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 | - 1)
"Bataille
des Frontières" |
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"Bataille
des Frontières" du 21 au 24 août, dans les Ardennes Belges
pour le 78ème
dans "le journal de marches et
opérations du 78ème régiment d'infanterie.":
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21 août 1914, l'ordre est donné "d'attaquer l'ennemi partout où
il sera rencontré".
A 5h le
78ème prend place dans la colonne et va franchir la frontière pour
pénétrer en Belgique.
A 6h, la 45ème brigade est arrêtée à l'arrivée à Villers et y
stationne jusqu'à 15h.
On entend le canon à partir de midi.
La tête de la division est attaquée à la sortie nord de la forêt
d'Orval.
A 19 heures, la 45ème brigade est arrêtée au V de la forêt d'Orval et
reçoit l'ordre d'aller cantonner à Willers où elle arrive vers 22h30.
22 août 1914,
à 5h, le
régiment se met en route derrière le 63ème R.I. ( en 1 le premier
bataillon suivit du 2ème et du 3ème.)
Le régiment suit la colonne par Pin, Izelles, Chiry,
Straimont et Menugoutte. (aucun incident jusqu'à
Straimont.)
Ce sera le
jour du baptême du feu pour le 78ème.
1er
bataillon du régiment:
A 16h 30, le 2ème bataillon sous les ordres du lieutenant-colonel de
Montluisant suit en réserve les mouvements de la 23ème division qui se
porte en avant.
A 17h 30 il arrive à Menugoutte au moment où une pluie d'obus éclate
dans ce village. Abrité dans une route en déblai, il ne subit aucune
perte.
A 17h 45, sous l'impression du tir violent de l'artillerie ennemi, les
troupes des différents régiments qui occupent ce village battent en
retraite.
Elles sont arrêtées à la partie sud du village par le 2ème bataillon
du 78ème qui est resté en position.
Le général de division ordonne au 2ème bataillon de prendre une
position d'avant-poste à fin de combat à 800 m au sud de Menugoutte.
2ème et
3ème bataillons du régiment:
A 15h 30, ordre avait été donné au colonel Arlabosse de prendre les 2
autres bataillons et de se porter sur Grapfontaine pour aider à dégager
la brigade coloniale qui est engagé à ce point avec un ennemi très
supérieur. Un bataillon du 138ème a été envoyé déjà avec le même
objectif, il passe sous les ordres du colonel.
A 16h 30, la liaison est faite avec le bataillon du 138ème devant Grapfontaine. Le bataillon du 138ème est déployé devant le village à
cheval sur le chemin Straimont-Grapfontaine.
Le 1er bataillon est déployé à sa droite, le 3ème bataillon est gardé
en réserve.
A 17h 30, le détachement est fortement canonné par des batteries
situées vers Montplainchamps et vers Neufchâteau - en même temps des
mitrailleurs tirent de Grapfontaine. Ce feu très dense se renouvelle à 2
reprises.
A 18h 30, le feu a complètement cessé. Le régiment a reçu l'ordre de
maintenir sa position pour couvrir la droite de la 23ème division. Il
passe la nuit au avant-poste de combat, quelques coups de feu sont
échangés entre patrouilles.
Ce jour, le
régiment a son premier tué (le 2ème classe
Chaussier qui est tué à
Grapfontaine. Il était né le 31 mai
1890 en Dordogne.) et 16 blessés.
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- ces journées
vues par Edmond *9
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21 août 1914 .
Tentative d'offensive en Belgique. Contrairement à ce que l'on nous avait
fait espérer la veille, nous sommes réveillés de très bonne heure. Il
nous faut partir, mais la marche est horriblement lente. Tous les 100
mètres, nous nous arrêtons et formons les faisceaux et posons le sac. Un
quart d'heure après, nouveau départ pour s'arrêter 100 mètres plus
loin. Au milieu de la journée, nous sommes seulement à 2 km de Moiry.
Grande halte. Nous entendons au loin la canonnade. Vers 14 heures la
marche reprend, mais rapide cette fois. Pour la première fois nous
mettons le pied en Belgique. Nous traversons la jolie petite ville de
Villers-devant-Orval toute pavoisée de drapeaux belges et français. A
peine avons-nous passé cette ville qu'une pluie d'orage commence à
tomber, pluie qui atteint son paroxysme au moment où nous passons près
des ruines de la vieille abbaye d'Orval. Nous faisons une halte et posons
nos sacs sur nos têtes pour nous protéger de la pluie. Un régiment de
chasseurs d'Afrique passe sous nos yeux. Nous parcourons encore 2 km, puis
brusquement demi-tour, nous revenons cantonner en France. La marche qui
comporte une halte tous les 200 mètres devient excessivement rapide. Il
pleut toujours. Dans l'obscurité la marche se poursuit dans un silence
rempli de temps en temps d'imprécations.
Ce n'est que vers 22 ou 23 heures que nous arrivons au lieu de
cantonnement.
De grands feux sont allumés sur la place pour nous sécher. Nous sommes
à Williers. Toute la brigade est là, impossible de cantonner, il nous
faut bivouaquer sur place. Il est 3 ou 4 heures du matin lorsqu'on trouve
les cuisines roulantes et il nous reste très peu de temps pour nous
reposer.
22 août
1914.
Le matin, de bonne heure, départ direction Neufchâteau, en sortant de
Williers nous repassons la frontière pour aller au-devant des troupes
allemandes qui, ayant envahi la Belgique depuis une vingtaine de jours,
marchent sur la France. Nous traversons plusieurs bourgs belges. Pin: les
uhlans ont déjà fait leur apparition dans ce village. Trois enfants ont
été fusillés par eux. Tout près de là une brigade du 12ème corps
s'est battue la veille. A la sortie du bourg, la route est barricadée. Un
peu plus loin se trouve Chiny où l'autorisation nous est donnée de faire
des provisions, mais il n'y a pas grand-chose. Nous achetons un peu de
confitures et quelques liqueurs, c'est tout. Aussitôt après avoir
traversé ce village, nous descendons dans une étroite vallée et
traversons une petite rivière, puis nous remontons la côte opposée.
Nous sommes dans une forêt et la traversée dure 3 heures. Peu après
être rentrés sous bois, nous apercevons sur le bord de la
route, dans un fossé, un mort allemand. C'est la première fois que nous
voyons un des tristes résultats de la guerre; cette vue n'a pas été
sans faire impression sur nous. A la sortie de la forêt, nous trouvons
Straimont et sa petite rivière. La laissant légèrement sur la la côte,
nous parcourons 6 à 7 km avec précaution. Arrivés dans un ravin
marécageux, nous sommes conduits sur le sommet à travers un bois de
pins, puis un champ d'avoine. Sur la crête, à travers un petit bois,
nous marchons en terrain découvert, sur des troncs d'arbres coupés. A
notre gauche, les 107ème et 138ème montent à la baïonnette. Des bales
et des obus sifflent à nos oreilles mais sans faire de mal. Nous
commençons à creuser des tranchées dans le bois situé au-delà de cet
espace découvert, quand le commandant ordonne - "baïonnette
au canon. En avant la baïonnette"- A ce moment il se produit une
panique indescriptible, nous ne savons pas sur quoi nous chargeons.
Il fait presque nuit. Peu à peu l'ordre se rétablit, nous nous reformons
un peu en arrière et nous commençons une tranchée au milieu des pins
coupés. Peu après, l'ordre est donné d'aller en avant dans le bois pour
y passer la nuit. Le colonel couche avec nous. Dans la nuit, nous
entendons le commandant du 1er bataillon venir informer le colonel que,
d'après les bruits entendus, les Allemands déménagent. Après une
journée fort remplie, nous dînons d'une boite de singe et d'un peu de
confiture achetée à Chiny.
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A 11h 30, le régiment occupe les les crêtes qui dominent Straimont sur
la rive gauche.
A 12h, le régiment est dirigé sur Florenville par Chiny. De là, il est
dirigé sur Puilly en cantonnement d'alerte.
C'est le
retour sur le territoire français.
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- cette journée
vue par Edmond *9
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23 août
1914.
Après avoir passé une bien mauvaise nuit: c'est la première fois que
nous couchons à la belle étoile; et de plus sur ce coteau nu, il ne fait
pas chaud en cette nuit du mois d'août. Au matin, nous partons pour
redescendre sur Straimont. Près de ce village, nous faisons du café et
mangeons un peu. Dans le bourg, impossible de trouver quoi que ce soit.
Dans le chemin creux qui borde le chemin où nous sommes, nous voyons
passer l'artillerie, et, sur un caisson, un prisonnier allemand. Après
déjeuner nous repartons, grimpons sur la côte d'en face et allons nous
installer sur le versant opposé. Là, nous creusons des tranchées. Une
délicieuse petite source coule près de nous où nous allons souvent nous
désaltérer. Mais nous ne devons pas rester longtemps dans cette
position, ordre est donné de faire demi-tour, nous revenons près de
Straimont. Deux heures à peine se sont écoulées qu'il faut repartir
encore une fois. C'est la retraiter qui commence. Nous retrouvons la
forêt, nous repassons à Chiny et allons presque sans pause jusqu'à
Florenville. A Florenville règne le désordre le plus affreux. Sur la
place où nous nous arrêtons un moment, des ustensiles de toute sorte
roulent dans tous les sens. Tous les habitants sont partis ou font leurs
préparatifs de départ. Toute proche, nous entendons la canonnade
terrifiante et affolante. Quelque temps après, nous repassons la
frontière franco-belge, nous devons aller cantonner à Mogues, mais je ne
sais pour quelle raison, il nous faut aller jusqu'à Puilly, petit village
situé dans un trou. Avant d'y parvenir à la nuit : halte, distributions.
Nous n'avons pas mangé depuis le café ce matin et nous commençons à
avoir faim.
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24 août 1914,
le
régiment reçoit l'ordre de se porter à la cote 294 à 500m au sud de
Mogues pour occuper le front Mogues-Tremblois.
A 7 heures, ordre d'aller occuper en arrière le front Charbeaux, cote
280, cote 268, la Folie Moulin.
Le secteur du 78ème est Charbeaux-cote 280. (le 1er bataillon à droite,
le 2ème bataillon à gauche et le 3ème en réserve à 1500m au nord-est
de Linay à la disposition du général de brigade.
A 10h, le régiment est installé dans ses positions renforcées par des
tranchées.
12h, quelques obus venant de la direction de Matton tombent en arrière du
secteur de droite.
1er groupe:
3ème bataillon.
13h30, le 3ème bataillon, sous les ordres du colonel de Montluisan, passe
par Linay et Blagny et est posté en réserve du 12ème C.A. à
Blagny
puis envoyé sur le Mont-Tilleul.
18h 30, 2 compagnies couvrant une batterie de 75 sont éprouvées par des
mitrailleuses ennemis postées à la lisière des bois vers le nord du Mont-Tilleul.
22h30, sur ordre du colonel de la 49ème brigade, le régiment quitte les
avant-postes et file sur Mouzon par le pont de Carignan. Arrivé à
Mouzon
vers 0h30.
2ème
groupe: 1er et 2ème bataillons.
A 18h, les 1er et 2ème bataillons restent en position toute la journée.
L'artillerie ennemie a couvert de ses feux toutes les crêtes occupés.
Notre artillerie a répondu. La division reste sur ses positions toute la
nuit.
Le ravitaillement se fait dans des conditions défectueuses.
0 tués, 9
blessés.
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- cette
journée vue par Edmond *9
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2 4
août 1914.
La retraite réellement commencée à Straimont continue le 24 août.
Très fatigués, ce matin nous partons de Puilly et grimpons sur un coteau
ou plutôt sur un plateau situé à peu de distance du village que nous
venons de quitter. Là nous construisons des tranchées, mais peu après
il nous faut changer de position et aller en construire d'autres un peu
plus loin.
Des obus tombent sur nous. Un soldat de la compagnie est blessé ainsi
qu'un sergent de la 10ème compagnie. Vers le soir, le signal de départ
est donné. Les affaires vont bien. Nous allons nous reposer, disent les
officiers. Nous arrivons près de Carignan. Là nous nous sommes arrêtés
et nous grimpons sur le flanc du coteau derrière Carignan, nous creusons
à la hâte une petite tranchée; sur notre droite on sonne la charge et
on se bat avec acharnement. Notre commandant veut nous faire monter à
l'assaut, mais heureusement le lieutenant colonel l'en empêche. Pendant
la nuit, tandis que tout le monde s'est endormi, le signal de départ est
donné, il faut traverser Carignan sans bruit et se retirer sur Mouzon. La
fatigue est intervenue. Quand nous faisons une pause, nous nous endormons
dans le fossé. Enfin nous arrivons à Mouzon et nous nous arrêtons dans
un jardin près de la ville. Aussitôt arrêtés, aussitôt couchés,
personne ne veut aller aux cuisines chercher le repas. Quand les hommes
les plus dévoués de l'escouade apportent à manger, presque personne ne
mange. Le sommeil nous accable. Nous dormons.
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25 août,
le détachement du lieutenant-colonel de Montluisant part, à 6h15, pour
Yonck en laissant une compagnie à la sortie nord-est de Mouzon.
2h, ordre pour le régiment de se replier immédiatement et de se mettre
en route par l'itinéraire: Linay - Malandry - Inor -
Mouzon. Pendant la
halte à Moulins, ordre est donné aux 1er et 2ème bataillons (le 3ème
n'a pas encore rejoint) de prendre position à la lisière des bois des
Flaviers, de la ferme de Sénéchal à la grande route de Mézières.
16h, occupation des bois à l'Est de Moulins.
26 août 1914,
ordre de
franchir la Meuse sur un pont établi par le génie à la ferme de
l'Alma.
2h20, Le régiment se
rassemble à Moulins et se porte vers la Meuse par la route de Mézières
et le chemin forestier qui traverse le bois des Flaviers du nord-ouest au
sud-ouest.
6h50, le pont est franchi.
9h, le 1er bataillon arrive à Beaumont, le 2ème bataillon est en
avant-poste du bois de Failly à Létanne.
11h, tout le régiment (le 3ème bataillon a rejoint) va occuper et
organiser défensivement la position: cote 241 - Létanne sur la rive
gauche de la Meuse.
A 19h, des travaux ont été exécutés avec l'aide et sous la direction
du génie. Ils sont importants et permettent d'assurer la défense des
positions dans d'excellentes conditions.
21h30, les bataillons
de 2ème ligne du régiment (1er et 3ème bataillons) se mettent en route
pour Varny-Forêt où ils constitueront avec le 63ème la réserve
générale du corps d'armée. Le 2ème bataillon rejoindra dès qu'il aura
été relevé par la 46ème brigade. La marche s'effectue dans des
conditions très pénibles par une nuit noire et sous une pluie
torrentielle.
27 août 1914, le
lieutenant-colonel
de Monluisant remplace le colonel Arlabosse à la tête du
régiment.
Le régiment arrive à
Varny-Forêt en tête de la 23ème division. Les hommes passent la nuit
sur la route. Ils dorment sous des torrents d'eau.
A 6 heures, le 2ème bataillon rejoint le régiment.
A 13h, ordre pour le régiment de se porter en formation de combat à
mi-chemin de la Besace et de Yonck, face au nord et d'y attendre l'ordre
d'attaque.
A 15h, le régiment qui a marché en colonne double à larges
intervalles est en place.
16h, ordre d'attaque; direction générale de Thélonne; le régiment
aura sa gauche jalonnée par la route de la Besace à Raucourt. Mais
cette attaque a été retardée d'une heure par suite du retard dans
l'arrivée de l'artillerie.
A 19h 30, le régiment est arrivé à la hauteur de la ferme Ernemane
après une marche très pénible dans un secteur des plus accidentés.
A 20h 30, le régiment bivouaque au petit bois à 500 m est de la ferme.
Les hommes sont dans un état de fatigue extrême, sans aucun
ravitaillement.
1 blessé.
28 août,
à 4h 30, le régiment exécute un ordre du commandant de la 23ème
division sans savoir que cet ordre a été annulé: il s'engage rapidement
et à jeun dans le ravin au sud du bois de Cogneux et pénètre dans le
village de Raucourt pour aller se placer en formation d'attaque vers
Montjoie au nord-Est du bois de Cogneux.
A 5h 15, il est rappelé à son point de départ.
A 6h, le régiment encore incomplètement réuni reçoit l'ordre du
commandant de le 45ème brigade de prendre une formation de rassemblement
articulé face à l'est, au sommet du ravin qui, de Flaba monte vers le
nord-Est. Il s'agit de se préparer à accompagner et de flanquer à
gauche une contre-attaque que la 48ème brigade va pousser de la région
sud-est de Flaba dans la direction des moulins de la Hamelle et de
Grésie.
Déjà des coups de feu allemands partent du bois de Gerfaux.
Ordre d'attaque à 7h 30. Le régiment se dirigera dans la direction
générale Pourron par le bois de Gerfaux qu'il purgera d'ennemis.
Les 1er et 2ème bataillons (Dagues et Bax) sont en 1ère ligne; le 3ème
en réserve (Gaudriault).
L'ordre d' attaque porte de nettoyer d'abord
le Bois des Gerfaux.
Les bataillons Dagues et Bax en tête, le bataillon Gaudriault en
réserve.
Mais l'occupation du bois de Cogneux par l'ennemi ,
qui va tenter
de prendre en flanc l'attaque de la 48ème brigade, oblige, à 9h 30, à modifier le
dispositif, et le bataillon Gaudriault fait face au bois de Cogneux (2
compagnies en 1ère ligne et 2 en réserve),
tandis que le bataillon Dagues s'est déployé face aux bois d'Autrecourt
et des Gerfaux, et que le bataillon Bax se replace en réserve dans le
ravin qui monte de Flaba.
Tout de suite, le combat devient très dur. Les mitrailleuses sont
entrées en action contre notre première ligne, tandis que les unités en
soutien subissent le tir violent de l'artillerie.
Pour faire tomber la fusillade, le 1er bataillon reçoit l'ordre de
pénétrer dans le bois de Gerfaux dans la direction de la ferme
Chamblage.
Les pertes sont déjà sérieuses ( le capitaine Pascarel d'une compagnie
de réserve du 2ème bataillon a une main traversée par une balle; le
sergent Gourgon de la 5ème compagnie tombe mortellement atteint; le
sous-lieutenant Haack du 3ème bataillon est tué dans une tranchée. L'ennemi se renforce encore de
mitrailleuses,
et à 10h, le 1er bataillon est arrêté net par des feux
partant des bois d'Autrecourt et de Gerfaux ; on essaye de les enlever à la baïonnette à plusieurs
reprises. Au cours de ces engagements très âpres, les capitaines
Remliger, Maratuel, Meulet, le sous-lieutenant Massias et de tant de
braves soldats tombent glorieusement.
Après un léger reflux, un nouveau bond du 3ème bataillon: le commandant
Gaudriault est frappé à mort d'une balle au cœur tandis qu'il encourage
ses hommes et applaudit à la marche en avant de la compagnie d'Arailh, il
s'écriait "bravo la 9ème !".
A 14h, sous la pression de l'ennemi qui s'avance par notre droite, la
ligne de combat, criblée de projectiles de toutes sortes, est obligée de
se replier, soutenue par ses mitrailleuses.
Le repli se fait spontanément dans deux directions: le ravin de Flaba
et
la Besace. Des unités des 1er et 2ème bataillons, privées de leurs
gradés prennent la direction de Flaba où se dirige également le 3ème
bataillon; d'autres fractions vont vers la Besace.
Des
groupes tiennent aussi longtemps qu'il est nécessaire pour le protéger.
Les derniers, sous le commandement du lieutenant-colonel de Montluisant et
du capitaine Costeur, permettent l'arrivée des avant-trains et la
retraite d'un groupe d'artillerie qui nous appuyait encore.
A 16h, les unités très éprouvées, mélangées, arrivent désemparées,
exténuées à la sortie ouest de la Besace.
2 compagnies sont reconstituées partiellement pour aider à la défense
éventuelle de la Besace et de Stonne.
A 20h, le reste du régiment rallié à Stonne par le lieutenant-colonel
va cantonner à Sy.
Le régiment était hors d'état de prolonger son effort, mais il a arrêté
l'ennemi pendant huit heures de violents combats, malgré l'extrême
fatigue des jours précédents. Tout le monde a vaillamment fait son
devoir.
"Les pertes sont lourdes; il manque à l'appel 21 officiers (5 tués
- 13 blessés - 3 disparus),
48
sous-officiers, 835 caporaux et soldats ( 37 tués - 545 blessés - 242
disparus)."
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- cette
journée vue par Edmond *9
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2 8
août 1914.
Au jour nous partons, redescendons et traversons Raucourt, mais à peine
l'avons-nous traversé qu'il nous faut retourner en arrière et remonter
sur le coteau que nous venions de quitter quelques heures auparavant;
Raucourt était encombré de blessés? Revenus là-haut, sans nous laisser
le temps de souffler, nous nous déployons presque immédiatement en
tirailleurs et nous nous dirigeons immédiatement sur une crête où les
balles allemandes nous accueillent; nous nous couchons et tirons tout en
faisant de légers masques individuels avec nos outils portatifs.
Nous battons en retraite une première fois pour revenir à la charge une
seconde fois, mais plus sur la droite. Nous grimpons sur la lisière d'une
forêt à 400 mètres environ, mais sans voir nos ennemis qui pendant ce
temps nous arrosent de balles.
Notre artillerie bat le bois, mais sans obtenir de résultats décisifs.
Notre commandant est tué au moment où il ordonne la charge à la
baïonnette. Bientôt nous nous retrouvons presque seuls sur le plateau
battu par les obus, les balles et les mitrailleuses. Il nous faut
retourner en arrière en marchant à quatre pattes et en nous protégeant
le plus possible des obus qui nous poursuivent à mesure que nous nous
retirons. Puis nous arrivons sur la route où nous aidons à transporter
un grand nombre de blessés qui se traînent un peu partout. Puis nous
passons par la Besace, puis un peu plus loin nous sommes arrêtés par un
lieutenant d'artillerie qui nous conduit en soutien d'artillerie près de
Warniforêt. (...) Nous étions 33 dans tout le régiment, dont un
sous-lieutenant de réserve. Là nous passons le reste de la soirée, puis
nous nous dirigeons sur Stonne très lentement à cause de la fatigue et
de l'épuisement. Nous dormons à Stonne.
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Les actes de courage
au cours de cette journée ont été nombreux, il suffit d'en citer
quelques uns:
- Commandant Gaudriault. -
S'est fait tuer d'une balle au cœur à l'instant précis où il
applaudissait à la marche en avant de la 9ème compagnie.
- Sous-lieutenant Lial. - Ce
jeune officier (élève de St-Cyr) a montré un bel entrain, de l'énergie
et du sang-froid.
- Capitaine Meulet. - A été
tué en chargeant l'ennemi à la baïonnette.
- Lieutenant Mayaud.- Cet
excellent officier a maintenu sa section sous le feu alors que les autres
s'étaient repliées depuis longtemps.
- Adjudant Frémon.- S'est
distingué par son énergie personnelle sous le feu et le mordant qu'il a
su donner à sa section.
- Sous-lieutenant Dupêcher, de
la réserve.- Blessé d'une balle au tendon d'achille vers 9h, a conservé
le commandement de sa section et l'a exercé avec calme et courage malgré
la douleur et les difficultés qu'il éprouvait à marcher.
- Sous-lieutenant Faucher, de
la réserve.- A été remarqué par le colonel commandant la brigade pour
son sang-froid et son courage.
- Sergent Garcias.- Bien que
blessé à la cuisse est resté sur la ligne de feu et a pris part aux
dernières tentatives pour repousser l'ennemi.
- Sous-lieutenant Mariaud.-
Belle conduite sous le feu.
- Adjudant Huriaud.- Belle
conduite sous le feu.
- Sergent Caverivière.- S'est
conduit avec la plus grande bravoure et est resté seul des officiers et
sous-officiers de sa compagnie.
- Caporal Deffeix.- Ce caporal
réserviste, un prêtre, entraînait les soldats avec ardeur, restait
debout sous le feu violent pour faire entendre ses commandements,
menaçant ceux qui voulaient reculer. Plusieurs témoins l'ont vu
accomplissant en outre son ministère de prêtre avec le plus grand calme,
la plus sublime abnégation.
- Soldat Couloumy.- S'est
conduit avec une rare bravoure pendant le combat et, blessé au pied, a
aidé jusqu'au poste de secours ses camarades plus grièvement blessés
que lui.
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Sources
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Source
1: "le chemin
des Croix 1914 - 1918" Colonel Campagne, édition Tallandier, 1930. |
Source
2: "Journal de marches et opérations"
du 21ème régiment d'artillerie de campagne. |
Source
3: "la Trouée de Revigny - 1914 - 1918" Guide illustrés
Michelin des Champs de Bataille. 1920. |
Source
4: "La Première Guerre mondiale en France" Jean-Noël
Grandhomme 2011. |
Source
5: "Journal de marches et opérations"
du 63ème régiment d'infanterie. mémoire des hommes.
|
Source
6: "le Saillant de Saint-Mihiel" Guide illustrés
Michelin des Champs de Bataille. 1920.
|
Source
7: "Chemins de mémoire 14-18" Jean Pascal Soudagne.
2008. |
Source
8: "Journal de marches et opérations"
du 78ème régiment d'infanterie. mémoire des hommes.
|
Source
9: "Des Armes et des Larmes, Mémoire
creusoise de la Grande Guerre" Guy Marchadier, 2003. |
Source 10:"Le
Livre du Gradé d'Artillerie à l'usage des élèves brigadiers,
brigadiers et sous-officiers d'Artillerie de Campagne"
édition pour 1913-1914. |
Source
11: "Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier 1914 -
1918" |
Source
12: "Historique du 78ème Régiment
d'Infanterie pendant la Guerre 1939 - 1940" Colonel Pujol,
Charles-Lavauzelle & Cie |
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