les ennemis.
Un combat inégal est engagé. La position des maquisards est
indéfendable sous les tirs de mitrailleuses et les obus de mortiers. Les
résistants ne disposent pour se protéger que de petits troncs, des
cordes de bois entassés ou des tas de fagots.
Après une longue
fusillade, les survivants se rendent: Surcouf est mort, les blessés sont
achevés par les Allemands d'une balle dans la tête, certains à coups de
crosse de fusils.
On relèvera les corps
des:
capitaine Daniel Blanchard,
caporal-chef Marcel Danjon,
soldat Albert Ravel,
sergent-chef Émilien Trébujais,
soldat Georges Cottereau,
soldat R Vaslin.
avec eux, on trouvera le
corps de René Verdier, un élève-garde de 16 ans.
René Van Gaver,
le lieutenant de Surcouf est tué un peu lus loin, à Lavillatte où il
était parti en patrouille.
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Grâce
au sacrifice de Surcouf et de ses hommes, un groupe a réussi à briser
l'encerclement.
La compagnie Surcouf
comptera 61 prisonniers dont 13 mourront en déportation. Ils furent
enfermer dans la tour Zizim à Bourganeuf où ils trouvèrent d'autres
résistants prisonniers: des C.F.L., des F.T.P. et des membres de l'École
de la Garde.
La section du lieutenant
Chaillaud qui avait pris un autre itinéraire avait échappé à
l'encerclement en emmenant ses ,miliciens prisonniers.
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À
100 m au nord de la stèle de la Croix de la Mine le lieu précis où tombèrent
le 19 juillet 1944 la jeune estafette
de l'École de la Garde René Verdier
et 6 combattants de la compagnie du Cher :
Daniel Blanchard ,
René Van Gaver,
Emilien Trebujais,
Marcel Danjon,
Albert Ravel,
Georges Cottereau. |
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Daniel
Blanchard, dit Surcouf,
et Van-Gaver.

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La
stèle de la Croix de la Mine lors de son édification en 1946 et
actuellement. |
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Une
inhumation mouvementée.
La mairie de
Saint-Dizier-Leyrenne est informée du triste bilan du combat de la Croix
de la Mine le lendemain, le 20 juillet.
On entre dans le bois pour photographier les corps des maquisards en vue
de leur identification et on décide de les inhumer provisoirement dans
une fosse commune creusée sur place.
Les menuisiers de ST-Dizier-Leyrenne fabriquent les cercueils et une
vingtaine d'hommes du bourg, munis de pelles et de pioches, se rendent par
la route à la Croix de la Mine pour procéder aux inhumations.
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Ils ne sont pas encore
arrivés sur les lieux du combat que surgit un convoi de S.S. motorisés
dont l'irruption sème l'épouvante.
Parmi les français, un instituteur, prisonnier de guerre rapatrié, parle
un peu l'allemand et explique aux militaires ce que le groupe de civils
vient faire dans ces bois. On lui demande d'attendre le chef du
détachement qui se trouve en queue de convoi.
Un sous-officier S.S. intime à tous de lever les bras en l'air. Il tire
sur un adolescent du groupe qui se sauve à toute jambes. L'adolescent
réussit à s'enfuir.
On parlemente, mais l'autorisation
d'aller enterrer "les Terroristes" n'est pas accordée et l'on
ordonne aux hommes de St-Dizier de s'asseoir dans le fossé de la route et
sont placés sous bonne garde de cinq ou six S.S. qui ont consigne de
tirer sur quiconque voudra bouger.
"Nous verrons ce que nous ferons de vous à notre retour" dit un
gradé S.S. avant de partir avec son détachement pour une opération de
nettoyage dans le bois de "Plein Panier".
Commence alors une interminable attente pour les hommes.
Le temps s'écoule très lentement. L'orage menace et l'atmosphère est de
plus en plus lourde. La nuit tombe lentement.
L'autorisation est accordée aux "prisonniers" de se dégourdir
les jambes.
Au retour du détachement et de l'officier, sous des trombes d'eau une
nouvelle négociation s'engage.
Finalement les hommes de St-Dizier sont autorisés à rentrer chez eux et
à revenir le lendemain pour les funérailles.; ce qui sera fait.
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Tombes provisoires des 9
"Morts pour la France" du 19 juillet 1944, à 300 m à l'ouest
de la Croix de la Mine sur la route de Chauverne-Piolet. |

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