du 5 au 23 septembre 1914


Accueil plan du site les nouveautés.. Généalogie Cartes postales

Quelques fois, les images, à l'ouverture d'une page, s'ouvrent de manière anarchique.
En ouvrant une image, au hasard, tout se met en ordre..

Précédente Remonter Suivante                          

   
 
  2) " la Bataille de la Marne", au sud de Vitry-le-François puis, la contre-attaque  

 

 

 
   
 

 

 

 

 

 

 

 

Désormais le territoire français est envahi. Bercée jusque-là par les communiqués lénifiants du "Grand Quartier Général" (installé depuis le 4 août à Vitry-le-François.), la population découvre, stupéfaite, le 25 août, un front stable "de la Somme aux Vosges". Elle comprend alors que les combats ont désormais pour enjeu le cœur de la France.
Si la victoire du général Lanrezac et de sa 5ème armée à Guise, les 28-30 août, permet un instant de répit, on se bat bientôt en Champagne. Le 2 septembre le gouvernement et le Parlement se réfugient à Bordeaux. Seule lueur d'espoir: la retraite ne se mue pas en débâcle, et préserve une grande partie des forces. Les Allemands, croyant déjà avoir partie gagnée, se prennent à mépriser ( et donc à sous-estimer) leurs adversaires et se préoccupent surtout de pillage. Le champagne qui coule à flots est un allié de poids pour les Français...

C'est alors que le généralissime Joffre qui, sans avoir su anticiper le désastre, n'a toutefois jamais cédé à la panique, va réussir à redresser la situation. Son adversaire le plus entreprenant, le général von Kluck, lui en donne l'occasion. Au lieu de foncer sur Paris - les premiers éclaireurs allemands n'en sont plus qu'à une trentaine de kilomètres -, le commandant de la première armée allemande néglige la capitale et la contourne par l'Est. La plupart des historiens s'accordent à penser que von Kluck désirait détruire les forces françaises qu'il croyait en déroute avant de s'engager dans Paris.

 

Le général Joffre Au cours du crucial conseil de guerre du 4 septembre, le général Berthelot, alter ego de Joffre, lui conseille de résister sur la Seine, afin d'entraîner les Allemands le plus au sud possible et de les enfermer dans une nasse. Mais le général en chef choisit la Marne et demande au commandant Gamelin de rédiger un ordre du jour devenu fameux: "Au moment où s'engage une bataille dont dépend le sort du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et à refouler l'ennemi. Une troupe qui ne peut plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer." Auparavant, il s'est assuré, non sans difficultés, le concours du corps expéditionnaire britannique du maréchal French.

Joffre vient de former une 6ème armée, confiée à Maunoury, à la disposition du général commandant le camp retranché de Paris, Gallieni. Il lui assigne le rôle de prendre von Kluck par son flanc ouest, avec à sa droite les Anglais et la 5ème armée, où Franchet d'Esperey vient de remplacer Lanrezac. Le gouvernement de Paris utilise au cours de l'opération des taxis désormais inséparables de la "légende de la Marne". Tandis que les Allemands tentent de se dégager par l'Est, les armées de Sarrail et de Castelnau résistent autour de Verdun et de Nancy. Au centre, une seconde armée nouvelle, la 9ème commandée par Foch, tient solidement les marais de Saint-Gond. Finalement, les Franco-britanniques s'engouffrent dans une brèche apparue ente les 1ère et 2ème armées allemandes. Les Alliés tiennet là une victoire incontestable, mais non pas définitive, comme ils le croient pendant quelques jours. Bientôt, en effet, l'envahisseur se retranche solidement sur l'Aisne, la Somme, en Champagne et dans l'Argonne.

La bataille de la Marne, qui se déroule en fait entre Paris et Nancy, a pourtant un énorme retentissement. Le moral des soldats et des civils alliés remonte fortement; les neutres indécis ont la preuve que l'armée allemande n'est pas invincible. 

 
   
  *4

 

   

Les forces en présence dans le secteur de la 4ème armée. 

 

 
 
   

ORDRE DE BATAILLE DE LA IVème ARMÉE FRANÇAISE pour la période du 6 au 14 septembre 1914

                            (Ces tableaux sont tirés de l'ouvrage "LES ARMEES FRANCAISES DANS LA GRANDE GUERRE" TOME 1, CHAPITRE I, VOLUME 3, 
                                                   ce tableau est tiré de http://20072008.free.fr/site2004/compo4_a.htm  )

Commandant en chef de l'armée : Général Joffre.

 

  
IVème ARMÉE. : Général de Langle de Cary; 
                   chef d'état-major : général Maistre jusqu'au 12/9, puis

 


                              
Général de Langle de Cary *3
 
       

 Corps d'Armée et divisions

2e C.A. : 3e et 4e D.I.

12e C.A. : 23e et 24e D.I.

17e C.A. : 33e et 34e D.I.

21e C.A. : 13e et 43e D.I. (du 7/9 jusqu'au 13/9 inclus)

C.A.C. : 2e et 3e D.I.C.

Artillerie lourde :  colonel Masselet

2e R. A. L.

1 groupe de 155 C. T. R. (3 batteries de 4 pièces)

Aviation : Commandant Barès puis du 2/9 capitaine Roisin

2 escadrilles V (N° 14 et 21).

1 escadrille C (N° 11).

1 escadrille D (N° 22)


CORPS D'ARMEE

 
 2e C.A. : général Gérard, 
                 chef d'état-major : lieutenant-colonel Monterou, puis du 8/9 lieutenant-colonel Vidalon.

3e D.I. : général Cordonnier,  
                chef d'état-major : commandant Basly.

5e brigade (colonel puis général Toulorge) : 72e R.I., 128e R.I.

6e brigade (général Caré) : 51e R.I., 87e R.I.

Cavalerie 19e chasseurs à cheval (1 escadron).

Artillerie 17e R.A.C. (3 groupes 75)

Génie: 3e régiment (compagnie 2/1).

4e D.I. : général Rabier; 
               chef d'état-major : commandant Guillaume.

7e brigade (colonel Lejaille, puis du 9/9 colonel Blondin) : 91e R.I., 147e R.I.

87e brigade (colonel Mangin) : 120e R.I., 9e B.C.P., 18e B.C.P.

Cavalerie : 19e chasseurs à cheval (1 escadron)

Artillerie : 42e R.A.C. (3 groupes)

Génie : 3e régiment (compagnie 2/2).

Réserve d'infanterie

272e R.I., 328e R.I.

Cavalerie

19e chasseurs à cheval (4 escadrons).

Artillerie

29e R.A.C. (4 groupes)

Génie

3e régiment (compagnies 2/3, 2/4, 2/16, 2/21 )

 

  
12e C.A. : général Roques; 
                   chef d'état-major : colonel Méric puis du 10/9 lieutenant-colonel Bernard.            

 


                        
*3
 

23e D.I. : général Masnon,
    
     
chef d'état-major : commandant Séguin.

45e brigade (colonel Arlabosse) : 63e R.I., 78e R.I. (Régiments limousins)

46e brigade (colonel Chéré) : 107e R.I., 138e R.I.

Cavalerie : 21e chasseurs à cheval (1 escadron)

Artillerie : 21e R.A.C. (3 groupes 75)  (Régiment d'Angoulême comportant des limousins dont un de mes G.P.)

Génie : 6e régiment (compagnie 12/1).

24e D.I. : général Descoings; 
    chef d'état-major : commandant Delouche.

47e brigade (colonel Jacquot) : 50e R.I., 108e R.I.

48e brigade (colonel Dubois, puis du 10/9 colonel Méric) : 100e R.I., 126e R.I.

Cavalerie : 21e chasseurs à cheval (1 escadron)

Artillerie : 34e R.A.C. (3 groupes 75)

Génie : 6e régiment (compagnie 12/2).

Réserve d'infanterie

300e R.I., 326e R.I.

Cavalerie

21e chasseurs à cheval (4 escadrons).

Artillerie

52e R.A.C. (4 groupes) (Régiment d'Angoulême comportant des limousins dont l'autre de mes G.P.)

Génie

6e régiment (compagnies 12/3, 12/4, 12/16, 12/21)


17e C.A. : général J.B. Dumas, 
                    chef d'état-major : lieutenant-colonel Grégoire.

33e D.I. : général Guillaumat, 
                  chef d'état-major : commandant Mondange.

65e brigade (général Hélo) : 7e R.I., 9e R.I.

66e brigade (général Savatier) : 11e R.I., 20e R.I.

Cavalerie : 9e chasseurs à cheval (1 escadron).

Artillerie 18e R.A.C. (3 groupes 75)

Génie: 2e régiment (compagnie 17/1).

34e D.I. : général Alby;  
                  chef d'état-major : commandant Louveau de la Guigneraye.

67e brigade (général Dupuis, puis du 9/9 colonel Delmotte) : 14e R.I., 83e R.I.

68e brigade (colonel Bertaux) : 59e R.I., 88e R.I.

Cavalerie : 9e chasseurs à cheval (1 escadron)

Artillerie : 23e R.A.C. (3 groupes)

Génie : 2e régiment (compagnie 17/2).

Réserve d'infanterie

207e R.I., 209e R.I.

Cavalerie

9e chasseurs à cheval (4 escadrons).

Artillerie

57e R.A.C. (4 groupes)

Génie

2e régiment (compagnies 17/3, 17/4, 17/16, 17/21 )

 

21e C.A. : général Legrand puis du 12/9 général Maistre, 
                    chef d'état-major : lieutenant-colonel Baucheron de Boissoudy.

13e D.I.: général Baquet,
          chef d'état-major : 
          commandant Hutteau d'Origny.

25e brigade (général Barlade puis du 10/9 colonel Griache) : 17e R.I., 17e B.C.P., 20e B.C.P., 21e B.C.P.

26e brigade (colonel Hamon, puis du 10/9 lt-colonel Faivre, puis du 12/9 lt-colonel Schmidt) : 21e R.I., 109e R.I.

Cavalerie : 4e chasseurs à cheval (1 escadron).

Artillerie 62e R.A.C. (3 groupes 75)

Génie: 11e régiment (compagnie 21/1).

43e D.I.:    chef d'état-major : commandant Zeller.

85e brigade (colonel Menvielle) : 149e R.I., 158e R.I.

86e brigade (colonel Olleris) : 1er B.C.P., 3e B.C.P., 20e B.C.P., 31e B.C.P.

Cavalerie : 4e chasseurs à cheval (1 escadron)

Artillerie : 12e R.A.C. (3 groupes)

Génie : 11e régiment (compagnie 21/2).

Réserve d'infanterie

néant

Cavalerie

4e chasseurs à cheval (4 escadrons).

Artillerie

59e R.A.C. (4 groupes)

Génie

11e régiment (compagnies 21/3, 21/4, 21/16, 21/21 )


 C.A.C. : général Lefèvre; 
                chef d'état-major : colonel Puyreroux, puis du 8/9 lt-colonel Aubert.

2e D.I.C. :              chef d'état-major : capitaine Magnabal.

4e brigade d'infanterie coloniale (colonel Raymond) : 4e R.I.C., 8e R.I.C.

6e brigade d'infanterie coloniale (général Caudrelier) : 22e R.I.C., 24e R.I.C.

Cavalerie : néant

Artillerie 1er R.A.C. colonial (2 groupes)

Génie : 1er régiment (compagnies 22/1)

3e D.I.C. :général Leblond, 
                  puis du 12/9 général Goullet; 
            chef d'état-major : commandant Jannot, 
                     puis du 12/9 capitaine Thiry.

1ère brigade d'infanterie coloniale (colonel Guérin) : 1er R.I.C., 2e R.I.C.

3e brigade d'infanterie coloniale (colonel Lamolle, puis du 9/9 général Lamolle) : 3e R.I.C., 7e R.I.C.

Cavalerie : néant.

Artillerie : 3e R.A.C. colonial (2 groupes)

Génie : 1er régiment (compagnie 22/3)

5e B.I.C. : général Goullet, 
                     puis du 8/9 colonel Puypeyroux.

21e R.I.C., 23e R.I.C.

Cavalerie

3e chasseurs d'Afrique (4 escadrons) et 6e dragons (2 escadrons de réserve).

Artillerie

3e R.A.C. colonial (2 groupes)

Génie

1er régiment (compagnies 22/2, 22/4, 22/16, 22/31 )

 

 
 
 
  A droite de la IVème Armée se trouve la IIIème armée.

 

5e Corps : général Micheler.

9e division (général Martin).

10e division (général Roques tué le 6 et remplacé provisoirement par le général Gossart).

6e Corps : général Verraux

12e division (général Souchier puis général Herr).

10e division (général Leconte).

107e brigade (général Estève).
15e Corps : général Espinasse. 29e division (général Carbillet).
30e division (général Colle).

3e Groupe des divisions de réserve : Général Paul Durand.

65e division de réserve : général Bigot.

67e division de réserve : général Marabeil.

75e division de réserve : général Vimard.
Troupes de la Défense de Verdun : général Heymann. (Ces troupes opèrent au cours de la bataille des sorties qui inquiètent le flanc gauche des forces allemandes.)
7e division de cavalerie : général d'Urbal. (Très mobile, se déplace fréquemment pour assurer la surveillance et la liaison sur les points particulièrement menacés.)

*3

 
 
 
Les Adversaires
.

 

IIIe Armée : général von Hausen.

XIXe corps actif. Ces deux corps constituent l'aile gauche de cette armée, dont les autres corps sont opposés à l'armée du général Foch.
XIXe corps de réserve.
IVe Armée : Duc de Wurtemberg. VIIIe corps actif. Le XVIIIe corps actif est remplacé par le XVIIIe corps de réserve pendant la bataille.
VIIIe corps de réserve.
XVIIIe corps actif.
Ve Armée : Prince Impérial Allemand. VIe Corps actif.
XIIIe corps actif.
XVIe corps actif
VIe corps de réserve.
Ve corps de réserve.

*3

 

 

 
 
- " la Bataille de la Marne", au sud de Vitry-le-François puis, la contre-attaque  dans "l'historique du 78ème."

5 septembre 1914, ordre du jour de Joffre prescrivant l'offensive. 
"
au moment où s'engage une bataille dont dépend le sort du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière; tous les efforts doivent être employés à attaquer et à refouler l'ennemi. Une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée."

La divergence des directions de retraite, la dispersion des régiments dont les éléments ont dû, à plusieurs reprises, faire tête à l'ennemi, l'extrême fatigue de la plupart des bataillons ont obligé le commandement à regrouper le corps d'armée en deux divisions provisoires:

- la 24ème division provisoire (général Descoings) comprend 
                                        la 47ème brigade (colonel Jacquot), formée des 107ème et 108ème
                                        la 48ème brigade qui rejoint à partir du 7 septembre
                                        les incidents du combat mêleront à ce groupe les 126ème, 326ème et 100ème régiments et le 1er bataillon du 78ème.
La division provisoire tient le front du corps entier et est avisée qu'elle ne doit espérer aucun renfort. Elle dispose de la majeure partie de l'artillerie du corps d'armée. *1
Le bataillon Dagues (1er), séparé du régiment par une mission de protection de l'artillerie, a rallié, le 6 septembre, la division provisoire où il concourt, avec les 107ème, 108ème et 123ème régiments d'infanterie, à l'âpre lutte qui se déroule, au sud de Vitry-le-François, pour la possession de l'importante position: château de Beaucamp, Châtelraould, Montmoret, qui couvre la route nationale.
C'est à l'aile gauche de la division que le bataillon Dagues dispute le terrain contre de dures attaques. 

Le 8 septembre au soir, ses pertes sont telles qu'il est retiré de la première ligne. Ses débris sous les ordres du capitaine Ménard, seul officier resté debout, sont mis en réserve du 108ème jusqu'à la fin de la bataille.

L'acharnement du combat qu'a soutenu le 1er bataillon est démontré par ses pertes: 16 officiers sur 17, 561 soldats.

 - la 23ème division provisoire ( 63ème, 78ème, 50ème, 138ème R.I.) est successivement aux ordres du 21ème puis 17ème corps d'armée.
                              

Le 78ème, dans cette division, avec le lieutenant-colonel de Montluisant à sa tête comprend les bataillons Costeur (2ème) et Thérond (3ème). 
Ils repartent de Braux-le-Petit, où ils sont cantonné le 6 septembre
ils concourent à l'arrêt de la furieuse poursuite pour passer bientôt, du 10 au 14 septembre, à la reprise de l'offensive contre l'ennemi qui bat en retraite. 
La Marne est repassée à Togny-aux-Boeufs, et le régiment, qui a été rejoint par son 1er bataillon, gagne Sainte-Menehould le 14 septembre 1914.

 

 

   
 
- Opérations du 1er bataillon détaché du régiment du 6 au 12 septembre 1914 .
   
  Le 1er bataillon est attaché à la 24ème division d'infanterie du 12ème corps (les deux autres bataillons sont rattachés à la 23ème division provisoire)
   
 
   
 
  *2

 

   
    
   
 

1) Le 6 septembre pour la 4ème armée dans le "guide Michelin". *3

"Dès le 6 septembre, la 4ème armée s'efforce d'arrêter la marche des troupes allemandes; sa tâche est lourde car elle a dû prendre ses positions presqu'au contact des forces qui la poursuivent et seule son aile gauche, constituée par le 17ème corps qui a retraité en tête de l'armée, a gardé assez d'aisance pour un retour offensif. Par endroits, elle sera encore obligée de reculer, mais néanmoins, au cours de cette journée, elle parvient à fixer le gros des troupes adverses.

Le 17ème corps se porte vers le nord. Malgré le feu de l'artillerie adverse établie au nord de la voix ferrée de Sommesous à Vitry, une vive lutte d'infanterie se déroule à l'ouest du Château de Beaucamp; le soir, le 17ème corps refoule le XIXe saxon et porte ses avant-postes auprès de la ligne de chemin de fer, à l'ouest de Huiron.

Pour le 12ème corps dont fait partie le 1er bataillon du 78ème, l'attaque allemande se produit dès le matin. Ce corps, réduit à quelques bataillons de ligne, perd après une résistance acharnée Frignicourt, Courdemanges et Huiron. Mais, l'adversaire, trop éprouvé, ne tire pas parti de son avance, et les Français reprennent dans la soirée ces deux derniers villages.

A la gauche du Corps colonial, après une lutte violente sur le canal de St-Dizier, les Allemands passent sur la rive sud, attaquent en force, mais ne peuvent entamer la ligne Blaise-Norrois-Matignicourt. Sur la droite, Vauclerc et Ecriennes tombent après de durs combats.

Devant le 2ème corps, les attaques allemandes sont soutenues par un feu violent d'artillerie dirigé de Heiltz-l' et Hieltz-le-Laurupt. Au cours de la matinée, le canal est forcé à l'ouest de le Buisson. Au même moment, les Allemands obligent à se resserrer sur sa gauche le Corps colonial, avec lequel le 2ème corps est alors menacé de perdre tout contact. Mais le général Gérard, qui commande ce dernier corps, bouche aussitôt la brèche : profitant de ce que la situation est plus favorable du côté de la 4ème division qui tient le front Pargy-Sermaize, il envoie à travers bois une de ses brigades (la brigade Lejaille) autour de Favresse, pour remplacer les coloniaux.
La lutte s'étend bientôt sur le canal à l'Est de le Buisson; à 15 heures, tous les ponts jusqu'à Etrepy sont tombés. Pargny, après un terrible bombardement, est attaqué par le nord et par l'ouest, mais résiste à tous les assauts. Entre Pargny et Sermaize, l'infanterie allemande occupe Alliancelles, mais son attaque s'est brisée devant Remennecourt." 

   
 
 
   
  2) Le 6 septembre pour le 1er bataillon du 78ème dans "le journal de marches et opérations du 78ème régiment d'infanterie.

à 5h, le 1er bataillon désigné comme soutien d'artillerie part de Brandevillers pour Lignon.

A 6h, le bataillon s'installe soutien du groupe et du parc.

A 18h, le bataillon, qui ne peut suivre l'artillerie qui se porte au trot vers les Rivières-Henruel, bivouaque à Petit-Paris sur la grand-route.

   

 

   

  
   
 

1) Le 7 septembre pour la 4ème armée dans le "guide Michelin". *3 

"La 4ème armée occupe par sa droite la vallée où coulent l'Ornain, la Saulx et le canal de la Marne au Rhin, c'est à dire la partie ouest de la "Trouée de Revigny". L'attaque des Allemands redouble de violence sur cet objectif important. Leurs efforts se portent principalement sur Sermaize et Pargny, ils veulent à tout prix percer là, dans la direction de Saint-Dizier et de la Marne, afin de tourner la droite de la 4ème armée. Les troupes de Langle de Cary résistent héroïquement, mais le 2ème corps commence à faillir sous la pesée.

17ème corps - Les Allemands ont accumilé autour de Sompuis de grandes forces d'infanterie et une recrudescence des attaques est à prévoir. Pour y parer et maintenir ses gains de la veille, le 17ème corps est resserré vers le nord et le nord-Est dans la nuit du 6 au 7. La tâche de la 9ème division de cavalerie qui doit conserver la liaison entre les armées Foch et de Langle de Cary sera de se fait rendue plus ardue. Toute la journée, les lignes du général J-B Dumas sont soumises à un violent bombardement. Le XIIème corps saxon a envoyé une division en renfort au XIXe. La bataille est acharnée sur les crêtes d'Humbauville, ainsi qu'à l'Est de Sompuis. Les efforts des Allemands décroissent enfin vers 17 heures. Le 17ème corps passe aussitôt à l'offensive et ses avant-postes gagnent encore du terrain vers le chemin de fer.

12ème corps - Le général Roques rappelle les éléments partis au repos dans la journée du 5. la 23ème division avec les deux bataillons du 78ème vient cantonner à Saint-Ouen d'où elle sera dirigée, le lendemain, à la gauche du 17ème corps. Dès 6 heures du matin, Huiron est attaquée par l'infanterie allemande qui descend en force de Blacy, mais le village résiste toute la journée et n'est abandonné que le soir.
Les positions de Courdemanges et du Mont Moret, avec le 1er bataillon du 78è, sont soumises à un bombardement incessant. Les troupes qui s'y sont établies, incrustées au sol, ne bougent pas.

Le Corps colonial - Le front du Corps colonial est sous le feu des batteries allemandes de Vitry-le-François; par contre, l'artillerie de ce corps, établie à Blaise, innonde le village de Frignicourt où l'ennemi résiste obstinément toute la journée. La brigade Lejaille prend l'offensive à 10 heures du matin en direction de Vauclerc et Reims-la-Brûlée. La droite du Corps colonial appuie ce mouvement, durant toute la journée, entre le canal et la grand'-route Vitry-Saint Dizier. Les coloniaux reprennent Ecriennes et s'établissent le soir à l'ouest de ce village. La brigade Lejaille ne peut atteindre Vauclerc par suite du feu violent de l'artillerie adverse; elle s'établit le soir entre Ecriennes et Favresse.

le 2ème corps. -La gauche de la 3ème division, combattant pied à pied, parvient à garder Domprémy et à empêcher les forces adverses d'atteindre la ligne de chemin de fer. La droite perd le pont d'Etrepy le 6 au soir, et les Allemands s'emparent de ce village à l'aube du 7. Mais le feu de l'artillerie française, établie entre  Pargny et Maurupt, écrase les colonnes débouchant d'Etrepy, aussi bien que celles qui viennent de  le Buisson. la lutte atteint une violence extrême.

Sur le front de la division de droite (la 4ème), les Allemands attaquent durement. Dans la matinée, l'infanterie qui défend Sermaize succombe sous la poussée; dans la crainte d'être tournée, elle évacue la ville en flammes et se replie à travers bois vers Maurupt."

   
 
 
   
  2) Le 7 septembre pour le 78ème dans "le journal de marches et opérations du 78ème régiment d'infanterie.,

 

 ordre est donné au bataillon de se porter au château de Beaucamp en réserve de la 24ème division.

A 6h 30, arrivé à Châtelraould, le bataillon est mis à la disposition de la 47ème brigade et engagé immédiatement en 1ère ligne à la lisière sud des bois de Mont-Tilleux, face à Courdemanges tenu par l'ennemi.
Des tranchées sont creusées sous le feu de l'artillerie lourde. Le bataillon reste en place de 6h 30 à 19h.
A de rares intervalles, le bataillon tire sur l'infanterie ennemi qui se glisse dans le bois.

A 19h, sur la ligne des tranchées il y a 60 tués et 180 blessés environ. Le médecin aide-major de réserve, Masgrangeas et son personnel médical font preuve du plus grand dévouement. Il réquisitionne 3 voitures à Château-Beaucamp et transporte à l'ambulance 60 des blessés les plus graves.

A 21h, ordre est donné au bataillon de quitter sa position et de se porter cote 130 (1km sud-ouest du clocher de Courdemanges). Il doit être soutenu par 1 bataillon du 11ème régiment d'infanterie.
Il arrive cote 130 à 22h, et s'installe sur le versant nord-ouest, face à la voix-ferrée; chaque compagnie est couverte par une section sur la route longeant le ruisseau, les 3 autres sections de chaque compagnie organisées dans la position face au nord - nord Est - nord ouest.

         Château de Beaucamp
   
               
                             
   
  Courdemanges.
   

 

   

 

   
 

1) Le 8 septembre pour la 4ème armée dans le "guide Michelin". *3 

"L'attaque désespérée de von Hausen, à la droite de Foch, emporte la ligne de la Somme. Cette attaque ce prolonge sur la gauche de Langle de Cary. La liaison du centre français est en grand péril. Mais de rapides déplacements de troupes sur le front de la 3ème armée, et l'intervention d'un nouveau corps (le 21ème) prélevé par Joffre sur la 1ère armée, rétablit sur ce point l'équilibre. A la droite, la situation est toujours très critique, malgré la resistance héroïque du 2ème corps.

Détachement Breton, 23è et 13è divisions. avec les deux bataillons du 78ème. - Pour mener les opérations à son extrême gauche très menacée, de Langle de Cary a prélevé sur les corps suivants:
1) sur le 17è: un détachement, aux ordres du colonel Breton, constitué par deux régiments;
2) sur la 12ème,
la 23è division qui quitte Saint-Ouen de grand matin;
A ces unités s'ajoutera le 21ème corps arrivant des Vosges. L'une de ses divisions ( la 13è) prenant les devants se dirige à marches forcées, aussitôt débarquée, vers l'extrême gauche de l'armée.
Les Allemands attaquent brusquement et violemment à 4 heures du matin.
Le détachement Breton organise sa résistance à l'ouest d'Humbauville.
Par une lutte acharnée, etv malgré des pertes énormes, il parvient à garder ses positions en attendant l'arrivée de la 23ème division, puis de la 13ème qui accourent et dont les renforts rétablissent l'équilibre.

17ème corps. - Tandis que ces événements se passent à l'ouest du ruisseau du Puits, le XIXe corps saxon attaque avec non moins de violence le 17e corps placé sur l'autre rive. Ce dernier perd un peu de terrain dans la matinée, mais le reprend en partie dans l'après-midi. Le général Dupuis est tué d'un éclat d'obus.

12ème corps - L'assaut allemand s'étend également à ce front. Un bombardement violent est dirigé sur Courdemanges, le Mont Moret, Châtel-Raould, tandis que l'infanterie ennemie attaque sur Courdemanges.
La première ligne résiste jusqu'à 8 heures du matin, mais à ce moment Courdemanges et le Mont Moret tombent aux mains des assaillants. Toute la journée, une lutte très âpres se déroule au nord de Châtel-Raould. Le soir enfin, après de lourdes pertes de parts et d'autre. Le Mont Moret peut être repris aux Allemands.

Corps colonial. - L'action du Corps colonial est étroitement liée à celle du 12e. Tous deux participent aux combats acharnés qui se déroulent entre Châtel-Raould et Courdemanges. A l'est de la voie ferrée et près du canal de Saint-Dizier, à des combats opiniâtres sont livrés par la 2e division qui parvient à se maintenir,. Ecriennes cependant est repris par les Allemands.

2ème Corps. - Le VIIIe corps allemand, descendant de Reims-la-Brûlé, attaque le front Ecriennes-Favresse tenu par la brigade Lejaille. Il parvient à faire plier quelque peu la gauche de cette ligne qui se reporte à Farémont, tandis qu'à la droite Favresse, pris, perdu et repris plusieurs fois dans la journée, reste finalement le soir aux Français.

A la gauche du VIIIe corps actif, le VIIIe corps de réserve enlève Domprémy au début de la matinée, parvient au chemin de fer et tente de percer entre Favresse et Blesmes. Vers 15 heures, il peut croire que ses efforts vont aboutir. Mais à 18 heures, Lejaille est de nouveau dans Favresse, la gare de Blesmes a reçu des renforts et le front reste inébranlable.
A la droite du 2ème corps, la situation est angoissante. Les Allemands attaquent furieusement durant toute la journée: de front du côté de Pargny et de flanc par les bois, entre Sermaize et Maurupt. A 17 heures, ils entrent dans les ruines de Pargny au pris de pertes énormes. Quant à Maurupt, il est emporté par l'attaque de flanc,; mais un vigoureux retour offensif rejette les Allemands dans les bois d'où ils sont sortis.

   
 
 
   
   2) Le 8 septembre pour le 78ème dans "le journal de marches et opérations du 78ème régiment d'infanterie.,

 

à 1h, les tranchées sont achevées, les avant-postes de combat pris, quelques patrouilles sont avancées sur la route près du ruisseau.

A 3h, les patrouilles se replient en annonçant qu'une ligne de tirailleurs ennemis marche sur ma cote 130. Le feu est ouvert par le bataillon; riposte vigoureuse de l'ennemi. 
Le temps est très couvert mais les deux lignes commencent à se voir à 50 mètres l'une de l'autre.
trois ou quatre minutes après l'ouverture du feu, une nouvelle fusillade éclate sur le flanc gauche du bataillon, entre la cote 130 et la ferme du Cul-de-Sac et deux longues colonnes par 4 dont la plus rapprochée se déploie sont visibles. Le bataillon est obligé de se replier vers Châtelraould.
L'artillerie allemande entre alors en action et bat les pentes sud-sud-est de la cote 130 pendant que l'infanterie allemande poursuit de son feu.
L'artillerie française ouvre le feu sur la cote 130 et Huiron et diminue l'intensité du feu de l'artillerie allemande et arrête net l'élan de l'infanterie. (le commandant Dagues tombe blessé au ventre; l'adjudant de bataillon, 1 caporal et 1 soldat de la 1ère compagnie qui se précipitent pour l'emporter tombent sous le feu des mitrailleuses. Le bataillon a laissé sur les pentes de la cote 130 plus de la moitié de l'effectif qui lui restait (environ 200 hommes) et est complètement dispersé par groupes; gradés et hommes se joignent aux régiments voisins.

Châtelraould 

 

  Le capitaine Ménard, seul officier survivant de ce bataillon réussit à rassembler quelques groupes de chaque compagnie et les laisse provisoirement au 107ème et 108ème, puis dans la soirée rassemble les isolés qu'il trouve vers les Rivières, St-Chéron, Argilières et emmène cette cinquantaine d'hommes à Bussy-aux-Bois où on lui trouve des vivres et un abri pour la nuit.
   

 

 

   
 

1) Le 9 septembre pour la 4ème armée dans le "guide Michelin". *3 

"Cette journée marque les dernières et les plus dangereuses convulsions de l'assaut allemand sur le front de l'armée Foch. La 4ème armée fournit une aide puissante à sa voisine en attaquant, dès le matin, la gauche de von Hausen, lequel, par sa droite, a enfoncé la ligne française. Cette intervention empêche les Saxons de pousser à fond leur avantage sur la 9ème armée et rend foudroyant l'effet de la riposte de Foch. Mais au centre et à la droite de Langle de Cary, ce sont les Allemands qui continuent leurs violentes attaques auxquelles les troupes française résistent héroïquement.

Le détachement Breton, très éprouvé par sa résistance de la veille, a été reporté à l'arrière, et ses éléments renvoyés à leurs divisions.

21ème Corps. - A l'extrême gauche du corps d'armée, la 43ème division, après avoir réduit au silence l'artillerie allemande, s'avance dans le sud-ouest de Sompuis. La 13è division combat toute la journée. Elle attaque dans la direction sud-nord et fait reculer en désordre la XXIIIe division saxone.

La 23ème division, mise à la disposition du 21e corps, suit le mouvement de la 13e. Elle chasse les Allemands d'Humbauville et, poursuivant sa marche victorieuse, bivouaque le soir dans les bois de Sompuis.

17ème Corps. - Il avance par sa gauche, et sa droite se maintient inébranlable.

12ème Corps et Corps colonial. - Dès les premières heures, l'attaque est violente. Le Mont Moret défendu par des éléments de la 24ème division et de la 2ème coloniale, est, au cours de la journée, l'objet d'assauts impétueux qui coûtent aux Allemands des pertes sérieuses. Le village de Norrois subit le plus terrible des bombardements. Mais sur toute la ligne, même en ces deux points particulièrement visés, il n'est pas cédé un pouce de terrain.

2ème Corps. - La brigade Lejaille et la gauche du 2ème corps maintiennent, sous un feu très meurtrier, leurs positions de Farémont, Favresse et Blesme. Le général Lejaille est blessé par un obus à son poste de commandement. Les troupes françaises tentent un mouvement offensif sur Domprémy, maiis ne parviennent pas à reprendre ce village.

A droite, après une lutte ardente, les Français regagnent du terrain entre Maurupt et Pargny. D'autre part, entre la voie ferrée et Cheminon, où est fixée solidement l'extrémité de l'aile droite, les chasseurs à pied se battent sous bois toute la journée. Ils poussent dans la direction d'Andernay, mais doivent rétrograder devant le feu de l'artillerie établie au sud de Sermaize."

   
 
 
   
   2) Le 9 septembre pour le 78ème dans "le journal de marches et opérations du 78ème régiment d'infanterie.,

 

 

Le 9 septembre, le détachement se met à la disposition de la 47ème brigade et se dirige vers Châtelraould: l'adjudant Eychenie a rejoint avec 70 hommes, l'adjudant Bauduffe avec une vingtaine, il est possible de reconstituer un groupe de 250 hommes environ.
Pendant la nuit du 9 au 10, le bataillon avec le lieutenant-colonel commandant reste en soutien du 108ème qui occupe les bois de Mont-Tilleux.

   

 

 

   
 

1) Le 10 septembre pour la 4ème armée dans le "guide Michelin". *3 

"La droite de von Hausen est en pleine retraite devant la 9ème armée, et le mouvement va s'étendre à la gauche qui se trouve devant la 4ème. C'est donc au tour de Foch de faciliter l'action de Langle de Cary.
Ce dernier précipite d'ailleurs les événements en faisant prendre, malgré la pluie, une vigoureuse offensive à ses forces de gauche. Il les a renforcées par un jeu de troupes hardi et savant analogue à celui qui, la veille, avait assuré à Foch la victoire de Fère-Champenoise. A la droite de la 4ème armée, l'héroïque 2ème corps reste soumis à une pression intense, mais l'aide que lui apporte la 3ème armée se fait de plus en plus efficace.

21ème Corps. - Le général Legrand reprend l'offensive à 6 heures du matin, malgré la canonnade de l'artillerie établie sur les hauteurs au nord de Sompuis. Les troupes progressent rapidement et livrent un violent combat au Signal de Sompuis contre les Saxons qu'elles rejettent à midi au nord de la voie ferrée. Vers 17 heures, elles s'emparent de haute lutte du village même de Sompuis. Le soir, le gros du 21ème corps est établi le long du chemin de fer, ses avant-poste l'ont franchi et se porte vers Coole. Dans l'après-midi, les commandants des deux brigades de la 13ème division, le général Barbade et le colonel Hamon, sont tués par un même obus. La 23ème division du 12ème corps, mise à la disposition du 21ème, combat dans les bois au sud de Sompuis et va bivouaquer à l'Est de la station.

17ème Corps. - Reçoit l'ordre de passer également à l'offensive. Il a été renforcé par une division provisoire, sous les ordres du général Goullet, prélevée sur le corps colonial. Cette division est arrivée dans la nuit à le Maix Thiercelin. Mais la résistance ennemie est opiniâtre. En fin de journée, la gauche du 17ème corps a légèrement progressé; la droite, très éprouvée par le feu de l'artillerie, se voit obligée de garder ses positions de la veille.

12ème Corps. - Le 12ème corps, réduit à la 24ème division, reçoit également du renfort au cours de la nuit. Un détachement de trois régiment prélevés sur le 2ème corps vient se placer entre les deux brigades de la 24ème division et prendra une part très active aux combats de la journée. L'offensive se déclenche dès le matin. La gauche avance de 3 Km environ, puis le feu de l'artillerie lourde ennemie placée sur la ligne de chemin de fer empêche tout nouveau progrès. La droite attaque avec opiniâtrté, mais elle se heurte aux positions défensives de Courdemanges et ne parvient pas à le rompre.

Corps colonial. - La situation ne se modifie pas. Une tentative faite sur Ecriennes échoue devant le feu des batteries allemandes.

2ème Corps. Au cours de la nuit, les attaques allemandes reprennent Favresse, Blesmes, Saint-Lumier, le Montois, Maurupt et les bois avoisinants sont soumis à un bombardement de tous calibres. Favresse résiste: à 11 heures du matin, tous les efforts des assaillants aboutissent à leur faire occuper la partie ouest du village. Ils n'iront pas au delà. Blesmes, Saint-Lumier et son château sont tenus toute la journée sans défaillance. Dans les rues de Maurupt se livrent dès le matin des combats acharnés. La même heure voit le village perdu et repris. Mais les Allemands s'emparent de le Montois par l'ouest et peuvent ainsi ré attaquer Maurupt de front et à revers. A 11 heures, la garnison de ce village, dans la crainte d'être cernée, se retire dans les bois, à l'Est. A l'extrémité droite, les Allemands sont contenus toute la journée dans les bois, entre le chemin de fer et Cheminon.

   
 
 
   
 

2) Le 10 septembre pour le 78ème dans "le journal de marches et opérations du 78ème régiment d'infanterie.,

Le 10 septembre, pendant la journée, le détachement reste sur les mêmes positions et se porte 2 fois en ligne pour soutenir des fractions du 108ème éprouvées.
Dans la nuit, l'ennemi se décroche, les patrouilles lancées en avant signalent le repli de toute la ligne ennemie.

   

 

 

   
 

1) Du 11 au 14 septembre pour la 4ème armée dans le "guide Michelin". *3 

"La 4ème armée poursuit son offensive victorieuse. Von Hausen, qui a reculé le premier, découvre l'armée du duc de Wurtemberg, sa voisine de gauche. Cette dernière est obligée de rompre và son tour devant le centre et la droite de Langle de Cary, jusque sur les positions où commencera la lutte de tranchées.

21ème Corps. - Le 11, il va s'établir à Cernon et Coupetz, avec des avant-postes sur la Marne à Mairy
Le 12, après avoir rétabli les ponts à Mairy et Vésigneul, il se porte, par une étape de plus de 30 Km, à Courtisols et Bussy-le-Château.
Le 13, il se bat à Suippes, en chasse les Allemands au cours de la journée et se fixe devant Souain.

17ème Corps. - Attaque vigoureusement dans la nuit du 10 au 11; il traverse le chemin de fer vers 8 heures du matin et refoule les troupes adverses jusqu'au delà de Maisons-en-Champagne où il s'établit.
Le 12, il passe la Marne à Pogny, et Omey et se dirige sur Somme-Suippes. Il entre en action contre les arrières-gardes allemandes avant d'atteindre le chemin de fer Paris-Verdun.

12ème Corps. - Sur son front, la progression est plus difficile, la défense de Vitry ayant été solidement organisée.
Le 11, avant l'aube, le général Roques fait reprendre l'offensive vers le nord-est. Partout, les Allemands résistent, et c'est en combattant que le 12è corps, s'avancant par Frignicourt, Courdemanges, Huiron et Glannes, s'établit le soir à Blacy
Le 12, il entre dans Vitry et continue sa marche par Vanault-le-Châtel, jusqu'à l'Yèvre.
Le 13, il oblique vers le nord-ouest, atteint Auve, la Chapelle-Felcourt, livre bataille pour parvenir à la ligne de Paris à Verdun et prend position vers Somme-Tourbe.

Corps colonial. - Le 11, occupe Ecriennes, Vauclerc, Reims-la-Brulée, et, par sa droite, atteint le canal de la Marne au Rhin, vers Bignicourt.
Le 12, il refoule les arrières-gardes allemandes et cantonne à Saint-Mard-sur-le Mont et Noirlieu.
Le 13, s'avançant à cheval sur l'Yèvre, il reprend contact à Gizaucourt et Elise avec les troupes qu'il poursuit, les culbute et s'établit au nord de la voie ferrée, à l'ouest de Sainte-Menehould.

le 14, le Corps colonial attaque en direction de Ville-sur-Tourbe.

2ème Corps. - Le 11, attaque à fond. Les Allemands résistent pendant la plus grande partie de la journée. Mais Maurupt, Etrepy, Pargny, Sermaize, sont finalement enlevés. Le soir, le 2ème corps borde le canal.
Le 12, il tient la ligne Charmont-Nettancourt
Le 13, il est à Sainte-Menehould.
Le 14, à Vienne-la-Ville.

   
 
 
   
 

2) Le 11 septembre pour le 78ème dans "le journal de marches et opérations du 78ème régiment d'infanterie.,

Le 11 septembre, au petit jour, en attendant les ordres, on enfouit les morts.

16h, marche en avant ordonnée par Courdemanges, Huiron, Glannes, Blacy.

Le 12 septembre, reprise du mouvement en avant par Loisy, Couvrot, Gravelines, St-Lumier, Lisse, Vanault-le-Chatel, Bussy-le-Repos.
Dans la soirée, le général Roques, informe le capitaine Ménard que le 78ème passera demain à Somme-Yèvre. Après en avoir rendu compte au colonel commandant le 108ème qui pendant toute cette période a assuré la nourriture du détachement, le capitaine Ménard se dirige vers Somme-Yèvre où le lendemain il peut rejoindre le régiment.

Les pertes dans ce bataillon pendant cette période ont été énormes: 3 officiers blessés, 3 officiers blessés.
              Officiers tués: Capitaine Escalie, lieutenat Faye, sous-lieutenant Carrere.
              Officiers blessés: capitaine Dagues, capitaine Desjobert, sous-lieutenant Goumy.

 

 
 
   
 
  Cordemanges Huiron
  *3  
 
 
  Huiron est complètement détruit par un incendie, allumé par les Allemands, le 7 septembre, après qu'ils eurent enlevé le village. * 3
     
   
 
  Carte de P Michel créée pour l’exposition itinérante financée par le CG de la Marne en 2004. (son site est ici : http://chatrou51.fr/ )
  Les officiers et gradés dont la conduite a été digne d'éloges sont nombreux:
            - capitaine Ménard.- Resté seul officier debout de son bataillon a fait preuve d'initiative, d'énergie, en groupant les débris de son bataillon, en le mettant à la disposition de la 47ème brigade et enfin en assurant convenablement sa subsistance.
            - Adjudant Soury-Lavergne, de la réserve.- A fait preuve d'un merveilleux sang-froid au feu, en s'exposant lui-même pour encourager les hommes, a fait tous ses efforts pour sauver son chef de bataillon blessé; et a été blessé lui-même en l'enlevant de la ligne de feu.
            - Maréchal des logis Charpentier.- Adjoint au chef de bataillon, a assuré avec le plus bel entrain la communication des ordres, même sous le feu et a aidé le capitaine Ménard à rassembler les débris de son bataillon.
            - Sergent Guillaume.- commandant la section de mitrailleuses, a mérité des éloges du colonel commandant le 107è pour la façon judicieuse avec laquelle il a employé sa section de mitrailleuses et l'aide efficace qu('il a apporté à ce régiment.
            - Caporal Luquet.- En l'absence des chefs de sections et de sous-officiers, a fait preuve d'énergie, de courage pour rassembler les hommes et les conduire au feu.
 

 

 

 

- L'opération vue par le capitaine Campagne du 3ème bataillon du 107ème régiment d'infanterie. 
                             Le 107ème est dans la même zone que le 1er bataillon du 78ème R.I. Le récit commence le 5 septembre.

"Je reçus les ordres: tenir en formation d'avant-postes les débouchés de la Marne.
J'envisageais sans ennui le nouvel effort qu'il fallait demander au bataillon. Tout me paraissait moins impossible que de le dévider encore le long des chemins.
La 9ème se reporta donc sur Frignicourt; la 12ème, en grand'garde à gauche, couvrait le débouché du pont de Blacy. En deuxième ligne, la 11ème était à Huiron, et la 10ème se déployait le long du ruisseau de Courdemanges. Les autres bataillons du 107ème organisait, à droite et à gauche, des positions de résistance.
Le 108ème était en réserve derrière nous à Châtelraould. Nous étions donc à cheval sur la route de Vitry à Troyes, en liaison vers l'est avec les coloniaux, mais découverts à gauche, où la cavalerie patrouillait.
Les dispositions étaient prises bien avant que les reconnaissances ennemies paraissent, et c'est un fait inexplicable que cette perte journalière du contact par une cavalerie qui pourtant n'était pas épuisé par d'incessants combats.
La mise en place vérifiée, je rejoignis la 10ème sur les bords du ruisseau. "Lapadu, dis-je à son chef, ma porte est condamnée pour deux heures. Je n'y suis pour personne... pas même pour le Généralissime. - Et pour l'ennemi? - Même pas pour le Kaiser!"
Et je tombais dans l'herbe, déjà endormi.

L'ennemi se présenta devant Ducasse d'abord sous les espèces d'un escadron de cuirassiers, lieutenant en tête, qui fut vertement reçu. La 9ème m'envoya, avec son compte rendu, le casque de cet officier, cette coiffure énorme et théâtrale sous laquelle on représente habituellement Bismarck. L'ornement central en métal doré avait été traversé d'une balle, en même temps que la tête qui était dessous. La cavalerie rentra dans Vitry, remplacée par des chasseurs auxquels Ducasse tint tête jusqu'à la nuit.
Devant la 12ème, un poste vit s'avancer, singulière insouciance, un capitaine de dragons suivi d'un seul cavalier. Les hommes pouvaient, avec quelques précautions, les capturer. Mais, excités par cette présence inattendue, ils optèrent pour la fusillade, et cavaliers et chevaux furent abattus. Ils appartenaient aux Dragons de la Reine, et étaient luxueusement équipés, surtout le capitaine Petersen, sur lequel on trouva des renseignements intéressants. Il avait aussi une fort belle montre en or. Sa correspondance particulière indiquant son adresse à Magdebourg, Dugaleix renvoya l'objet à sa veuve, un peu plus tard, par la Suisse.
Nous autres Français, nous ne collectionnons pas les pendules.
D'autres cavaliers parurent ensuite cherchant avec circonspection les premiers, et quelques fantassins s'installèrent, assez loin, en surveillance.
Sauf devant Frignicourt, la nuit fut calme, permettant le renforcement des positions sur lesquelles nous aurions à lutter le lendemain. Ce fût même une des meilleures de ce temps mauvais, et son ciel ne fut ensanglanté d'aucune lueur d'incendie.

Dès l'aube du 6, les avant-postes signalent le débouché des premiers éléments d'infanterie. Ducasse est violemment attaqué à notre droite. Puis, jusqu'à la côte 130, occupée par la 11ème, le feu s'allume de l'Est à l'Ouest, sous un violent bombardement, devant le 107ème déployé.
Au milieu de la matinée, la 12ème se replie pied à pied de ses postes avancés, et la lutte reprend, ardente, sur le ruisseau de Courdemanges.
Vers 10 heures, Ducasse mande par un agent à pied qu'il abandonne Frignicourt, et je transmets le renseignement à nos artilleurs sur le Mont-Moret. A peine mon messager est-il parti qu'un cycliste de Ducasse m'annonce qu'il va contre-attaquer. Je saute à cheval et cours moi-même jusqu'aux batteries qui ouvrent aussitôt un feu intense sur Frignicourt.
De leur observatoire, je vois la 9ème rentrer dans Frignicourt. Elle peut s'y maintenir encore jusque dans l'après-midi. Puis je n'ai plus de nouvelles de Ducasse: il s'est replié sur les coloniaux, et me ramène le soir quelque quatre-vingts hommes de sa compagnie. Tout le reste a été mis hors de combat, et il a dû abandonner à l'ennemi ses blessés. 
(le lieutenant Moulin et tous nos blessés, recueillis dans les ambulances de Vitry, y furent abandonnés par l'ennemi, avec les siens, quand il évacua la ville.)
Le combat devant Courdemanges est extrêmement violent. Le 107ème supporte sans fléchir les attaques de toute une division. Le danger, toutefois, grandit sur notre gauche, que l'ennemi menace de tourner. A 18 heures, la situation devient de ce côté si critique, l'avalanche de fer si accablante, que Courtemanges et Huiron doivent être abandonnés.
Dans le même temps, l'ennemi est lui-même assez éprouvé pour ne pas tenter de poursuivre le combat: il s'arrête.
Tandis que je ramène le bataillon sur Châtelraould, le feu a cessé complètement, et je me heurte au colonel Aurousseau, du 108ème, qui, en tête de son régiment, le conduit à Courdemanges où il a l'ordre de revenir.
Il parait de méchante humeur et me dit sans aménité: " Nous allons reprendre les positions que vous avez perdues." Et je réponds du tac au tac: "vous auriez mieux fait de nous aider à les conserver, au lieu de rester ici, l'arme au pied!". 
(simple boutade qui perd son caractère impertinent, compte tenu des circonstances et de la dure journée que je venais de passer.
Le commandement ne pouvait pas nous accorder les renforts que nous lui avions demandés. La 24ème division d'infanterie provisoire ne disposait ce jour-là, sur un front très large, que de ces deux régiments, 107ème et 108ème.
Ce n'est que sur le soir que, rejointe par des unités de la 48ème brigade, en même temps qu'on connaissait le débouché, vers le sud-ouest, du 17ème corps d'armée, elle devenait plus libre de ses mouvements. Trop tard pour nous!)
A 20heures, Courdemanges est réoccupé tandis que le régiment se reforme en arrière, au bivouac.

Le 7 septembre, la bataille reprend avec le même acharnement sur le front du 108ème, tandis que nous reprenons position en arrière: le bataillon sur les lisières de Châtelraoud, le 1er à gauche, au château de Beaucamp, le 2ème assez loin à droite, tirant vers le corps colonial.
Le 3ème bataillon est, en même temps, mis à titre de réserve, à la disposition du colonel Aurousseau, et je vais prendre ses ordres.
J'arrive jusqu'à mon chef provisoire le long des fossés de la route, et je le trouve planté seul, au milieu de la chaussée balayée par les balles. L'endroit est peu propice à une entrevue, mais il faut bien y aller.
Me voyant surgir de l'abri des arbres: " Faites attention!" me dit-il assez brutalement, et je l'aborde. Puis, ayant reçu de lui quelques indications très brèves, je regagne sans regret le fossé où se trouvent ses agents de liaison avec son adjoint.
"Pas commode, votre patron" dis-je au capitaine.
J'ai l'explication de cette attitude glacée: le colonel avait deux fils. Il vient de les perdre!
Pris de regret, car je n'ai guère été courtois moi-même, je remonte sur la route et dis quelques mots au malheureux homme. Il me remercie et me congédie en me répétant, cette fois d'une voix moins âpre: "faites attention!"
Il défia la mort tout ce jour encore. Puis je le vis repasser à Châtelraould, moribond, sur un brancard. (il est décédé le 14 septembre 1914 à l'hôpital militaire du Val de Grâce.)

En attendant qu'il fût appelé à intervenir, le bataillon organisait défensivement les abords de Châtelraould, en dépit du bombardement qui ne cessait pas sur les arrières du champ de bataille.
Tout auprès de la route et la surplombant, l'église était sur la lisière même du village, avec son cimetière. En arrière, la mairie, puis la grande maison d'école, où le 108ème avait son ambulance.
Je m'installai à la mairie, mais je me tenais de préférence sous le porche de l'église d'où l'on avait une belle vue, et où je restais en relation avec Ducasse, promu baron de Frignicourt, dont la compagnie creusait des tranchées au milieu des pierres tombales, dans le champ des morts.

...

Sauf l'appui que je dus prêter, à deux reprises, au régiment du colonel Aurousseau, nous n'eûsmes ce jour-là, qu'à subir une canonnade presque continue, et pourtant assez peu meurtrière. A la fin de la journée, et en dehors de l'abandon de Frignicourt, l'ennemi arrêta ses attaques sans avoir réalisé aucun progrès. 
(Ainsi, pendant deux jours entiers, six bataillons d'infanterie soumis à un feu d'enfer avaient arrêté les furieux assauts de plusieurs divisions allemandes. Leurs pertes étaient lourdes. -
Relation du général Descoings, 24è D.I.)
...

La journée du 8 septembre devait marquer sur notre front les heures les plus critiques de la bataille.
Une heure avant le jour, le bataillon est alerté sur ses positions
...
A peine le jour paraît, et l'ennemi déclenche une attaque par surprise qui fait fléchir une partie du 108ème.
A Châtelraould, nous sommes parés.
Nous avons reçu dans la nuit des renforts qui ont à peu près numériquement reconstitué les unités. A droite, le 9è, au cimetière et au delà, s'étire jusqu'au 2è bataillon. Immédiatement à l'Est de la route, un peu en pointe, la 12è, puis la 2è compagnie mise sous mes ordres, enfin la 10è. La 11è reste à la disposition du colonel. Tout à fait sur notre gauche, le 1er bataillon tirent le château de Beaucamp.
Une compagnie m'est demandée par le 108è, que je dois tirer de mon front. Et j'envoie la 10è contre-attaquer à travers les boqueteaux pour ralentir la pression sur le 108è. Mission difficile. La compagnie déloge bien des premiers bois les assaillants; mais dans une clairière, elle tombe sous le feu des mitrailleuses et doit se replier en perdant une cinquantaine de tués, dont ses deux lieutenants, Mazière et Crabos (Pierre-Gilbert).
Peu à peu l'ennemi gagne, et le 108è vient se reformer sous notre couvert.
C'est dans cette matinée que je reçois deux ordres de l'armée. Le premier m'est porté par mon ancien colonel en personne, le général Jacquot: son accolade me "reconnaît", devant l'ennemi, pour chef de bataillon. L'autre est plus grave: le message du général Joffre qui ordonne la victoire!
Je le fais vivement passer, multicopié, de main en main. Aussi bien l'heure est venue de nous en appliquer les termes... "
se faire tuer sur place..." car l'ennemi est sur nous!
A notre droite et en avant, sur une hauteur un peu pompeusement appelée le mont-Moret (côte 153), 
(Le mont-Moret n'en prit pas moins une grande importance dans ce jour et les deux suivants. Le 326è qui, sous les ordres du commandant Larrieu, le reconquit et s'y maintint sous une canonnade infernale, a obtenu que le nom de "mont-Moret" figurât sur son drapeau.), 
l'ennemi y a pris pied. Le plateau est encore couvert de sa moisson engerbée. Pour y progresser, les Allemands se faufilent dans les gerbes, que nous voyons avancer peu à peu.
Tandis que je les fais arroser, à longue distance, par les mitrailleuses, l'artillerie ouvre également le feu, à ma demande, et les gerbes ne bougent plus.
D'ailleurs, un bataillon du 126è, puis le 326è contre-attaquent le mont-Moret, mais nul ne peut s'y maintenir, sous le feu des canons adverses. Du moins, l'ennemi est arrêté, qui s'efforçaient d'entrer en coin entre le corps colonial et nous.
Notre artillerie, toute proche, tire à un train d'enfer qui nous assourdit. Elle aussi doit subir un tir écrasant de canons lourds. A chaque rafale, nos bons petits canons se taisent, et je me demande si cette fois, ce n'en est pas fini pour eux. Puis, on les entend claquer de nouveau: ils tiennent, et les fantassins sont réconfortés. 
(mais à quel prix tiennent-ils! Les chefs d'escadron Roy et Boisseul de notre 21è sont tués; dans une batterie, trois canons sur quatre sont démolis. Dans un groupe de trois batteries, il y a un seul officier debout, un sous-lieutenant!)
A Châtelraould nous tenons bon; après chaque bombardement l'ennemi tente un assaut, échoue, et se replie derrière les rideaux d'arbres. Il ne gagne rien, mais nous n'avons pas une unité de réserve, et les hommes ne comblent les vides qu'en s'espaçant! Nous regardons avec impatience le soleil décliner. La nuit ramènera le calme.
Elle vient au moment où l'ennemi tente le plus rude effort sur Châtelraould. Tandis que des bombes incendient toute la partie ouest du village, que six mitrailleuses arrosent en même temps de leurs projectiles, l'artillerie déverse sur nous les derniers caissons. Sous le porche de l'église, avec Ducasse, nous attendons, un peu inquiets. Tout à coup, nous voyons refluer toute sa compagnie, qui quitte le cimetière pour se reporter à l'abri, derrière nous, dans un chemin creux. Excès de tension nerveuse, influence des nouveaux venus trop impressionnables, panique? A la dernière minute, les pauvres gars ont flanchés!
Pas un instant à perdre: Ducasse d'un côté, moi de l'autre, nous rejoignons les hommes pour les ramener. Mes objurgations se perdent dans le fracas. Alors, arrachant le fusil de l'homme le plus proche, je leur crie: "je me défendrai sans vous!" et je retourne au cimetière. J'entends derrière moi que quelqu'un dit: "Pas tout seul!" et en effet, sur la pierre tombale à côté de moi, un soldat vide, comme moi, son fusil en direction des lueurs des mitrailleuses. Et celà ne dure guère: presque aussitôt, autour de moi, les armes crépitent. Ils sont revenus! 
(L'incident, que j'ai été tenté de taire, ne fut naturellement pas connu en dehors du cadre de la 9è, et je me serais bien gardé de l'ébruiter. Plusieurs mois après, les hommes causèrent: puis Ducasse et mon camarade Sarot, du 1er bataillon, en informèrent le colonel. On en fit une affaire, et je voulus, pour le faire citer aussi, connaître le soldat qui m'avait suivi en disant "Pas tout seul!" Je ne pus avoir son nom. Des hommes me dirent: "C'était un nouveau du renfort." "C'était!..." Il a emporté son secret!)
Longtemps, dans la nuit venue, les hommes tirent. L'ennemi n'aborde pas. Mais il était grand temps!
Plus tard, les patrouilles vérifient que l'ennemi s'est largement replié, en abandonnant ses morts et même quelques blessés.

Le 9 septembre, au matin, le général Descoings nous envoya un ordre vibrant pour nous demander de "tenir encore ce jour".
"Que chacun soit persuadé que la journée décidera du sort de l'Armée et du Pays."
Le vent est à l'optimisme, bien qu'on ignore tout de ce qui se passe sur le vaste front. Le dernier journal que nous avons lu, avant-hier, était bien vieux et nous annonçait le transfert du Gouvernement à Bordeaux. Ah! qu'est-ce qu'il a pu prendre, ce jour-là, le Gouvernement, sur le front de la Marne!
Enfin, on tient, nous, et il faut savoir borner ses ambitions.
A l'aurore, une patrouille me ramène un capitaine saxon qui s'est laissé bêtement capturer. Comme il n'est pas disposé à parler, je le réexpédie au colonel. Là, s'il ne dit rien non plus, il ingurgita un copieux café au lait, pendant que ses camarades, tout près, assassinaient l'un des nôtres. 
( Au parc de Beaucamp, l'ennemi feint de se rendre, les soldats se lèvent, la crosse en l'air. Le capitaine de Laborderie, du 1er bataillon, sort de nos tranchées avec une section pour les recevoir. Les Allemands se couchent, démasquant des mitrailleuses qui tuent Laborderie et presque tous ses soldats. Ruse de Guerre? Non! Infâme lâcheté dont nous pouvons nous vanter de ne jamais nous être rendus coupables.
Si elle entraîna la mort de quelques braves, elle déshonora ces Saxons sans leur rapporter aucun autre profit. Ils n'avaient pas déjà si belle réputation!)
Dès les premières heures, le canon tonne à nouveau sur toute la ligne. L'infanterie s'infiltre à travers les arbres, sans toutefois pouvoir déboucher.
J'essaie, pour la seconde fois déjà, de faire déménager le poste de secours installé dans la maison d'école, où je le trouve trop exposé. Le médecin-major qui est là ne veut rien entendre. Et je n'use pas de la trop récente prérogative, que me confère le grade égal, pour ordonner. J'ai tort!
Le mouvement autour de ce poste est incessant. L'ennemi est à trois cents mètres; il est donc beaucoup trop près. Dans la cour de l'école, les blessés sont entassés pêle-mêle avec les moyens de transport, les brancardiers, les mulets des mitrailleuses. C'est une affreuse confusion dont je m'éloigne, n'ayant pu y mettre ordre.
Un renseignement m'est transmis, venant de l'aviation: l'ennemi a tous ses effectifs en ligne, on ne voit plus de réserves. D'ailleurs, le canon tonne toujours, mais, vers la fin de la matinée, l'infanterie cesse d'attaquer.
A 15 heures, un avion ennemi survole nos lignes. Au-dessus de Châtelraould, il lance une fusée. Mauvais présage, que je communique au médecin têtu.
Le combat s'esr ralenti sur tout le front; le mont Moret nous est resté, comme à notre gauche Beaucamp. Et je profite du calme relatif pour faire le tour des unités.
Je m'attarde volontiers à la 12è qui s'est brillamment comportée pendant toute la bataille, et, comme on ne se bat pas, on mange et on cause, tout en faisant bonne garde. Les officiers m'offrent de partager leur repas, et j'accepte, à condition que ce soit tout de suite, car je veux regagner mon porche avant que le jour baisse. Bienheureux repas! A peine sommes-nous attablés, dans une cuisine ruinée, qu'une avalanche d'obus écrase l'église, la mairie et l'école. Cela dure près d'une heure, avnt que je puisse y retourner constater les dégâts.
A la 9è, les hommes dans le cimetière, ont peu souffert. De l'église, il reste les murs, et la mairie est effondrée. Or mes agents de liaison y étaient dedans. Ils ont pu, par bonheur, se réfugier dans la cave et on parvient à les en extraire, par un soupirail. Pour la première fois, j'entends Édouard bougonner. "Les Vaches!", dit il, en secouant les plâtras.
La maison d'école est en ruines. Presque tous les blessés, rangés sous les préaux, ont été achevés par le bombardement ou l'écroulement des murs. Les équipages des mitrailleuses gisent au milieu de la cour, éventrés.
Spectacle d'horreur sur lequel finit la journée!

Les patrouilles de la nuit révèlent un nouveau recul de l'ennemi. Mais, avec le jour, l'artillerie reprend ses écoles à feu.
Sur notre gauche, la canonnade et une mousqueterie intense signalent nos propres attaques. C'est le 17è corps et une partie de notre 12è qui avancent.
Notre ligne mince, sans soutiens, ne peut progresser. Mais l'infanterie ennemie ne régit plus.
Le bombardement fut encore sévère dans l'après-midi. Plus tard, se souvenant, les combattants de la Marne diront, sous les averses d'obus: 
"Ils vident leurs caissons. Ils vont s'en aller!"
C'était le cas, aujourd'hui, mais nous ne savions pas!...
Bien plus. A 22 heures, des agents du service des renseignements rapportèrent à la division qu'il se faisait en gare de Vitry, "d'important débarquements".
Les deux seuls pièces d'artillerie lourde qui pouvaient encore tirer furent remises en batterie pour bombarder la gare où, en effet, l'ennemi...s'embarquait!
Et ce furent, sur notre carré de l'échiquier sanglant, les derniers coups de canon de la bataille de la Marne.
Dans la nuit, Courdemanges et Huiron furent brûlés de bout en bout: le P.P.C. de l'ennemi qui faisait la guerre fraîche et joyeuse.
Au petit jour, le premier escadron de cavalerie franchit nos lignes, salué par les Vainqueurs.
(Un peu plus tard, une estafette rapportait au général Descoings un billet de l'archiprêtre de Vitry adressé "au premier officier français qui s'approchera de Vitry". Il y signalait que les ponts étaient minés. Grâce à cet avertissement, les fourneaux de mines purent être déchargés et les troupes françaises purent franchir la Marne.)

L'ennemi s'était défilé, et avec une habileté dont, peu de jours auparavant, nous avions nous-mêmes donné l'exemple. Il nous fallut trois journées de marche, sur une profondeur de 60 kilomètres, avant que nous puissions de nouveau nous affronter. *1

   

 

   
 
-Opérations des 2ème et 3ème bataillons du 6 au 12 septembre 1914
                   
vues dans "le journal de marches et opérations du 78ème régiment d'infanterie.
   
  Les 2ème et 3ème bataillons sont attachés à la 23ème division d'infanterie (le 1er bataillon est rattaché à la 24ème division)
 
   
 
  *2
   

 

 

   
 

1) Le 7 septembre pour la 4ème armée dans le "guide Michelin". *3 

12ème corps - Le général Roques rappelle les éléments partis au repos dans la journée du 5. la 23ème division avec les deux bataillons du 78ème vient cantonner à Saint-Ouen d'où elle sera dirigée, le lendemain, à la gauche du 17ème corps.   

   
 
 
   
 

2) Le 7 septembre pour le 78ème dans "le journal de marches et opérations du 78ème régiment d'infanterie."

Le 7 septembre, la division reçoit l'ordre de se porter en rassemblement articulé au sud de Corbeil.

6h 15, départ de Braux-le-Petit.

9h 30, rassemblement du régiment au sud de la cote 170.

 

Humbauville

12h, l'ennemi attaque avec violence la gauche du 17ème Corps d'armée vers la ferme de Laperrière. La 23ème division se porte dans la direction d'Humbauville (cote 184) pour s'opposer à cette attaque; 
                                   le 63ème en avant, 
                                   le 78ème en arrière, à droite, en échelon, 
                                   le 138ème à gauche, 
                                   le 50ème en réserve de la division.

A 14h, le 63ème a atteint la route de Sommois, le 78ème à la corne du bois à 2km ouest de St-Ouen.

A 17h, prise de cantonnement:
                          l'état-major et le 3ème bataillon à St-Etienne
                          le 2ème bataillon à St-Ouen.

état des pertes 1 officier tués, 2 blessés. Hommes de troupe: 19 tués, 65 blessés, 44 disparus.

 

 

   
 

1) Le 8 septembre pour la 4ème armée dans le "guide Michelin". *3 

Détachement Breton, 23è et 13è divisions. avec les deux bataillons du 78ème. - Pour mener les opérations à son extrême gauche très menacée, de Langle de Cary a prélevé sur les corps suivants:
1) sur le 17è: un détachement, aux ordres du colonel Breton, constitué par deux régiments;
2) sur la 12ème,
la 23è division qui quitte Saint-Ouen de grand matin;
A ces unités s'ajoutera le 21ème corps arrivant des Vosges. L'une de ses divisions ( la 13è) prenant les devants se dirige à marches forcées, aussitôt débarquée, vers l'extrême gauche de l'armée.
Les Allemands attaquent brusquement et violemment à 4 heures du matin.
Le détachement Breton organise sa résistance à l'ouest d'Humbauville.
Par une lutte acharnée, etv malgré des pertes énormes, il parvient à garder ses positions en attendant l'arrivée de la 23ème division, puis de la 13ème qui accourent et dont les renforts rétablissent l'équilibre.

   
 
 
   
 

2) Le 8 septembre pour le 78ème dans "le journal de marches et opérations du 78ème régiment d'infanterie."

Le 8 septembre, la 23ème division (63ème, 78ème, 50ème et 138ème) sous les ordres du général commandant le 21ème corps d'armée est encadrée à droite par le 17ème corps d'armée et à gauche par la 13ème division et attaquera droit au nord sur la rive droite du ruisseau de Puits. Le 78ème, réserve de la division, prendra position à l'ouest de Domprot.

A 5h, départ de St-Ouen.

A 5h 30, le régiment est rassemblé à l'ouest de Domprot en ligne de colonne double à larges intervalles; le 2ème bataillon à droite, le 3ème bataillon à gauche.

A 8h 25, l'ordre est donné au régiment de se porter à la cote 171.

A 9h 20, le régiment est installé devant sa nouvelle position, au sud de la cote 171.

A 11h, le commandant de la brigade réclame 2 compagnies pour les porter en ligne à la gauche du 138ème, dans les bois vers les cotes 194-196.

A 13h, des fractions du 138ème, du 183ème, du 207ème se replient. Le 2ème bataillon déploie 3 compagnies sur les crêtes de la cote 171 et 2 compagnies à 300 mètres en arrière pour servir de liaison et de position de repli.

A 15h, la fusillade qui s'entendait dans les bois a diminuée, le 138ème tient encore la lisière sud du bois.

A 16, le 2ème bataillon se porte au sud de le Meix-Tiercelin pour être mis à la disposition du général de division pour une attaque ultérieure sur Humbauville.

A 17h 30, le colonel commandant la 45ème brigade se porte par ordre à l'attaque de Sompuis. Le 3ème bataillon organise à la cote 171 leur position de repli.

A 19h, la 45ème brigade ayant éprouvé de trop grandes difficultés à traverser la forêt est revenue en arrière.

le 138ème bivouaque à la cote 194,
le 63ème entre cette cote et la cote 171,
le 78ème au sud de la cote 171.


état des pertes: 1 officier tué, 2 blessés; troupe 5 tués, 65 blessés, 183 disparus.

   

 

 

   
 

1) Le 9 septembre pour la 4ème armée dans le "guide Michelin". *3 

Le détachement Breton, très éprouvé par sa résistance de la veille, a été reporté à l'arrière, et ses éléments renvoyés à leurs divisions.

21ème Corps. - A l'extrême gauche du corps d'armée, la 43ème division, après avoir réduit au silence l'artillerie allemande, s'avance dans le sud-ouest de Sompuis. La 13è division combat toute la journée. Elle attaque dans la direction sud-nord et fait reculer en désordre la XXIIIe division saxone.

La 23ème division, mise à la disposition du 21e corps, suit le mouvement de la 13e. Elle chasse les Allemands d'Humbauville et, poursuivant sa marche victorieuse, bivouaque le soir dans les bois de Sompuis.

   
 
 
   
 

2) Le 9 septembre pour le 78ème dans "le journal de marches et opérations du 78ème régiment d'infanterie."

Le 9 septembre, le 2ème bataillon reste à la disposition du colonel commandant la 48ème brigade.

A 4h 45, le 3ème bataillon (3 compagnies) doit se porter (réserve de la division) à l'est de le Meix-Tiercelin. Il fait partie d'une division (63ème, 78ème, 50ème, 138ème) qui doit se porter sur le nord.

A 6h, le 3ème bataillon est en place à l'est de le Meix-Tiercelin, colonne double ouverte.

A partir de 8 heures, les batteries d'artillerie ( 6 batteries) placées au nord du rassemblement sont soumises à un feu violent de l'artillerie lourde ennemie. Les pièces protégées par des épaulements en terre paraissent ne pas souffrir.
Le bataillon a fait des ouvrages de protection. Pendant toute la journée, l'artillerie allemande a tiré sur les batteries voisines.

A 18h 30, le 3ème bataillon reçoit l'ordre de cantonner à le Meix-Tiercelin. (le 2ème n'a pas encore rejoint.)

état des pertes: 1 officier blessé, troupe, 1 tué, 28 blessés, 1 disparu.

   

 

   
 

1) Le 10 septembre pour la 4ème armée dans le "guide Michelin". *3 

21ème Corps. - Le général Legrand reprend l'offensive à 6 heures du matin, malgré la canonnade de l'artillerie établie sur les hauteurs au nord de Sompuis. Les troupes progressent rapidement et livrent un violent combat au Signal de Sompuis contre les Saxons qu'elles rejettent à midi au nord de la voie ferrée. Vers 17 heures, elles s'emparent de haute lutte du village même de Sompuis. Le soir, le gros du 21ème corps est établi le long du chemin de fer, ses avant-poste l'ont franchi et se porte vers Coole. Dans l'après-midi, les commandants des deux brigades de la 13ème division, le général Barbade et le colonel Hamon, sont tués par un même obus. La 23ème division du 12ème corps, mise à la disposition du 21ème, combat dans les bois au sud de Sompuis et va bivouaquer à l'Est de la station.

   
 
 
Ces tombes, à Sompuis, marque la place où le même obus tua, le 10 septembre, le général Barbade et le colonel Hamon, qui commandaient les deux brigades de la 23ème division, ainsi que leurs officiers d'ordonnance. 
Le corps du général a été transporté dans le cimetière. *3
 
 
   
  2) Le 10 septembre pour le 78ème dans "le journal de marches et opérations du 78ème régiment d'infanterie."

 

 

Le 10 septembre, le 3ème bataillon s'installe dans les mêmes conditions que la veille.

Le 2ème bataillon, mis à la disposition du général commandant la 46ème brigade, est chargé d'organiser une position de repli à hauteur et à l'est de le Meix-Tiercelin.

A 9h 30, la division se porte en avant. Le 3ème bataillon se porte à la cote 184, à l'ouest de Humbauville.

A 10h, le 3ème bataillon est en place. L'artillerie lourde qui bat cette position fait quelques blessés.

A 16h, la division poursuit dans la direction de Coole, la 46ème brigade à laquelle est affectée le 2ème bataillon appuie à gauche à la voie romaine.

Le 3ème bataillon cantonne à le Meix-Tiercelin, le 2ème à Humbauville.

état des pertes: 1 tué, 10 blessés, 1 disparu.

   
 
 
   
  C'est le 6 septembre au soir, que les Allemands entrèrent dans le village de Sompuis, sans combat, ce qui ne les empêcha pas de mettre le feu à plusieurs maisons et de prendre un certain nombre d'otages sous des prétextes divers:
l'un, M. Arnould, parce qu'il avait mis en place au-dessus du toit de sa maison un tuyau de cheminée pour remplacer celui que le bombardement avait démoli; des soldats qui passaient à ce moment précis virent dans cette humble besogne ménagère un essai de communication optique avec les troupes françaises.
L'abbé Oudin, curé de Sompuis, âgé de 73 ans, et sa domestique, âgée de 67 ans, furent également arrêtés, l'installation des sonneries électriques du presbytère ayant paru suspecte. Ils furent enfermés dans la cave où plusieurs autres otages vinrent bientôt les rejoindre. On les laissa sans aucune nourriture jusque dans l'après-midi du 8 septembre. Dans la matinée, le curé avait été extrait momentanément de sa prison et dut servir la messe que célébrait dans son église le prince abbé Max de Saxe.
Les otages furent emmenés vers Châlons. "Il était visible, dit l'un d'eux dans sa déposition devant la Commission d'Enquête, que le curé, en raison de son âge et de son infirmité, ne pouvait pas marcher. Nous étions obligés, en quelque sorte, de le porter. A quelque distance de Coole (7km au nord de Sompuis) notre escorte nous a fait arrêter; deux soldats avisant dans un champ une voiture de boucher abandonnée, l'ont ramenée sur la route et ont dit: - Curé, montez dedans - Le malheureux était bien incapable de le faire, en raison de sa faiblesse. Les Allemands ont mis la voiture à cul; le derrière de la voiture ne s'ouvrant pas, ils ont fait asseoir ce vieillard sur le bord, ont brusquement rabattu les brancards, si bien que l'abbé Oudin est tombé dans le fond de la voiture, sur le dos et les jambes en l'air. Sa domestique est montée à côté de lui; les Allemands nous ont fait signe de nous mettre dans les brancards pour tirer la voiture et, au moment de nous mettre en marche, ils ont tous jeté leur sac dans la voiture, sur le curé et sur sa bonne, comme ils les auraient jetés sur un tas de foi."
Les otages traversèrent ainsi Châlons et arrivèrent à Suippes où ils passèrent la nuit dehors, dans la cour de l'école, sous la pluie. "A Vouziers, durant toute la journée du dimanche 13, dépose un témoins, l'abbé Oudin n'a cessé d'être maltraité aussi bien par les officiers allemands que par leurs soldats, principalement par les officiers. Ils sont venus en grand nombre, et chacun d'eux, en passant, crachait au visage de l'abbé Oudin ou bien lui donnait un coup de cravache sur le visage, sur les mains, ou sur une autre partie du corps. J'ai vu des officiers et des soldats donner des coups d'éperon à ce malheureux sur les bras, sur les cuisses, sur les côtes. Il était tellement faible qu'il ne remuait pas, malgré les souffrances qu'il devait endurer. J'ai vu aussi des soldats lui donner des coups de crosse; mais j'affirme que les officiers étaient beaucoup plus acharnés que leurs hommes. Ces atrocités n'ont cessé que dans la soirée. L'abbé Oudin a passé toute la nuit étendu par terre comme nous; on l'entendais à peine se plaindre."
Les violences ne furent pas épargnées à la vieille bonne du curé. Sur la route de Sedan, dans l'église de Tannay, quatre soldats la saisirent, la jetèrent dans une couverture dont ils tenaient les quatre angles et la lancèrent sur les marches de l'autel; puis l'empoignant à nouveau, la rejetèrent au milieu des bancs, sans souci des cris déchirants que lui arrachait des contusions multiples.
sedan fut la dernière étape de l'abbé Oudin. La mort mit fin à son martyre. Sa bonne, soignée à l'hospice, se rétablit, mais une autre victime succomba, des suites des brutalités allemandes: l'otage Mougeot, âgé de 72 ans. Ayant eu quatre côtes cassées à coup de botte, il fut apporté dans une petite voiture à la caserne Pafert et jeté sur une botte de paille, il ne tarda pas à expirer. *3
   

 

   
 

1) Du 11 au 13 septembre pour la 4ème armée dans le "guide Michelin". *3 

21ème Corps. - Le 11, il va s'établir à Cernon et Coupetz, avec des avant-postes sur la Marne à Mairy
Le 12, après avoir rétabli les ponts à Mairy et Vésigneul, il se porte, par une étape de plus de 30 Km, à Courtisols et Bussy-le-Château.
Le 13, il se bat à Suippes, en chasse les Allemands au cours de la journée et se fixe devant Souain.

   
 
 
   
  2) Du 11 au 13 septembre pour le 78ème dans "le journal de marches et opérations du 78ème régiment d'infanterie."

 

 

Le 11 septembre, le 3ème bataillon reste réserve de la division et doit suivre la 46ème brigade dont fait partie le 3ème bataillon. Cette brigade doit se porter à la poursuite de l'ennemi vers Coole.

A 7h, le bataillon occupe la hauteur de la cote 184.

A 9h, le 3ème bataillon s'est porté au nord d'Humbauville.

A 13h, le 3ème bataillon suit le 2ème bataillon qui a dépassé Coole et marche sur Fontaine-sur-Coole.

A 15h, à Fontaine-sur-Coole, le bataillon reçoit l'ordre de se diriger le plus rapidement possible sur les bois qui se trouvent à l'est de Togny-aux-Boeufs et d'en occuper les lisières face à l'est.

A 18h 30, le bataillon a pu s'installer dans le bois dont il garde les lisières. Il est rejoint à 20 heures par le 2ème bataillon.

Le 12 septembre, en attendant le 1er bataillon, toujours détaché et qui, parait il, est fortement désorganisé, le lieutenant-colonel organise avec les cadres et hommes arrivés au dépôt, une formation (4 groupes commandés chacun par un officier de réserve.) qui puisse avec les débris du 1er bataillon constituer un bataillon. Chaque groupe reçoit environ 120 hommes pris sur les 700 hommes reçus du dépôt (le régiment a déjà reçu deux détachements de 200 à 300 hommes.)

Le régiment (état-major, 2ème, 3ème bataillons et groupes du 1er) va passer la Marne au pont de Pogny, puis le canal (le pont du canal a sauté à Omey).
Le régiment se dirige ensuite sur St-Amand où, au sud du village, se rassemble la brigade.

A 14h, le régiment cantonne à St-Amand-sur-Fion.

Le 13 septembre, le régiment part à 7h. Il marche en queue de la division et suit l'itinéraire: Bromme, la Croix-au-Bois, Somme-Yèvre.

Le 1er bataillon rejoint le régiment et se fond avec les groupes du dépôt.

Le régiment cantonne à Herpont où il arrive à 17 heures. il s'y rend par Varimont, Dommartin-sur-Yèvre.

Effectif ce jour: 39 officiers, 2962 hommes, 203 chevaux.

 

    
  Pont de Pogny sur la Marne.                                                              Le canal à Pogny.

 

   
  - Poursuite de la contre-attaque, régiment au complet.
           
 
   
   
 

Le 14 septembre, l'armée continue la poursuite dans la direction du Nord. Le corps d'armée suit cette direction derrière le 17ème corps d'armée le corps colonial. (le 14, le Corps colonial attaque en direction de Ville-sur-Tourbe)
La 45ème Brigade est désignée comme flanc-garde à droite, avec mission de se relier vers Sainte-Menehould avec la 3ème armée.
Le régiment forme l'arrière-garde avec 2 bataillons; il part à 9h 30 et suit l'itinéraire : Dampierre-le-Château, Rapsécourt, Voilemont, Gizaucourt, Orbéval, route de Sainte-Ménéhould.
Une compagnie flanque la colonne sur la gauche, elle suit le chemin qui passe aux côtes 203 et 202.

A 14h 30, à 1500 mètres de Ste-Ménéhould, la brigade prend une position de rassemblement:
                                 Le 63ème au Nord de la route, à l'ouest de la côte 183,
                                 Le 78è au sud, à l'ouest de la côte 171.
                                 Le 2ème bataillon est poussé plus en avant vers l'Est pour couvrir le rassemblement.

A 19h, ordre de cantonnement: le 78ème à Ste-Ménéhould, partie sud. 

Il a été procédé à une entière réorganisation du régiment rendue nécessaire par les pertes subies par le 1er bataillon du 2 au 10 septembre qui sont de:
                                     2 officiers tués, 4 blessés,
                                     28 hommes de troupe tués, 179 blessés, 254 disparus.

 

 
   

 

   

 

  Le 15 septembre, à 5h 30, le régiment reprend la position de rassemblement de la veille à l'ouest de Ste-Ménéhould.

A 11h 30, la brigade va rentrer dans le giron du 12ème corps d'armée, et doit se diriger sur Hans par Dommartin-la-Planchette, Valmy
Le 78è marche en queue de la brigade.

A 16h 15, à l'arrivée à Hans, le 78è reçoit l'ordre de cantonnement: 
                       état-major, 2è et 3è bataillon à Hans,
                       1er bataillon à Dommartin-sous-Hans.
L'installation est faite à 17 h.

Le 16 septembre, à 6 heures, le rassemblement se rend aux Cruzis-ferme par la route de Courtémont. Mais arrivé à Courtemont, contre-ordre: la division doit se porter derrière la 24ème division qui doit attaquer dans la direction de l'arbre 193 entre le 21è et 17è corps d'armée.
la brigade va se rassembler vers la cote 152 (à 3km nord de Somme-Suippe.)

A 16h, après de nombreux arrêts provoqués par des colonnes coupant la route de marche, le régiment arrive à Somme-Suippe où il est arrêté et rassemblé au nord du village.

A 18h, ordre de bivouaquer à l'Est de Somme-Suippe face au nord. La 45è brigade est à gauche, la 46è à droite. Le 78è est immédiatement à l'Est du village.

Le 17 septembre, à 9h 30, le régiment reçoit l'ordre de se porter entre les côtes 152 et 154 en réserve de la division qui doit attaquer l'ennemi vers 11h 30 dans la direction de Perhe-les-Hurlus.

le mouvement ne peut commencer qu'à 10h et l'attaque qui était prévue à 11h 30 est reportée à 13h.

A 11h 30, le régiment reste bivouaqué à 400 mètres au sud de la voie romaine et aussi pendant la nuit.

Le temps est pluvieux et le régiment bivouaque dans un bois de sapins dans des conditions déplorables au point de vue sanitaire.

Le 18 septembre, le corps d'armée passe à la 9ème armée.

Le 78ème fait partie d'une colonne qui, sous le commandement du colonel Arlabosse, commandant la 45ème brigade, doit se porter sur le camp de Châlons. Le régiment prend la tête de la colonne à 8h à Somme-Suippe.

A 15h, le régiment est installé en position de rassemblement à 1500m à l'Est de Mourmelon. le 63è est à sa droite, le 300è en arrière.

17h, bivouaque sur le même emplacement.
Pendant toute la nuit, les hommes ont la pluie sur le dos. Comme la veille, les conditions de ce bivouac sont déplorables.

Le 19 et 20 septembre, la division reste réserve du Corps-d'Armée. Même emplacement de bivouac.

   

 

   
 

 

  Le 21 septembre, bivouaque dans les baraques du camp de Châlons (Moumelon)

La 23ème division passe sous le commandement du général Humbert.

A 16h, le 78è, tête de la division passe au P.I., sortie Ouest du camp.
Itinéraire: Mourmelon-le-Petit, Sept-Saulx, les Petites-Loges, Verzenay, Mailly.

A 23h, la brigade cantonne à Mailly. Le régiment occupe la partie sud.

Il y a eu 1 tué et 2 blessés.

Le 22 septembre, à 4h, le régiment part de Mailly derrière le 63è et se dirige sur Reims par Ludes, Rilly-la-Montagne, Montferré.

A 9h 30, grande halte entre Cormontreuil et le faubourg Ste-Anne.

A 12h, le régiment cantonne faubourg Ste-Anne.

Des mesures sévères sont prises pour que les militaires ne rentrent pas dans Reims.

Pendant la préparation du cantonnement, quelques obus sont lancés sur la partie sud de la ville. Un de ces obus tombe sur le faubourg où il tue 2 hommes et en blesse 6.

État des pertes: 2 tués, 6 blessés, 1 disparu.

   

 

   
-  Une précision du capitaine Campagne du 3ème bataillon du 107ème régiment d'infanterie sur l'origine des hommes dans les "régiments limousins".
                             

C'est dans un de nos bivouacs que le régiment reçut un nouveau renfort, celui-ci composé d'hommes tout à fait étrangers à nos régions de recrutement.
C'étaient des soldats du Nord et du Pas-de-Calais, d'un tempérament très différent de nos gens du Limousin et des Charentes. (les dépôts de la 1ère région - Lille - avaient été repliés sur ceux de la 12ème - Limoges -, en raison de l'invasion. Cela explique le mélange des renforts, suivant les nécessités du moment, entre les 1er et 12ème corps) Vigoureux, travailleurs, très bons terrassiers, ils devaient nous rendre bientôt, surtout les mineurs, les plus précieux services. J'ai eu beaucoup d'affection pour mes "gas de Ch'Nord", comme ils s'appelaient, bien qu'ils eussent un défaut dont je m'accommodais guère: il y avait parmi eux des buveurs enragés! Mais, même sur ce point, ils ont forcé mon indulgence en raison de ce que la guerre avait de sévère pour ceux dont les foyers étaient occupés par l'ennemi.
Certains n'ont eu aucune nouvelle des leurs pendant des mois et des années. D'autres sont morts, dont les familles n'ont pu, durant toute la guerre, connaître le sort. Destin commun: pas d'argent, nul colis, l'isolement! Toute la fraternité de leurs camarades, toute la bienveillance de leurs chefs n'ont pu atténuer leur peine décuplée. Quand les autres se plaignaient, je citais ceux-là en exemple. Oui, ils ont fait la guerre dure!


*1

 

Sources *
Source 1: "le chemin des Croix 1914 - 1918" Colonel Campagne, édition Tallandier, 1930.
Source 2: "Journal de marches et opérations" du 21ème régiment d'artillerie de campagne.
Source 3: "la Trouée de Revigny - 1914 - 1918" Guide illustrés Michelin des Champs de Bataille. 1920.
Source 4: "La Première Guerre mondiale en France" Jean-Noël Grandhomme 2011.
Source 5: "Journal de marches et opérations" du 63ème régiment d'infanterie. mémoire des hommes.
Source 6: "le Saillant de Saint-Mihiel" Guide illustrés Michelin des Champs de Bataille. 1920.
Source 7: "Chemins de mémoire 14-18" Jean Pascal Soudagne. 2008.
Source 8: "Journal de marches et opérations" du 78ème régiment d'infanterie. mémoire des hommes.
Source 9: "Des Armes et des Larmes, Mémoire creusoise de la Grande Guerre" Guy Marchadier, 2003.
Source 10:"Le Livre du Gradé d'Artillerie à l'usage des élèves brigadiers, brigadiers et sous-officiers d'Artillerie de Campagne" édition pour 1913-1914.  
Source 11: "Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier 1914 - 1918
Source 12: "Historique du 78ème Régiment d'Infanterie pendant la Guerre 1939 - 1940" Colonel Pujol, Charles-Lavauzelle & Cie 

Précédente Remonter Suivante