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La première
libération de Guéret
le 7 juin 1944
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L'aurore du 7 juin voit les Maquisards des M.U.R. et des F.T.P. s'avancer
en formation de combat sur les routes convergeant vers Guéret.
...
Avant l'aube du 7 juin, un groupe armée de résistants de la 2103ème
compagnie des F.T.P. (compagnie Brunet) arrive par la route de
Sainte-Feyre. Aux abords de la ville, elle tombe sur un barrage de l'École
de la Garde ( huit hommes commandés par un sergent).
Les maquisards mettent en batterie un F.M. puis parlementent:
"amis ou ennemis ?"
" que voulez vous, plaide le sergent, j'ai 15 ans de service et ne
veux pas prendre une décision qui pourrait nuire à ma carrière !"
les hommes sont plus enthousiastes et décident de faire cause commune
avec les F.T.P. à condition de passer derrière eux.
Ralliement de l'Ecole
de la Garde le 7 juin
A 6 heures du matin, François, bien escorté, a pénétré à nouveau
dans la caserne par la porte donnant avenue de Laure. La sentinelle,
répondant à sa sommation d'ouvrir le passage au nom du général de
Gaulle l'a laissé passer. Dans la cour, il harangue les chefs et les
troupes qui s'y trouvent rassemblés; il leur dit l'attaque qui se
déclenche contre les Allemands et leur demande de rallier la Résistance.
Alors, le colonel Favier réunit ses cadres dans le bureau du chef
d'escadrons; il leur présente l'ultimatum qui leur est soumis et
réitère sa position de la veille: fidélité à la parole donnée au
Maréchal. Il demande aux chefs décidés à le suivre dans cette voie de
se ranger derrière lui; seuls obéissent le chef d'escadron commandant en
second et le chef d'escadron commandant le groupe d'escadrons. Les autres
se placent derrière le chef d'escadron Corberand qui a pris nettement
parti et se rallie aux F.F.I. Favier se retire avec ses subordonnés
Grange et Dautun. Le colonel, toutefois relève de leur serment
au paréchal Pétain ceux qui rejoignent la Résistance (René Castille).
Le commandant Corberand prend alors le commandement de l'École. Dans la
cour de la caserne, il annonce sa décision. Les escadrons présents se
rangent de son côté. Une grande partie de l'école va rallier la
Résistance.
Alors qu'en ville, le combat fait rage autour des trois cantonnements
attaqués par les forces du Maquis, les escadrons se préparent
hâtivement à partir en renfort.
Le premier aidera au siège de la Milice dans l'ancienne loge maçonnique,
rue de la Pépinière;
le second et le troisième soutiendront l'attaque de la Feldgendarmerie,
qui est installée dans l'hôtel Auclair, route de Limoges en renfort de
la Compagnie Franche du capitaine Louis Henry.
le premier du 5ème régiment de la Garde participera à l'investissement
de la Kommandantur, dans l'hôtel Saint-François, place Bonnyaud.
le quatrième se portera aux abords de la ville.
Le cinquième escadron
de l'École, qui cantonne à Jarnages, alerté, va suivre avec enthousiasme
la voie que lui indique son chef, le lieutenant Georges, qui commande en
l'absence du capitaine.
A 9h30, ses fourgons-cars sont près au départ pour Guéret et les
élèves-gardes y prennent place en chantant la Marseillaise.
A 11 heures, l'escadron a rejoint la caserne; il va être envoyé aux
abords de la ville pour tenir un barrage sur la route de Montluçon.
...
A partir de ce moment,
l'École de la Garde prend une part active aux combats de libération de
la Creuse et versera un lourd tribu.
D'après René Castille
("La Creuse pendant la seconde Guerre Mondiale")
"le ralliement de la Garde sera suivi par un nombre non
négligeable de défections (officiers et élèves-gardes) qui rejoignent
des unités non dissidentes ou leur foyer, mais qui parfois, la victoire
semblant définitivement acquise, retrouveront au maquis leurs
camarades."
Peut être est ce à la
suite de ce ralliement que la reprise de Guéret fut menée avec des
forces importantes: la Garde en France comptait alors 6000 hommes. Mais,
le comportement de l'Ecole reste exceptionnel au sein des unités sous
autorité de Vichy.
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Les combats pour la
libération de Guéret du 7 juin 1944:
dès leurs ralliements,
les gardes participent aux combats et y laisse sa vie:
- Camus Pierre, 5éme régiment de la garde, ° le 26/1/1915 à Paris 13, blessé à Guéret le
7/6/1944, + à Guéret (Creuse) le 8/6/1944. Il est touché dans l'attaque
du Saint-François, derrière l'hôtel.
Après la prise de
Guéret, deux nouveaux escadrons se rallient au commandant Corberand:
le deuxième du 5ème régiment de la Garde (capitaine
Ternet)
jusque là en opérations du Maintien de l'Ordre dans le canton du
Grand-Bourg se rapproche de Guéret pour cantonner à
St-Léger-le-Guéretois,
le troisième de la même unité (capitaine Receveau) qui garde le pont de
Busseau-sur-Creuse, rejoint la caserne le 8 juin à 4 heures du matin.
Un peloton de l'École de
la Garde avec un peloton de maquisards rendent les honneurs à la garnison
vaincue à sa sortie de l'hôtel Saint François.
Le jeudi 8 juin,
les maquisards et les élèves de la garde quittent leurs cantonnements
(la caserne et les lycées), et vont se poster aux abords de la ville pour
relever et remplacer leurs camarades qui les ont tenus dans la nuit.
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Plaque
sur le mur du St-François |
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en fait Jean Chapon est décédé le 8 juin.
Cette plaque n'est pas (plus ?) sur les lieux de son combat mais à la
Caserne Bongeot.
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Vers neuf heures,
une colonne allemande est signalée à Ajain, venant de Montluçon et se
dirigeant vers Guéret; l'escadron de la garde commandé par le lieutenant
Georges, tient ce secteur de part et d'autre de la Nationale, en dehors de
l'agglomération. Il renforce son dispositif de défense et double ses
barricades.
A 10 h 30, un
nouveau convoi ennemi est signalé au pont de Glénic: s'il attaque
Guéret, il devrait y pénétrer par la route de Paris. Alors, l'escadron
7/5 et la 1ère Compagnie C.F.L. partent en renfort sur le
barrage de cette voie d'accès.
Sur la route de
Montluçon, pour surveiller l'avance ennemie, le lieutenant Georges envoie
ses deux motards, Cajat et Pezerat qui se tiendront sur la crête à
quelques 1500 mètres de son dispositif de défense.
A 12 h 10, Cajat, fonçant à plein gaz, revient prévenir son chef
que l'attaque ennemie se précise. Elle est imminente. Le lieutenant
Georges, qui ne dispose que deux pelotons, alerte le commandant Corberand
en lui demandant des renforts.
Les sections de fantassins Allemands, débarqués de leurs camions,
commencent leur progression de chaque côté de la route en formation de
combat. Quand ils sont à 400 mètres du dispositif de défense, le
lieutenant Georges donne l'ordre d'ouvrir la feu. Il recevra en renfort la
1ère compagnie C.F.L. et l'escadron 7/5.
Le débordement classique des Allemands n'étant pas possible, ils sont
stoppés dans leur progression. Ils se replient après avoir incendié sans
raison deux maisons deux maisons du hameau du Verger. où ils massacrent
un couple: Georges et Jeanne Bergeron.
Vers 17 h 30, les allemands qui ont du recevoir des renforts
reprennent l'attaque. L'escadron Faurie, envoyé en renfort une heure plus
tôt va essayer de les déborder par la droite. Le combat fait rage
longtemps, puis les Allemands se retirent.
Les élèves-gardes, dont la conduite au feu a été remarquable, ont
perdu l'un des leurs: l'élève-garde Jean Chapon, qui grièvement
blessé, mourra peu après à l'hôpital.
" Jean Chapon
arrive au monde le 22 septembre 1923, à Dardilly, dans le département du
Rhone. A 18 ans, il est pensionnaire en classe préparatoire en vue
d'intégrer l'École spéciale militaire de Saint-Cyr.
Après avoir servi aux Chantiers de jeunesse, dans un groupement du commissariat
régional d'Alpes-Jura, il s'engage le 20 décembre 1943, pour trois ans,
au titre de l'École de la Garde à Guéret où il est admis, en qualité
d'élève-garde, au 3ème peloton (lieutenant Page) du 3
escadron (capitaine Fourreau) pour une formation de six mois à la caserne
des Augustines.
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Après
le débarquement sur les plages normandes, Jean Chapon sert, les 7 et 8
juin 1944, dans les Forces Françaises de l'Intérieur de la Creuse du
lieutenant-colonel Fossey-François, au sein de l'École de la Garde aux
ordres du chef d'escadron Corberand.
Dans l'ouvrage "Les cadets de la Garde dans la tourmente",
il est écrit: "sur la route de Paris, le peloton Page du 3ème
escadron tient le pont de chemin de fer qui passe au-dessus de la route,
avec un groupe de combat et une mitrailleuse. Le gros du peloton
s'implante en avant, à plusieurs centaines de mètres, avec un groupe de
mitrailleuses à gauche de la route, flanqué à droite par un groupe de
combat avec fusils-mitrailleurs. Le terrain est plutôt assez dégagé.
A l'approche de leurs éléments avancés, les élèves-gardes ouvrent le
feu. La résistance étant ainsi dévoilée, les assaillants essayent de
la contourner en privilégiant l'action sur leur droite pour s'infiltrer
entre le 5ème escadron et l'élément avancé du peloton Page
qui, pris à partie par des tirs de mitrailleuses, riposte avec son
fusil-mitrailleur.
La progression reprend en se rabattant légèrement en direction de la
route de Montluçon. Dans le même temps, l'avant poste du peloton Page
est également pris à partie par des tirs de mitrailleuses.
L'élève-garde Chapon, chef de pièce du fusil-mitrailleur, est grièvement
blessé. Évacué sur l'hôpital, il y meurt le soir, en murmurant: chic
à Cyr, on les aura."
Il est décoré à titre posthume le 16 octobre 1945, de la médaille
militaire et de la crois de guerre 1939-1945 avec palme "pour services
de guerre exceptionnels". Il est cité à l'ordre de l'armée:
"Jeunes élève de l'École de la Garde de Guéret, rallié aux
Forces Françaises de l'Intérieur dès le 6 juin 1944. Le 8 juin, à
Guéret, a été mortellement atteint par une balle de mitrailleuse
ennemie, au moment d'une contre-attaque allemande venant de la route de
Paris; malgré sa souffrance, a continué à donner des ordres au
fusil-mitrailleur de l'escouade qu'il commandait, montrant à ses
camarades un magnifique exemple de courage et de sang-froid. Est mort à
l'hôpital quelques instants après son arrivée."
Plus tard, à Guéret, son patronyme sera gravé sur le monument aux
morts, sur le mémorial de la Résistance, sur la plaque aux morts et sur
la plaque commémorative de la caserne de gendarmerie. Par ailleurs, en
2002, les élèves-gendarmes du 243ème stage, de l'École de
gendarmerie de Montluçon, l'ont choisi comme parrain de promotion.
Source: http://lapinot51.free.fr/Garde/2013/ppages/ppage27.htm
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Ces
jours vus par un participant; le général Véran Cambon de Lavalette
(° 18/12/1923, + 26/1/2014) dans "de
la Petite-Bastide à la Résistance et au camp de Dachau",
élève garde à l'époque.
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Le
6 juin 1944, éclate la nouvelle du débarquement allié en Normandie. Par
mesure de sécurité, les escadrons de l'École de la Garde vont
s'installer pour la nuit sur les différents axes, hors de Guéret.
Notre peloton bivouaque dans la ferme des Meignets près de Jarnages. Le 7
au matin, nous revenons dans la ville. Ceux de nos chefs qui étaient en
relation avec la Résistance, dont le Commandant Corbérand, ont négocié
notre soutien avec le Colonel Fossey-François, Chef de l'Armée Secrète,
et chef départemental F.F.I..
La décision de libérer Guéret avait été prise, selon les instructions
venues de Londres.
Nous entrons donc en ville le 7 juin à 11 heures 30 en pleine bataille,
dans la joie délirante de nos vingt ans, allégresse non dénuée de
gravité. Ainsi commençait pour nous la libération de la France.
Je laisse au rapport de
note commandant de peloton, le Lieutenant Guillot, le soin de décrire cet
épisode:
- " De la cote 403, on aperçoit la fumée d'un incendie (Hôtel
Saint-François).
Arrivée enthousiaste dans Guéret où l'on nous attend; les hommes
chantent dans les cars pendant que l'on traverse la ville. Guéret est
tenu par les forces du Commandant François qui n'ont pas toutes des
armes, d'ailleurs.
Arrivée au quartier, sol jonché de paquets de cartouches vides (en fait,
le peloton des aspirants, seul resté au quartier cette nuit là, avait
forcé la soute à munitions), faisceaux formés dans la cour, va-et-vient
continu; au dessus de nos têtes passent les rafales de P.M. tirées par
les Allemands des immeubles situés en face de l'Hôtel Aucler.
Les hommes vont à la soupe et le Lieutenant reçoit l'ordre de se porter
avec son peloton dans l'Hôtel Central, en utilisant les angles morts pour
prendre à partie l'Hôtel Saint-François occupés par les
Allemands..."
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Nous
ne sommes alors que des spectateurs, observant par les fenêtres les tirs
nourris, qui s'échangent de part et d'autre des immeubles de la place
Bonyaud, ou de tireurs postés derrière les arbres.
Dans l'après-midi nous recevons l'ordre de nous porter à la rencontre
d'hypothétiques Allemands venant de Sainte-Feyre.
Nous croisons des F.T.P. qui tenaient la route de Ste-Feyre et se
replient. Nous progressons par groupes jusqu'à la Côte 523.
C'est la que vers 16 heures, nous apprenons la capitulation des Allemands
de la garnison. Kommandantur et Feldgendarmerie se sont rendues, l'une aux
F.F.I., l'autre à un escadron de l'école. Les honneurs ont été rendus
aux vaincus et les neuf blessés seront soignés à l'hôpital. Nous avons
à déplorer la mort du Garde Camus. Les Allemands ont eu dix tués.
Là encore, peu camouflés par une végétation clairsemée, nous sommes
mitraillés par un avion volant à basse altitude. Aucun dégât. Là
enfin, le Lieutenant nous tient à peu près ce langage:
- "Personne, jusqu'ici, ne vous a parlé des lois de la guerre. Il
faut que vous sachiez que, au regard des lois internationales, le combat
que nous allons mener est illicite et que ceux qui voudront me rejoindre
de l'autre côté de ce chemin seront considérés par l'ennemi comme
francs-tireurs, et fusillés s'ils sont pris. Votre vocation militaire ne
vous oblige pas à me suivre et je conserverai mon estime à ceux qui
préfèreraient attendre les armées alliées pour s'engager. A personne
je n'impose mon propre engagement."
Personne ne resta du mauvais côté du chemin."
C'est alors que commence
l'action qui a marqué tout le peloton dont c'est le véritable baptême
du feu.
Je cite à nouveau le rapport:
- " Le Lieutenant reçoit l'ordre de se porter sur la route de
Montluçon et de s'y installer défensivement en 2ème
échelon. La soupe arrive et mangée rapidement.
On répartit un supplément de munitions (V.B. pétards et détonateurs,
grenades OF.F1 et incendiaires). Le peloton arrive à la route de
Montluçon vers 22 heures, s'installe définitivement..."
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Vue
actuelle prise du niveau approximatif des positions de la Garde. |
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Jeudi
8 juin - la victoire.
Début de matinée très calme. Vers 9 heures, alerte. Des camions
allemands sont signalés comme arrivant par la route d'Aubusson. Le
lieutenant y porte un groupe en renfort...
C'est une fausse alerte. D'autres surviennent sous la forme d'une menace
sur la route de Montargis. Des bouchons sont établis sur toutes les
routes d'accès à Guéret. Nous avons peu mangé, peu dormi et, de nos
postes, beaucoup scruté l'horizon depuis la veille.
Enfin, nous voici concernés. Un agent de liaisons, venu de la ville, à
11 heures 30, signal les Allemands à Ajun (Ajain), sur notre axe.
-" Soudain, il est midi, l'agent motocycliste de liaison de
l'escadron (Cajat), placé en vedette à deux kilomètres en avant,
arrive et annonce les Allemands. Il les a vus progresser dans les fossés le long de leurs cars, il a même été pris à partie par leur
feu. Quelques instants après, on voit des véhicules apparaître au
sommet de la côte 403. On distingue nettement les hommes qui descendent
des cars. Ils sont à 1 500 mètres environs, on les perd de vue. Il se
passe quelques minutes et la fusillade commence du côté allemand. Feux
mal ajustés...
Les mitrailleuses légères allemandes entrent en action. Les paysans
fuient vers nous à travers champs. Les Allemands tirent sur eux. On
entend: - "Ne tirez pas, partisans." - Le Lieutenant, croyant
que des éléments amis non signalés se replient sur notre position, fait
cesser le feu. Mais c'est une ruse grossière, vite éventée; le feu
reprend.
Les fermes situées à 500 mètres en avant, sont atteintes par les
Allemands, un rideau d'arbres nous les cachent. Les Allemands y mettent le
feu et massacrent les fermiers dont nous retrouverons les corps au cours
de notre progression dans la soirée.
L'infiltration allemande continue de haie en haie, ils amorcent le
débordement vers la gauche, débordement qui s'accentuera par la suite...
Le Lieutenant donne l'ordre à son F.M. de n'ouvrir le feu que lorsque les
Allemands seront à 250 mètres.
L'ennemi continue à pousser sur l'axe, malgré le tir du F.M. du 2ème
peloton. Il amène un mortier de 91, (ou plutôt minenwerfer léger
lançant des projectiles de 81), à moins de 300 mètres de nous. Il le
met en batterie dans l'annonce d'un chemin creux partant de la route, il
commence à prendre à partie les abords de la villa située devant le
groupe Lepage." (le mien)
Mon groupe est solidement retranché, à droite de la route, derrière une
murette de pierres sèches que nous avions par avance
"organisée" avec des créneaux et des fenêtres de tir et
d'observation. Cela ressemblait à ce que nous avions appris. Nous avions
confiance. Conscients de vivre notre baptême du feu, nous tirions sur
tout ce qui nous était offert comme uniformes allemands, apparaissant et
disparaissant à travers l'abondante frondaison, au delà du glacis qui
s'étendait devant nous.
Néanmoins, l'ennemi progressait et nous ne pouvions qu'admirer la
brillante démonstration de vétérans instruits par quatre ans de guerre.
Brutalement, le long miaulement des minenwerfer se dispersant dans l'air
au dessus de nous, comme un essaim d'abeilles, une musique irréelle, nous
serra le cœur. Cela n'était pas prévu. Et puis une ferme brûlait sur
notre gauche.
Un drame se passait qui projetait une sinistre lueur sur le genre de
guerre dans lequel nous étions en train de nous plonger. Mais ce moment
incertain ne dura pas. Je reprends le rapport du Lieutenant: |
La
ferme du Verger incendiée.
"les sanglants événements de Guéret"
de Raymond Varlet, 1945.
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" Le tir s'allonge sur nous. Entre les explosions, le F.M. du 2ème
peloton prend les servants à partie. Au moins l'un des servants est tué.
Le tir cesse au bout d'une demie-heure, faute de munitions sans doute, et
sans perte pour nous. Tir V.B. sur les premiers Allemands (grenades
lancées au moyen du fusil) sur les premiers Allemands le long de la
route sans efficacité...
La fusillade va continuer par intermittence, pendant que sur la crête et
loin devant, elle commence. C'est l'escadron Faurie qui a du arriver au
contact du débordant. Notre position est vraiment soulagée d'un grand
poids, car l'Allemand doit se sentir nettement menacé sur ses arrières.
Il va d'ailleurs décrocher et s'embarquer sous la protection de quelques
armes automatiques. On voit d'abord quelques groupes qui rejoignent les
cars sur l'axe. Ils emportent dans des couvertures des morts et des
blessés. Le F.M. tire alors sur les cars par boites entières..."
Alors que le groupe
Gaillard, en liaison avec un escadron voisin, harcèle les éléments
infiltrés, en repli à gauche de la route, et dépasse la ferme en feu,
découvrant les cadavres des fermiers (Georges et Jeanne Bergeron.)
Le peloton Guillot avait
pris position à 11 heures. Il en était 18 quand il fut rejoint par ses marmites
norvégiennes, en déshérence depuis midi. L'ambiance était à la fois
gaie et grave, à la hauteur de l'événement. Mais personne n'avait faim.
Les macaronis étaient froids et les cuisiniers, dans l'improvisation de
l'action, avait oublié le sel.
Nous allâmes nous coucher dans une grange, vers la route de Bourganeuf, en
contournant la ville, où, les combats avaient cessé, seuls quelques
miliciens tiraient encore par les fenêtres.
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